Cette semaine dans le journal de Spirou j'ai aimé...
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Re: Cette semaine dans le journal de Spirou j'ai aimé...
Je ne peux tjrs pas télécharger ou joindre un fichier sur ce site.
Mais j'adore la couverture du 4491,prévue la semaine prochaine.
Sacrée clin d'œil nostalgie!
Superbe!
Je préviens mon kiosquier pour qu'il m'en réserve plusieurs.
Couverture collector!
Voir ci dessous message du 28 avril
https://www.bdgest.com/forum/cette-sema ... lit=Spirou
Mais j'adore la couverture du 4491,prévue la semaine prochaine.
Sacrée clin d'œil nostalgie!
Superbe!
Je préviens mon kiosquier pour qu'il m'en réserve plusieurs.
Couverture collector!
Voir ci dessous message du 28 avril
https://www.bdgest.com/forum/cette-sema ... lit=Spirou
"Quand je lis des Bd,je m'intéresse beaucoup plus au dessin qu'au scénario. C'est surtout par paresse.
Pour moi la BD passe d'abord par le dessin".
Extrait interview André Franquin pour le fanzine "Esquisse" en 1990.
Pour moi la BD passe d'abord par le dessin".
Extrait interview André Franquin pour le fanzine "Esquisse" en 1990.
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Re: Cette semaine dans le journal de Spirou j'ai aimé...
Numéro 4485 du 27/03/2024
Oui, je sais, j'ai pas mal de retard, on va dire que c'est mon hommage au courrier en retard de Gaston
En attendant la présentation illustrée par jeepcook, ici un aperçu du magazine https://www.spirou.com/actualites/somma ... au-royaume
Belle couverture bleu nuit pour une histoire du Royaume de 10 pages en deux parties commençant dans ce numéro. L’histoire aurait pu être publiée en un bloc, cela aurait certes un peu, si peu, déséquilibré le journal par rapport au rythme des histoires (à suivre) publiées par tranches de 6 à 8 pages, mais cet aspect déluré aurait bien convenu à l’esprit de cette série. Depuis un mini récit de 2021, Anne a deux grains de beauté sur la joue et un sur la poitrine, qui viennent selon moi de critères de beauté anachroniques pour cette série médiévale, et lui donne une modernité artificielle de mauvais aloi. Par ailleurs, depuis l’an dernier Feroumont s’associe avec Clara Cuadrado (la fille de l’auteur de Parker et Badger, comme elle l’a raconté dans Spirou et moi, magazine numéro 4467 (22/11/2023) au scénario (ils avaient déjà fait ensemble quelques gags en 2012-2013). Dans l’interview de présentation, celle-ci annonce que “dans le prochain album, tout sera centré sur Anne qui va se révéler dans toute sa dimension féministe. Un combat qui m’est cher!”, ce qui ne manque pas de m’effrayer, car Le royaume est déjà une série féministe, sans moralisme, touchant juste avec légèreté, et je crains l’arrivée de la cavalerie lourde.
Et c’est l’occasion d’un excellent Édito de Fabcaro et Fabrice Erre dans un “Royaume de Fabricie, interdit aux manants.” Les strips de Willy Woob de Bernstein et Moog sur des jeux de mots sur les tours de danse et de magie du chien Kiki illustrent bien d’où vient la fraîcheur de cette série, qui parvient à se situer à l’équilibre de la fausse candeur en s’adressant à priori aux enfants, mais aussi aux adultes par ce surréalisme léger qui faisait la marque de Placid et Muzo, de José Cabrero Arnal puis de Nicolaou, dans Vaillant puis Pif gadget. L’univers de Titan Inc. de Paul Martin et Manu Boisteau s’enrichit d’une révolte des passagers de première classe, qui me rappelle celle de Panique en Atlantique, le Spirou de Parme et Trondheim. Amusante mise en scène de Romain Pujol et Zimra sous forme d’un album photos pour une Psychotine dans l'esprit Crash Tex de Dab’s. Un bon Des gens et inversement, de Berth, qui parvient à renouveler un gag avec le monstre du Loch Ness. Enfin, depuis 7 semaines que Dad n’apparait mystérieusement plus dans Spirou, depuis le numéro consacré à ses 10 ans, différentes séries de gags se succèdent sur la dernière page du magazine, et cette semaine c’est un étrange Elliot au collège, de Théo Grosjean et Anna Maria Riccobono, cruel pour Elliot qui annonce qu’il va se faire larguer, et pour Hari, esseulé et humilié.
J’allais oublier Gaston™ par Delaf. Quel salaud, ce Spirou. Il force la main à Fantasio pour qu’il reste à la rédaction pour aider Prunelle qui file un mauvais coton, au lieu de repartir à l’aventure, et lorsque celui-ci accepte en proposant à Spirou de rester avec lui pour le soutien moral, celui-ci file à l’aventure, le laissant seul à s'occuper d'un dépressif et des bévues de Gaston. Remarquons que la queue de son marsupilami tient en entier dans toutes les cases, alors que celle dessinée par Franquin en débordaient de la plupart, ce qui illustre bien la largesse d’esprit de celui-ci et la ladrerie du repreneur. Idem pour Spip, qu’il fait commenter chaque action d’une râlerie ou d’une vanne, insistance sur sa présence qui lui fait perdre tout charme.
Un épisode aérien avec un vol sur des Ptéranodons, après la suffocante forêt en flammes de la semaine précédente dans Frnck de Bocquet et Cossu. Serait-ce la dernière aventure de Yoko Tsuno? Cette semaine, Zarkā , Vic, Pol, Zhyttā, Balbok, Monya rejoignent Yoko et tous les autres personnages déjà là, comme pour une ultime réunion... Dans Créatures, bonne idée de Betbeder et Djieff d’essayer de vaincre Lovecraft possédé en lui annonçant sa fin misérable, mais mal mise en scène car au final on ne sait si cela le divertit et permet de le défaire. Et dans Black Squaw, Yann, Henriet et Usagi nous font enfin découvrir le superbe aquarium Shedd, le plus grand du monde à l’époque, dans les années 1930, pour une séquence James Bond avec ambiance espionnage et passages secrets.
Dans le rédactionnel, Les BD de ma vie de Mouk, dont la série Croquidou a malheureusement cessé de paraitre dans Spirou alors qu’elle prenait une dimension d’humour fantastique et absurde qui me plaisait bien, et dont le premier tome ne sort pas chez Dupuis mais chez Auzou, maison spécialisée dans l’enfance et l’adolescence, qui édite, outre des livres, de nombreux jouets, jeux, et loisirs créatifs. En direct du futur annonce le retour de l’inspecteur Bertillon, de Carine Barth et Cyrille Pomès, dont la première histoire, Amotken, est parue l’an dernier dans Spirou.
Enfin, deux pubs pour des séries pour enfants, une au Lombard, sur des enfants pendant la révolution française (distraire en éduquant, comme le souhaitaient les éditeurs jeunesse d’avant guerre), et l’autre sur une série dont la première histoire était parue dans Spirou l’an dernier, et dont les deux premiers tomes sortent en même temps, Kyle travel, de Marco Russo et Alessio Zonno, avec, comme le dit l’éditeur, “un graphisme largement influencé par le manga”, plus précisément par le shōnen, manga pour jeunes garçons, lui reprenant les aspects les plus caricaturaux, la surabondance des traits de vitesse et les coiffures en pointe. Désagréable, ces séries dont seul le premier tome est publié dans le magazine, donnant le sentiment que ce n’est que pour faire acheter les volumes suivants à ceux et celles qui voudraient connaitre la suite…
En supplément, des autocollants Poissons d’avril, avec les poissons de Fish’n’chips, la nouvelle série de La pause cartoon, par Tom, dont je reparlerai pour le prochain numéro.
Oui, je sais, j'ai pas mal de retard, on va dire que c'est mon hommage au courrier en retard de Gaston
En attendant la présentation illustrée par jeepcook, ici un aperçu du magazine https://www.spirou.com/actualites/somma ... au-royaume
Belle couverture bleu nuit pour une histoire du Royaume de 10 pages en deux parties commençant dans ce numéro. L’histoire aurait pu être publiée en un bloc, cela aurait certes un peu, si peu, déséquilibré le journal par rapport au rythme des histoires (à suivre) publiées par tranches de 6 à 8 pages, mais cet aspect déluré aurait bien convenu à l’esprit de cette série. Depuis un mini récit de 2021, Anne a deux grains de beauté sur la joue et un sur la poitrine, qui viennent selon moi de critères de beauté anachroniques pour cette série médiévale, et lui donne une modernité artificielle de mauvais aloi. Par ailleurs, depuis l’an dernier Feroumont s’associe avec Clara Cuadrado (la fille de l’auteur de Parker et Badger, comme elle l’a raconté dans Spirou et moi, magazine numéro 4467 (22/11/2023) au scénario (ils avaient déjà fait ensemble quelques gags en 2012-2013). Dans l’interview de présentation, celle-ci annonce que “dans le prochain album, tout sera centré sur Anne qui va se révéler dans toute sa dimension féministe. Un combat qui m’est cher!”, ce qui ne manque pas de m’effrayer, car Le royaume est déjà une série féministe, sans moralisme, touchant juste avec légèreté, et je crains l’arrivée de la cavalerie lourde.
Et c’est l’occasion d’un excellent Édito de Fabcaro et Fabrice Erre dans un “Royaume de Fabricie, interdit aux manants.” Les strips de Willy Woob de Bernstein et Moog sur des jeux de mots sur les tours de danse et de magie du chien Kiki illustrent bien d’où vient la fraîcheur de cette série, qui parvient à se situer à l’équilibre de la fausse candeur en s’adressant à priori aux enfants, mais aussi aux adultes par ce surréalisme léger qui faisait la marque de Placid et Muzo, de José Cabrero Arnal puis de Nicolaou, dans Vaillant puis Pif gadget. L’univers de Titan Inc. de Paul Martin et Manu Boisteau s’enrichit d’une révolte des passagers de première classe, qui me rappelle celle de Panique en Atlantique, le Spirou de Parme et Trondheim. Amusante mise en scène de Romain Pujol et Zimra sous forme d’un album photos pour une Psychotine dans l'esprit Crash Tex de Dab’s. Un bon Des gens et inversement, de Berth, qui parvient à renouveler un gag avec le monstre du Loch Ness. Enfin, depuis 7 semaines que Dad n’apparait mystérieusement plus dans Spirou, depuis le numéro consacré à ses 10 ans, différentes séries de gags se succèdent sur la dernière page du magazine, et cette semaine c’est un étrange Elliot au collège, de Théo Grosjean et Anna Maria Riccobono, cruel pour Elliot qui annonce qu’il va se faire larguer, et pour Hari, esseulé et humilié.
J’allais oublier Gaston™ par Delaf. Quel salaud, ce Spirou. Il force la main à Fantasio pour qu’il reste à la rédaction pour aider Prunelle qui file un mauvais coton, au lieu de repartir à l’aventure, et lorsque celui-ci accepte en proposant à Spirou de rester avec lui pour le soutien moral, celui-ci file à l’aventure, le laissant seul à s'occuper d'un dépressif et des bévues de Gaston. Remarquons que la queue de son marsupilami tient en entier dans toutes les cases, alors que celle dessinée par Franquin en débordaient de la plupart, ce qui illustre bien la largesse d’esprit de celui-ci et la ladrerie du repreneur. Idem pour Spip, qu’il fait commenter chaque action d’une râlerie ou d’une vanne, insistance sur sa présence qui lui fait perdre tout charme.
Un épisode aérien avec un vol sur des Ptéranodons, après la suffocante forêt en flammes de la semaine précédente dans Frnck de Bocquet et Cossu. Serait-ce la dernière aventure de Yoko Tsuno? Cette semaine, Zarkā , Vic, Pol, Zhyttā, Balbok, Monya rejoignent Yoko et tous les autres personnages déjà là, comme pour une ultime réunion... Dans Créatures, bonne idée de Betbeder et Djieff d’essayer de vaincre Lovecraft possédé en lui annonçant sa fin misérable, mais mal mise en scène car au final on ne sait si cela le divertit et permet de le défaire. Et dans Black Squaw, Yann, Henriet et Usagi nous font enfin découvrir le superbe aquarium Shedd, le plus grand du monde à l’époque, dans les années 1930, pour une séquence James Bond avec ambiance espionnage et passages secrets.
Dans le rédactionnel, Les BD de ma vie de Mouk, dont la série Croquidou a malheureusement cessé de paraitre dans Spirou alors qu’elle prenait une dimension d’humour fantastique et absurde qui me plaisait bien, et dont le premier tome ne sort pas chez Dupuis mais chez Auzou, maison spécialisée dans l’enfance et l’adolescence, qui édite, outre des livres, de nombreux jouets, jeux, et loisirs créatifs. En direct du futur annonce le retour de l’inspecteur Bertillon, de Carine Barth et Cyrille Pomès, dont la première histoire, Amotken, est parue l’an dernier dans Spirou.
Enfin, deux pubs pour des séries pour enfants, une au Lombard, sur des enfants pendant la révolution française (distraire en éduquant, comme le souhaitaient les éditeurs jeunesse d’avant guerre), et l’autre sur une série dont la première histoire était parue dans Spirou l’an dernier, et dont les deux premiers tomes sortent en même temps, Kyle travel, de Marco Russo et Alessio Zonno, avec, comme le dit l’éditeur, “un graphisme largement influencé par le manga”, plus précisément par le shōnen, manga pour jeunes garçons, lui reprenant les aspects les plus caricaturaux, la surabondance des traits de vitesse et les coiffures en pointe. Désagréable, ces séries dont seul le premier tome est publié dans le magazine, donnant le sentiment que ce n’est que pour faire acheter les volumes suivants à ceux et celles qui voudraient connaitre la suite…
En supplément, des autocollants Poissons d’avril, avec les poissons de Fish’n’chips, la nouvelle série de La pause cartoon, par Tom, dont je reparlerai pour le prochain numéro.
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Re: Cette semaine dans le journal de Spirou j'ai aimé...
Numéro 4486 du 03/04/2024
Ici un aperçu du magazine https://www.spirou.com/actualites/somma ... u-probleme
Crash Tex en couverture de ce numéro qui lui est dédié, c’est donc lui qui occupe le quatrième de couverture cette semaine, pour un gag avec une boule de bowling, l’un des objets fétiches de Gaston Lagaffe. Fabcaro et Fabrice Erre ne s’y trompent pas, puis qu’ils utilisent aussi cet objet dans leur Édito sur Crash Tex, faisant le lien entre les trois gaffeurs actuels du journal.
Dans Gaston justement, Delaf nous fais une fois de plus un gag sur Franquin, à croire qu’il était le seul dessinateur du journal. Quand Franquin se moquait de lui-même dans sa série, c’était amusant, mais l’insistance de Delaf à y faire référence commence à devenir malsaine. Pour reprendre ce qu’indique l'ours dans la couverture du journal par Dab’s, il se trompe de cible. Le gag de Boule et Bill, par Cazenove, Jean Bastide et Luc Perdriet reprend sympathiquement un gag de Gaston où il inverse les fonctions d’objets électrique en les démontant et les remontant, mais Boule est un peu trop pleurnichard ici. Une nouvelle Méthode Raowl de Tebo, sur Comment se faire une arme avec les objets du quotidien ?, rappel des films de kung fu de Hong Kong des années 80-90, qui utilisaient beaucoup cette technique (voyez ou revoyez les Jackie Chan, Stephen Chow, Sammo Hung ou Jet Li). Otaku, de Nena et Maria-Paz, mêlant mangas, jeux vidéos, et cette semaine sabre bricolé et vie collégienne en est aussi une héritière.
Fish n chips, la bande de Tom qui a remplacé L’antre case (terminée de jolie manière par Derache et Waltch) dans La pause cartoon est en fait un vieux projet. Le gag de ce numéro, comme le premier dans le numéro 4481, sont des reprises quasi à l’identique de gags parus dans la rubrique Carte blanche en 2013 et 2014 (Spirou 3952 et 4007) sous la signature de Bonis, le vrai nom de Tom. Cette série traite par un humour entre l’absurde et le noir de la pollution des océans subie par leurs habitants, comme les Givrés de Madaule le faisait avec des animaux du pôle nord. Amusante coïncidence, dans ce même numéro 4007 Les aventures d’un journal rappelaient qu'Alain Henriet avait été le gagnant d'un concours de dessin dans Spirou en 1996, voila donc reeunis deux auteurs révélés dans une rubrique de soutien aux jeunes auteurs qui sont devenus dessinateurs du journal. ”Que de chemin parcouru”, comme le dit l'article...
Les Jeux de Pâques de Rich!, le gag Des gens et inversement, de Berth, et l’histoire courte Épreuve du feu, par Tofy et Maëla Cosson, indiquent que c’est aussi un numéro de Pâques. Tofy, agréable dessinateur animalier, nous donne une bonne histoire de lapins de Pâques, qui renverse le cliché de l’histoire mignonne qui se finit en histoire d’horreur. Suite et fin de l'histoire courte du Royaume de Feroumont Et Clara Cuadrado, renversement amusant, sans discours anti catho qui serait inapproprié (les auteurs ne mangent pas de ce genre d'anachronismes), des scènes des vieilles séries catholiques dans lesquelles la confession était censée apporter la rédemption,
Chapitre plus calme pour Créatures, où Betbeder et Djieff fournissent des explications sur les paradoxes temporels et les illusions dont sont victimes les personnages. Lovecraft a disparu, il n’était qu’une illusion, mais se retrouve dans le Supplément de la semaine, un Popstatic Créatures, par Thomas Mathieu. Le maître de l’horreur moderne qui se retrouve personnage d’un jouet d’enfants animé, quel destin ironique…Grandes explications aussi pour Black Squaw, dans un train privé qui lui rappelle celui des Mystères de l’ouest (Wild wild west, mythique série télé western steampunk). Yoko rencontre dans ce chapitre un moinillon orphelin et, à la façon dont elle se comporte avec lui, tout indique que ce sera un nouveau personnage qu’elle prendra sous son aile. L’accumulation de personnages, de situations et de dialogues récurrents sont des signes d’une histoire qui part en roue libre. Les personnages de Frnck semblent enfin pouvoir quitter leur piège temporel, accompagnés d’animaux préhistoriques, ce qui nous promet de nouvelles histoires, et Brice Cossu dessine une belle image double page, dans un mélange d’action, d’émotion et d’humour (noir) caractéristique de cette bonne série pour enfants.
En vis-à-vis de Otaku, Bienvenue dans L’atelier Sentô, où les auteurs confirment leur profonde passion pour le Japon et montrent leur atelier qui n’est pas, comme pourrait l’être celui d’otakus, remplis de gadget japonais, mais semble assez zen…En direct du futur annonce le retour du Métier le plus dangereux du monde, les points de vue différents qui racontaient la même histoire vont maintenant se rejoindre. Et un Tuto dessiné pour le Marsupilami, par Batem, peu utile car on ne peut comprendre la progression du trait puisqu’il s’agit de dessins immobiles dont le choix des étapes de dessin n’est pas expliqué.
Enfin, une pub pour Héricornes, un album au Lombard, scénarisé par Kid Toussaint, spécialiste de séries jeunesses à succès, Magic 7 (dans Spirou), Animal Jack (chez Dupuis mais pas dans Spirou, hormis en 2022 en supplément comme en produit d’appel), Elles (au Lombard), qui reprend le thème des Magical girls, en les affublant de licornes. Succès commercial théoriquement garanti. Et en supplément supplémentaire, un extrait d’une autre nouvelle série d’héroic fantasy pour enfants, chez Dargaud.
Ici un aperçu du magazine https://www.spirou.com/actualites/somma ... u-probleme
Crash Tex en couverture de ce numéro qui lui est dédié, c’est donc lui qui occupe le quatrième de couverture cette semaine, pour un gag avec une boule de bowling, l’un des objets fétiches de Gaston Lagaffe. Fabcaro et Fabrice Erre ne s’y trompent pas, puis qu’ils utilisent aussi cet objet dans leur Édito sur Crash Tex, faisant le lien entre les trois gaffeurs actuels du journal.
Dans Gaston justement, Delaf nous fais une fois de plus un gag sur Franquin, à croire qu’il était le seul dessinateur du journal. Quand Franquin se moquait de lui-même dans sa série, c’était amusant, mais l’insistance de Delaf à y faire référence commence à devenir malsaine. Pour reprendre ce qu’indique l'ours dans la couverture du journal par Dab’s, il se trompe de cible. Le gag de Boule et Bill, par Cazenove, Jean Bastide et Luc Perdriet reprend sympathiquement un gag de Gaston où il inverse les fonctions d’objets électrique en les démontant et les remontant, mais Boule est un peu trop pleurnichard ici. Une nouvelle Méthode Raowl de Tebo, sur Comment se faire une arme avec les objets du quotidien ?, rappel des films de kung fu de Hong Kong des années 80-90, qui utilisaient beaucoup cette technique (voyez ou revoyez les Jackie Chan, Stephen Chow, Sammo Hung ou Jet Li). Otaku, de Nena et Maria-Paz, mêlant mangas, jeux vidéos, et cette semaine sabre bricolé et vie collégienne en est aussi une héritière.
Fish n chips, la bande de Tom qui a remplacé L’antre case (terminée de jolie manière par Derache et Waltch) dans La pause cartoon est en fait un vieux projet. Le gag de ce numéro, comme le premier dans le numéro 4481, sont des reprises quasi à l’identique de gags parus dans la rubrique Carte blanche en 2013 et 2014 (Spirou 3952 et 4007) sous la signature de Bonis, le vrai nom de Tom. Cette série traite par un humour entre l’absurde et le noir de la pollution des océans subie par leurs habitants, comme les Givrés de Madaule le faisait avec des animaux du pôle nord. Amusante coïncidence, dans ce même numéro 4007 Les aventures d’un journal rappelaient qu'Alain Henriet avait été le gagnant d'un concours de dessin dans Spirou en 1996, voila donc reeunis deux auteurs révélés dans une rubrique de soutien aux jeunes auteurs qui sont devenus dessinateurs du journal. ”Que de chemin parcouru”, comme le dit l'article...
Les Jeux de Pâques de Rich!, le gag Des gens et inversement, de Berth, et l’histoire courte Épreuve du feu, par Tofy et Maëla Cosson, indiquent que c’est aussi un numéro de Pâques. Tofy, agréable dessinateur animalier, nous donne une bonne histoire de lapins de Pâques, qui renverse le cliché de l’histoire mignonne qui se finit en histoire d’horreur. Suite et fin de l'histoire courte du Royaume de Feroumont Et Clara Cuadrado, renversement amusant, sans discours anti catho qui serait inapproprié (les auteurs ne mangent pas de ce genre d'anachronismes), des scènes des vieilles séries catholiques dans lesquelles la confession était censée apporter la rédemption,
Chapitre plus calme pour Créatures, où Betbeder et Djieff fournissent des explications sur les paradoxes temporels et les illusions dont sont victimes les personnages. Lovecraft a disparu, il n’était qu’une illusion, mais se retrouve dans le Supplément de la semaine, un Popstatic Créatures, par Thomas Mathieu. Le maître de l’horreur moderne qui se retrouve personnage d’un jouet d’enfants animé, quel destin ironique…Grandes explications aussi pour Black Squaw, dans un train privé qui lui rappelle celui des Mystères de l’ouest (Wild wild west, mythique série télé western steampunk). Yoko rencontre dans ce chapitre un moinillon orphelin et, à la façon dont elle se comporte avec lui, tout indique que ce sera un nouveau personnage qu’elle prendra sous son aile. L’accumulation de personnages, de situations et de dialogues récurrents sont des signes d’une histoire qui part en roue libre. Les personnages de Frnck semblent enfin pouvoir quitter leur piège temporel, accompagnés d’animaux préhistoriques, ce qui nous promet de nouvelles histoires, et Brice Cossu dessine une belle image double page, dans un mélange d’action, d’émotion et d’humour (noir) caractéristique de cette bonne série pour enfants.
En vis-à-vis de Otaku, Bienvenue dans L’atelier Sentô, où les auteurs confirment leur profonde passion pour le Japon et montrent leur atelier qui n’est pas, comme pourrait l’être celui d’otakus, remplis de gadget japonais, mais semble assez zen…En direct du futur annonce le retour du Métier le plus dangereux du monde, les points de vue différents qui racontaient la même histoire vont maintenant se rejoindre. Et un Tuto dessiné pour le Marsupilami, par Batem, peu utile car on ne peut comprendre la progression du trait puisqu’il s’agit de dessins immobiles dont le choix des étapes de dessin n’est pas expliqué.
Enfin, une pub pour Héricornes, un album au Lombard, scénarisé par Kid Toussaint, spécialiste de séries jeunesses à succès, Magic 7 (dans Spirou), Animal Jack (chez Dupuis mais pas dans Spirou, hormis en 2022 en supplément comme en produit d’appel), Elles (au Lombard), qui reprend le thème des Magical girls, en les affublant de licornes. Succès commercial théoriquement garanti. Et en supplément supplémentaire, un extrait d’une autre nouvelle série d’héroic fantasy pour enfants, chez Dargaud.
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- citation : Fan de Fournier
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Re: Cette semaine dans le journal de Spirou j'ai aimé...
Un truc que j'aime bien dans les résumés d'heijingling c'est de voir quel nouveau point il va trouver pour dire que le Gaston de Delaf est nul.
Team Astérix
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Re: Cette semaine dans le journal de Spirou j'ai aimé...
Je ne sais jamais à l'avance, c'est une surprise pour moi aussi puisque ma critique est élaborée à partir du gag hebdomadaire. Et je ne suis jamais déçu, je trouve toujours un gros reproche à faire
Sinon, juste du point de vue gag, il n'est pas nul, il y en a de drôles, c'est juste qu'il est cringe, comme disent les Belges, et moralement indéfendable.
Et point de vue dessin, de loin, ça peut faire illusion, mais quand on met un Gaston de Franquin et un de Delaf côte-à-côte, ce n'est pas à l'avantage de Delaf. C'est appliqué mais ça n'a pas de vie, pas d'énergie, pas de tension, pas d'invention.
Le seul point qui pourrait être positif, c'est que comme l'album a cartonné dans les ventes, le fait de mettre la tête de Gaston chaque semaine en couverture a peut-être fait augmenter les ventes du journal. Mais je ne sais pas si et où on peut trouver cette info.
Sinon, juste du point de vue gag, il n'est pas nul, il y en a de drôles, c'est juste qu'il est cringe, comme disent les Belges, et moralement indéfendable.
Et point de vue dessin, de loin, ça peut faire illusion, mais quand on met un Gaston de Franquin et un de Delaf côte-à-côte, ce n'est pas à l'avantage de Delaf. C'est appliqué mais ça n'a pas de vie, pas d'énergie, pas de tension, pas d'invention.
Le seul point qui pourrait être positif, c'est que comme l'album a cartonné dans les ventes, le fait de mettre la tête de Gaston chaque semaine en couverture a peut-être fait augmenter les ventes du journal. Mais je ne sais pas si et où on peut trouver cette info.
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Re: Cette semaine dans le journal de Spirou j'ai aimé...
Numéro 4487 du 10/04/2024
Ici un aperçu du magazine https://www.spirou.com/actualites/somma ... -clairiere
Couverture et histoire courte de La clairière s’amuse. Le dessin en faux croquis, faussement simplet, très expressif et rendant bien les tronches d’ahuris© de Thomas Priou porte très bien ces historiettes animalières d’humour cruel, contrepoint désillusionné à Sylvain et Sylvette (l’ours, le loup et le renard sont trois des quatre compères), où les animaux ne sont pas soumis aux humains mais en reprennent tous les travers. Cela fonctionne bien mieux pour moi que dans Léon et Léna, l’autre série scénarisée par Damien Cerq dans Spirou, où la cruauté fait forcée, systématique. Puisque la série est mise à l’honneur, on a de nouveau droit à une de ces interviews où les auteurs expliquent ce qu’ils ont voulu faire, ce qui est par essence absurde, car si une œuvre a besoin d’être expliquée pour être appréciée, c’est qu’elle est ratée (ce qui n’est pas le cas ici). Et l’absurdité du principe amène immanquablement des conséquences absurdes, comme ici lorsque Damien Cerq explique qu’”il faut arrêter de mentir aux enfants: les animaux sont cruels entre eux”, pour être amené à dire paragraphe suivant que le sujet de La clairière s’amuse est “une critique de notre société”. Faudrait savoir, description de la cruauté animale, ou de la cruauté humaine? Et je ne parle pas de la remarque selon laquelle “les animaux se font la guerre pour des histoires de territoire”, qui point de vue éthologique est aussi dénué de sens que de proclamer que les lapins sont gentils et les loups méchants…Il n’est que de lire, dans les ouvrages récents, Habiter en oiseau, de Vinciane Despret, (2019, chez Actes Sud) pour voir l’inanité de ce discours. Il y a toutefois des passages intéressants dans ces interviews, quand les auteurs parlent de leur œuvre, et non du sens à donner à celle-ci (en admettant qu’il faille être pédagogique, il y a des moyens plus amusants et efficaces). Ainsi, ici, https://www.spirou.com/bonus-de-la-reda ... -tabassent , quand Thomas Priou confirme d’où vient la vivacité de son dessin: “Je commence par crayonner toutes mes pages d'un coup, puis je passe le plus vite possible à l'encrage afin de garder l'émulation. L'encrage est vraiment mon étape préférée, celle où j'essaie de lâcher mon trait tout en faisant en sorte qu'il soit élégant et colle au mieux à l'histoire.
Au départ, la tablette m'a tendu des pièges. Je voulais toujours corriger des détails... Avec l'expérience, je vois bien que ça ne sert à rien. Mon truc, maintenant, c'est de regarder mes planches lorsqu'elles sont publiées dans SPIROU. Je constate ce qui marche, ce qui ne marche pas, et je m'en sers pour les planches suivantes.”
Cela corrobore d’une part le fait que, pour la BD (en dehors des BD en couleurs directes), les bons dessinateurs sont de bons encreurs, et ceux pour qui l’encrage est une étape obligée sans intérêt, ou considèrent qu’il fait perdre la vitalité du crayonné, ont des problèmes avec le dessin de BD. Ainsi, Bédu dans Bienvenue dans mon atelier dit que “l’encrage est moins amusant parce que mon crayonné est très poussé”, ce qui explique en partie la raideur des personnages humains. D’autre part, cela confirme aussi qu’en BD, l’œuvre est la page imprimée, reproduite, et pas la planche originale, comme en musique l’œuvre est ce qu’on entend, pas le CD ou la partition, comme au cinéma le montage final et pas l’intégralité de ce qui a été filmé.
D’autres histoires courtes dans le supplément, un livret publié à l’occasion du Festival du Livre de Paris, dont le Québec est cette année l’invité d’honneur, intitulé “Destination Québec. Sept conseils essentiels pour réussir votre séjour. “ À la différence du précédent guide Spirou sur le Québec, paru en 2015 (numéro 4042), avec, non seulement Delaf et autre Djieff, mais aussi Jimmy Beaulieu, Jean-Paul Eid, Réal Godbout, Julie Rocheleau et bien d’autres, celui-ci ne contient que des auteurs Spirou, québécois ou en lien avec le Québec, hormis Jacques Lamontagne, qui signe Lam la couverture. Amusante histoire de Djieff, d’où il ressort qu’un voyage au Québec n’est agréable pratiquement que quelques jours en septembre, toute autre saison ayant ses calamités. (Soit dit en passant: Joe Dassin n’a pas fait d’appropriation culturelle en parlant d’”été des indiens”, et il n’est pas étonnant que ce “terme ne soit employé par aucune communauté autochtone”, puisqu’il a chanté L’été indien, et donc, pas “des indiens”). Philippe Girard, qui avait publié Béatrice dans Spirou entre 2006 et 2008 sous le pseudonyme de Phlppgrrd (une inspiration de Frnck?), parle du “Climat…encore” (avec un invité ressemblant beaucoup à Trondheim ), et du rock québécois avec les Cow-boys fringants. Pascal Colpron explique “comment survivre à la poutine”, “un mélange absolument décadent”, ce qui ne m’étonne pas, puisque dans Paul à Québec, de Pascal Rabagliatti, j’ai appris qu’à Québec (la ville, pas la province), on terminait ses croutes de pizza avec du beurre…Clara Cuadrado fait part de son expérience de vie au Québec, pas d’un guide touristique comme les autres auteurs, par contre, Benoît Ferroumont fait son “asti d’touriste” en sortant se promener inconsciemment pendant une tempête de neige, séquence intitulée “Le climat…toujours”.
Dans les gags, Gaston avec un Prunelle alcoolique pathétique. En passant, Franquin avait l’habitude de dessiner sur les murs de la rédac de Gaston des affiches fictives de personnages qu’il aimait bien, de Spirou ou d’ailleurs, du Flagada à Philémon et du Reiser, ouvrant ainsi les lecteurs à d’autres univers. Delaf, copiste intégriste, reprend cette idée de façon étriquée en n’y mettant que des personnages de Franquin, comme cette semaine Zorglub. On sent le vécu par contre dans la manière dont les Fabrice agitent des peluches en les faisant parler pour leur BD animalière dans L’édito. J’apprends dans 3 infos, 2 vraies 1 fausse par Bernstein, Bercovici et Robin Le Gall que l’on pouvait terminer Tetris (je ne m’étais jamais posé la question, à vrai dire). Willy Woob de Bernstein et Moog construit une cabane en bois, mais loin de l’ancestrale log cabin canadienne, en fait un resort de luxe, avec greenwashing de rigueur.
Avec une page de Kid Paddle, une de Game over, une page de pub pour un album anthologie (ou florilège, ou best of comme écrit) de Kid Paddle, et une autre pour un livre d’entretiens avec Thierry Tinlot et un autre pour apprendre les bases des maths avec Kid Paddle, pour les 30 ans du personnage, Midam est aussi à l’honneur de ce numéro.
Dans Yoko Tsuno, Leloup continue à recycler scènes (vaisseau attiré dans une grotte immense par un puissance mystérieuse) et dialogues (“-Vous vous moquez de moi, Yoko! -Une manière d’atténuer mes craintes…pardon, Khany!”) dans ce que j’ai du mal à considérer comme une anthologie. Dans Black Squaw, Yann et Henriet illustrent une incompréhensible apparition de Laurel et Hardy comme membres du Ku-Klux-Klan. Séquence d’action fantastique dans Créatures, avec la grande créature que les personnages appellent familièrement Yog. Émotion et humour encore dans Frnck, dans une séquence toujours réjouissante où des personnages débarquent dans une autre époque et y perçoivent tout de façon décalée; un tricératops balance une 2CV au bas d’une falaise, et sa propriétaire commente “Maintenant, elle va marcher beaucoup moins bien, forcément.” Qui sait d’où vient cette citation?
Enfin, dans les rubriques, Marko dans La leçon de BD donne des conseils utiles (les accessoires pour identifier un personnage, le test de dessiner un personnage uniquement en ombre pour se rendre compte si son attitude est immédiatement compréhensible) mais sans préciser qu’ils sont normatifs (pourquoi une collégienne porterait-elle le même accessoire, un foulard, en 6ème et en 2nde? Le test des ombres conduit à outrer toutes les attitudes). Bédu, dans son Atelier, dit qu'il repreesentait parfois dans ses planches des Psy des objets de son atelier, manière sympathique de s'investir, comme Franquin avec ses affiches sur les murs de la rédac.Une impressionnante double page de Jeux de Jacques Lerouge, où des queues de marsupilamis s’entremèlent avec les tentacules d’un poulpe géant. Et En direct du futur annonce l’ouverture du Parc Spirou pour sa septième saison, ainsi que le Festival Spirou qui s’y tiendra fin mai.
Ici un aperçu du magazine https://www.spirou.com/actualites/somma ... -clairiere
Couverture et histoire courte de La clairière s’amuse. Le dessin en faux croquis, faussement simplet, très expressif et rendant bien les tronches d’ahuris© de Thomas Priou porte très bien ces historiettes animalières d’humour cruel, contrepoint désillusionné à Sylvain et Sylvette (l’ours, le loup et le renard sont trois des quatre compères), où les animaux ne sont pas soumis aux humains mais en reprennent tous les travers. Cela fonctionne bien mieux pour moi que dans Léon et Léna, l’autre série scénarisée par Damien Cerq dans Spirou, où la cruauté fait forcée, systématique. Puisque la série est mise à l’honneur, on a de nouveau droit à une de ces interviews où les auteurs expliquent ce qu’ils ont voulu faire, ce qui est par essence absurde, car si une œuvre a besoin d’être expliquée pour être appréciée, c’est qu’elle est ratée (ce qui n’est pas le cas ici). Et l’absurdité du principe amène immanquablement des conséquences absurdes, comme ici lorsque Damien Cerq explique qu’”il faut arrêter de mentir aux enfants: les animaux sont cruels entre eux”, pour être amené à dire paragraphe suivant que le sujet de La clairière s’amuse est “une critique de notre société”. Faudrait savoir, description de la cruauté animale, ou de la cruauté humaine? Et je ne parle pas de la remarque selon laquelle “les animaux se font la guerre pour des histoires de territoire”, qui point de vue éthologique est aussi dénué de sens que de proclamer que les lapins sont gentils et les loups méchants…Il n’est que de lire, dans les ouvrages récents, Habiter en oiseau, de Vinciane Despret, (2019, chez Actes Sud) pour voir l’inanité de ce discours. Il y a toutefois des passages intéressants dans ces interviews, quand les auteurs parlent de leur œuvre, et non du sens à donner à celle-ci (en admettant qu’il faille être pédagogique, il y a des moyens plus amusants et efficaces). Ainsi, ici, https://www.spirou.com/bonus-de-la-reda ... -tabassent , quand Thomas Priou confirme d’où vient la vivacité de son dessin: “Je commence par crayonner toutes mes pages d'un coup, puis je passe le plus vite possible à l'encrage afin de garder l'émulation. L'encrage est vraiment mon étape préférée, celle où j'essaie de lâcher mon trait tout en faisant en sorte qu'il soit élégant et colle au mieux à l'histoire.
Au départ, la tablette m'a tendu des pièges. Je voulais toujours corriger des détails... Avec l'expérience, je vois bien que ça ne sert à rien. Mon truc, maintenant, c'est de regarder mes planches lorsqu'elles sont publiées dans SPIROU. Je constate ce qui marche, ce qui ne marche pas, et je m'en sers pour les planches suivantes.”
Cela corrobore d’une part le fait que, pour la BD (en dehors des BD en couleurs directes), les bons dessinateurs sont de bons encreurs, et ceux pour qui l’encrage est une étape obligée sans intérêt, ou considèrent qu’il fait perdre la vitalité du crayonné, ont des problèmes avec le dessin de BD. Ainsi, Bédu dans Bienvenue dans mon atelier dit que “l’encrage est moins amusant parce que mon crayonné est très poussé”, ce qui explique en partie la raideur des personnages humains. D’autre part, cela confirme aussi qu’en BD, l’œuvre est la page imprimée, reproduite, et pas la planche originale, comme en musique l’œuvre est ce qu’on entend, pas le CD ou la partition, comme au cinéma le montage final et pas l’intégralité de ce qui a été filmé.
D’autres histoires courtes dans le supplément, un livret publié à l’occasion du Festival du Livre de Paris, dont le Québec est cette année l’invité d’honneur, intitulé “Destination Québec. Sept conseils essentiels pour réussir votre séjour. “ À la différence du précédent guide Spirou sur le Québec, paru en 2015 (numéro 4042), avec, non seulement Delaf et autre Djieff, mais aussi Jimmy Beaulieu, Jean-Paul Eid, Réal Godbout, Julie Rocheleau et bien d’autres, celui-ci ne contient que des auteurs Spirou, québécois ou en lien avec le Québec, hormis Jacques Lamontagne, qui signe Lam la couverture. Amusante histoire de Djieff, d’où il ressort qu’un voyage au Québec n’est agréable pratiquement que quelques jours en septembre, toute autre saison ayant ses calamités. (Soit dit en passant: Joe Dassin n’a pas fait d’appropriation culturelle en parlant d’”été des indiens”, et il n’est pas étonnant que ce “terme ne soit employé par aucune communauté autochtone”, puisqu’il a chanté L’été indien, et donc, pas “des indiens”). Philippe Girard, qui avait publié Béatrice dans Spirou entre 2006 et 2008 sous le pseudonyme de Phlppgrrd (une inspiration de Frnck?), parle du “Climat…encore” (avec un invité ressemblant beaucoup à Trondheim ), et du rock québécois avec les Cow-boys fringants. Pascal Colpron explique “comment survivre à la poutine”, “un mélange absolument décadent”, ce qui ne m’étonne pas, puisque dans Paul à Québec, de Pascal Rabagliatti, j’ai appris qu’à Québec (la ville, pas la province), on terminait ses croutes de pizza avec du beurre…Clara Cuadrado fait part de son expérience de vie au Québec, pas d’un guide touristique comme les autres auteurs, par contre, Benoît Ferroumont fait son “asti d’touriste” en sortant se promener inconsciemment pendant une tempête de neige, séquence intitulée “Le climat…toujours”.
Dans les gags, Gaston avec un Prunelle alcoolique pathétique. En passant, Franquin avait l’habitude de dessiner sur les murs de la rédac de Gaston des affiches fictives de personnages qu’il aimait bien, de Spirou ou d’ailleurs, du Flagada à Philémon et du Reiser, ouvrant ainsi les lecteurs à d’autres univers. Delaf, copiste intégriste, reprend cette idée de façon étriquée en n’y mettant que des personnages de Franquin, comme cette semaine Zorglub. On sent le vécu par contre dans la manière dont les Fabrice agitent des peluches en les faisant parler pour leur BD animalière dans L’édito. J’apprends dans 3 infos, 2 vraies 1 fausse par Bernstein, Bercovici et Robin Le Gall que l’on pouvait terminer Tetris (je ne m’étais jamais posé la question, à vrai dire). Willy Woob de Bernstein et Moog construit une cabane en bois, mais loin de l’ancestrale log cabin canadienne, en fait un resort de luxe, avec greenwashing de rigueur.
Avec une page de Kid Paddle, une de Game over, une page de pub pour un album anthologie (ou florilège, ou best of comme écrit) de Kid Paddle, et une autre pour un livre d’entretiens avec Thierry Tinlot et un autre pour apprendre les bases des maths avec Kid Paddle, pour les 30 ans du personnage, Midam est aussi à l’honneur de ce numéro.
Dans Yoko Tsuno, Leloup continue à recycler scènes (vaisseau attiré dans une grotte immense par un puissance mystérieuse) et dialogues (“-Vous vous moquez de moi, Yoko! -Une manière d’atténuer mes craintes…pardon, Khany!”) dans ce que j’ai du mal à considérer comme une anthologie. Dans Black Squaw, Yann et Henriet illustrent une incompréhensible apparition de Laurel et Hardy comme membres du Ku-Klux-Klan. Séquence d’action fantastique dans Créatures, avec la grande créature que les personnages appellent familièrement Yog. Émotion et humour encore dans Frnck, dans une séquence toujours réjouissante où des personnages débarquent dans une autre époque et y perçoivent tout de façon décalée; un tricératops balance une 2CV au bas d’une falaise, et sa propriétaire commente “Maintenant, elle va marcher beaucoup moins bien, forcément.” Qui sait d’où vient cette citation?
Enfin, dans les rubriques, Marko dans La leçon de BD donne des conseils utiles (les accessoires pour identifier un personnage, le test de dessiner un personnage uniquement en ombre pour se rendre compte si son attitude est immédiatement compréhensible) mais sans préciser qu’ils sont normatifs (pourquoi une collégienne porterait-elle le même accessoire, un foulard, en 6ème et en 2nde? Le test des ombres conduit à outrer toutes les attitudes). Bédu, dans son Atelier, dit qu'il repreesentait parfois dans ses planches des Psy des objets de son atelier, manière sympathique de s'investir, comme Franquin avec ses affiches sur les murs de la rédac.Une impressionnante double page de Jeux de Jacques Lerouge, où des queues de marsupilamis s’entremèlent avec les tentacules d’un poulpe géant. Et En direct du futur annonce l’ouverture du Parc Spirou pour sa septième saison, ainsi que le Festival Spirou qui s’y tiendra fin mai.
" Monólogo significa el mono que habla solo." Ramón Gómez de la Serna dans ses Greguerías.
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- Enregistré le : ven. 13 déc. 2019 13:46
Re: Cette semaine dans le journal de Spirou j'ai aimé...
Numéro 4488 du 17/04/2024
Ici un aperçu du magazine https://www.spirou.com/actualites/somma ... tin-orange
Depuis quelques années que les histoires courtes sont rendues à la portion congrue du journal, au bénéfice des gags, les focus sur les séries consistent le plus souvent en une simple plus grosse dose de ces gags, disséminés dans le magazine. C’est le cas cette semaine avec Nelson, de Bertschy, 12 strips répartis sur trois pages, sans thématique, pourtant, celle de la couverture, Nelson dans un parc, permettait de nombreuses possibilités amusantes.
En vis-à-vis pages 2 et 3, un gag de Gaston où celui-ci, pratiquement absent, voit l’ensemble de la rédaction s’auto détruire et sombrer dans l’alcoolisme, et un running gag des Fabrice dans L'Édito, qui court épisodiquement depuis quelques semaines, sur ceux-ci inventant qu’ils vont se faire débaucher par la concurrence pour essayer de se faire retenir chez Spirou, une augmentation à la clé. Le second pousse les Fabrice à se surpasser, à leur manière, alors que le premier conduit à une impasse: si Gaston est si destructeur, ce que montre la spirale de descente vers la dépression de toute la rédaction depuis quelques gags, comment la série pourra-t-elle continuer? Delaf a beau essayer de parer les critiques avec le personnage de Lebrac recopiant Franquin avec un résultant “bluffant”, la réticence venant de Prunelle et de son esprit dépressif et dépréciatif, on voit son Gaston prendre le même chemin que les Nombrils, qui ont évolué vers une voie sans issue contraignant les auteurs à avoir fait un retour en arrière décontextualisé avec Les vacheries des Nombrils, qui lui-même a vite tourné court. Du moins les Nombrils ont-ils mis plus de 10 ans pour arriver à l’impasse dans laquelle Delaf est en train de fourrer Gaston en à peine quelques mois…
Les autres gags de ce numéro sont par contre de bonne tenue selon moi. Titan inc., dans lequel Paul Martin et Manu Boisteau jouent avec la mise en page, Happy/calypse, série familiale avec les parents, les copains-copine, l’école, que Laulau et Gyom renouvellent en la transposant dans un univers post apocalypse très complet et pertinent, avec cette semaine l’école submergée par la montée des eaux, et j’ai bien apprécié le surréalisme de la baleine nageant nonchalamment au dessus de l’école. Gyom s’est aussi chargé de la double page de Jeux Happycalypse avec un déferlement de zombies, parmi lesquels un Schtroumpf…Midam, Adam, Patelin et BenBK jouent avec l’illusion d’optique entre la 2d et la 3D dans un gag de Game over étendu sur deux planches, et Midam, Pujol, Dairin, et Angèle avec le détournement d’un graffiti dans Kid Paddle. Double page aussi pour Capitaine Anchois de Floris, dans un déroulement assez linéaire pour une fois mais toujours amusant. Après seulement moins d’une dizaine de strips (mais mûris depuis de longues années, comme on l’a vu), Fish n chips de Tom a pris ses marques dans ce décor post apo déjà actuel qu’est le fond des océans, lui donnant une touche particulière par sa colorisation joyeuse, en contre pied du sujet. Enfin, de nouveaux strips de la passionnante série 100 instruments de musique, l’imagination délirante de Thiriet illustrée par Duhoo, où l’on apprend cette semaine l’origine du son des crécelles. Je crains l’arrêt anticipé de cette série, que n’a-t-elle été nommée 1000 instruments?…
Suite de Créatures, dans les entrailles, le cœur, le système neuronal, je ne sais comment qualifier de quoi est fait Yog Sothoth. Suite de Yoko Tsuno, où Leloup écrit de plus en plus ses dialogues comme une partie de ping-pong, avec page 35 un énigmatique “moi je suis chinoise et je n’ai pas de microbes” prononcé par Rosée du Matin…Suite aussi de Black Squaw, qui arbore un impressionnant (et incongru) décolleté pour ce chapitre où elle fait la détective. Et fin d’Apocalypse, tome 9 et cycle 2 de Frnck , par Bocquet, Cossu, Guillo et Perdriset (dont le rôle n’est pas précisé). Je ne reviens pas sur le bien que je pense de cette série et cet épisode, mais fin du cycle donc, où tous sont revenus dans le présent, mais sans Kenza ni Chipolata, ni deux doigts de Frnck (un indice pour Soda?) et avec quelques animaux préhistoriques, qui formeront ainsi la quête du cycle suivant.
Une histoire courte de 5 pages, en forme d’introduction à une nouvelle série, colorisée par Cerise, et dessinée dans un style FB directement issu des années 70 par Cédric Ghorbani, qui avait fait quelques gags et récits complets dans Spirou au début des années 2000, et a depuis publié des albums de gags chez Soleil. Il s'agit d'Annabelle, pirate rebelle, scénarisé par Sti, qui avait déjà fait une série de pirates dans Spirou, L’île carrément perdue, dessinée par Cromheecke, mais ce n’est pas cette fois dans l’humour absurde que verse cette nouvelle série, qui ne peut pas ne pas faire penser à Marine, fille de pirates, de Tranchand et Corteggiani, de par son sujet et son héroïne.
En supplément, des autocollants des personnages de Mort et déterré, par Pascal Colpron, au volant de voitures en folie.
Enfin, trois rubriques rédactionnelles. Les BD de ma vie d’Alain Henriet, qui se représente en cow-boy, et qui sans surprise apprécie surtout les auteurs réalistes, mais dans une large gamme, de Bernie Wrightson à Juan Giménez et Hermann, assez éloignée de son propre style, très net. En direct du futur annonce la suite et fin de Spirou et Fantasio La mémoire du futur pour le numéro 4500, avec une image de Cyanure que Schwartz dit avoir traitée différemment des autres personnages, dans un trait bien plus réaliste, en repartant d’images de son modèle originel, Marylin Monroe. Enfin, c’est Philippe Girard, auteur québécois présent dans le supplément de la semaine précédente, l’invité de Spirou et moi. Enfant, il lisait Archie Cash dans Spirou, une série présentée par lui et l’interviewer, Morgan Di Salvia, comme macho, une époque “heureusement” révolue est-il même dit. Visiblement, ils sont, comme la plupart des lecteurs, aveuglés par leurs préjugés, ce qui les empêche d’avoir vraiment pu voir cette série (Philippe Girard l’a lue enfant, ce qui peut l’excuser). Archie cash est un baroudeur, et cette série était très violente (des gens y étaient abattus de sang froid), dans l’esprit de l’époque (Charles Bronson, le modèle graphique d’Archie cash, était une grande vedette, comme L’inspecteur Dirty Harry, avec Clint Eastwood, et Don Siegel et Sam Peckinpah étaient à leur acmé. Mais Archie Cash, contrairement à l’image qu’il renvoie, musculeux, buriné, est rien moins que macho. C’est même une des rares séries de l’époque où les femmes sont considérées les égales des hommes, et mieux, Archie cash n’a aucun préjugé à leur égard. On est bien loin de Tif et Tondu envers Kiki, de Fantasio envers Seccotine ou Ororéa, de Walter envers Natacha, bref, de la plupart des héros de l’époque, BD comme cinéma. Qui plus est, cette série était résolument non raciste (alors que le mépris machiste envers les femmes se double souvent d’un mépris raciste), Archie Cash étant ami et allié avec des asiatiques, des africains, l’une de ses plus proches étant Angela Chalmers, une femme noire, et ceci sans ostentation. Le fait est que la série a été créée par Jean-marie Brouyère, une sorte de réac-chef adjoint de Thierry Martens et qui, en tant que parfait hippie (il avait les cheveux longs jusqu’à la moitié du dos et se baladait pieds nus), faisait en surface ce que voulait Martens selon sa compréhension de l’époque, ce qu’a ainsi résumé Bernard Hislaire: « Selon nos critères actuels certainement. Une explosion de violence, une époque des antihéros et de la réalité. Le réel quoi. Il y avait ce côté, on veut faire vrai! La provocation faisait partie de la culture, la provocation faisait partie de la valeur artistique. A partir de moment-là, tout était fort, de manière à ce que ça provoque quelque chose. On n’était pas dans un intellectualisme ou un moralisme, certainement pas. » (in La Crypte tonique #2, 2012), et glissait en arrière plan ses valeurs égalitaires, et ses goûts pour les interdits, comme la drogue. Enfin, la série était résolument politique: l’épisode Le maître de l’épouvante, où Archie Cash est confronté aux Tontons macoutes, paraissait d’ailleurs au même moment que Tora Torapa, où Spirou était lui confronté aux Tontons mamoutes. Mais Brouyère et Malik, le dessinateur, y montraient de plus la misère du tiers monde. Violence physique et sociale montrés crûment, il n’en faut pas plus pour assimiler la série à une caricature de machisme. La réhabilitation de la série des Dirty Harry a depuis eu lieu, pas celle d’Archie Cash, ce qui montre bien le retard de la critique et l’analyse de la BD sur les autres arts.
Ici un aperçu du magazine https://www.spirou.com/actualites/somma ... tin-orange
Depuis quelques années que les histoires courtes sont rendues à la portion congrue du journal, au bénéfice des gags, les focus sur les séries consistent le plus souvent en une simple plus grosse dose de ces gags, disséminés dans le magazine. C’est le cas cette semaine avec Nelson, de Bertschy, 12 strips répartis sur trois pages, sans thématique, pourtant, celle de la couverture, Nelson dans un parc, permettait de nombreuses possibilités amusantes.
En vis-à-vis pages 2 et 3, un gag de Gaston où celui-ci, pratiquement absent, voit l’ensemble de la rédaction s’auto détruire et sombrer dans l’alcoolisme, et un running gag des Fabrice dans L'Édito, qui court épisodiquement depuis quelques semaines, sur ceux-ci inventant qu’ils vont se faire débaucher par la concurrence pour essayer de se faire retenir chez Spirou, une augmentation à la clé. Le second pousse les Fabrice à se surpasser, à leur manière, alors que le premier conduit à une impasse: si Gaston est si destructeur, ce que montre la spirale de descente vers la dépression de toute la rédaction depuis quelques gags, comment la série pourra-t-elle continuer? Delaf a beau essayer de parer les critiques avec le personnage de Lebrac recopiant Franquin avec un résultant “bluffant”, la réticence venant de Prunelle et de son esprit dépressif et dépréciatif, on voit son Gaston prendre le même chemin que les Nombrils, qui ont évolué vers une voie sans issue contraignant les auteurs à avoir fait un retour en arrière décontextualisé avec Les vacheries des Nombrils, qui lui-même a vite tourné court. Du moins les Nombrils ont-ils mis plus de 10 ans pour arriver à l’impasse dans laquelle Delaf est en train de fourrer Gaston en à peine quelques mois…
Les autres gags de ce numéro sont par contre de bonne tenue selon moi. Titan inc., dans lequel Paul Martin et Manu Boisteau jouent avec la mise en page, Happy/calypse, série familiale avec les parents, les copains-copine, l’école, que Laulau et Gyom renouvellent en la transposant dans un univers post apocalypse très complet et pertinent, avec cette semaine l’école submergée par la montée des eaux, et j’ai bien apprécié le surréalisme de la baleine nageant nonchalamment au dessus de l’école. Gyom s’est aussi chargé de la double page de Jeux Happycalypse avec un déferlement de zombies, parmi lesquels un Schtroumpf…Midam, Adam, Patelin et BenBK jouent avec l’illusion d’optique entre la 2d et la 3D dans un gag de Game over étendu sur deux planches, et Midam, Pujol, Dairin, et Angèle avec le détournement d’un graffiti dans Kid Paddle. Double page aussi pour Capitaine Anchois de Floris, dans un déroulement assez linéaire pour une fois mais toujours amusant. Après seulement moins d’une dizaine de strips (mais mûris depuis de longues années, comme on l’a vu), Fish n chips de Tom a pris ses marques dans ce décor post apo déjà actuel qu’est le fond des océans, lui donnant une touche particulière par sa colorisation joyeuse, en contre pied du sujet. Enfin, de nouveaux strips de la passionnante série 100 instruments de musique, l’imagination délirante de Thiriet illustrée par Duhoo, où l’on apprend cette semaine l’origine du son des crécelles. Je crains l’arrêt anticipé de cette série, que n’a-t-elle été nommée 1000 instruments?…
Suite de Créatures, dans les entrailles, le cœur, le système neuronal, je ne sais comment qualifier de quoi est fait Yog Sothoth. Suite de Yoko Tsuno, où Leloup écrit de plus en plus ses dialogues comme une partie de ping-pong, avec page 35 un énigmatique “moi je suis chinoise et je n’ai pas de microbes” prononcé par Rosée du Matin…Suite aussi de Black Squaw, qui arbore un impressionnant (et incongru) décolleté pour ce chapitre où elle fait la détective. Et fin d’Apocalypse, tome 9 et cycle 2 de Frnck , par Bocquet, Cossu, Guillo et Perdriset (dont le rôle n’est pas précisé). Je ne reviens pas sur le bien que je pense de cette série et cet épisode, mais fin du cycle donc, où tous sont revenus dans le présent, mais sans Kenza ni Chipolata, ni deux doigts de Frnck (un indice pour Soda?) et avec quelques animaux préhistoriques, qui formeront ainsi la quête du cycle suivant.
Une histoire courte de 5 pages, en forme d’introduction à une nouvelle série, colorisée par Cerise, et dessinée dans un style FB directement issu des années 70 par Cédric Ghorbani, qui avait fait quelques gags et récits complets dans Spirou au début des années 2000, et a depuis publié des albums de gags chez Soleil. Il s'agit d'Annabelle, pirate rebelle, scénarisé par Sti, qui avait déjà fait une série de pirates dans Spirou, L’île carrément perdue, dessinée par Cromheecke, mais ce n’est pas cette fois dans l’humour absurde que verse cette nouvelle série, qui ne peut pas ne pas faire penser à Marine, fille de pirates, de Tranchand et Corteggiani, de par son sujet et son héroïne.
En supplément, des autocollants des personnages de Mort et déterré, par Pascal Colpron, au volant de voitures en folie.
Enfin, trois rubriques rédactionnelles. Les BD de ma vie d’Alain Henriet, qui se représente en cow-boy, et qui sans surprise apprécie surtout les auteurs réalistes, mais dans une large gamme, de Bernie Wrightson à Juan Giménez et Hermann, assez éloignée de son propre style, très net. En direct du futur annonce la suite et fin de Spirou et Fantasio La mémoire du futur pour le numéro 4500, avec une image de Cyanure que Schwartz dit avoir traitée différemment des autres personnages, dans un trait bien plus réaliste, en repartant d’images de son modèle originel, Marylin Monroe. Enfin, c’est Philippe Girard, auteur québécois présent dans le supplément de la semaine précédente, l’invité de Spirou et moi. Enfant, il lisait Archie Cash dans Spirou, une série présentée par lui et l’interviewer, Morgan Di Salvia, comme macho, une époque “heureusement” révolue est-il même dit. Visiblement, ils sont, comme la plupart des lecteurs, aveuglés par leurs préjugés, ce qui les empêche d’avoir vraiment pu voir cette série (Philippe Girard l’a lue enfant, ce qui peut l’excuser). Archie cash est un baroudeur, et cette série était très violente (des gens y étaient abattus de sang froid), dans l’esprit de l’époque (Charles Bronson, le modèle graphique d’Archie cash, était une grande vedette, comme L’inspecteur Dirty Harry, avec Clint Eastwood, et Don Siegel et Sam Peckinpah étaient à leur acmé. Mais Archie Cash, contrairement à l’image qu’il renvoie, musculeux, buriné, est rien moins que macho. C’est même une des rares séries de l’époque où les femmes sont considérées les égales des hommes, et mieux, Archie cash n’a aucun préjugé à leur égard. On est bien loin de Tif et Tondu envers Kiki, de Fantasio envers Seccotine ou Ororéa, de Walter envers Natacha, bref, de la plupart des héros de l’époque, BD comme cinéma. Qui plus est, cette série était résolument non raciste (alors que le mépris machiste envers les femmes se double souvent d’un mépris raciste), Archie Cash étant ami et allié avec des asiatiques, des africains, l’une de ses plus proches étant Angela Chalmers, une femme noire, et ceci sans ostentation. Le fait est que la série a été créée par Jean-marie Brouyère, une sorte de réac-chef adjoint de Thierry Martens et qui, en tant que parfait hippie (il avait les cheveux longs jusqu’à la moitié du dos et se baladait pieds nus), faisait en surface ce que voulait Martens selon sa compréhension de l’époque, ce qu’a ainsi résumé Bernard Hislaire: « Selon nos critères actuels certainement. Une explosion de violence, une époque des antihéros et de la réalité. Le réel quoi. Il y avait ce côté, on veut faire vrai! La provocation faisait partie de la culture, la provocation faisait partie de la valeur artistique. A partir de moment-là, tout était fort, de manière à ce que ça provoque quelque chose. On n’était pas dans un intellectualisme ou un moralisme, certainement pas. » (in La Crypte tonique #2, 2012), et glissait en arrière plan ses valeurs égalitaires, et ses goûts pour les interdits, comme la drogue. Enfin, la série était résolument politique: l’épisode Le maître de l’épouvante, où Archie Cash est confronté aux Tontons macoutes, paraissait d’ailleurs au même moment que Tora Torapa, où Spirou était lui confronté aux Tontons mamoutes. Mais Brouyère et Malik, le dessinateur, y montraient de plus la misère du tiers monde. Violence physique et sociale montrés crûment, il n’en faut pas plus pour assimiler la série à une caricature de machisme. La réhabilitation de la série des Dirty Harry a depuis eu lieu, pas celle d’Archie Cash, ce qui montre bien le retard de la critique et l’analyse de la BD sur les autres arts.
" Monólogo significa el mono que habla solo." Ramón Gómez de la Serna dans ses Greguerías.
- Gaston Lagaffe
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Re: Cette semaine dans le journal de Spirou j'ai aimé...
Les Nombrils ne sont pas tombés dans une impasse. Ce qui est arrivé s'est que Delaf voulait revenir un peu au ton des premiers gags pour un moment et vu qu'entre-temps il s'est séparé de Dubuc on risque de ne pas voir la suite à cause de ça.heijingling a écrit : ↑dim. 12 mai 2024 17:18 En vis-à-vis pages 2 et 3, un gag de Gaston où celui-ci, pratiquement absent, voit l’ensemble de la rédaction s’auto détruire et sombrer dans l’alcoolisme, et un running gag des Fabrice dans L'Édito, qui court épisodiquement depuis quelques semaines, sur ceux-ci inventant qu’ils vont se faire débaucher par la concurrence pour essayer de se faire retenir chez Spirou, une augmentation à la clé. Le second pousse les Fabrice à se surpasser, à leur manière, alors que le premier conduit à une impasse: si Gaston est si destructeur, ce que montre la spirale de descente vers la dépression de toute la rédaction depuis quelques gags, comment la série pourra-t-elle continuer? Delaf a beau essayer de parer les critiques avec le personnage de Lebrac recopiant Franquin avec un résultant “bluffant”, la réticence venant de Prunelle et de son esprit dépressif et dépréciatif, on voit son Gaston prendre le même chemin que les Nombrils, qui ont évolué vers une voie sans issue contraignant les auteurs à avoir fait un retour en arrière décontextualisé avec Les vacheries des Nombrils, qui lui-même a vite tourné court. Du moins les Nombrils ont-ils mis plus de 10 ans pour arriver à l’impasse dans laquelle Delaf est en train de fourrer Gaston en à peine quelques mois.
Sinon, ben c'est quoi la différence entre Bravo les brothers et ce qui se passe dans les derniers gags de Gaston ? Non parce que si on a plus besoin de Gaston pour foutre le bordel vu que les singes le font à sa place et que Fantasio boit, la série va aller nulle part à partir de ce moment là. Ah moins que c'est bien parce que ça se passe dans Spirou et pas Gaston. Peut-être que Delaf aurait du juste intégrer les persos de Gaston dans les Nombrils comme ça le trio de filles va sauver la situation comme Spirou dans Bravo (donc le Spirou dans Bravo est tout le contraire du Spirou de Bravo ) et du coup le scénario va soudainement devenir bien.
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Re: Cette semaine dans le journal de Spirou j'ai aimé...
Gaston Lagaffe a écrit :Les Nombrils ne sont pas tombés dans une impasse. Ce qui est arrivé s'est que Delaf voulait revenir un peu au ton des premiers gags pour un moment et vu qu'entre-temps il s'est séparé de Dubuc on risque de ne pas voir la suite à cause de ça.
Quand on sait ce qui s'est passé dans Les Nombrils et ce qui est arrivé aux personnages, revenir aux simples gags du début n'est pas très crédible et assez gratuit, ce sont juste des gags techniquement bien faits, et parfois drôles, mais qui n'ont pas de substance, comme de belles mécaniques qui tournent à vide. Comme les Gaston de Delaf.
Et Delaf sait faire des gags seuls, sans scénariste, donc, sauf s'il y a des problèmes de droits, je ne vois pas ce qui l'empêcherait de reprendre Les Nombrils sans Dubuc?
Dans Bravo les Brothers, personne ne devient dépressif et alcoolique. Certes, l'efficacité de la rédaction en prend un coup, mais c'est parce que tout le monde rigole bien en les regardant, pas parce qu'ils sont désespérés, au contraire.Gaston Lagaffe a écrit :Sinon, ben c'est quoi la différence entre Bravo les brothers et ce qui se passe dans les derniers gags de Gaston ?
Gaston Lagaffe a écrit :Non parce que si on a plus besoin de Gaston pour foutre le bordel vu que les singes le font à sa place et que Fantasio boit, la série va aller nulle part à partir de ce moment là.
Fantasio ne devient pas alcoolique, il prend juste des tranquillisants qui le rendent béat un moment. Dans Gaston, c'est maintenant semaine après semaine que toute la redaction est bourrée. Ceci dit, effectivement, la série ne s'est pas arrêtée, mais Franquin l'a abandonnée peu après, il a bien senti que cet épisode était un peu destructeur, quoi qu'allant beaucoup moins loin que ce que Delaf fait à Gaston.
C'est surtout bien parce que c'est Franquin d'un côté et pas de l'autre. Dans Bravo les Brothers (je mets le titre complet, parce que sinon on pourrait croire que je parle du Spirou d'Émile Bravo ), les singes mettent la pagaille, Fantasio s'énerve un peu, mais il n'y a pas de haine, beaucoup de tendresse et de sympathie au contraire, avec l'amour que Noé porte à ses singes qui contrebalance l'énervement qu'ils causent à Fantasio. Dans le Gaston de Delaf, ce qu'il fait provoque de la haine et des envies de meurtre de la part de Fantasio et de Prunelle. Il y a introduit toute la violence qu'il y pu y avoir dans Les Nombrils. Manque plus qu'un tueur en série...Gaston Lagaffe a écrit :Ah moins que c'est bien parce que ça se passe dans Spirou et pas Gaston.
Les Nombrils ont commencé à entrer dans une impasse quand Karine a commencé à souffrir de ce que lui faisaient subir Vicky et Jenny. À partir de là, il n'y avait que trois issues possibles. Soit Karine devenait dépressive/alcoolique/droguée/se suicidait, soit elle quittait Vicky (et dans une moindre mesure Jenny), soit elle changeait radicalement d'attitude et de personnalité. C'est exactement la même impasse dans laquelle est précipité Gaston, mais dans les Nombrils les auteurs ont choisi les deuxième et troisième solution, dans Gaston Delaf est en train de choisir la première.Gaston Lagaffe a écrit :Peut-être que Delaf aurait du juste intégrer les persos de Gaston dans les Nombrils comme ça le trio de filles va sauver la situation comme Spirou dans Bravo (donc le Spirou dans Bravo est tout le contraire du Spirou de Bravo ) et du coup le scénario va soudainement devenir bien.
P.S.: quand je dis "impasse", c'est au sens BD populaire traditionnelle du terme: au dernier moment, le héros peut toujours trouver une bouche d'égout ou une échelle ou un héicoptère ou autre chose pour s'en sortir
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Re: Cette semaine dans le journal de Spirou j'ai aimé...
Extraits de Franquin Créa Lagaffe :
D'ailleurs ce que dit Franquin dans cet extrait ressemble beaucoup à ce qu'à fait Delaf à la fin du premier album.
Ou encore :
On peut constater que Franquin voyait clairement Prunelle comme un futur dépressif et qu'il aurait aimé le mener sur ce terrain là.
Il dit plusieurs fois dans les entretiens qu'il aurait aussi voulu aller vers des gags plus mâtures.
Il n'a jamais franchement franchis le pas mais il l'avait en tête.
Donc Delaf est dans une continuité qui parait évidente à mes yeux. J'ai vraiment l'impression de lire un prolongement. Je ne me sens pas trahit.
L'impression que j'ai, c'est qu'il connaît très bien le travail de Franquin jusque dans ses interviews.
D'ailleurs ce que dit Franquin dans cet extrait ressemble beaucoup à ce qu'à fait Delaf à la fin du premier album.
Ou encore :
On peut constater que Franquin voyait clairement Prunelle comme un futur dépressif et qu'il aurait aimé le mener sur ce terrain là.
Il dit plusieurs fois dans les entretiens qu'il aurait aussi voulu aller vers des gags plus mâtures.
Il n'a jamais franchement franchis le pas mais il l'avait en tête.
Donc Delaf est dans une continuité qui parait évidente à mes yeux. J'ai vraiment l'impression de lire un prolongement. Je ne me sens pas trahit.
L'impression que j'ai, c'est qu'il connaît très bien le travail de Franquin jusque dans ses interviews.
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Re: Cette semaine dans le journal de Spirou j'ai aimé...
Analyse intéressante, les gars !
J'étais particulièrement resté sur l'anecdotique, avec le fait que Delaf lui-même " apparaît incarné/représenté " par Lebrac et ressent le mépris de plusieurs de ses confrères de la rédaction, en lui mentionnant que peu importe à quel point on veut copier Franquin, il ne peut jamais égaler en qualité artistique et créative.
Et, franchement ( ou fraquinniennement, pour ainsi dire ), j'étais amusé que Delaf lui-même se mette dans ce rôle, de copieur / continuateur.
Et, en ce sens, cela s'exprime très clairement dans l'interview que DESPERA partage avec nous, où il est clairement établi qu'une "reprise" de Gaston aurait circulé dans les rues que parcourt le dessinateur canadien BD
J'étais particulièrement resté sur l'anecdotique, avec le fait que Delaf lui-même " apparaît incarné/représenté " par Lebrac et ressent le mépris de plusieurs de ses confrères de la rédaction, en lui mentionnant que peu importe à quel point on veut copier Franquin, il ne peut jamais égaler en qualité artistique et créative.
Et, franchement ( ou fraquinniennement, pour ainsi dire ), j'étais amusé que Delaf lui-même se mette dans ce rôle, de copieur / continuateur.
Et, en ce sens, cela s'exprime très clairement dans l'interview que DESPERA partage avec nous, où il est clairement établi qu'une "reprise" de Gaston aurait circulé dans les rues que parcourt le dessinateur canadien BD
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Re: Cette semaine dans le journal de Spirou j'ai aimé...
J'aurais été d'accord si seul Prunelle avait sombré dans la dépression, mais chez Delaf, c'est tout le monde qui termine d'abord chez le psy, de la concierge Mélanie Molaire à Longtarin en passant par De Mesmaeker (qui a l'air devenu complètement fou et joue et parle avec des poupées qu'il fait lui-même), Ducran et Lapoigne et M'oiselle Jeanne, et tout le monde qui finit alcoolique, de Fantasio à Boulier en passant par Lebrac et la secrétaire. Donc, non, ce n'est pas du tout ce que Franquin avait en tête, ça ne tient pas à l'évolution du personnage cohérente avec son caractère, au contraire, puisque tous évoluent de la même manière.DESPERA a écrit : Extraits de Franquin Créa Lagaffe.
On peut constater que Franquin voyait clairement Prunelle comme un futur dépressif et qu'il aurait aimé le mener sur ce terrain là.
Il dit plusieurs fois dans les entretiens qu'il aurait aussi voulu aller vers des gags plus mâtures.
Il n'a jamais franchement franchis le pas mais il l'avait en tête.
Donc Delaf est dans une continuité qui parait évidente à mes yeux. J'ai vraiment l'impression de lire un prolongement. Je ne me sens pas trahit.
L'impression que j'ai, c'est qu'il connaît très bien le travail de Franquin jusque dans ses interviews.
D'un autre côté, si on veut se placer dans une perspective réaliste comme Delaf veut le faire, des gens qui devraient subir un collègue qui a fait plusieurs fois s'écrouler les bureaux, envoyé des collègues à l'hôpital pour blessure ou empoisonnement, détruisait leur travail, deviendraient effectivement fou et finiraient par haïr ce collègue, mais dans cette même perspective réaliste, ce collègue se serait au minimum fait virer depuis longtemps, donc l'argument du réalisme ou de la cohérence ne tient pas.
C'est tout-à-fait vrai, même trop vrai.DESPERA a écrit :D'ailleurs ce que dit Franquin dans cet extrait ressemble beaucoup à ce qu'à fait Delaf à la fin du premier album.
C'est en effet exactement ce qui se passe. Ce que Franquin avait imaginé comme possibilité devient un mode d'emploi que Delaf suit sans imagination, sans rien ajouter ni retrancher aux situations, il reprend jusqu'au vocabulaire (Lagaffe fera tout "foirer" dit Prunelle), ça confirme ce que je dis depuis le début, Delaf fait du copier/coller du dessin, des dialogues, des situations, et concernant ce qu'il créé de lui-même, c'est n'importe quoi, pas du tout dans l'esprit, sauf à considérer qu'il se met dans l'esprit d'un Franquin dépressif qui aurait voulu détruire Gaston, un peu comme il a un peu ridiculisé les "aventures de Spirou" dans Panade, parce qu'il se sentait contraint de faire du Spirou alors qu'il n'en avait plus l'envie.Franquin a écrit :Il voit de plus en plus la vie et le travail comme une complication telle que rien ne peut marcher; il sait que ça va foirer, que les choses ne se passeront pas à temps, que les pages ne vont pas arriver au bon moment à l'imprimerie, et il peut supposer des accidents possibles pour le facteur, des retards, etc.
" Monólogo significa el mono que habla solo." Ramón Gómez de la Serna dans ses Greguerías.