Cette semaine dans le journal de Spirou j'ai aimé...
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Re: Cette semaine dans le journal de Spirou j'ai aimé...
Numéro 4495du 05/06/2024
https://www.spirou.com/actualites/somma ... ns-de-xiii
Numéro doublement spécial, l’un mis en avant, les 40 ans de XIII, l’autre, sur le départ du rédacteur en chef Morgan Di Salvia, venant taquiner le premier, puisqu’il s’agit de commémorer le fait que XIII ait été publié en premier dans Spirou, les hommages tournent autour du magazine, à commencer par la couverture de Romain Dutreix. Comme pour la parodie de Spirou qu’il avait réalisée dans son premier volume d’Impostures (en 2013, aux éditions Fluide glacial), axée sur les multiples reprises de ce personnage, sa parodie de XIII est aussi liée aux circonstances, puisqu’associée au départ de Morgan Di Salvia du poste de rédacteur en chef de Spirou. Départ dont parle aussi L’édito de Fabcaro et Fabrice Erre, ingénieusement connectée à la suite de leur arc sur leur disparition. Quels génies du timing, d'autant plus que les Fabrice avaient fait semblant de disparaitre car estimant manquer de considération au sien de la rédaction, et accusent Morgan de vouloir faire de même en annonçant son départ, départ justement commenté sur Actuabd avec le chapeau une phrase de ce même Morgan disant « La dimension humaine dans le métier d’éditeur de BD est hyper importante. » https://www.actuabd.com/Morgan-Di-Salvi ... -est-hyper Quelle mise en abîme, et cela leur permet de plus de ne pas devoir parler de XIII). Le gag hommage de Sti, Un sacré numéro, ne pouvait pas ne pas faire le lien avec La Malédiction de la page XIII. Et, comme les strips de Moog et Bernstein pour Willy Woob, truffés de jeux de mots, ceux de Nelson de Bertschy, ainsi que la planche de Crash Tex de Dab’s, il met en scène la base de la série, la découverte d’un amnésique tatoué sur une plage, qui est, comme la suite du premier tome de XIII, plagiée (plage, plagiée, humour à la Willy Woob…) sur le roman de Robert Ludlum, La Mémoire dans la peau https://fr.wikipedia.org/wiki/La_M%C3%A ... au_(roman), car on sait que le scénariste Jean Van Hamme est surtout un développeur d’idées qu’il va trouver ailleurs (Thorgal, par exemple, doit beaucoup à Khéna et le Scrameustache, de Gos), plus qu’un créateur. Hors Dutreix, qui a dû se documenter pour ses parodies, ces auteurs n’ont-ils donc lu que le premier volume de XIII? C’est possible, et c’est mon cas. Ce que je ne regrette pas, car si je n’ai pas compris grand chose au mini-récit Bas les masques!, de JVH et Ph. Xavier, qui en dit dans Bienvenue dans mon atelier que “Jean Van Hamme s’est fait plaisir à raconter des trucs qui feront sourire les lecteurs qui connaissent la série” (ce qui n’a donc pas été mon cas), j’en ai du moins retenu que XIII passe 1/3 de son temps à se battre, 1/3 à avoir des dialogues abscons, et 1/3 à se farcir toutes les filles qu’il rencontre (et qui illustrent le rabat de la couverture du mini-récit). Par contre, j’ai pu apprécier la parodie stylistique de William Vance qu’en a faite Philippe Xavier: les personnage sont représentés presque en uniquement de face ou de profil, à l’exclusion assez radicale de tout autre angle ou cadrage (plongée, perspective…). Enfin, dans l’entretien, JVH dit regretter de ne pas avoir plus accentué la partie politique de la série. Or, si la série est en effet peu politique par rapport à ce qui aurait pu en être fait vu son sujet, elle l’est par essence, car tant sa structure que ses thèmes, sa narration et ses personnages sont une régression et une fermeture par rapport à toutes les portes qui avaient été ouvertes dans la BD depuis les années 60. Notons pour finir la numérotation des pages en chiffres romains, du treize…Et bien sûr, pour accompagner l’anniversaire de cette série à l’immense succès commercial, il ne pouvait y avoir moins qu’une page de publicité pour 4 albums de ou autour de XIII paraissant cette année.
Les auteurs du Métier le plus dangereux du monde, Olivier Bocquet et Fabio Lai (et Fabien Alquier aux couleurs) montrent eux qu’ils savent réaliser une série équilibrée entre l’aventure prenante et la parodie, avec l’apparition du nécessaire super méchant, à la fois caricatural et atypique. Bon chapitre également pour les Cœurs de ferraille, avec l’intervention d’un personnage féminin sensible et manipulateur, sorti de romans gothiques du XIXè s., l’époque de la série. L’énigme gagne en densité dans L’inspecteur Bertillon, de Barth, Pomès et Drac, avec une séquence de révélation en flash-back. Spirou revient enfin, à la page 42 de son aventure, et encore uniquement passif. (À suivre), vraiment…
Deux amusants gags d’humour noir pour Tash et Trash de Dino, et Fish n chips de Tom, auquel s’est adjoint Cerq, toujours dans la veine de l’écologie des fonds marins traités comme une décharge. Dans la planche de Dad flashbacks, Nob présente la maman de Ondine dans une scène où elle est bien plus insupportable que sa fille, qui a l’excuse de l’âge, et fait souvent montre de tendresse.
Les Jeux de Frédéric Antoine et Yohann Morin ne sont pas sur les thème de la semaine mais sur une nouvelle attraction du Parc Spirou, le Parc Mysterium, mettant en scène les magiciens et forains étant apparus dans Spirou, de Itoh Kata à Bertrand, jusqu’à Poppy Bronco en Hercule de foire. Et dans le rédactionnel, Spirou et moi est consacré à Mab, qui a longtemps travaillé dans le dessin animé, et a publié dans Spirou en 2021 et 2022 quelques gags de Térence et Bud, des extraterrestres au style rondouillard, après être revenu à la BD en publiant une planche comme invité sauveur au secours d’une Lisa Mandel débordée dans Une année exemplaire, aux éditions Exemplaire, et En direct du futur annonce le lancement du prix Spirou, l’un des prix Atomium remis lors de la fête de la BD à Bruxelles en septembre.
https://www.spirou.com/actualites/somma ... ns-de-xiii
Numéro doublement spécial, l’un mis en avant, les 40 ans de XIII, l’autre, sur le départ du rédacteur en chef Morgan Di Salvia, venant taquiner le premier, puisqu’il s’agit de commémorer le fait que XIII ait été publié en premier dans Spirou, les hommages tournent autour du magazine, à commencer par la couverture de Romain Dutreix. Comme pour la parodie de Spirou qu’il avait réalisée dans son premier volume d’Impostures (en 2013, aux éditions Fluide glacial), axée sur les multiples reprises de ce personnage, sa parodie de XIII est aussi liée aux circonstances, puisqu’associée au départ de Morgan Di Salvia du poste de rédacteur en chef de Spirou. Départ dont parle aussi L’édito de Fabcaro et Fabrice Erre, ingénieusement connectée à la suite de leur arc sur leur disparition. Quels génies du timing, d'autant plus que les Fabrice avaient fait semblant de disparaitre car estimant manquer de considération au sien de la rédaction, et accusent Morgan de vouloir faire de même en annonçant son départ, départ justement commenté sur Actuabd avec le chapeau une phrase de ce même Morgan disant « La dimension humaine dans le métier d’éditeur de BD est hyper importante. » https://www.actuabd.com/Morgan-Di-Salvi ... -est-hyper Quelle mise en abîme, et cela leur permet de plus de ne pas devoir parler de XIII). Le gag hommage de Sti, Un sacré numéro, ne pouvait pas ne pas faire le lien avec La Malédiction de la page XIII. Et, comme les strips de Moog et Bernstein pour Willy Woob, truffés de jeux de mots, ceux de Nelson de Bertschy, ainsi que la planche de Crash Tex de Dab’s, il met en scène la base de la série, la découverte d’un amnésique tatoué sur une plage, qui est, comme la suite du premier tome de XIII, plagiée (plage, plagiée, humour à la Willy Woob…) sur le roman de Robert Ludlum, La Mémoire dans la peau https://fr.wikipedia.org/wiki/La_M%C3%A ... au_(roman), car on sait que le scénariste Jean Van Hamme est surtout un développeur d’idées qu’il va trouver ailleurs (Thorgal, par exemple, doit beaucoup à Khéna et le Scrameustache, de Gos), plus qu’un créateur. Hors Dutreix, qui a dû se documenter pour ses parodies, ces auteurs n’ont-ils donc lu que le premier volume de XIII? C’est possible, et c’est mon cas. Ce que je ne regrette pas, car si je n’ai pas compris grand chose au mini-récit Bas les masques!, de JVH et Ph. Xavier, qui en dit dans Bienvenue dans mon atelier que “Jean Van Hamme s’est fait plaisir à raconter des trucs qui feront sourire les lecteurs qui connaissent la série” (ce qui n’a donc pas été mon cas), j’en ai du moins retenu que XIII passe 1/3 de son temps à se battre, 1/3 à avoir des dialogues abscons, et 1/3 à se farcir toutes les filles qu’il rencontre (et qui illustrent le rabat de la couverture du mini-récit). Par contre, j’ai pu apprécier la parodie stylistique de William Vance qu’en a faite Philippe Xavier: les personnage sont représentés presque en uniquement de face ou de profil, à l’exclusion assez radicale de tout autre angle ou cadrage (plongée, perspective…). Enfin, dans l’entretien, JVH dit regretter de ne pas avoir plus accentué la partie politique de la série. Or, si la série est en effet peu politique par rapport à ce qui aurait pu en être fait vu son sujet, elle l’est par essence, car tant sa structure que ses thèmes, sa narration et ses personnages sont une régression et une fermeture par rapport à toutes les portes qui avaient été ouvertes dans la BD depuis les années 60. Notons pour finir la numérotation des pages en chiffres romains, du treize…Et bien sûr, pour accompagner l’anniversaire de cette série à l’immense succès commercial, il ne pouvait y avoir moins qu’une page de publicité pour 4 albums de ou autour de XIII paraissant cette année.
Les auteurs du Métier le plus dangereux du monde, Olivier Bocquet et Fabio Lai (et Fabien Alquier aux couleurs) montrent eux qu’ils savent réaliser une série équilibrée entre l’aventure prenante et la parodie, avec l’apparition du nécessaire super méchant, à la fois caricatural et atypique. Bon chapitre également pour les Cœurs de ferraille, avec l’intervention d’un personnage féminin sensible et manipulateur, sorti de romans gothiques du XIXè s., l’époque de la série. L’énigme gagne en densité dans L’inspecteur Bertillon, de Barth, Pomès et Drac, avec une séquence de révélation en flash-back. Spirou revient enfin, à la page 42 de son aventure, et encore uniquement passif. (À suivre), vraiment…
Deux amusants gags d’humour noir pour Tash et Trash de Dino, et Fish n chips de Tom, auquel s’est adjoint Cerq, toujours dans la veine de l’écologie des fonds marins traités comme une décharge. Dans la planche de Dad flashbacks, Nob présente la maman de Ondine dans une scène où elle est bien plus insupportable que sa fille, qui a l’excuse de l’âge, et fait souvent montre de tendresse.
Les Jeux de Frédéric Antoine et Yohann Morin ne sont pas sur les thème de la semaine mais sur une nouvelle attraction du Parc Spirou, le Parc Mysterium, mettant en scène les magiciens et forains étant apparus dans Spirou, de Itoh Kata à Bertrand, jusqu’à Poppy Bronco en Hercule de foire. Et dans le rédactionnel, Spirou et moi est consacré à Mab, qui a longtemps travaillé dans le dessin animé, et a publié dans Spirou en 2021 et 2022 quelques gags de Térence et Bud, des extraterrestres au style rondouillard, après être revenu à la BD en publiant une planche comme invité sauveur au secours d’une Lisa Mandel débordée dans Une année exemplaire, aux éditions Exemplaire, et En direct du futur annonce le lancement du prix Spirou, l’un des prix Atomium remis lors de la fête de la BD à Bruxelles en septembre.
" Monólogo significa el mono que habla solo." Ramón Gómez de la Serna dans ses Greguerías.
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Re: Cette semaine dans le journal de Spirou j'ai aimé...
Numéro 4496 du 12/06/2024
Ici un aperçu du journal https://www.spirou.com/actualites/somma ... s-gratuits
Tebo a fort bien réussi sa couverture, dans son style où il va puiser différentes techniques, et les juxtaposer en y infusant une touche unique. Ici, une structure classique en pyramide, assortie d’un commentaire, comme dans un cartoon, mais graphiquement inséré dans l’image, comme dans les mangas, des personnages rondouillards mais avec un encrage résolument non uniforme, qui leur donne leur dimension comique particulière, dans la lignée de ces dessinateurs Disney atypiques que sont Cavazzano ou Bottaro. À cela s’ajoute, pour équilibrer l’image dans le sens de la symétrie, une énorme masse d’arme d’où pend un œil, écho du rouage immense écrasant des soldats sur une muraille dans une Idée noire de Franquin (notons que ce qui en 1977 était une idée si noire qu’elle était reléguée à l’intérieur d’un magazine pirate encarté dans un journal pour enfants se retrouve maintenant en couverture de celui-ci). L’histoire courte en cinq pages est aussi un chef d’œuvre dans ce genre, construite comme un gigantesque labyrinthe, dont deux doubles pages, où l’énergie est créé par des oppositions de mouvements, de gauche à droite et de haut en bas et inversement, technique qui ici est aussi source de gags, comme Peter Pan se retournant pour narguer Raowl et s’empalant sur un obstacle qu’il n’avait ce faisant pas vu, ou l’ogre sur ses gogues en haut de la falaise qu’escalade Raowl, et en sens descendant un tuyau écoulant ses étrons dans le lac souterrain d’où sort Raowl. C’est tout l’art de Tebo que de tout construire en deux niveaux de lecture, dessins comme textes, ceux-ci faisant office à la fois de dialogues et de commentaires des dessins, ou dans la vignette de couverture qui nous apprend que Raowl se prononce Raoul, pour rimer avec Kaboul, et non Ra-owl, comme un rugissement auquel on ne peut s’empêcher de penser. Me concernant, un seul bémol, le talent de Tebo s’exprime dans un humour trop enfantin pour moi.
Moins personnels dans la narration comme le dessin, Olivier Bocquet, Fabio Lai et Fabien Alquier font toutefois aussi avec Le métier le plus dangereux du monde une synthèse de plusieurs influences qui donne une nouvelle dynamique à leur fond FB, sur une base d’action et d’humour: des personnages qui surréagissent, comme Ziad et Billie page 43, (page 39 du magazine), technique de dessin animé (que l’on retrouve dans Louca, dont l’auteur Bruno Dequier travaille dans l’animation), le débordement des traits de vitesse sur l’encrage, venu du manga (pages 42-43), ou la scène incongrue, comme celle page 45 où les personnages se mettent à chanter et danser pour aider Amine à soutenir le rythme de la respiration artificielle qu’il pratique sur sa fille, dans un esprit de l’humour dit sans queue ni tête (moleitau en cantonnais) des comédies Hongkongaises (scène semblable dans Shaolin soccer de Stephen Chow).
Une base également FB mais traitée en y mêlant habilement des formes et du fonds très pertinents, le romantisme gothique, le tramage dans le dessin, l’opposition entre les expressions surjouées des humains et l’absence de visages des robots, dans Les Cœurs de ferraille, de Beka, Munuera et Sedyas.
Tout aussi personnel que ce que fait Tebo, le polar chamanique des Enquêtes de l’Inspecteur Bertillon, avec un dessin de Cyrille Pomès paradoxalement à la fois tout aussi rondouillard et anguleux, mais dans une veine expressionniste et pas disneyenne. L’histoire amène cette semaine un rebondissement inattendu, avec l’exploration d’une épave engloutie recelant les plans d’un moteur à eau par un parent de son inventeur, comme dans Le scaphandrier mort, de Tif et Tondu. L’histoire est moins complotiste que dans le scénario de Tillieux, alors que notre époque s’y prête pourtant, et c’est tout à l’honneur des scénaristes, Barth et Pomès, car c’est un transfuge de l’industrie pétrolière qui cherche à s’approprier les plans pour s’enrichir, et non des agents d’une de ces trusts qui cherche à faire disparaître ces plans pour conserver sa domination.
Par contre, je n’accroche pas à l’Aventure classique de Spirou et Fantasio par Elric, Clément Lemoine et Michaël Baril. Deux cases résument ce qui à mon sens pose problème, la première de la planche 50, un camp militaire vu d’en haut, trop proche pour que l’on ait une impression de grouillement (les arbres, les personnages sont encore différenciés), trop loin pour que l’on identifie les protagonistes dont on croit discerner les traits, et la huitième de la planche 51, un personnage tombant dans un hangar en brisant une vitre, les personnages sont minuscules dans ce hangar immense, mais la case est trop petite pour justifier cette immensité. Et c’est ainsi pour l’ensemble du récit, les auteurs n’ont pas su trouver la distance, entre histoire pour enfants (le niveau des gags) et second degré pour adultes, entre incursions politique et parodie, entre comique et aventure (Spirou a été absent la plupart du temps, et passif lors de ses rares apparitions).
Dans les gags, Fabcaro et Fabrice Erre sont partis dans L'Édito sur une série sur le départ de Morgan Di Salvia comme rédac chef. Il est possible que ce soit la première fois que le départ d’un de ses responsable soit traité en temps réel dans la presse BD, et peut-être même dans l’ensemble de la presse, et alors cette série d’histoire immédiate entrera dans l’histoire des médias. Retour d’Anna Maria Riccobono aux couleurs d’Elliot au collège. Une bonne Malédiction de la page 13 de Sti, avec Raowl. Dans Dad Flashbacks de Nob, on découvre que Panda avait non seulement une identique personnalité mais s’exprimait de la même manière lorsqu’elle avait environ 6 ans et actuellement, comme étudiante. Dab’s donne une Leçon de BD pertinente et drôle. Quant à Floris avec Capitaine Anchois, Dino avec Tash et Trash, Cerq et Tom avec Fish n chips, Berth avec Des gens et inversement et Lécroart avec Les Fifiches du Proprofesseur, ils portent tous avec leur humour absurde un regard décalé et éclairant sur des sujets essentiels (pollution et consommation dans Fish n chips, mythologies et société contemporaine avec Les Fifiches et Des gens, spéculation et SF avec Tash et Trash).
Berth, qui “cartoone depuis trente ans dans Spirou”, est par ailleurs l’invité de Bienvenue dans ma bibliothèque, où je découvre avec plaisir Hara-Kiri, Willem, Lefred-Thouron, Poirier (une influence de son dessin rond), Roland Topor, et le fait qu’il ait ignoré Tintin enfant. En direct du futur annonce que le numéro 4500 sera matériellement spécial, le papier du magazine changera alors pour se conformer aux nouvelles normes écologiques, Spirou joignant ainsi le geste à ses discours.
Dans un tout autre ordre d’idées, deux incohérences dans une pub pour une opération de promotion d’albums. Le cabochon représentant Yakari est extrait des DA, pas de la BD, et celui de Spirou est de Tome et Janry, alors que leurs Spirou ne font pas partie des albums sélectionnés. Ils sont tant mythiques chez Media participation? Mais je pinaille dans le vide en cherchant de la rectitude dans un domaine, la pub, où le mot a été banni. Quand aux Jeux de Frédéric Antoine et Yohann Morin sur les mythes de la Grèce antique, ils mettent en scène Télémaque, un personnage qui n’est plus paru dans le journal depuis près de 4 ans…Enfin, le supplément est un poster par Théo Grosjean d’Elliot au collège à composition en escalier d’Elliot, sa mère et son angoisse, les lectures de chacun reflétant sa personnalité.
Ici un aperçu du journal https://www.spirou.com/actualites/somma ... s-gratuits
Tebo a fort bien réussi sa couverture, dans son style où il va puiser différentes techniques, et les juxtaposer en y infusant une touche unique. Ici, une structure classique en pyramide, assortie d’un commentaire, comme dans un cartoon, mais graphiquement inséré dans l’image, comme dans les mangas, des personnages rondouillards mais avec un encrage résolument non uniforme, qui leur donne leur dimension comique particulière, dans la lignée de ces dessinateurs Disney atypiques que sont Cavazzano ou Bottaro. À cela s’ajoute, pour équilibrer l’image dans le sens de la symétrie, une énorme masse d’arme d’où pend un œil, écho du rouage immense écrasant des soldats sur une muraille dans une Idée noire de Franquin (notons que ce qui en 1977 était une idée si noire qu’elle était reléguée à l’intérieur d’un magazine pirate encarté dans un journal pour enfants se retrouve maintenant en couverture de celui-ci). L’histoire courte en cinq pages est aussi un chef d’œuvre dans ce genre, construite comme un gigantesque labyrinthe, dont deux doubles pages, où l’énergie est créé par des oppositions de mouvements, de gauche à droite et de haut en bas et inversement, technique qui ici est aussi source de gags, comme Peter Pan se retournant pour narguer Raowl et s’empalant sur un obstacle qu’il n’avait ce faisant pas vu, ou l’ogre sur ses gogues en haut de la falaise qu’escalade Raowl, et en sens descendant un tuyau écoulant ses étrons dans le lac souterrain d’où sort Raowl. C’est tout l’art de Tebo que de tout construire en deux niveaux de lecture, dessins comme textes, ceux-ci faisant office à la fois de dialogues et de commentaires des dessins, ou dans la vignette de couverture qui nous apprend que Raowl se prononce Raoul, pour rimer avec Kaboul, et non Ra-owl, comme un rugissement auquel on ne peut s’empêcher de penser. Me concernant, un seul bémol, le talent de Tebo s’exprime dans un humour trop enfantin pour moi.
Moins personnels dans la narration comme le dessin, Olivier Bocquet, Fabio Lai et Fabien Alquier font toutefois aussi avec Le métier le plus dangereux du monde une synthèse de plusieurs influences qui donne une nouvelle dynamique à leur fond FB, sur une base d’action et d’humour: des personnages qui surréagissent, comme Ziad et Billie page 43, (page 39 du magazine), technique de dessin animé (que l’on retrouve dans Louca, dont l’auteur Bruno Dequier travaille dans l’animation), le débordement des traits de vitesse sur l’encrage, venu du manga (pages 42-43), ou la scène incongrue, comme celle page 45 où les personnages se mettent à chanter et danser pour aider Amine à soutenir le rythme de la respiration artificielle qu’il pratique sur sa fille, dans un esprit de l’humour dit sans queue ni tête (moleitau en cantonnais) des comédies Hongkongaises (scène semblable dans Shaolin soccer de Stephen Chow).
Une base également FB mais traitée en y mêlant habilement des formes et du fonds très pertinents, le romantisme gothique, le tramage dans le dessin, l’opposition entre les expressions surjouées des humains et l’absence de visages des robots, dans Les Cœurs de ferraille, de Beka, Munuera et Sedyas.
Tout aussi personnel que ce que fait Tebo, le polar chamanique des Enquêtes de l’Inspecteur Bertillon, avec un dessin de Cyrille Pomès paradoxalement à la fois tout aussi rondouillard et anguleux, mais dans une veine expressionniste et pas disneyenne. L’histoire amène cette semaine un rebondissement inattendu, avec l’exploration d’une épave engloutie recelant les plans d’un moteur à eau par un parent de son inventeur, comme dans Le scaphandrier mort, de Tif et Tondu. L’histoire est moins complotiste que dans le scénario de Tillieux, alors que notre époque s’y prête pourtant, et c’est tout à l’honneur des scénaristes, Barth et Pomès, car c’est un transfuge de l’industrie pétrolière qui cherche à s’approprier les plans pour s’enrichir, et non des agents d’une de ces trusts qui cherche à faire disparaître ces plans pour conserver sa domination.
Par contre, je n’accroche pas à l’Aventure classique de Spirou et Fantasio par Elric, Clément Lemoine et Michaël Baril. Deux cases résument ce qui à mon sens pose problème, la première de la planche 50, un camp militaire vu d’en haut, trop proche pour que l’on ait une impression de grouillement (les arbres, les personnages sont encore différenciés), trop loin pour que l’on identifie les protagonistes dont on croit discerner les traits, et la huitième de la planche 51, un personnage tombant dans un hangar en brisant une vitre, les personnages sont minuscules dans ce hangar immense, mais la case est trop petite pour justifier cette immensité. Et c’est ainsi pour l’ensemble du récit, les auteurs n’ont pas su trouver la distance, entre histoire pour enfants (le niveau des gags) et second degré pour adultes, entre incursions politique et parodie, entre comique et aventure (Spirou a été absent la plupart du temps, et passif lors de ses rares apparitions).
Dans les gags, Fabcaro et Fabrice Erre sont partis dans L'Édito sur une série sur le départ de Morgan Di Salvia comme rédac chef. Il est possible que ce soit la première fois que le départ d’un de ses responsable soit traité en temps réel dans la presse BD, et peut-être même dans l’ensemble de la presse, et alors cette série d’histoire immédiate entrera dans l’histoire des médias. Retour d’Anna Maria Riccobono aux couleurs d’Elliot au collège. Une bonne Malédiction de la page 13 de Sti, avec Raowl. Dans Dad Flashbacks de Nob, on découvre que Panda avait non seulement une identique personnalité mais s’exprimait de la même manière lorsqu’elle avait environ 6 ans et actuellement, comme étudiante. Dab’s donne une Leçon de BD pertinente et drôle. Quant à Floris avec Capitaine Anchois, Dino avec Tash et Trash, Cerq et Tom avec Fish n chips, Berth avec Des gens et inversement et Lécroart avec Les Fifiches du Proprofesseur, ils portent tous avec leur humour absurde un regard décalé et éclairant sur des sujets essentiels (pollution et consommation dans Fish n chips, mythologies et société contemporaine avec Les Fifiches et Des gens, spéculation et SF avec Tash et Trash).
Berth, qui “cartoone depuis trente ans dans Spirou”, est par ailleurs l’invité de Bienvenue dans ma bibliothèque, où je découvre avec plaisir Hara-Kiri, Willem, Lefred-Thouron, Poirier (une influence de son dessin rond), Roland Topor, et le fait qu’il ait ignoré Tintin enfant. En direct du futur annonce que le numéro 4500 sera matériellement spécial, le papier du magazine changera alors pour se conformer aux nouvelles normes écologiques, Spirou joignant ainsi le geste à ses discours.
Dans un tout autre ordre d’idées, deux incohérences dans une pub pour une opération de promotion d’albums. Le cabochon représentant Yakari est extrait des DA, pas de la BD, et celui de Spirou est de Tome et Janry, alors que leurs Spirou ne font pas partie des albums sélectionnés. Ils sont tant mythiques chez Media participation? Mais je pinaille dans le vide en cherchant de la rectitude dans un domaine, la pub, où le mot a été banni. Quand aux Jeux de Frédéric Antoine et Yohann Morin sur les mythes de la Grèce antique, ils mettent en scène Télémaque, un personnage qui n’est plus paru dans le journal depuis près de 4 ans…Enfin, le supplément est un poster par Théo Grosjean d’Elliot au collège à composition en escalier d’Elliot, sa mère et son angoisse, les lectures de chacun reflétant sa personnalité.
" Monólogo significa el mono que habla solo." Ramón Gómez de la Serna dans ses Greguerías.
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- Enregistré le : ven. 13 déc. 2019 13:46
Re: Cette semaine dans le journal de Spirou j'ai aimé...
Numéro 4497 du 19/06/2024
Ici un aperçu du numéro: https://www.spirou.com/actualites/somma ... -leon-lena
Couverture de Clémence sur Léon et Lena, pour leur retour dans Spirou, concordant avec la sortie de leur quatrième album, qui doit inclure des strips non parus dans Spirou, puisque, selon le jeu test introduisant ces pages, le personnage de Lennon semble avoir pris une grande importance, alors qu’elle est relativement peu apparue dans le journal. Suite de l’arc sur le départ du rédacteur en chef Morgan Di Salvia dans L’Édito de Fabcaro et Fabrice Erre. Un Petit Spirou difficilement interprétable, qui à première vue semble ridiculiser une certaine tendance actuelle du féminisme, avec les contradictions de Suzette demandant un homme déconstruit, pourtant le scénario est cosigné par Clara Cuadrado, qui revendiquait son féminisme militant il y a peu dans ce magazine.
Bernstein et Moog mettent cette semaine Willy Woob et son chien Kiki dans la peau d’agriculteurs, et leur humour gentiment absurde y fonctionne cette fois très bien. Nicolas Moog est par ailleurs avec Émilie Plateau l’auteur du supplément de la semaine, un Carnet de voyage de la Ciudad de México (au titre en espagnol). Ils témoignent d’un enthousiasme si enfantin que même l’office du tourisme mexicain doit en être gênée: “La cuisine mexicaine est la meilleure du monde” (elle est objectivement relativement simple et peu variée), et ils trouvent émouvant jusqu’aux larmes l’ultra touristique et artificielle chevauchée annuelle pour commémorer la révolution mexicaine. Par ailleurs, ils sombrent dans ce travers qu’une amie m’avait au Mexique décrit comme si français, de comparer toujours, pour dénigrer l’un au profit de l’autre. Et ici, c’est aussi ce si français auto dénigrement: “Tout va être gris et fade en France à côté de Mexico.” Étrange de la part d’auteurs qui sont par ailleurs si critiques et lucides, Émilie Plateau dans son “Noire, la vie méconnue de Claudette Colvin”, Nicolas Moog dans ses bandes dans Fluide glacial ou chez 6 pieds sous terre. Dans Le strip dont vous êtes la star, Libon représente une panthère, et j’aime beaucoup la façon dont il représente ses fauves, au visage débordant de poils, comme Bisou dans Tralaland. Tebo met en scène Raowl dans un numéro quasiment en solo, de combat contre lui-même pour une fois, d’exercice de sa volonté, dommage pour moi que Tebo joue encore avec les clichés de l’humour prétendument enfantin (les légumes sont incarnés par des brocolis, qui sont moches et puent). Départ de la maman d’Ondine dans Dad flashbacks de Nob, disparue aussi soudainement qu’elle était apparue (mais elle n’est pas faite pour la vie de famille et ses responsabilités, comme elle l’avouait elle-même). Et on ne sait toujours pas pourquoi elle s’était mise avec Dad, l’ambitieuse s’était-elle entichée d’un jeune acteur en pleine ascension, et l’a-t-elle quitté lorsqu’elle s’est rendue compte qu’il ne deviendrait jamais une vedette?
Fin du Spirou classique, qui ne m’a aucunement convaincu. Ni dans le fait d’avoir confronté Spirou à un évènement historique: le Spirou de Bravo était au moins très instructif, et faisait ressentir l’ambiance de peur et de perte de l’époque, ici, rien dans le traitement caricatural ne fait ressentir la guerre froide, ces Fidel Castro et Che Guevara autoritaires et maladroits auraient tout aussi bien pu être remplacés par Zorglub. Ni dans le scénario, avec Spirou si peu présent et Fantasio suiveur de Seccotine, et je regrette le Longplaying bon vivant et expansif, remplacé par ce patriote peu franc et peu sûr de lui. Ni enfin le dessin, trop scolaire et raide. Seule, étrangement, la dernière planche est bonne de ce point de vue, auquel son encrage plus décidé, plus profond, alors qu’il était trop sec jusque là, donne vie et vivacité aux personnages.
Six pages éminemment romantiques pour Les cœurs de ferraille, dont quatre muettes, dans lesquelles Munuera et Sedyas varient grandement découpage, encrage, colorisation, pour exprimer le tourbillon de sentiments qui s’empare des deux amoureux. Une scène d’étreinte sur une plage avec les mouettes et les flots mugissants est très cliché (Frank P. L’avait un peu renouvellée dans La nuit du chat, de Broussaille), mais ici, ainsi traitée, apporte un beau contrepoint et tournant dans cette histoire de grande violence sociale. Une séquence toute en action, bien rythmée par le découpage et la mise en scène dans l’enquête du Lieutenant Bertillon de Barth, Pomès et Drac. Fin aussi du troisième épisode du Métier le plus dangereux du monde, cette autre bonne série jeunesse de Olivier Bocquet, Fabio Lai et Fabien Alquier, qui aura pleinement mérité son titre puisque le père des deux jeunes apprentis super héros n’aura été un super héros que le temps de 6 pages, sans même avoir accompli un exploit avant de mourir, cette disparition conjointe à l’arrivée d’un colis énigmatique termine cet épisode sur un double suspens.
Dans le rédactionnel, Les BD de ma vie de Djief, dessinateur de Créatures, dont les premières BD lues tout seul sont un Tuniques bleues et un Yoko Tsuno. Passe pour les Tuniques bleues, mais pour le Yoko, soit il a été précoce (lire Yoko seul vers 4 ou 5 ans, c’est impressionnant), soit au contraire il a lu tardivement tout seul. Et, alors qu’il dessine des créatures lovecratiennes, un maître de l’horreur, il trouve “flippants” les géants de L’Attaque des Titans de Hajime Isayama (une des séries manga les plus vendues au monde). Il est vrai que ceux-ci sont assez horrifiques, avec leur corps aux formes à la fois atrophiées et hypertrophiées et leur bouches immenses aux nombre effrayant de dents, mais cela montre que la sensibilité de chacun à la peur, la laideur ou la beauté est imprévisible. En direct du futur annonce un récit court du Petit Spirou, format pour lequel Janry est moins à l’aise que pour les gags en une planche, et pour cela a fait appel à Jacques Louis.
Les Jeux sont d’un certain ou certaine Vog, que je ne connais pas, et, intitulés Pon…pom..pidou!!, ne sont pas un hommage à Marilyn Monroe mais au musée d’art moderne parisien, avec toutefois uniquement des œuvres d’auteurs décédés, en dehors d’une présentée sous forme de labyrinthe, qui ressemble fort à l’œuvre d’un artiste contemporain dont le nom m’échappe, que je crois suisse (non, pas Anni Albers, ni Brice Madden), celui ou celle qui trouvera aura droit à mon plus grand respect (l’œuvre, le labyrinthe entre le Miro et le Mondrian, est visible ici: https://www.spirou.com/actualites/solut ... u-ndeg4497). Bizarrement, Spirou y figure sous la forme d’un gardien de musée endormi, alors que Nicoby s’était fait tancer pour avoir énoncé ce cliché dans le Spirou 4490 spécial JO au Louvre.
Enfin, deux publicités pour des albums jeunesse, Cinq Avril une série chez Dupuis dont seul un extrait avait été publié dans Spirou, sous forme de supplément il y a quelques semaines, et une au Lombard du dessinateur Tristan Roulot, qui lui a publié quelques histoires courtes dans Spirou.
Ici un aperçu du numéro: https://www.spirou.com/actualites/somma ... -leon-lena
Couverture de Clémence sur Léon et Lena, pour leur retour dans Spirou, concordant avec la sortie de leur quatrième album, qui doit inclure des strips non parus dans Spirou, puisque, selon le jeu test introduisant ces pages, le personnage de Lennon semble avoir pris une grande importance, alors qu’elle est relativement peu apparue dans le journal. Suite de l’arc sur le départ du rédacteur en chef Morgan Di Salvia dans L’Édito de Fabcaro et Fabrice Erre. Un Petit Spirou difficilement interprétable, qui à première vue semble ridiculiser une certaine tendance actuelle du féminisme, avec les contradictions de Suzette demandant un homme déconstruit, pourtant le scénario est cosigné par Clara Cuadrado, qui revendiquait son féminisme militant il y a peu dans ce magazine.
Bernstein et Moog mettent cette semaine Willy Woob et son chien Kiki dans la peau d’agriculteurs, et leur humour gentiment absurde y fonctionne cette fois très bien. Nicolas Moog est par ailleurs avec Émilie Plateau l’auteur du supplément de la semaine, un Carnet de voyage de la Ciudad de México (au titre en espagnol). Ils témoignent d’un enthousiasme si enfantin que même l’office du tourisme mexicain doit en être gênée: “La cuisine mexicaine est la meilleure du monde” (elle est objectivement relativement simple et peu variée), et ils trouvent émouvant jusqu’aux larmes l’ultra touristique et artificielle chevauchée annuelle pour commémorer la révolution mexicaine. Par ailleurs, ils sombrent dans ce travers qu’une amie m’avait au Mexique décrit comme si français, de comparer toujours, pour dénigrer l’un au profit de l’autre. Et ici, c’est aussi ce si français auto dénigrement: “Tout va être gris et fade en France à côté de Mexico.” Étrange de la part d’auteurs qui sont par ailleurs si critiques et lucides, Émilie Plateau dans son “Noire, la vie méconnue de Claudette Colvin”, Nicolas Moog dans ses bandes dans Fluide glacial ou chez 6 pieds sous terre. Dans Le strip dont vous êtes la star, Libon représente une panthère, et j’aime beaucoup la façon dont il représente ses fauves, au visage débordant de poils, comme Bisou dans Tralaland. Tebo met en scène Raowl dans un numéro quasiment en solo, de combat contre lui-même pour une fois, d’exercice de sa volonté, dommage pour moi que Tebo joue encore avec les clichés de l’humour prétendument enfantin (les légumes sont incarnés par des brocolis, qui sont moches et puent). Départ de la maman d’Ondine dans Dad flashbacks de Nob, disparue aussi soudainement qu’elle était apparue (mais elle n’est pas faite pour la vie de famille et ses responsabilités, comme elle l’avouait elle-même). Et on ne sait toujours pas pourquoi elle s’était mise avec Dad, l’ambitieuse s’était-elle entichée d’un jeune acteur en pleine ascension, et l’a-t-elle quitté lorsqu’elle s’est rendue compte qu’il ne deviendrait jamais une vedette?
Fin du Spirou classique, qui ne m’a aucunement convaincu. Ni dans le fait d’avoir confronté Spirou à un évènement historique: le Spirou de Bravo était au moins très instructif, et faisait ressentir l’ambiance de peur et de perte de l’époque, ici, rien dans le traitement caricatural ne fait ressentir la guerre froide, ces Fidel Castro et Che Guevara autoritaires et maladroits auraient tout aussi bien pu être remplacés par Zorglub. Ni dans le scénario, avec Spirou si peu présent et Fantasio suiveur de Seccotine, et je regrette le Longplaying bon vivant et expansif, remplacé par ce patriote peu franc et peu sûr de lui. Ni enfin le dessin, trop scolaire et raide. Seule, étrangement, la dernière planche est bonne de ce point de vue, auquel son encrage plus décidé, plus profond, alors qu’il était trop sec jusque là, donne vie et vivacité aux personnages.
Six pages éminemment romantiques pour Les cœurs de ferraille, dont quatre muettes, dans lesquelles Munuera et Sedyas varient grandement découpage, encrage, colorisation, pour exprimer le tourbillon de sentiments qui s’empare des deux amoureux. Une scène d’étreinte sur une plage avec les mouettes et les flots mugissants est très cliché (Frank P. L’avait un peu renouvellée dans La nuit du chat, de Broussaille), mais ici, ainsi traitée, apporte un beau contrepoint et tournant dans cette histoire de grande violence sociale. Une séquence toute en action, bien rythmée par le découpage et la mise en scène dans l’enquête du Lieutenant Bertillon de Barth, Pomès et Drac. Fin aussi du troisième épisode du Métier le plus dangereux du monde, cette autre bonne série jeunesse de Olivier Bocquet, Fabio Lai et Fabien Alquier, qui aura pleinement mérité son titre puisque le père des deux jeunes apprentis super héros n’aura été un super héros que le temps de 6 pages, sans même avoir accompli un exploit avant de mourir, cette disparition conjointe à l’arrivée d’un colis énigmatique termine cet épisode sur un double suspens.
Dans le rédactionnel, Les BD de ma vie de Djief, dessinateur de Créatures, dont les premières BD lues tout seul sont un Tuniques bleues et un Yoko Tsuno. Passe pour les Tuniques bleues, mais pour le Yoko, soit il a été précoce (lire Yoko seul vers 4 ou 5 ans, c’est impressionnant), soit au contraire il a lu tardivement tout seul. Et, alors qu’il dessine des créatures lovecratiennes, un maître de l’horreur, il trouve “flippants” les géants de L’Attaque des Titans de Hajime Isayama (une des séries manga les plus vendues au monde). Il est vrai que ceux-ci sont assez horrifiques, avec leur corps aux formes à la fois atrophiées et hypertrophiées et leur bouches immenses aux nombre effrayant de dents, mais cela montre que la sensibilité de chacun à la peur, la laideur ou la beauté est imprévisible. En direct du futur annonce un récit court du Petit Spirou, format pour lequel Janry est moins à l’aise que pour les gags en une planche, et pour cela a fait appel à Jacques Louis.
Les Jeux sont d’un certain ou certaine Vog, que je ne connais pas, et, intitulés Pon…pom..pidou!!, ne sont pas un hommage à Marilyn Monroe mais au musée d’art moderne parisien, avec toutefois uniquement des œuvres d’auteurs décédés, en dehors d’une présentée sous forme de labyrinthe, qui ressemble fort à l’œuvre d’un artiste contemporain dont le nom m’échappe, que je crois suisse (non, pas Anni Albers, ni Brice Madden), celui ou celle qui trouvera aura droit à mon plus grand respect (l’œuvre, le labyrinthe entre le Miro et le Mondrian, est visible ici: https://www.spirou.com/actualites/solut ... u-ndeg4497). Bizarrement, Spirou y figure sous la forme d’un gardien de musée endormi, alors que Nicoby s’était fait tancer pour avoir énoncé ce cliché dans le Spirou 4490 spécial JO au Louvre.
Enfin, deux publicités pour des albums jeunesse, Cinq Avril une série chez Dupuis dont seul un extrait avait été publié dans Spirou, sous forme de supplément il y a quelques semaines, et une au Lombard du dessinateur Tristan Roulot, qui lui a publié quelques histoires courtes dans Spirou.
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Re: Cette semaine dans le journal de Spirou j'ai aimé...
Numéro 4498-4499 du 26/06/2024
Ici un aperçu du numéro: https://www.spirou.com/actualites/somma ... es-de-reve
Après quelques années de numéros spéciaux vacances simples, voici un spécial vacances de rêve! Cela signifie-t-il des vacances idéales, des vacances utopiques, des vacances de SF, ou est-ce un clin d’œil pour accompagner le départ de Morgan Di Salvia comme rédacteur en chef, la fameuse fête surprise dont les Fabrice parlent depuis plusieurs semaines, qui affiche une banderole “Bonne route Morgan” ?
Pour la cadette des sœurs Grémillet, Lucille, amoureuse des animaux navigant en couverture sur la proue d’un hors bord en compagnie de dauphins, c’est d’évidence de vacances idéales dont il s’agit. Ce ne sera pourtant pas tant elle la vedette de cette nouvelle histoire des sœurs Grémillet, “La villa des mystères” (un titre aux senteurs de Tif et Tondu ou de Patrouille des Castors) que sa sœur Sarah, qui va, nous disent les auteurs Giovanni Di Gregorio et Alessandro Barbucci, “faire une grosse crise d’adolescence” et se séparer du "club des frangines" le temps d'une enquête. Le dessinateur Alessandro Barbucci a à ce sujet des propos très radicaux: “Ça me semble juste normal, quand on est ado, de bouleverser la vie de la génération précédente! Il faut dire que les mamans italiennes sont très, très strictes…Donc quand on est ado en Italie, on n’a que deux options: la rébellion ou la mort cérébrale!!” Cela me rappelle la légende selon laquelle, à un enfant peu obéissant, la mère italienne dira “Finis tes légumes, ou je te tue!”, alors que la mère juive dira “Finis tes légumes, ou je me tue!” L’histoire en elle-même s’annonce bien, avec de nombreux mystères, psychologiques, relationnels, ou d’ambiance fantastique, posés dans ce volumineux (14 pages) premier chapitre.
Après l’épisode romantique de la semaine précédente, c’est la tragédie de la séparation des amants dans la longue histoire (déjà 52 pages, et encore deux chapitres à venir) “Sans penser à demain” des Cœurs de ferraille, avec un revenant de la première histoire de la série, “Cyrano et moi”. Cyrano de Bergerac était laid, et le robot Limier dont tombe amoureuse la jeune humaine n’a lui carrément pas de visage, mais tous deux ont en commun d’être si élégants d’allure, d’esprit et d’attitude. Et, après la séquence d’action de la semaine précédente, le nouveau chapitre de l’Inspecteur Bertillon, qu’on aurait pu croire un dénouement mais les auteurs Barth, Pomès et Drac nous réservent encore des surprises, condense l’épisode de l’amour entre lui et Sedna, et leur séparation car lui, le vrai héros même s’il n’en a pas l’air, refuse d’abandonner les gens qu’il considère n’avoir pas fini d’aider. Remarquons que, étrange coïncidence, Sedna, Naiad des Cœurs de ferraille, et Aurélia dans Les sœurs Grémillet sont chacune une incarnation de la “pauvre petite fille riche”, personnage récurrent des arts populaires, de Little Orphan Annie d'Harold Gray à Mademoiselle Louise de Geerts en passant par les films avec Mary Pickford ou Shirley Temple.
Le reste du numéro est entièrement consacré au thème des vacances, quoi que ce “de rêve” puisse signifier. Dans les séries habituelles, cela va du bon gag du Bulletin d’abonnement de Cromheecke et Thiriet à l’indécrotable, même en vacances,“gold digger” qu’est Brad Rock, de Jilème et Sophie David. Pour Midam, Patelin, Dairin et Angèle, les vacances stimulent l’imagination de Kid Paddle, comme celle de l'Agent 212 pour Kox. Dans 3 infos, 2 vraies, 1 fausse, de Bernstein, Bercovici et Robin Le Gall, la “sieste géante organisée à Mexico pour réclamer le droit de se reposer en entreprise” ravive les vieux clichés sur les Mexicains somnolents de Jerry Spring ou Lucky Luke. Damien Cerq, Clémence, et Ludwig Alizon aux couleurs, nous présentent un Léon esseulé, sans Léna, en camp de vacances, au point de ne même plus penser à faire de bêtises, ce qui le déprime (prétend-il), et pousse les animateurs, apitoyés, à “l’aider à faire des bêtises, lui désigner un souffre-douleur par exemple.” C’est ce qui m’empêche d’adhérer à cette série, les adultes y sont trop naïvement manipulables par ces tout jeunes enfants, même comme caricature je ne puis y croire. De Mesmaeker vient tenter de signer un contrat dans l’entreprise où sévit Nelson de Bertschy, mais contrairement à ce qu’il dit, ce n’est pas “encore pire que chez Dupuis”, Nelson a beau être un diablotin, il est moins subversif que Gaston (celui de Franquin, pas le clone de Delaf).
Dans les histoires courtes spécialement faites pour ce numéro, on retrouve les alter-egos de Jacques Louis dans Family Life, dans un épisode à l’humour décapant, et de Bouzard dans Vacances à la campagne, également dans une ambiance familiale, mais au dessin que je trouve un peu hâtif. Vacances en famille aussi dans l’amusant et imaginatif Family on the Moon, de Salma et Libon, où les vacances sur la lune ne sont pas un rêve pour tout le monde, et pour C’est de l’art, de Tofy, un père et son enfant renards (?) sur la plage. Avec de plus les familles de Brad Rock, de Boule et Bill (sur le thème classique dans la série du choix du lieu de vacances), et, à la plage, celles de Pernille, de Dad, de l’Agent 212 et des sœurs Grémillet, ce numéro insinuerait-il que les vacances de rêves sont des vacances en famille? Quant au lieu de rêve, il semble être la plage, même si désenchantée par la pollution pour Dad, puisque Crash Tex de Dab's et Des gens et inversement de Berth y sont aussi, ainsi que trois autres histoires spéciales qui s’y passent: La vie de château (de sable) du bon dessinateur animalier Dav, pour une histoire bien moins cruelle que celles qu’il fait souvent, Poisson volant, de Sess Boudebesse, montrant un (le) marsupilami à la plage (redevenu propriété de Dupuis, ce personnage semble maintenant à la disposition de tous les auteurs; accessoirement, on le voit siroter une noix de coco sèche, soit avec des poils, alors qu’il devrait savoir que ce sont les noix de coco fraîches, encore vertes, qui ont le plus de jus), et un très drôle dans l'absurde Gros sur la palourde, de Lorrain Oiseau (scénario) et Dara Nabati (dessin et couleur), de jeunes auteurs nouveaux venus dans Spirou, chaînon manquant, dans l’humour comme le dessin, entre Lewis Trondheim et Émilie Gleason (autrice dans Spirou de Kermesse existentielle entre 2020 et 2022). Enfin, une historiette de Guillaume Bianco, avec un de ses personnages fétiches de petite fille en sorcière, dans un encrage étonnamment lisse, alors qu’il avait revendiqué dans un gag de l’Atelier Mastodonte un trait tremblé comme “son style!”
Pour le reste, l’habituel Cahier de jeux, que 5 auteurs (ou groupes d’auteurs…) sur 8 ont situé au bord de la mer (décidément…), Bertschy, Enzo Berkati, Joan et Annie Pastor, Tyst, et ô agréable surprise, Les Schtroumpfs, par le studio Peyo . Les autres jeux ont été réalisés par Maëlys et Thomas Priou , Mouk (qui dessinait Croquidou, que je regrette, dans Spirou, et travaille maintenant pour Disney, un article lui étant d’ailleurs consacré dans Super Picsou géant numéro 242 spécial Fantomiald - Paperinik en VO), et encore Maëlys Cantreau avec Romain Garouste, un vétéran des jeux dans Spirou, depuis 2015. Trois jeux sur six ont par ailleurs la particularité peu habituelle de ne présenter quasi aucun personnage du journal (les grooms de l’hôtel Vacancia de Maëlys et Thomas Priou sont même vêtus de vert et non de rouge…) en dehors d’un Marsupilami, qui se retrouve aussi en couverture de la publicité pour le Giga Spirou hors-série été 2024 ainsi que dans la publicité pour le Parc Spirou et l'histoire de Sess Boudebesse, est donc la vedette surprise de ce numéro.
Pour le reste, concernant la pub pour le Parc Spirou, ma fille (4 ans) a fait remarquer devant les Schtroumpfs en image de synthèse que “ce ne sont pas les vrais Schtroumpfs, ceux-ci sont en plastique!” Morgan Di Salvia est Bienvenu à la rédaction, y met en avant les Fabrice, ainsi officiellement adoubés réincarnation de Gaston Lagaffe, parle des 5 permanents de la rédaction (en photo: lui-même, Frédéric Niffle, Laure Bavay,, Coline Strijthagen, et un moustachu également présent dans L’édito, et dont je ne suis pas sûr de l’identification), rappelle que, depuis 1938, il n’y a eu que 11 rédacteurs en chef de Spirou, et est devenu un personnage du journal, “grâce à L’édito et aux marges de Sti (auteur de l’amusante Malédiction de la page 13, très locale, dans ce numéro), caractéristique qu’il partage avec ses prédécesseurs Delporte, Martens, Tinlot, et dans une moindre mesure les autres ex rédacteurs en chef . Une très amusante interprétation du métomol par Benjamin Renner, auteur de BD et de cinéma d’animation, dans Spirou et moi, qui le conduit à redécouvrir l’omelette aux morilles. Enfin, une Leçon de BD de Marko, consacrée aux cadrages, deux publicités pour des albums jeunesse, Tête de pioche, une “petite héroïne qui parle aux animaux”, et Molang, “à la rescousse des animaux”, un thème espéré vendeur visiblement, et l'annonce d’un concours pour trouver le gag de la page de titre du prochain Petit Spirou (avec encore un marsupilami en couverture, certes en peluche décatie), et un énigmatique petit Tintin pour annoncer le Petit Spirou dans le prochain numéro…
Ici un aperçu du numéro: https://www.spirou.com/actualites/somma ... es-de-reve
Après quelques années de numéros spéciaux vacances simples, voici un spécial vacances de rêve! Cela signifie-t-il des vacances idéales, des vacances utopiques, des vacances de SF, ou est-ce un clin d’œil pour accompagner le départ de Morgan Di Salvia comme rédacteur en chef, la fameuse fête surprise dont les Fabrice parlent depuis plusieurs semaines, qui affiche une banderole “Bonne route Morgan” ?
Pour la cadette des sœurs Grémillet, Lucille, amoureuse des animaux navigant en couverture sur la proue d’un hors bord en compagnie de dauphins, c’est d’évidence de vacances idéales dont il s’agit. Ce ne sera pourtant pas tant elle la vedette de cette nouvelle histoire des sœurs Grémillet, “La villa des mystères” (un titre aux senteurs de Tif et Tondu ou de Patrouille des Castors) que sa sœur Sarah, qui va, nous disent les auteurs Giovanni Di Gregorio et Alessandro Barbucci, “faire une grosse crise d’adolescence” et se séparer du "club des frangines" le temps d'une enquête. Le dessinateur Alessandro Barbucci a à ce sujet des propos très radicaux: “Ça me semble juste normal, quand on est ado, de bouleverser la vie de la génération précédente! Il faut dire que les mamans italiennes sont très, très strictes…Donc quand on est ado en Italie, on n’a que deux options: la rébellion ou la mort cérébrale!!” Cela me rappelle la légende selon laquelle, à un enfant peu obéissant, la mère italienne dira “Finis tes légumes, ou je te tue!”, alors que la mère juive dira “Finis tes légumes, ou je me tue!” L’histoire en elle-même s’annonce bien, avec de nombreux mystères, psychologiques, relationnels, ou d’ambiance fantastique, posés dans ce volumineux (14 pages) premier chapitre.
Après l’épisode romantique de la semaine précédente, c’est la tragédie de la séparation des amants dans la longue histoire (déjà 52 pages, et encore deux chapitres à venir) “Sans penser à demain” des Cœurs de ferraille, avec un revenant de la première histoire de la série, “Cyrano et moi”. Cyrano de Bergerac était laid, et le robot Limier dont tombe amoureuse la jeune humaine n’a lui carrément pas de visage, mais tous deux ont en commun d’être si élégants d’allure, d’esprit et d’attitude. Et, après la séquence d’action de la semaine précédente, le nouveau chapitre de l’Inspecteur Bertillon, qu’on aurait pu croire un dénouement mais les auteurs Barth, Pomès et Drac nous réservent encore des surprises, condense l’épisode de l’amour entre lui et Sedna, et leur séparation car lui, le vrai héros même s’il n’en a pas l’air, refuse d’abandonner les gens qu’il considère n’avoir pas fini d’aider. Remarquons que, étrange coïncidence, Sedna, Naiad des Cœurs de ferraille, et Aurélia dans Les sœurs Grémillet sont chacune une incarnation de la “pauvre petite fille riche”, personnage récurrent des arts populaires, de Little Orphan Annie d'Harold Gray à Mademoiselle Louise de Geerts en passant par les films avec Mary Pickford ou Shirley Temple.
Le reste du numéro est entièrement consacré au thème des vacances, quoi que ce “de rêve” puisse signifier. Dans les séries habituelles, cela va du bon gag du Bulletin d’abonnement de Cromheecke et Thiriet à l’indécrotable, même en vacances,“gold digger” qu’est Brad Rock, de Jilème et Sophie David. Pour Midam, Patelin, Dairin et Angèle, les vacances stimulent l’imagination de Kid Paddle, comme celle de l'Agent 212 pour Kox. Dans 3 infos, 2 vraies, 1 fausse, de Bernstein, Bercovici et Robin Le Gall, la “sieste géante organisée à Mexico pour réclamer le droit de se reposer en entreprise” ravive les vieux clichés sur les Mexicains somnolents de Jerry Spring ou Lucky Luke. Damien Cerq, Clémence, et Ludwig Alizon aux couleurs, nous présentent un Léon esseulé, sans Léna, en camp de vacances, au point de ne même plus penser à faire de bêtises, ce qui le déprime (prétend-il), et pousse les animateurs, apitoyés, à “l’aider à faire des bêtises, lui désigner un souffre-douleur par exemple.” C’est ce qui m’empêche d’adhérer à cette série, les adultes y sont trop naïvement manipulables par ces tout jeunes enfants, même comme caricature je ne puis y croire. De Mesmaeker vient tenter de signer un contrat dans l’entreprise où sévit Nelson de Bertschy, mais contrairement à ce qu’il dit, ce n’est pas “encore pire que chez Dupuis”, Nelson a beau être un diablotin, il est moins subversif que Gaston (celui de Franquin, pas le clone de Delaf).
Dans les histoires courtes spécialement faites pour ce numéro, on retrouve les alter-egos de Jacques Louis dans Family Life, dans un épisode à l’humour décapant, et de Bouzard dans Vacances à la campagne, également dans une ambiance familiale, mais au dessin que je trouve un peu hâtif. Vacances en famille aussi dans l’amusant et imaginatif Family on the Moon, de Salma et Libon, où les vacances sur la lune ne sont pas un rêve pour tout le monde, et pour C’est de l’art, de Tofy, un père et son enfant renards (?) sur la plage. Avec de plus les familles de Brad Rock, de Boule et Bill (sur le thème classique dans la série du choix du lieu de vacances), et, à la plage, celles de Pernille, de Dad, de l’Agent 212 et des sœurs Grémillet, ce numéro insinuerait-il que les vacances de rêves sont des vacances en famille? Quant au lieu de rêve, il semble être la plage, même si désenchantée par la pollution pour Dad, puisque Crash Tex de Dab's et Des gens et inversement de Berth y sont aussi, ainsi que trois autres histoires spéciales qui s’y passent: La vie de château (de sable) du bon dessinateur animalier Dav, pour une histoire bien moins cruelle que celles qu’il fait souvent, Poisson volant, de Sess Boudebesse, montrant un (le) marsupilami à la plage (redevenu propriété de Dupuis, ce personnage semble maintenant à la disposition de tous les auteurs; accessoirement, on le voit siroter une noix de coco sèche, soit avec des poils, alors qu’il devrait savoir que ce sont les noix de coco fraîches, encore vertes, qui ont le plus de jus), et un très drôle dans l'absurde Gros sur la palourde, de Lorrain Oiseau (scénario) et Dara Nabati (dessin et couleur), de jeunes auteurs nouveaux venus dans Spirou, chaînon manquant, dans l’humour comme le dessin, entre Lewis Trondheim et Émilie Gleason (autrice dans Spirou de Kermesse existentielle entre 2020 et 2022). Enfin, une historiette de Guillaume Bianco, avec un de ses personnages fétiches de petite fille en sorcière, dans un encrage étonnamment lisse, alors qu’il avait revendiqué dans un gag de l’Atelier Mastodonte un trait tremblé comme “son style!”
Pour le reste, l’habituel Cahier de jeux, que 5 auteurs (ou groupes d’auteurs…) sur 8 ont situé au bord de la mer (décidément…), Bertschy, Enzo Berkati, Joan et Annie Pastor, Tyst, et ô agréable surprise, Les Schtroumpfs, par le studio Peyo . Les autres jeux ont été réalisés par Maëlys et Thomas Priou , Mouk (qui dessinait Croquidou, que je regrette, dans Spirou, et travaille maintenant pour Disney, un article lui étant d’ailleurs consacré dans Super Picsou géant numéro 242 spécial Fantomiald - Paperinik en VO), et encore Maëlys Cantreau avec Romain Garouste, un vétéran des jeux dans Spirou, depuis 2015. Trois jeux sur six ont par ailleurs la particularité peu habituelle de ne présenter quasi aucun personnage du journal (les grooms de l’hôtel Vacancia de Maëlys et Thomas Priou sont même vêtus de vert et non de rouge…) en dehors d’un Marsupilami, qui se retrouve aussi en couverture de la publicité pour le Giga Spirou hors-série été 2024 ainsi que dans la publicité pour le Parc Spirou et l'histoire de Sess Boudebesse, est donc la vedette surprise de ce numéro.
Pour le reste, concernant la pub pour le Parc Spirou, ma fille (4 ans) a fait remarquer devant les Schtroumpfs en image de synthèse que “ce ne sont pas les vrais Schtroumpfs, ceux-ci sont en plastique!” Morgan Di Salvia est Bienvenu à la rédaction, y met en avant les Fabrice, ainsi officiellement adoubés réincarnation de Gaston Lagaffe, parle des 5 permanents de la rédaction (en photo: lui-même, Frédéric Niffle, Laure Bavay,, Coline Strijthagen, et un moustachu également présent dans L’édito, et dont je ne suis pas sûr de l’identification), rappelle que, depuis 1938, il n’y a eu que 11 rédacteurs en chef de Spirou, et est devenu un personnage du journal, “grâce à L’édito et aux marges de Sti (auteur de l’amusante Malédiction de la page 13, très locale, dans ce numéro), caractéristique qu’il partage avec ses prédécesseurs Delporte, Martens, Tinlot, et dans une moindre mesure les autres ex rédacteurs en chef . Une très amusante interprétation du métomol par Benjamin Renner, auteur de BD et de cinéma d’animation, dans Spirou et moi, qui le conduit à redécouvrir l’omelette aux morilles. Enfin, une Leçon de BD de Marko, consacrée aux cadrages, deux publicités pour des albums jeunesse, Tête de pioche, une “petite héroïne qui parle aux animaux”, et Molang, “à la rescousse des animaux”, un thème espéré vendeur visiblement, et l'annonce d’un concours pour trouver le gag de la page de titre du prochain Petit Spirou (avec encore un marsupilami en couverture, certes en peluche décatie), et un énigmatique petit Tintin pour annoncer le Petit Spirou dans le prochain numéro…
" Monólogo significa el mono que habla solo." Ramón Gómez de la Serna dans ses Greguerías.
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Re: Cette semaine dans le journal de Spirou j'ai aimé...
Numéro 4500 du 10/07/2024
Ici un aperçu du numéro: https://www.spirou.com/actualites/somma ... s-dit-tout
Étonnante mise en abîme dans de numéro: Le Petit Spirou est apparu il y a plus de 40 ans a l’occasion d’un numéro de Spirou album + sur les 45 ans de Spirou, dans une histoire courte intitulée "La seule et unique histoire plus ou moins vraie de la jeunesse de Spirou racontée par l'oncle Paul", de Tome et Janry, et son histoire de cette semaine, réalisée par Janry, “avec un joli coup de main de Jacques Louis”, Janry ayant dit avoir du mal à scénariser des histoires plus longues que les gags en une planche, pourrait s’intituler "La seule et unique histoire plus ou moins vraie de la jeunesse de Tintin racontée par le petit Spirou". On y apprend que Tintin n’est pas son vrai nom (comme pour Spirou, c’est un pseudonyme, car depuis quelques années on sait que les personnages de BD n’ont plus le droit d’avoir des noms de fantaisie et doivent porter des noms sérieux et respectables, comme Donald, Duck et Trump ou Mickey, Mouse et L’ange), mais bien Constantin (comme La Donation) Broutin et que sa mèche est inspirée de celle de Spirou. Pour bien faire ressentir la transgression parodique, la couverture de Janry est plongée dans un clair-obscur à l’opposé du style de Rémi Georges, et les enfants sonts accompagnés d’un hérisson vraisemblablement nommé Kissifrot, symbole du terrain glissant appartenant à Tintinimaginatio, ex Moulinsart, ex Tintin licensing, sur lequel ils s’aventurent.
Autre histoire courte du numéro, une nouvelle série, annoncée en couverture, Gary C. Neel, Mon papy à l’ouest: festival de jeux de mots (ce serait donc ainsi que se prononce le nom de l’auteur de Lou!) du scénariste Ced et du dessinateur Gorobei, qui ont fait plusieurs séries jeunesse ensemble, et celle-ci est la troisième rien que dans Spirou. C’est par ailleurs la seconde série western de Gorobei, après Doc Medoc (un émule du docteur Doxey) et Earp Stride, dans laquelle les personnages, au cou implanté dans le corps, ressemblaient à des pots de yaourt. Ici, Gorobei revient à son style Playmobil, dans lequel les personnages ne semblent pas avoir d’articulations ou d’expressions organiques, leurs organes paraissant emboîtés les uns dans les autres, comme papy C. Neel sur son âne. Plutôt efficace, cela donne immédiatement le ton, entre parodie et décalage, de ses séries, comme le sont aussi Denise et Charles/ Les Lolicornes (chez Dupuis, aussi avec Ced). Et ce système de dessin où l’artificialité est poussée à fond offre une plus large palette d’expressions que celui de Clémence Perault, dans Léon et Léna, où le même système est moins assumé et plus pris dans ses propres limites.
Sans tomber dans les jugements extrêmes à la Roy Lichtenstein selon qui le dessin de BD n’inventait rien graphiquement, il faut reconnaitre que celui-ci est propice au dessin conçu comme système graphique, le tout étant qu’il soit pensé comme tel, comme chez les grands maîtres de ce type de BD, Morris ou Schulz, ou même qu’il soit forcé par les limites graphiques du dessinateur. L’avantage est que, dans un tel système, le dessinateur peut faire de ses propres limites une force, comme Midam (et ses collaborateurs au dessin Ian Dairin et Adam) dans Kid Paddle et Game over où la répétitivité fait partie du jeu. Tebo, dont le dessin extrêmement outrancier et codé pourrait vite faire apparaître ses limites évite aussi ce piège en faisant évoluer ses personnages dans un univers à la fois très défini et riche en imagination (comme les jeux vidéos de Kid Paddle), et la fertilité de sa mise en page: ici, tous les personnages en pieds, une première bande dont les trois cases sont unifiées par un trait représentant le sol, et sous ce sol les vignettes hors cases unifiées par un fond orange, sauf l’avant dernière vignette en plan américain sur fond blanc, amenant la dernière, une explosion de mouvement vers le haut, mise dans la diagonale de la première, la même gestuelle mais vers le bas. Tebo pense sa planche dans son entièreté, vraisemblablement plus que ses cases prises une par une, c’est un véritable auteur de BD. D’autres auteurs de ce numéro le sont tout autant, mais à une autre échelle. Au niveau du strip, Bernstein et Moog construisent chaque bande de Willy Woob comme un tout, avec leur bichromie de couleurs différentes par bande (qui fait d’autant plus ressurgir les couleurs multiples du tas de linge sale dans le deuxième strip), et leur titre dessiné. Au niveau du chapitre, Barth, Pomès et Drac font de même avec leur Lieutenant Bertillon, cette semaine celui-ci étant prisonnier dans une grotte de glace composée sur et par l’ensemble de la page. Munuera et Sedyas le font aussi dans une certaine mesure, les auteurs dynamisant leurs planches par la mise en page, tandis que la couleur et le dessin sont imbriqués par l’utilisation de trames, mais c’est circonstanciel à cet épisode des Cœurs de ferraille, qui compte peu de séquences d’action, et doit être frustrant pour Munuera, dessinateur du mouvement. Coïncidence, deux pages de gags de. ce numéro sont aussi construites sur l’ensemble de la planche: dans Pernille, Dav, Cyril Trichet et Esteban font un gaufrier de neuf cases représentant différentes vues d’un visage de troll en très gros plan, la case finale révélant qu’il se faisait taper dessus à coup de miroir, et on voyait y donc le reflet de son visage. Problème: les cases sont carrées, le miroir est circulaire, la planche est donc inaboutie. Dans Annabelle, pirate rebelle, Sti, Cédric Ghorbani et Cerise montrent un mousse fêtant un pont de bateau qui se balance, la dernière case montrant Annabelle faisant osciller le bateau pour faciliter le travail du mousse. Problème: le cadrage trop serré diminue l’effet de mouvement. Dans les deux cas, c’est le dessin de chaque case qui a été privilégié par rapport à l’ensemble de la planche, alors que, vu le sujet, c’aurait dû être l’inverse. Les auteurs sont trop pris dans les normes. Dans La leçon de BD, un très jeune auteur (14 ans) propre une planche très typée par l’outrance des couleurs et la radicalité des décors, mais la professeure Laurel lui conseille des clichés normés “pour plus de lisibilité”. Or cette page est maladroite mais très lisible, pour peu que le lecteur fasse un minuscule effort. Les clichés sont une paresse des auteurs faisant appel à une paresse des lecteurs.
Plaisir de trouver une série de planches de Nob dans lesquelles Dad est en vacances paraissant au moment des vraies vacances, c’est un des privilèges d’un magazine de pouvoir présenter des BD en un autre temps réel que celui des réseaux sociaux. Cette semaine, Panda, toute jeune, par sa lucidité et son absence de fantaisie, déprime l’encore plus jeune Ondine.
Bienvenue dans mon atelier est consacré à Elric, le dessinateur du Spirou “classique” La baie des cochons, on y apprend qu’il collectionne les éditions anciennes et a reçu un Fauve du patrimoine à Angoulême: trop gardien des traditions pour sa reprise de Spirou. En direct du futur annonce un spécial Jeux olympiques (après celui consacré aux JO au Louvre), le supplément est de petits autocollants du Petit Spirou, et les Jeux de F. Antoine et Rich se situent dans le cadre amusant du Resto du Z, géré par des clones de Zorglub.
Mais l’information la plus importante est le nouveau papier du journal, plus écologiste et responsable, et dont le rendu est “plutôt sympa”, comme disent les Spirou et Fantasio déformés de Sti dans La malédiction de la page 13: mat, et plus doux.
Ici un aperçu du numéro: https://www.spirou.com/actualites/somma ... s-dit-tout
Étonnante mise en abîme dans de numéro: Le Petit Spirou est apparu il y a plus de 40 ans a l’occasion d’un numéro de Spirou album + sur les 45 ans de Spirou, dans une histoire courte intitulée "La seule et unique histoire plus ou moins vraie de la jeunesse de Spirou racontée par l'oncle Paul", de Tome et Janry, et son histoire de cette semaine, réalisée par Janry, “avec un joli coup de main de Jacques Louis”, Janry ayant dit avoir du mal à scénariser des histoires plus longues que les gags en une planche, pourrait s’intituler "La seule et unique histoire plus ou moins vraie de la jeunesse de Tintin racontée par le petit Spirou". On y apprend que Tintin n’est pas son vrai nom (comme pour Spirou, c’est un pseudonyme, car depuis quelques années on sait que les personnages de BD n’ont plus le droit d’avoir des noms de fantaisie et doivent porter des noms sérieux et respectables, comme Donald, Duck et Trump ou Mickey, Mouse et L’ange), mais bien Constantin (comme La Donation) Broutin et que sa mèche est inspirée de celle de Spirou. Pour bien faire ressentir la transgression parodique, la couverture de Janry est plongée dans un clair-obscur à l’opposé du style de Rémi Georges, et les enfants sonts accompagnés d’un hérisson vraisemblablement nommé Kissifrot, symbole du terrain glissant appartenant à Tintinimaginatio, ex Moulinsart, ex Tintin licensing, sur lequel ils s’aventurent.
Autre histoire courte du numéro, une nouvelle série, annoncée en couverture, Gary C. Neel, Mon papy à l’ouest: festival de jeux de mots (ce serait donc ainsi que se prononce le nom de l’auteur de Lou!) du scénariste Ced et du dessinateur Gorobei, qui ont fait plusieurs séries jeunesse ensemble, et celle-ci est la troisième rien que dans Spirou. C’est par ailleurs la seconde série western de Gorobei, après Doc Medoc (un émule du docteur Doxey) et Earp Stride, dans laquelle les personnages, au cou implanté dans le corps, ressemblaient à des pots de yaourt. Ici, Gorobei revient à son style Playmobil, dans lequel les personnages ne semblent pas avoir d’articulations ou d’expressions organiques, leurs organes paraissant emboîtés les uns dans les autres, comme papy C. Neel sur son âne. Plutôt efficace, cela donne immédiatement le ton, entre parodie et décalage, de ses séries, comme le sont aussi Denise et Charles/ Les Lolicornes (chez Dupuis, aussi avec Ced). Et ce système de dessin où l’artificialité est poussée à fond offre une plus large palette d’expressions que celui de Clémence Perault, dans Léon et Léna, où le même système est moins assumé et plus pris dans ses propres limites.
Sans tomber dans les jugements extrêmes à la Roy Lichtenstein selon qui le dessin de BD n’inventait rien graphiquement, il faut reconnaitre que celui-ci est propice au dessin conçu comme système graphique, le tout étant qu’il soit pensé comme tel, comme chez les grands maîtres de ce type de BD, Morris ou Schulz, ou même qu’il soit forcé par les limites graphiques du dessinateur. L’avantage est que, dans un tel système, le dessinateur peut faire de ses propres limites une force, comme Midam (et ses collaborateurs au dessin Ian Dairin et Adam) dans Kid Paddle et Game over où la répétitivité fait partie du jeu. Tebo, dont le dessin extrêmement outrancier et codé pourrait vite faire apparaître ses limites évite aussi ce piège en faisant évoluer ses personnages dans un univers à la fois très défini et riche en imagination (comme les jeux vidéos de Kid Paddle), et la fertilité de sa mise en page: ici, tous les personnages en pieds, une première bande dont les trois cases sont unifiées par un trait représentant le sol, et sous ce sol les vignettes hors cases unifiées par un fond orange, sauf l’avant dernière vignette en plan américain sur fond blanc, amenant la dernière, une explosion de mouvement vers le haut, mise dans la diagonale de la première, la même gestuelle mais vers le bas. Tebo pense sa planche dans son entièreté, vraisemblablement plus que ses cases prises une par une, c’est un véritable auteur de BD. D’autres auteurs de ce numéro le sont tout autant, mais à une autre échelle. Au niveau du strip, Bernstein et Moog construisent chaque bande de Willy Woob comme un tout, avec leur bichromie de couleurs différentes par bande (qui fait d’autant plus ressurgir les couleurs multiples du tas de linge sale dans le deuxième strip), et leur titre dessiné. Au niveau du chapitre, Barth, Pomès et Drac font de même avec leur Lieutenant Bertillon, cette semaine celui-ci étant prisonnier dans une grotte de glace composée sur et par l’ensemble de la page. Munuera et Sedyas le font aussi dans une certaine mesure, les auteurs dynamisant leurs planches par la mise en page, tandis que la couleur et le dessin sont imbriqués par l’utilisation de trames, mais c’est circonstanciel à cet épisode des Cœurs de ferraille, qui compte peu de séquences d’action, et doit être frustrant pour Munuera, dessinateur du mouvement. Coïncidence, deux pages de gags de. ce numéro sont aussi construites sur l’ensemble de la planche: dans Pernille, Dav, Cyril Trichet et Esteban font un gaufrier de neuf cases représentant différentes vues d’un visage de troll en très gros plan, la case finale révélant qu’il se faisait taper dessus à coup de miroir, et on voyait y donc le reflet de son visage. Problème: les cases sont carrées, le miroir est circulaire, la planche est donc inaboutie. Dans Annabelle, pirate rebelle, Sti, Cédric Ghorbani et Cerise montrent un mousse fêtant un pont de bateau qui se balance, la dernière case montrant Annabelle faisant osciller le bateau pour faciliter le travail du mousse. Problème: le cadrage trop serré diminue l’effet de mouvement. Dans les deux cas, c’est le dessin de chaque case qui a été privilégié par rapport à l’ensemble de la planche, alors que, vu le sujet, c’aurait dû être l’inverse. Les auteurs sont trop pris dans les normes. Dans La leçon de BD, un très jeune auteur (14 ans) propre une planche très typée par l’outrance des couleurs et la radicalité des décors, mais la professeure Laurel lui conseille des clichés normés “pour plus de lisibilité”. Or cette page est maladroite mais très lisible, pour peu que le lecteur fasse un minuscule effort. Les clichés sont une paresse des auteurs faisant appel à une paresse des lecteurs.
Plaisir de trouver une série de planches de Nob dans lesquelles Dad est en vacances paraissant au moment des vraies vacances, c’est un des privilèges d’un magazine de pouvoir présenter des BD en un autre temps réel que celui des réseaux sociaux. Cette semaine, Panda, toute jeune, par sa lucidité et son absence de fantaisie, déprime l’encore plus jeune Ondine.
Bienvenue dans mon atelier est consacré à Elric, le dessinateur du Spirou “classique” La baie des cochons, on y apprend qu’il collectionne les éditions anciennes et a reçu un Fauve du patrimoine à Angoulême: trop gardien des traditions pour sa reprise de Spirou. En direct du futur annonce un spécial Jeux olympiques (après celui consacré aux JO au Louvre), le supplément est de petits autocollants du Petit Spirou, et les Jeux de F. Antoine et Rich se situent dans le cadre amusant du Resto du Z, géré par des clones de Zorglub.
Mais l’information la plus importante est le nouveau papier du journal, plus écologiste et responsable, et dont le rendu est “plutôt sympa”, comme disent les Spirou et Fantasio déformés de Sti dans La malédiction de la page 13: mat, et plus doux.
" Monólogo significa el mono que habla solo." Ramón Gómez de la Serna dans ses Greguerías.
-
- Spiroutiste Professionel
- Messages : 1370
- Enregistré le : ven. 13 déc. 2019 13:46
Re: Cette semaine dans le journal de Spirou j'ai aimé...
Numéro 4501 du 17/07/2024
Ici un aperçu du magazine: https://www.spirou.com/actualites/somma ... inattendue
Pour le début du deuxième épisode de Poltron Minet, Madd signe une belle couverture pastel, lumineuse, et intrigante dans l’opposition entre la mésange bleue réaliste et les animaux anthropomorphisés. L’entretien avec le scénariste Cédric Mayen est lui encore une fois pitoyable:
"Croyez-vous en la capacité de la BD à faire naître espoir ou humanisme chez de jeunes lecteurs ?
Cédric Mayen : Je ne ferais pas de la BD pour enfants sans en être persuadé. Pour moi, il est très important de faire passer des messages à nos jeunes lecteurs. Je ne voudrais pas qu'on puisse penser qu'on cherche à leur mettre en tête des idées politiques de manière détournée. Mon but est surtout de les pousser à réfléchir.
Poltron Minet est un cheval de Troie de vos idées militantes, en vrai !
C.M. Oui et non, car cette nouvelle aventure sera avant tout un prison movie, avec Poltron enfermé dans un étrange laboratoire scientifique... "
C’est un cheval de Troie pour son militantisme, tout en n’en n’étant pas un, bien qu’en en étant un. Il a l’air un peu perdu, ce garçon. D’ailleurs, peut-être que certains se font par sa harangue enfumer, mais on comprend bien que son militantisme est “antifa”, et pas contre tous les totalitarismes, pas contre ceux d’extrême gauche. Pourtant, il fait parler et se comporter les chasseurs comme de vrais beaufs ploucs. Prétendument ouvert et tolérant, mais promeut le racisme de classe https://nouvelles.univ-rennes2.fr/artic ... urs-patois Vraiment paumé, le pauvre. Heureusement qu’il a un éditeur et un dessinateur doués qui peuvent le recadrer dans son scénario et faire de Poltron Minet une intéressante série jeunesse, plus subtile que son discours de présentation.
Fin de Sans penser à demain (en 9ème semaine), troisième long (68 pages) épisode des Cœurs de ferraille, autre série militante symbolique aux
laïus et dialogues de Beka non issus d’un terreau de subtilité, mais sauvée par le terroir et l’engrais du dessin et couleurs de Munuera et Sedyas (ça peut vraiment être pénible et ridicule, hein, les métaphores? “Dans un vrai roman, on reste toujours dans le roman et on ne réclame pas d’être éclairé. Kafka, quant à lui, écrit des choses toutes simples, et cependant tout est d’une beauté extraordinaire, d’un pouvoir particulier de fascination, parce que c’est plein d’un sens singulier. Et plus on lit, plus tout devient plein de sens, sans jamais tomber dans le symbolisme, à Dieu ne plaise, dans l’allégorie.” Alfred Döblin, « Les romans de Kafka » (4 mars 1927), in L’art n’est pas libre, il agit. Écrits sur la littérature (1913- 1948). Traduit de l’allemand et présenté par Michel Vanoosthuyse.)
Fin aussi (en 12ème semaine) de Sedna, long également (72 pages) deuxième épisode des Enquêtes du Lieutenant Bertillon, série où les convictions des auteurices transparaissent aussi, mais dans laquelle l’histoire n’est pas qu’un véhicule pour celles-ci, où les personnages ont de vraies dimensions et les dialogues de Barth et Pomès sont exprimés et pas récités (hormis les délibérées platitudes grandiloquentes de Dylan dans ce dernier chapitre; dans Les cœurs de ferraille, quasi tous les dialogues ont l’air récités). Les auteurs y jouent par ailleurs à fond la carte des rebondissements improbables des feuilletons populaires, et ajoutent des territoires nouveaux au polar ethnographique (ou anthropologique?), genre pourtant bien exploré depuis Tony Hillerman et ses Navajos dans les années 70. Faire des récits bien plus longs que le traditionnel 44 pages permet aux lecteurices du magazine de passer un plus long temps avec elles, de mieux s’y plonger, tout en respectant la désormais nécessaire publication en maxi chapitres.
Discours clichés encore, mais volontairement de la part de Di Gregorio et Barbucci, pour la crise d’adolescence de Sarah, l’une des sœurs Grémillet, en pleine enquête tout aussi fantastique que celle du lieutenant Bertillon, également sur la découverte de soi mais sans passer par le biais policier, et où l’environnement naturel y joue un rôle aussi essentiel (c’est aussi ce qui aplati Les cœurs de ferraille, basé uniquement sur les rapports humains-robots, l’environnement naturel du sud-est américain n’y est pas mis en valeur, l'allégorie y gagnerait pourtant).
Le gag de Kid Paddle de Midam, Patelin, Dairin et Angèle me parle, où son père s’est planté une épine dans le doigt en taillant un buisson venimeux, moi qui me suis cette semaine fait piquer par un frelon en taillant des ronces et, bien qu’allergique, je n’ai pas dû arriver à l’extrémité de m’auto amputer…Le Game over de Midam, Patelin, Adam et BenBK est conçu sur des faux semblants graphiques, la collerette d’un naja en coiffe médiévale, un serpent pris pour une ceinture, et un troisième au corps copie d’une queue de marsupilami (renversement de la situation où c’est lui qui imite un serpent). L’Édito de Fabcaro et Fabrice Erre sur Spirou au lieu de Poltron Minet serait-il un message caché? Dans Annabelle Pirate Rebelle j’apprends par son scénariste Sti que les marins du XVIIIè siècle consommaient force navets (possible, le navet était alors un légume de base, les patates n’étant pas alors consommées en France avant la fin du siècle, à la différence de ce qui se faisait dans les territoires italiens ou germaniques; rigidité française…). Ou est-ce une fantaisie du dessinateur Cédric Ghorbani? De bons gags absurdes sur la subjectivité dans Les Fifiches du Proprofesseur de Lécroart, Des gens et inversement de Berth, et Tash et Trash de Dino, et toujours imaginatif sur la pollution des océans dans Fish n Chips de Cerq et Tom. Mais du même scénariste Damien Cerq, je n’arrive toujours pas à rentrer dans Léon et Léna, car je n’arrive pas à croire à une telle autorité de ces gamins sur les adultes. Par contre, les commentaires de leur Tuto dessiné, par Cerq et Clémence Perrault, sont amusants. Imagination encore, tant dans les historiettes que la mise en scène qui permet aux cultivateurs Paul Martin et Manu Boisteau de rendre toujours fertile le terrain pourtant si labouré de Titan inc. (C’est la semaine des métaphores agricoles, et en haute mer cette fois qui plus est…). Bonne métaphore cette fois, mais visuelle et de saison dans le Bon d’abonnement de Cromheecke et Thiriet (brochettes et mille-feuilles de pages de Spirou au programme). Dans Dad flashbacks de Nob, la toute jeune Panda était déjà manipulatrice.
Dans le rédactionnel, l’invitée des BD de ma vie est Carbone, autrice jeunesse, scénariste de plusieurs BD publiées chez Dupuis, parues dans Spirou ou non (Rainbows Girls, avec Hélène Canac, des magical girls) et ailleurs, et romancière (ainsi Les secrets de Pandorient, illustré par Myrtille Tournefeuille, dérivé de la BD La boîte à musique, dessinée par Gijé). Elle y est caricaturée par Marko, son dessinateur pour La Brigade des souvenirs (une première histoire publiée dans Spirou, pas les suivantes), et, fidèle, y évoque des auteurices avec qui elle travaille (Julien Monnier, dessinateur des Sauveurs d’esprit, dont une histoire courte est passée dans Spirou, mais pas les histoires longues) ou qu’elle connait (Chaibi Oueslati, autrice d’une biographie d’Oum Kalthoum), ou des auteurices engagées comme Carole Maurel, qui a sorti récemment Bobigny 1972, affaire qui a permis à Gisèle Halimi (sur laquelle deux bios en BD sont aussi sorties l’an dernier, dont une dessinée par Marko justement) de faire dépénaliser l’avortement. En direct du futur est une pub pour un nouveau film de Largo Winch. Le deuxième était sorti 3 ans après le premier, et a moins bien marché, le troisième sort 13 ans plus tard, les producteurs escomptant ce temps pour que les spectateurs aient oublié leur déconvenue.
Les Jeux de Joann et Annie Pastor est un savoureux, inattendu et pertinent cross-over de la famille Marsupilami et de Capitaine Anchois.
Le supplément de Thomas Mathieu d’après Dad est présenté comme un popstatic, il s’agit en fait d’un puzzle multifacettes.
Ici un aperçu du magazine: https://www.spirou.com/actualites/somma ... inattendue
Pour le début du deuxième épisode de Poltron Minet, Madd signe une belle couverture pastel, lumineuse, et intrigante dans l’opposition entre la mésange bleue réaliste et les animaux anthropomorphisés. L’entretien avec le scénariste Cédric Mayen est lui encore une fois pitoyable:
"Croyez-vous en la capacité de la BD à faire naître espoir ou humanisme chez de jeunes lecteurs ?
Cédric Mayen : Je ne ferais pas de la BD pour enfants sans en être persuadé. Pour moi, il est très important de faire passer des messages à nos jeunes lecteurs. Je ne voudrais pas qu'on puisse penser qu'on cherche à leur mettre en tête des idées politiques de manière détournée. Mon but est surtout de les pousser à réfléchir.
Poltron Minet est un cheval de Troie de vos idées militantes, en vrai !
C.M. Oui et non, car cette nouvelle aventure sera avant tout un prison movie, avec Poltron enfermé dans un étrange laboratoire scientifique... "
C’est un cheval de Troie pour son militantisme, tout en n’en n’étant pas un, bien qu’en en étant un. Il a l’air un peu perdu, ce garçon. D’ailleurs, peut-être que certains se font par sa harangue enfumer, mais on comprend bien que son militantisme est “antifa”, et pas contre tous les totalitarismes, pas contre ceux d’extrême gauche. Pourtant, il fait parler et se comporter les chasseurs comme de vrais beaufs ploucs. Prétendument ouvert et tolérant, mais promeut le racisme de classe https://nouvelles.univ-rennes2.fr/artic ... urs-patois Vraiment paumé, le pauvre. Heureusement qu’il a un éditeur et un dessinateur doués qui peuvent le recadrer dans son scénario et faire de Poltron Minet une intéressante série jeunesse, plus subtile que son discours de présentation.
Fin de Sans penser à demain (en 9ème semaine), troisième long (68 pages) épisode des Cœurs de ferraille, autre série militante symbolique aux
laïus et dialogues de Beka non issus d’un terreau de subtilité, mais sauvée par le terroir et l’engrais du dessin et couleurs de Munuera et Sedyas (ça peut vraiment être pénible et ridicule, hein, les métaphores? “Dans un vrai roman, on reste toujours dans le roman et on ne réclame pas d’être éclairé. Kafka, quant à lui, écrit des choses toutes simples, et cependant tout est d’une beauté extraordinaire, d’un pouvoir particulier de fascination, parce que c’est plein d’un sens singulier. Et plus on lit, plus tout devient plein de sens, sans jamais tomber dans le symbolisme, à Dieu ne plaise, dans l’allégorie.” Alfred Döblin, « Les romans de Kafka » (4 mars 1927), in L’art n’est pas libre, il agit. Écrits sur la littérature (1913- 1948). Traduit de l’allemand et présenté par Michel Vanoosthuyse.)
Fin aussi (en 12ème semaine) de Sedna, long également (72 pages) deuxième épisode des Enquêtes du Lieutenant Bertillon, série où les convictions des auteurices transparaissent aussi, mais dans laquelle l’histoire n’est pas qu’un véhicule pour celles-ci, où les personnages ont de vraies dimensions et les dialogues de Barth et Pomès sont exprimés et pas récités (hormis les délibérées platitudes grandiloquentes de Dylan dans ce dernier chapitre; dans Les cœurs de ferraille, quasi tous les dialogues ont l’air récités). Les auteurs y jouent par ailleurs à fond la carte des rebondissements improbables des feuilletons populaires, et ajoutent des territoires nouveaux au polar ethnographique (ou anthropologique?), genre pourtant bien exploré depuis Tony Hillerman et ses Navajos dans les années 70. Faire des récits bien plus longs que le traditionnel 44 pages permet aux lecteurices du magazine de passer un plus long temps avec elles, de mieux s’y plonger, tout en respectant la désormais nécessaire publication en maxi chapitres.
Discours clichés encore, mais volontairement de la part de Di Gregorio et Barbucci, pour la crise d’adolescence de Sarah, l’une des sœurs Grémillet, en pleine enquête tout aussi fantastique que celle du lieutenant Bertillon, également sur la découverte de soi mais sans passer par le biais policier, et où l’environnement naturel y joue un rôle aussi essentiel (c’est aussi ce qui aplati Les cœurs de ferraille, basé uniquement sur les rapports humains-robots, l’environnement naturel du sud-est américain n’y est pas mis en valeur, l'allégorie y gagnerait pourtant).
Le gag de Kid Paddle de Midam, Patelin, Dairin et Angèle me parle, où son père s’est planté une épine dans le doigt en taillant un buisson venimeux, moi qui me suis cette semaine fait piquer par un frelon en taillant des ronces et, bien qu’allergique, je n’ai pas dû arriver à l’extrémité de m’auto amputer…Le Game over de Midam, Patelin, Adam et BenBK est conçu sur des faux semblants graphiques, la collerette d’un naja en coiffe médiévale, un serpent pris pour une ceinture, et un troisième au corps copie d’une queue de marsupilami (renversement de la situation où c’est lui qui imite un serpent). L’Édito de Fabcaro et Fabrice Erre sur Spirou au lieu de Poltron Minet serait-il un message caché? Dans Annabelle Pirate Rebelle j’apprends par son scénariste Sti que les marins du XVIIIè siècle consommaient force navets (possible, le navet était alors un légume de base, les patates n’étant pas alors consommées en France avant la fin du siècle, à la différence de ce qui se faisait dans les territoires italiens ou germaniques; rigidité française…). Ou est-ce une fantaisie du dessinateur Cédric Ghorbani? De bons gags absurdes sur la subjectivité dans Les Fifiches du Proprofesseur de Lécroart, Des gens et inversement de Berth, et Tash et Trash de Dino, et toujours imaginatif sur la pollution des océans dans Fish n Chips de Cerq et Tom. Mais du même scénariste Damien Cerq, je n’arrive toujours pas à rentrer dans Léon et Léna, car je n’arrive pas à croire à une telle autorité de ces gamins sur les adultes. Par contre, les commentaires de leur Tuto dessiné, par Cerq et Clémence Perrault, sont amusants. Imagination encore, tant dans les historiettes que la mise en scène qui permet aux cultivateurs Paul Martin et Manu Boisteau de rendre toujours fertile le terrain pourtant si labouré de Titan inc. (C’est la semaine des métaphores agricoles, et en haute mer cette fois qui plus est…). Bonne métaphore cette fois, mais visuelle et de saison dans le Bon d’abonnement de Cromheecke et Thiriet (brochettes et mille-feuilles de pages de Spirou au programme). Dans Dad flashbacks de Nob, la toute jeune Panda était déjà manipulatrice.
Dans le rédactionnel, l’invitée des BD de ma vie est Carbone, autrice jeunesse, scénariste de plusieurs BD publiées chez Dupuis, parues dans Spirou ou non (Rainbows Girls, avec Hélène Canac, des magical girls) et ailleurs, et romancière (ainsi Les secrets de Pandorient, illustré par Myrtille Tournefeuille, dérivé de la BD La boîte à musique, dessinée par Gijé). Elle y est caricaturée par Marko, son dessinateur pour La Brigade des souvenirs (une première histoire publiée dans Spirou, pas les suivantes), et, fidèle, y évoque des auteurices avec qui elle travaille (Julien Monnier, dessinateur des Sauveurs d’esprit, dont une histoire courte est passée dans Spirou, mais pas les histoires longues) ou qu’elle connait (Chaibi Oueslati, autrice d’une biographie d’Oum Kalthoum), ou des auteurices engagées comme Carole Maurel, qui a sorti récemment Bobigny 1972, affaire qui a permis à Gisèle Halimi (sur laquelle deux bios en BD sont aussi sorties l’an dernier, dont une dessinée par Marko justement) de faire dépénaliser l’avortement. En direct du futur est une pub pour un nouveau film de Largo Winch. Le deuxième était sorti 3 ans après le premier, et a moins bien marché, le troisième sort 13 ans plus tard, les producteurs escomptant ce temps pour que les spectateurs aient oublié leur déconvenue.
Les Jeux de Joann et Annie Pastor est un savoureux, inattendu et pertinent cross-over de la famille Marsupilami et de Capitaine Anchois.
Le supplément de Thomas Mathieu d’après Dad est présenté comme un popstatic, il s’agit en fait d’un puzzle multifacettes.
" Monólogo significa el mono que habla solo." Ramón Gómez de la Serna dans ses Greguerías.
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Re: Cette semaine dans le journal de Spirou j'ai aimé...
Numéro 4502 du 24/07/2024
Ici un aperçu du numéro https://www.spirou.com/actualites/somma ... special-jo
Encore un numéro sur les JO, parce qu’ils se passent à Paris. Aura-t-on toute une année de numéros spéciaux JO lorsque ceux-ci se tiendront à Marcinelle?
Sur la couverture de Munuera, le marsupilami devant la Tour Eiffel, porteur de la mascotte des jeux, un bonnet phrygien, symbolise-t-il des jeux républicains? Il annonce aussi Marsu aux J.O., un reportage écrit de Maxime Gillio (auteur de polar dunkerquois, comme Alain Dodier, dont le héros est le capitaine Dacié, comme Marc Dacier, auteur prédestiné à écrire dans Spirou donc) illustré par Munuera. Le Marsupilami avait déjà perturbé des attractions sportives à Champignac, en 1970, sous le pinceau de Franquin. Et justement, l’une des historiettes de ce reportage reprend textuellement une phrase d’une des planches de Franquin, sans indiquer l’auteur, ni même que c’est un emprunt (peu délicat). Le marsupilami est par ailleurs présent dans une autre histoire, une courte BD intitulée La chasse, qui n’a aucun rapport avec le thème du numéro (même si la chasse est considérée par certains comme un sport, elle n’est pas une discipline olympique. Dommage, cela provoquerait des remous bien plus forts que la cérémonie d’ouverture des JO de cette année…). L’histoire des Beka, une nouvelle confrontation entre Bring M. Backalive et un marsupilami sans nouveau gags (reprise de la branche tendue en catapulte) et la voix-off décalque des discours de monsieur Mégot, le prof de gym du Petit Spirou, n’ont pas d’intérêt, mais le dessin de Marko, avec les décors simplement esquissés, noyés dans une masse de dégradés verts, à l’opposé de la luxuriance de la jungle de Franquin, et les personnages simplifiés, dans la technique de Benjamin Renner, sont expressifs et dynamiques.
Les Fabrice, bien qu’ayant une fois de plus démontré leur incompétence dans L’Édito, sont envoyé en reportage sur les JO, celui-ci est calamiteux évidemment. Les couleurs de Sandrine Greff, en nuanciers de rouge et bleu, font bien ressortir la succession des situations. De nouveaux venus dans le journal, qui ont réalisé ensemble Sven et Tanka (un viking et un indien, album jeunesse chez Dupuis), Rémy Benjamin au scénario et Brice Follet (encore un dessinateur homonyme chez Spirou…) aux dessin et couleurs, deux historiettes sur le thème des JO et de la tolérance à la différence, mais qui autrement n’ont rien à voir: Pépé olympique, dans l’esprit du sport, avec la Tour Eiffel en fond, au dessin Marcinelle simplifié, et Le tournoi galactique, plus gag, dans l’espace, au dessin Marcinelle plus nerveux. L’important, c’est de ne pas zapper, une double page gag de Bernstein, Bercovici et Dominique Thomas (couleurs) sur des sportifs en pantoufles qui ont revêtu une tenue de sport, et Le message, de Sti, aussi sur les sportifs en chambre, témoigne de la sédentarité légendaire des auteurs de BD, à laquelle Morgan Di Salvia, rédacteur en chef et coach, Bernstein, et Julien Marlière, photo-monteur, ont décidé de remédier dans un roman-photo mettant en scène la rédaction intitulé Le Running…Gag! (au sens propre donc). Le moustachu de la rédaction apparu dans le numéro 4498/99 et qui m’était inconnu serait donc Julien Marlière, indiqué dans l’ours comme graphiste. J’ai un problème avec les romans photos, statiques par le fait que les dessins de BD doivent être conçus dans un ensemble narratif, ce qu’une photo ne peut pas faire, et le fait que les acteurs surjouent pour compenser cette absence de dynamisme n’arrange rien. Enfin, un quiz, illustré par Midam, pour déterminer si on est “plutôt cardio ou muscu”. Selon moi, c’est un test, pas un quiz, m’enfin…
Les séries habituelles sont aussi sur le thème des JO: Kid Paddle, de Midam, Dairin et Angèle (“Rome et ses fameux combats de radiateurs" m’ont fait bien rire. Évidemment, c’est moins drôle hors contexte). Willy Woob, de Bernstein et Moog, et ses jeux de mots douteux et rafraichissants sur les compétitions sportives, ce sont les JO de la candeur. Deux gags de Crash Tex, de Dab’s et Gom, dont un sur le kayak, attendu mais amusant dans sa mise en forme (le kayak jaune qui, écrasé sur et par un rocher, se déforme en banane). Dad flashbacks de Nob et les jeux de plage, “champion olympique de la flemme” . Tash et Trash de Dino, Les Fifiches du Proprofesseur de Lécroart, sur un match entre cigales et fourmis, Des gens et inversement de Berth, sur la discipline de contre-plongée, Fish n chips de Cerq et Tom, jeu de filet (de pêche), le Bulletin d’abonnement de Cromheecke et Thiriet, Spoirou et Fantasperge de Sti, qui ont reçu une médaille d’or et une d’argent, ce qui les met aux places 1-3, et enfin des Jeux ©Studio Peyo sur les Schtroumpfs aux Jeux olympiques™, et Bienvenue dans ma compétition, sur l’autrice allemande Zelba (plusieurs ouvrage publiés en français), qui a gagné un titre mondial en aviron avant de passer à la BD, où elle estime que la réussite est plus difficile car “le mental ne suffit pas”, assertion qui porte un coup à la légende précitée.
Dans les (à suivre), Poltron Minet arrive prisonnier dans un laboratoire pharmaceutique, où il rencontre un rat brun, mais noir d’esprit (est-ce lui qui est censé être inspiré d’Anthracite, l’ennemi de Chlorophylle de Macherot?). Problème de scénario à priori: tous les animaux parlant communiquent entre eux, ce qui passerait en tant que convention scénaristique, comme les personnages globe-trotter qui savent parler toutes les langues, mais ici c’est voulu être justifié scientifiquement sous le terme de communication interespèces, qui ne fonctionne pas du tout ainsi. Peut-être l’explication viendra-t-elle plus tard (même si l’album est déjà paru, je joue le jeu de la lecture hebdomadaire). Séquence de transition pour les Sœurs Grémillet, qui explorent le parc néo-classique de la villa, durant les ultimes préparatifs du mariage.
Enfin, dans La leçon de BD, Dutreix donne de bons conseils sur la gestion de la mise en page, et sur l’utilisation et l’importance des informations données dans une BD, du point de vue de l’histoire, et En direct du futur annonce une nouvelle histoire (à suivre) des Cavaliers de l’apocadispe, de Libon.
Ici un aperçu du numéro https://www.spirou.com/actualites/somma ... special-jo
Encore un numéro sur les JO, parce qu’ils se passent à Paris. Aura-t-on toute une année de numéros spéciaux JO lorsque ceux-ci se tiendront à Marcinelle?
Sur la couverture de Munuera, le marsupilami devant la Tour Eiffel, porteur de la mascotte des jeux, un bonnet phrygien, symbolise-t-il des jeux républicains? Il annonce aussi Marsu aux J.O., un reportage écrit de Maxime Gillio (auteur de polar dunkerquois, comme Alain Dodier, dont le héros est le capitaine Dacié, comme Marc Dacier, auteur prédestiné à écrire dans Spirou donc) illustré par Munuera. Le Marsupilami avait déjà perturbé des attractions sportives à Champignac, en 1970, sous le pinceau de Franquin. Et justement, l’une des historiettes de ce reportage reprend textuellement une phrase d’une des planches de Franquin, sans indiquer l’auteur, ni même que c’est un emprunt (peu délicat). Le marsupilami est par ailleurs présent dans une autre histoire, une courte BD intitulée La chasse, qui n’a aucun rapport avec le thème du numéro (même si la chasse est considérée par certains comme un sport, elle n’est pas une discipline olympique. Dommage, cela provoquerait des remous bien plus forts que la cérémonie d’ouverture des JO de cette année…). L’histoire des Beka, une nouvelle confrontation entre Bring M. Backalive et un marsupilami sans nouveau gags (reprise de la branche tendue en catapulte) et la voix-off décalque des discours de monsieur Mégot, le prof de gym du Petit Spirou, n’ont pas d’intérêt, mais le dessin de Marko, avec les décors simplement esquissés, noyés dans une masse de dégradés verts, à l’opposé de la luxuriance de la jungle de Franquin, et les personnages simplifiés, dans la technique de Benjamin Renner, sont expressifs et dynamiques.
Les Fabrice, bien qu’ayant une fois de plus démontré leur incompétence dans L’Édito, sont envoyé en reportage sur les JO, celui-ci est calamiteux évidemment. Les couleurs de Sandrine Greff, en nuanciers de rouge et bleu, font bien ressortir la succession des situations. De nouveaux venus dans le journal, qui ont réalisé ensemble Sven et Tanka (un viking et un indien, album jeunesse chez Dupuis), Rémy Benjamin au scénario et Brice Follet (encore un dessinateur homonyme chez Spirou…) aux dessin et couleurs, deux historiettes sur le thème des JO et de la tolérance à la différence, mais qui autrement n’ont rien à voir: Pépé olympique, dans l’esprit du sport, avec la Tour Eiffel en fond, au dessin Marcinelle simplifié, et Le tournoi galactique, plus gag, dans l’espace, au dessin Marcinelle plus nerveux. L’important, c’est de ne pas zapper, une double page gag de Bernstein, Bercovici et Dominique Thomas (couleurs) sur des sportifs en pantoufles qui ont revêtu une tenue de sport, et Le message, de Sti, aussi sur les sportifs en chambre, témoigne de la sédentarité légendaire des auteurs de BD, à laquelle Morgan Di Salvia, rédacteur en chef et coach, Bernstein, et Julien Marlière, photo-monteur, ont décidé de remédier dans un roman-photo mettant en scène la rédaction intitulé Le Running…Gag! (au sens propre donc). Le moustachu de la rédaction apparu dans le numéro 4498/99 et qui m’était inconnu serait donc Julien Marlière, indiqué dans l’ours comme graphiste. J’ai un problème avec les romans photos, statiques par le fait que les dessins de BD doivent être conçus dans un ensemble narratif, ce qu’une photo ne peut pas faire, et le fait que les acteurs surjouent pour compenser cette absence de dynamisme n’arrange rien. Enfin, un quiz, illustré par Midam, pour déterminer si on est “plutôt cardio ou muscu”. Selon moi, c’est un test, pas un quiz, m’enfin…
Les séries habituelles sont aussi sur le thème des JO: Kid Paddle, de Midam, Dairin et Angèle (“Rome et ses fameux combats de radiateurs" m’ont fait bien rire. Évidemment, c’est moins drôle hors contexte). Willy Woob, de Bernstein et Moog, et ses jeux de mots douteux et rafraichissants sur les compétitions sportives, ce sont les JO de la candeur. Deux gags de Crash Tex, de Dab’s et Gom, dont un sur le kayak, attendu mais amusant dans sa mise en forme (le kayak jaune qui, écrasé sur et par un rocher, se déforme en banane). Dad flashbacks de Nob et les jeux de plage, “champion olympique de la flemme” . Tash et Trash de Dino, Les Fifiches du Proprofesseur de Lécroart, sur un match entre cigales et fourmis, Des gens et inversement de Berth, sur la discipline de contre-plongée, Fish n chips de Cerq et Tom, jeu de filet (de pêche), le Bulletin d’abonnement de Cromheecke et Thiriet, Spoirou et Fantasperge de Sti, qui ont reçu une médaille d’or et une d’argent, ce qui les met aux places 1-3, et enfin des Jeux ©Studio Peyo sur les Schtroumpfs aux Jeux olympiques™, et Bienvenue dans ma compétition, sur l’autrice allemande Zelba (plusieurs ouvrage publiés en français), qui a gagné un titre mondial en aviron avant de passer à la BD, où elle estime que la réussite est plus difficile car “le mental ne suffit pas”, assertion qui porte un coup à la légende précitée.
Dans les (à suivre), Poltron Minet arrive prisonnier dans un laboratoire pharmaceutique, où il rencontre un rat brun, mais noir d’esprit (est-ce lui qui est censé être inspiré d’Anthracite, l’ennemi de Chlorophylle de Macherot?). Problème de scénario à priori: tous les animaux parlant communiquent entre eux, ce qui passerait en tant que convention scénaristique, comme les personnages globe-trotter qui savent parler toutes les langues, mais ici c’est voulu être justifié scientifiquement sous le terme de communication interespèces, qui ne fonctionne pas du tout ainsi. Peut-être l’explication viendra-t-elle plus tard (même si l’album est déjà paru, je joue le jeu de la lecture hebdomadaire). Séquence de transition pour les Sœurs Grémillet, qui explorent le parc néo-classique de la villa, durant les ultimes préparatifs du mariage.
Enfin, dans La leçon de BD, Dutreix donne de bons conseils sur la gestion de la mise en page, et sur l’utilisation et l’importance des informations données dans une BD, du point de vue de l’histoire, et En direct du futur annonce une nouvelle histoire (à suivre) des Cavaliers de l’apocadispe, de Libon.
" Monólogo significa el mono que habla solo." Ramón Gómez de la Serna dans ses Greguerías.
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- Spiroutiste Professionel
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- Enregistré le : ven. 13 déc. 2019 13:46
Re: Cette semaine dans le journal de Spirou j'ai aimé...
Numéro 4503 du 31/07/2024
Ici un aperçu du numéro https://www.spirou.com/actualites/somma ... sieme-fish
Bonne couverture de Midam, son petit barbare dans un sous-marin zoomorphe, provoquant la surprise du modèle comme de la copie. On retrouve dispersés dans ce numéro trois gags de Game over, signés Midam, Benz ou Patelin au scénario, Midam et Adam au dessin, et Angèle aux couleurs, dont deux en deux pages, dont un présentant des robots d’apparence déglinguée qui pourraient être issus du pinceau de Bottaro, qui se recomposent dans un dessin pleine page en un monstrueux cyber dont j’ai du mal à identifier l’origine, ni vraiment japonaise, ni vraiment étatsunienne, une chimère réussie. Les Jeux de Romain Garouste présentent le petit barbare et sa princesse dans un paysage désertique traversé de fleuves de lave, Spirou et Fantasperge de Sti font appel pour résoudre le Mystère de la page 13 à Jérôme K. Jérôme Blork, Cromheecke et Thiriet illustrent le jeu World of abonnement, et les Fabrice en profitent pour construire un Tetris 3D grandeur nature, ce qui ne signifie rien pour ce jeu vidéo, mais leur permet d’élever un mur de briques colorées (par une secrétaire de rédaction aux cheveux gris, et par Sandrine Greff en réalité).
Le fait qu’il n’y ait que deux séries (à suivre) dans ce numéro a permis la plaisante surprise d’y trouver plusieurs histoires courtes. Une de Raowl, superbement mise en scène par Tebo sur une double page, sur le sujet de “Comment faire le ménage en s’amusant?”, et la double planche est découpée en trois zones s’interpénétrant, une sur fond rose, avec des empilements de vaisselle grise et moisie, rappelant eux aussi les robots de Bottaro, une autre sur fond blanc, noyée sous la mousse des produits vaisselle, et une autre sur fond bleu, Raowl et son apprenti plongeant pour déboucher l’évier. Une enquête de Marc et Pep, de Nicoby et Ory, qui se présente délibérément comme une énigme à résoudre, Marc interpellant le lecteur sur 3 preuves à trouver, mais ces quatre pages exposent un autre niveau de lecture sur les préjugés sociaux, pour se conclure comme souvent sur un jeu de mots jouant sur les apparences, bien dans l’esprit de l’enquête. Six pages pour la 14è histoire des Petits métiers méconnus de Vincent Zabus, cette fois très joliment mise en scène et en couleurs (remarquables, faisant partie du dessin et de la mise en page) par Charles Berberian. Pour une fois, ce petit métier ne préexiste pas à l’histoire mais s’y créé, c'est un guide du musée des anonymes, consacré aux objets retraçant la vie des gens ordinaires, La vie mode d’emploi de Perec y figurant en bonne place. Enfin, quatre pages réussies des Histoires naturelles de Fred Bernard et Thomas Baas, le sujet des espèces endémiques s’accordant parfaitement au cadre choisi des gorges de Daluis, dans les Alpes-Maritimes, pour présenter ces espèces discrètes et menacées. Pour info, le nombre cité de 100 espèces disparaissant en moyenne chaque jour, controversé, vient du Programme des Nations Unies pour l’environnement https://www.un.org/french/pubs/chroniqu ... agile.html
Pour le reste, d’amusants gags de Crash Tex, Fifiches du Proprofesseur, des Gens et inversement (assez peu ragoutant), Fish n chips, Tash et Trash, du cow-boy retraité Gary C. Neel, de Titan inc., avec l’arrivée de la cinéaste Jane Kamron et sa star Tom Flouz, venus faire un film sur le naufrage, Paul Martin et Manu Boistau parvenant à traiter toujours de nouveaux thèmes par leur univers pourtant si contraint, et dans Dad flashbacks de Nob, Ondine à la plage s’est mise en tête de trouver une copine à Dad.
Chapitre annonçant une catastrophe lors du mariage de l’amie de leur mère à laquelle elles sont venues assister par les sœurs Grémillet qui n’en font chacune qu’à leur tête séparément et, après l’ambiance SF du chapitre précédent, ambiance fantasy avec massacre et luttes de pouvoir dans Poltron Minet.
Bienvenue dans ma bibliothèque est consacré à Laudec, le Liègeois qui connait le mieux Paris apprend-on, et qui lit surtout des classiques, comme on peut le voir sur la photo de sa bibliothèque, où dominent largement les 48CC. Spirou et moi est de Brice Follet, auteur jeunesse dont on a lu deux histoires dans Spirou la semaine précédente, En direct du futur annonce le prochain Tokyo Mystery Café (en 2025) et la sortie du premier album dans une nouvelle collection de polar de Dupuis, aux côtés de Lieutenant Bertillon, et d'American Parano, d'Hervé Bourhis et Lucas Varela, non publiable dans Spirou, et le supplément abonné est une affiche romantique des Cœurs de ferraille, par Munuera, pour conclure l’histoire terminée dans le numéro précédent.
Ici un aperçu du numéro https://www.spirou.com/actualites/somma ... sieme-fish
Bonne couverture de Midam, son petit barbare dans un sous-marin zoomorphe, provoquant la surprise du modèle comme de la copie. On retrouve dispersés dans ce numéro trois gags de Game over, signés Midam, Benz ou Patelin au scénario, Midam et Adam au dessin, et Angèle aux couleurs, dont deux en deux pages, dont un présentant des robots d’apparence déglinguée qui pourraient être issus du pinceau de Bottaro, qui se recomposent dans un dessin pleine page en un monstrueux cyber dont j’ai du mal à identifier l’origine, ni vraiment japonaise, ni vraiment étatsunienne, une chimère réussie. Les Jeux de Romain Garouste présentent le petit barbare et sa princesse dans un paysage désertique traversé de fleuves de lave, Spirou et Fantasperge de Sti font appel pour résoudre le Mystère de la page 13 à Jérôme K. Jérôme Blork, Cromheecke et Thiriet illustrent le jeu World of abonnement, et les Fabrice en profitent pour construire un Tetris 3D grandeur nature, ce qui ne signifie rien pour ce jeu vidéo, mais leur permet d’élever un mur de briques colorées (par une secrétaire de rédaction aux cheveux gris, et par Sandrine Greff en réalité).
Le fait qu’il n’y ait que deux séries (à suivre) dans ce numéro a permis la plaisante surprise d’y trouver plusieurs histoires courtes. Une de Raowl, superbement mise en scène par Tebo sur une double page, sur le sujet de “Comment faire le ménage en s’amusant?”, et la double planche est découpée en trois zones s’interpénétrant, une sur fond rose, avec des empilements de vaisselle grise et moisie, rappelant eux aussi les robots de Bottaro, une autre sur fond blanc, noyée sous la mousse des produits vaisselle, et une autre sur fond bleu, Raowl et son apprenti plongeant pour déboucher l’évier. Une enquête de Marc et Pep, de Nicoby et Ory, qui se présente délibérément comme une énigme à résoudre, Marc interpellant le lecteur sur 3 preuves à trouver, mais ces quatre pages exposent un autre niveau de lecture sur les préjugés sociaux, pour se conclure comme souvent sur un jeu de mots jouant sur les apparences, bien dans l’esprit de l’enquête. Six pages pour la 14è histoire des Petits métiers méconnus de Vincent Zabus, cette fois très joliment mise en scène et en couleurs (remarquables, faisant partie du dessin et de la mise en page) par Charles Berberian. Pour une fois, ce petit métier ne préexiste pas à l’histoire mais s’y créé, c'est un guide du musée des anonymes, consacré aux objets retraçant la vie des gens ordinaires, La vie mode d’emploi de Perec y figurant en bonne place. Enfin, quatre pages réussies des Histoires naturelles de Fred Bernard et Thomas Baas, le sujet des espèces endémiques s’accordant parfaitement au cadre choisi des gorges de Daluis, dans les Alpes-Maritimes, pour présenter ces espèces discrètes et menacées. Pour info, le nombre cité de 100 espèces disparaissant en moyenne chaque jour, controversé, vient du Programme des Nations Unies pour l’environnement https://www.un.org/french/pubs/chroniqu ... agile.html
Pour le reste, d’amusants gags de Crash Tex, Fifiches du Proprofesseur, des Gens et inversement (assez peu ragoutant), Fish n chips, Tash et Trash, du cow-boy retraité Gary C. Neel, de Titan inc., avec l’arrivée de la cinéaste Jane Kamron et sa star Tom Flouz, venus faire un film sur le naufrage, Paul Martin et Manu Boistau parvenant à traiter toujours de nouveaux thèmes par leur univers pourtant si contraint, et dans Dad flashbacks de Nob, Ondine à la plage s’est mise en tête de trouver une copine à Dad.
Chapitre annonçant une catastrophe lors du mariage de l’amie de leur mère à laquelle elles sont venues assister par les sœurs Grémillet qui n’en font chacune qu’à leur tête séparément et, après l’ambiance SF du chapitre précédent, ambiance fantasy avec massacre et luttes de pouvoir dans Poltron Minet.
Bienvenue dans ma bibliothèque est consacré à Laudec, le Liègeois qui connait le mieux Paris apprend-on, et qui lit surtout des classiques, comme on peut le voir sur la photo de sa bibliothèque, où dominent largement les 48CC. Spirou et moi est de Brice Follet, auteur jeunesse dont on a lu deux histoires dans Spirou la semaine précédente, En direct du futur annonce le prochain Tokyo Mystery Café (en 2025) et la sortie du premier album dans une nouvelle collection de polar de Dupuis, aux côtés de Lieutenant Bertillon, et d'American Parano, d'Hervé Bourhis et Lucas Varela, non publiable dans Spirou, et le supplément abonné est une affiche romantique des Cœurs de ferraille, par Munuera, pour conclure l’histoire terminée dans le numéro précédent.
" Monólogo significa el mono que habla solo." Ramón Gómez de la Serna dans ses Greguerías.
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Re: Cette semaine dans le journal de Spirou j'ai aimé...
Numéro 4504 du 07/08/2024
Ici un aperçu du numéro https://www.spirou.com/actualites/somma ... u-suspense
Couverture très réussie pour la suite de Spirou et Fantasio: un grand cercle sur fond uniforme est très évocateur de l’univers SF, comme déjà les couvertures de la collection Présence du futur dans les années 70 https://www.le-rayon-populaire.com/node/28129, ou le design bulbeux de la zurglomobile, et les personnages au regard halluciné dans la bulle fixant leurs sosies dans l’ombre sont inquiétants à souhait (mention au coloriste Fabien Alquier, qui n’est pas celui de cet épisode, mais celui de Supergroom et du Métier le plus dangereux du monde, spécialisé dans la SF dans Spirou donc. Et je relève sur ce sujet une remarque pleine de sel d’Olivier Schwartz, toujours aussi franc et direct dans ses interviews: "Personnellement, j'estime que le noir et blanc devrait se suffire à lui-même. Mais comme il paraît que les lecteurs préfèrent la couleur, pourquoi pas !" ). L’entretien de présentation avec Benjamin Abitan et Olivier Schwartz https://www.spirou.com/actualites/somma ... -gallery-3 est trop référencé (citer sept œuvres et auteurs, sans compter Franquin et Tome et Janry, sur quelques lignes, ne rime à rien, seul le rappel de l’assonance entre Franquin et Frankenstein est stimulant. Dans ces quelques pages, on se rend compte que le parti pris des auteurices est de faire un Comte de Champignac aussi foufou et instable qu’en ses débuts, que Seccotine aura eu un rôle aussi important que Spirou et Fantasio, mais que celui des limules est bien parti pour rester énigmatique. Selon moi, une très belle mise en page plein de détails amusants et pertinents et un beau graphisme pour la grande fête de Champignac pages 33-34, alors que Schwartz lui-même se les reproche: "Ma maladie chronique du détail me rattrapant, je me suis retrouvé à faire mille et un petits dessins d'arrière-plan, même sur des compositions pleine page où j'aurais pu aérer un peu..." Dans Les sœurs Grémillet, 4 pages en crescendo pour la catastrophe annoncée du ravage du luxueux mariage, et Madd par l’inventivité de ses cadrages et de ses coloris réussit une séquence difficile dans un laboratoire sans décor dans ce quatrième chapitre du Protocole Seth, deuxième épisode de Poltron Minet.
Seulement trois histoires (à suivre) laissent une fois de plus place à plus d’histoires courtes, Songe d’une nuit d’été de Guillaume Bianco, dans son nouveau style pastel, moins maniéré, plein de petits vampires et autres monstres charmants, et les cinq planches publiées d’un bloc de ce qui sera vraisemblablement les dernières pages du troisième album d’Elliott au collège, de Théo Grosjean, couleurs de Mallo. Pages qui réservent leur lot de retournements de situation, tant sur le plan sentimental (une rupture attendue, mais pas dans ces conditions inattendues) qu’amical (une amitié probable, mais advenue dans un retournement des positions des protagonistes) , avec un monstrueux suspens, au sens propre comme au figuré, dans la planche pleine page de fin.
Dans les gags, Fabcaro fait dans l’Édito une amusante variation sur des titres, de Maman, j’ai rétréci Spirou aux Aventures de rabbi Spirou, tandis que Fabrice Erre fait une nouvelle démonstration de fusion et distorsion graphique (personnages totalement désarticulés, ayant trois ou quatre mains). Dans Pernille, Dav et Cyrille Trichet (et Esteban aux couleurs) font, comme dans le numéro 4500, un gag en gaufrier où une suite de cases énigmatiques révèlent leur signification en un gag final. Des gags de Léon et Léna sans l’un ni l’autre, mais ils sont présents dans le numéro sous forme d’autocollants en supplément. Manu Boisteau et Paul Martin continuent leur série de gags de Titan inc. sur la vedette Tom Flouz, dont l’imposture (son incompétence) commence à se révéler. Bon gag noir de Tom pour Fish n chips, où les poissons (un requin, plus précisément) prend sa revanche sur les humains et leur destruction des océans, et fin nostalgique de vacances pour Dad, devant un soleil se couchant lentement en bord de mer tout au long de la planche. Un Jeu de Bataillon, grouillant comme d’habitude, cette fois de drôles de petites momies . Une Leçon de BD de Marko, de bons petits conseils précis, et avec, comme souvent, une référence inattendue (Gaston cette fois-ci, pour une BD sur une super héroïne). Bienvenue dans mon atelier est consacré a Maria-Praz, illustratrice jeunesse, prof de dessin et dessinatrice, sur scénario de Nena, de Otaku, en vis-à-vis dans ce numéro, où elle fait une belle démonstration de son inventivité graphique dans la mise en page et les expressions physiques des personnages. En direct du futur annonce le Festival Spirou à Bruxelles en septembre, sur le thème du cirque, en hommage au Cirque Spirou des années 50-60, et une belle page de pub sur ce thème, avec un marsupilami acrobate, faite par Miss Prickly, et en bonus pour les abonnés une invitation pour le festival.
Enfin, Patrick Gaumer rend sur deux pages hommage à Luc Mazel, décédé en juin dernier à l’âge de 93 ans, avec une reproduction d’une demi planche de Jessy Jane, datant du début des années 80, alors que pour moi son encrage trop léger affaiblissait alors son dessin, qui a été à son meilleur dans les années 60-70. Impressionnants aussi étaient ses décors, foisonnants et vivants, alors qu’on aurait pu attendre plus de rigidité sur ce point de la part de cet ancien architecte (un numéro du Spirou belge de 1969 parle d’ailleurs d’une école qu’il a réalisée).
Ici un aperçu du numéro https://www.spirou.com/actualites/somma ... u-suspense
Couverture très réussie pour la suite de Spirou et Fantasio: un grand cercle sur fond uniforme est très évocateur de l’univers SF, comme déjà les couvertures de la collection Présence du futur dans les années 70 https://www.le-rayon-populaire.com/node/28129, ou le design bulbeux de la zurglomobile, et les personnages au regard halluciné dans la bulle fixant leurs sosies dans l’ombre sont inquiétants à souhait (mention au coloriste Fabien Alquier, qui n’est pas celui de cet épisode, mais celui de Supergroom et du Métier le plus dangereux du monde, spécialisé dans la SF dans Spirou donc. Et je relève sur ce sujet une remarque pleine de sel d’Olivier Schwartz, toujours aussi franc et direct dans ses interviews: "Personnellement, j'estime que le noir et blanc devrait se suffire à lui-même. Mais comme il paraît que les lecteurs préfèrent la couleur, pourquoi pas !" ). L’entretien de présentation avec Benjamin Abitan et Olivier Schwartz https://www.spirou.com/actualites/somma ... -gallery-3 est trop référencé (citer sept œuvres et auteurs, sans compter Franquin et Tome et Janry, sur quelques lignes, ne rime à rien, seul le rappel de l’assonance entre Franquin et Frankenstein est stimulant. Dans ces quelques pages, on se rend compte que le parti pris des auteurices est de faire un Comte de Champignac aussi foufou et instable qu’en ses débuts, que Seccotine aura eu un rôle aussi important que Spirou et Fantasio, mais que celui des limules est bien parti pour rester énigmatique. Selon moi, une très belle mise en page plein de détails amusants et pertinents et un beau graphisme pour la grande fête de Champignac pages 33-34, alors que Schwartz lui-même se les reproche: "Ma maladie chronique du détail me rattrapant, je me suis retrouvé à faire mille et un petits dessins d'arrière-plan, même sur des compositions pleine page où j'aurais pu aérer un peu..." Dans Les sœurs Grémillet, 4 pages en crescendo pour la catastrophe annoncée du ravage du luxueux mariage, et Madd par l’inventivité de ses cadrages et de ses coloris réussit une séquence difficile dans un laboratoire sans décor dans ce quatrième chapitre du Protocole Seth, deuxième épisode de Poltron Minet.
Seulement trois histoires (à suivre) laissent une fois de plus place à plus d’histoires courtes, Songe d’une nuit d’été de Guillaume Bianco, dans son nouveau style pastel, moins maniéré, plein de petits vampires et autres monstres charmants, et les cinq planches publiées d’un bloc de ce qui sera vraisemblablement les dernières pages du troisième album d’Elliott au collège, de Théo Grosjean, couleurs de Mallo. Pages qui réservent leur lot de retournements de situation, tant sur le plan sentimental (une rupture attendue, mais pas dans ces conditions inattendues) qu’amical (une amitié probable, mais advenue dans un retournement des positions des protagonistes) , avec un monstrueux suspens, au sens propre comme au figuré, dans la planche pleine page de fin.
Dans les gags, Fabcaro fait dans l’Édito une amusante variation sur des titres, de Maman, j’ai rétréci Spirou aux Aventures de rabbi Spirou, tandis que Fabrice Erre fait une nouvelle démonstration de fusion et distorsion graphique (personnages totalement désarticulés, ayant trois ou quatre mains). Dans Pernille, Dav et Cyrille Trichet (et Esteban aux couleurs) font, comme dans le numéro 4500, un gag en gaufrier où une suite de cases énigmatiques révèlent leur signification en un gag final. Des gags de Léon et Léna sans l’un ni l’autre, mais ils sont présents dans le numéro sous forme d’autocollants en supplément. Manu Boisteau et Paul Martin continuent leur série de gags de Titan inc. sur la vedette Tom Flouz, dont l’imposture (son incompétence) commence à se révéler. Bon gag noir de Tom pour Fish n chips, où les poissons (un requin, plus précisément) prend sa revanche sur les humains et leur destruction des océans, et fin nostalgique de vacances pour Dad, devant un soleil se couchant lentement en bord de mer tout au long de la planche. Un Jeu de Bataillon, grouillant comme d’habitude, cette fois de drôles de petites momies . Une Leçon de BD de Marko, de bons petits conseils précis, et avec, comme souvent, une référence inattendue (Gaston cette fois-ci, pour une BD sur une super héroïne). Bienvenue dans mon atelier est consacré a Maria-Praz, illustratrice jeunesse, prof de dessin et dessinatrice, sur scénario de Nena, de Otaku, en vis-à-vis dans ce numéro, où elle fait une belle démonstration de son inventivité graphique dans la mise en page et les expressions physiques des personnages. En direct du futur annonce le Festival Spirou à Bruxelles en septembre, sur le thème du cirque, en hommage au Cirque Spirou des années 50-60, et une belle page de pub sur ce thème, avec un marsupilami acrobate, faite par Miss Prickly, et en bonus pour les abonnés une invitation pour le festival.
Enfin, Patrick Gaumer rend sur deux pages hommage à Luc Mazel, décédé en juin dernier à l’âge de 93 ans, avec une reproduction d’une demi planche de Jessy Jane, datant du début des années 80, alors que pour moi son encrage trop léger affaiblissait alors son dessin, qui a été à son meilleur dans les années 60-70. Impressionnants aussi étaient ses décors, foisonnants et vivants, alors qu’on aurait pu attendre plus de rigidité sur ce point de la part de cet ancien architecte (un numéro du Spirou belge de 1969 parle d’ailleurs d’une école qu’il a réalisée).
" Monólogo significa el mono que habla solo." Ramón Gómez de la Serna dans ses Greguerías.
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Re: Cette semaine dans le journal de Spirou j'ai aimé...
Numéro 4505 du 14/08/2024
Ici un aperçu du numéro https://www.spirou.com/actualites/somma ... e-vacances
Le retour du Schtroumpf qui schtroumpfe du schtroumpf, dans une histoire courte des Schtroumpfs, Les Schtroumpfs et Robinson, avec la présence d’un paradoxal monstre qui, bien que marin, est cracheur de feu. On a pourtant bien vu dans Le pays maudit, avec le dragon Fafnir, que feu et eau sont antinomiques. Et ce feu n’a pas l’air de ressembler non plus au souffle atomique de Godzilla. Et que signifie ce titre énigmatique en couverture: dernières semaines de vacances? Ce serait un peu cruel. Dernières aventures? Alors, pourquoi dernières plutôt que nouvelles? Bref, tout est à l’avenant, rien à sauver dans ce scénario non signé, où rien n’a été pensé. Par contre, la mini histoire en marge l’accompagnant, par Sti, est aussi drôle qu’irrévérencieuse. L’Édito montre un aspect des Fabrice, leur unidimensionnalité, le fait qu’ils n’aient aucun recul sur eux-mêmes, qui est source de nombreux gags, mais est aussi une limite. Les Jeux schtroumpfs, ©Peyo, sont acceptables, mais ce numéro est bien en deçà de ce qu’on attend d’un spécial Schtroumpfs. Même la couverture ©Peyo, par ses maladresses, donne la nostalgie de ce qu’étaient les Schtroumpfs à leur grande époque.
Une fois de plus, je ne suis pas déçu par Tebo, qui exprime par la bouche de Raowl l’un de mes deux principaux griefs envers les super-héros: à “Je suis un scientifique mordu par une botte radioactive” ou “j’ai été élevé par des mygales radioactives”, il rétorque “Mais pourquoi me racontez-vous vos vies?” , pour s’entendre répondre “Les lecteurs aiment tout savoir sur les super-héros!” C’est hélas vrai, plus un personnage est improbable, plus il semble qu’il faille le noyer sous une masse d’informations absurdes dans l’espoir que leur accumulation finira par faire sens. Tous les reboots participent de cette même logique stupide dont le seul avantage est financier.
Si les vacances sont finies pour Dad flashbacks, qui continue à raconter la petite enfance et les relations complexes de Panda et Ondine, dans lesquelles Dad joue un rôle un peu effacé, plusieurs gags d’autres séries ont pour cadre les vacances, encore et toujours à la plage: Nelson, Brad Rock, the gold digger, Des gens et inversement, le Bulletin d’abonnement. À l’inverse, on a deux pages de gags de Pernille qui se passent à l’école (ainsi qu’un tuto dessiné de ce personnage par Cyrille Trichet), de même que le Petit Spirou, qui envoute le prof de gym (encore une fois “sur une idée de Clara Cuadrado”). Quatre nouveaux strips de Léon et Léna, toujours sans eux, où l’on se rend compte que la plupart des adultes les entourant sont aussi mauvais qu’eux, sans avoir l’excuse de l’inconscience enfantine. Pascal Martin et Manu Boisteau poursuivent leur arc de Titan inc. avec la vedette Tom Flouz, toujours énigmatiquement idolâtré alors que tous les passagers ont vu que le roi était nu: c’est “un imbécile au QI d’une huître et un incompétent total!” Morgan Di Salvia apparait une nouvelle fois quittant son poste de rédacteur en chef, dans 3 infos 2 vraies 1 fausse (il n’est pas parti avec son groupe de rock en emportant sa collection de Spirou, apprend-on), alors que son nom a disparu de l’ours depuis le numéro 4503, Spirou n’a officiellement plus de rédacteur en chef depuis lors, seulement un directeur éditorial, Stéphane Beaujean, et un directeur de la publication, Frédéric Niffle. Ce n'est dans doute pas un problème, la Belgique a bien tenu des mois sans premier ministre, sans vrai préjudice. Le supplément est un mini-récit de SF comique du dessinateur Dara Nabati, dont j’avais souligné la proximité avec Lewis Trondheim, et du scénariste Lorrain Oiseau, proche aussi de l’humour de Trondheim, qui pousse la logique jusqu’à l’absurde, mais avec moins de rigueur.
Les BD de ma vie sont celles de Gorobei, admirateur de Dragonball (peu étonnant vu sa passion pour le Japon) et de Mike Mignola, dont j’ai du mal à retrouver une trace dans son œuvre même à dose homéopathique, mais c’est peut-être ce grand écart qui rend son style personnel.
Suite du Protocole Seth de Poltron Minet, dont on commence à deviner ce qu’il peut être, dans un chapitre mêlant résolument Fantasy traditionnelle et SF dure. Avant dernier chapitre de La villa des mystères des sœurs Grémillet, avec une morale assénée avec un peu plus de brusquerie (la tante handicapée écrivaine surgissant à point nommé) et de lourdeur que ce à quoi nous avaient habitué les précédents épisodes.
Enfin, quelques approches qui sont pour moi étranges dans ce chapitre de La mémoire du futur, suite de La mort de Spirou. L’action est censée se passer dans des années 50 virtuelles, un personnage utilise donc le langage de l’époque, mais les auteurs ont fait une erreur. À Seccotine lui demandant de monter le son, un DJ répond “T’es bath, toi!”, qui signifie super, mais ici semble exprimer qu’elle est folle, puisque, s’il fait cela “les coupes de champ’ vont exploser!”, ce envers quoi elle dit “en prendre la responsabilité!”. Houla, prendre une telle responsabilité, ne préjuge-t-elle pas de sa force? Par ailleurs, pour faire buguer Cyanure, elle demande à tous les participants de la fête virtuelle “Du désordre! Du chaos!”, ce qui concrètement se traduit par faire la fête et danser…Surprenante vision du chaos…
Une dernière note: le nouveau papier du magazine, outre qu’il est plus écolo, et agréable au toucher, est plus réceptif aux feutres et crayons que ma fille emploie pour faire les jeux, alors qu’ils marquaient à peine et étaient peu visibles sur le précédent. Un bon choix des responsables, sur un point inattendu.
Ici un aperçu du numéro https://www.spirou.com/actualites/somma ... e-vacances
Le retour du Schtroumpf qui schtroumpfe du schtroumpf, dans une histoire courte des Schtroumpfs, Les Schtroumpfs et Robinson, avec la présence d’un paradoxal monstre qui, bien que marin, est cracheur de feu. On a pourtant bien vu dans Le pays maudit, avec le dragon Fafnir, que feu et eau sont antinomiques. Et ce feu n’a pas l’air de ressembler non plus au souffle atomique de Godzilla. Et que signifie ce titre énigmatique en couverture: dernières semaines de vacances? Ce serait un peu cruel. Dernières aventures? Alors, pourquoi dernières plutôt que nouvelles? Bref, tout est à l’avenant, rien à sauver dans ce scénario non signé, où rien n’a été pensé. Par contre, la mini histoire en marge l’accompagnant, par Sti, est aussi drôle qu’irrévérencieuse. L’Édito montre un aspect des Fabrice, leur unidimensionnalité, le fait qu’ils n’aient aucun recul sur eux-mêmes, qui est source de nombreux gags, mais est aussi une limite. Les Jeux schtroumpfs, ©Peyo, sont acceptables, mais ce numéro est bien en deçà de ce qu’on attend d’un spécial Schtroumpfs. Même la couverture ©Peyo, par ses maladresses, donne la nostalgie de ce qu’étaient les Schtroumpfs à leur grande époque.
Une fois de plus, je ne suis pas déçu par Tebo, qui exprime par la bouche de Raowl l’un de mes deux principaux griefs envers les super-héros: à “Je suis un scientifique mordu par une botte radioactive” ou “j’ai été élevé par des mygales radioactives”, il rétorque “Mais pourquoi me racontez-vous vos vies?” , pour s’entendre répondre “Les lecteurs aiment tout savoir sur les super-héros!” C’est hélas vrai, plus un personnage est improbable, plus il semble qu’il faille le noyer sous une masse d’informations absurdes dans l’espoir que leur accumulation finira par faire sens. Tous les reboots participent de cette même logique stupide dont le seul avantage est financier.
Si les vacances sont finies pour Dad flashbacks, qui continue à raconter la petite enfance et les relations complexes de Panda et Ondine, dans lesquelles Dad joue un rôle un peu effacé, plusieurs gags d’autres séries ont pour cadre les vacances, encore et toujours à la plage: Nelson, Brad Rock, the gold digger, Des gens et inversement, le Bulletin d’abonnement. À l’inverse, on a deux pages de gags de Pernille qui se passent à l’école (ainsi qu’un tuto dessiné de ce personnage par Cyrille Trichet), de même que le Petit Spirou, qui envoute le prof de gym (encore une fois “sur une idée de Clara Cuadrado”). Quatre nouveaux strips de Léon et Léna, toujours sans eux, où l’on se rend compte que la plupart des adultes les entourant sont aussi mauvais qu’eux, sans avoir l’excuse de l’inconscience enfantine. Pascal Martin et Manu Boisteau poursuivent leur arc de Titan inc. avec la vedette Tom Flouz, toujours énigmatiquement idolâtré alors que tous les passagers ont vu que le roi était nu: c’est “un imbécile au QI d’une huître et un incompétent total!” Morgan Di Salvia apparait une nouvelle fois quittant son poste de rédacteur en chef, dans 3 infos 2 vraies 1 fausse (il n’est pas parti avec son groupe de rock en emportant sa collection de Spirou, apprend-on), alors que son nom a disparu de l’ours depuis le numéro 4503, Spirou n’a officiellement plus de rédacteur en chef depuis lors, seulement un directeur éditorial, Stéphane Beaujean, et un directeur de la publication, Frédéric Niffle. Ce n'est dans doute pas un problème, la Belgique a bien tenu des mois sans premier ministre, sans vrai préjudice. Le supplément est un mini-récit de SF comique du dessinateur Dara Nabati, dont j’avais souligné la proximité avec Lewis Trondheim, et du scénariste Lorrain Oiseau, proche aussi de l’humour de Trondheim, qui pousse la logique jusqu’à l’absurde, mais avec moins de rigueur.
Les BD de ma vie sont celles de Gorobei, admirateur de Dragonball (peu étonnant vu sa passion pour le Japon) et de Mike Mignola, dont j’ai du mal à retrouver une trace dans son œuvre même à dose homéopathique, mais c’est peut-être ce grand écart qui rend son style personnel.
Suite du Protocole Seth de Poltron Minet, dont on commence à deviner ce qu’il peut être, dans un chapitre mêlant résolument Fantasy traditionnelle et SF dure. Avant dernier chapitre de La villa des mystères des sœurs Grémillet, avec une morale assénée avec un peu plus de brusquerie (la tante handicapée écrivaine surgissant à point nommé) et de lourdeur que ce à quoi nous avaient habitué les précédents épisodes.
Enfin, quelques approches qui sont pour moi étranges dans ce chapitre de La mémoire du futur, suite de La mort de Spirou. L’action est censée se passer dans des années 50 virtuelles, un personnage utilise donc le langage de l’époque, mais les auteurs ont fait une erreur. À Seccotine lui demandant de monter le son, un DJ répond “T’es bath, toi!”, qui signifie super, mais ici semble exprimer qu’elle est folle, puisque, s’il fait cela “les coupes de champ’ vont exploser!”, ce envers quoi elle dit “en prendre la responsabilité!”. Houla, prendre une telle responsabilité, ne préjuge-t-elle pas de sa force? Par ailleurs, pour faire buguer Cyanure, elle demande à tous les participants de la fête virtuelle “Du désordre! Du chaos!”, ce qui concrètement se traduit par faire la fête et danser…Surprenante vision du chaos…
Une dernière note: le nouveau papier du magazine, outre qu’il est plus écolo, et agréable au toucher, est plus réceptif aux feutres et crayons que ma fille emploie pour faire les jeux, alors qu’ils marquaient à peine et étaient peu visibles sur le précédent. Un bon choix des responsables, sur un point inattendu.
" Monólogo significa el mono que habla solo." Ramón Gómez de la Serna dans ses Greguerías.
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Re: Cette semaine dans le journal de Spirou j'ai aimé...
Numéro 4506 du 21/08/2024
https://www.spirou.com/actualites/somma ... ues-bleues
Cela me fait toujours quelque chose de revoir les Tuniques bleues par Lambil en couverture, car c’est l’un des quelques dessinateurs, que l’on compte maintenant sur les doigts d’une main, une main de lépreux même, qui ont commencé à dessiner il y a plus de 70 ans, une carrière aussi longue qu’une vie. À l’échelle de la BD, c’est un peu comme si je voyais vivre un vrai dinosaure, et pas un ersatz à la Jurassic Parc. D’une telle vision, je n’attends rien d’autre qu’elle existe, c’est pourquoi les faiblesses graphiques ne me dérangent pas du tout. D’autant plus que les bases sont encore bonnes, seul l’encrage n’a plus ni force ni précision. Il est encore trop tôt pour parler du scénario, mais comme dit dans l’interview,
“-Willy, est-ce déroutant, après une soixantaine d'albums avec Raoul, de travailler avec un autre scénariste?
-WILLY LAMBIL C'est difficile à dire. J'étais sans doute un peu décontenancé au départ, mais, après un moment, je crois que les choses se sont mises à "rouler", tant avec Kris qu'avec Neidhardt.
-Neidhardt: Je partais avec un petit complexe : j'avais assez peu pratiqué le genre de l'aventure humoristique (à part le Spirou). J'ai toujours été plus à l'aise sur le court récit ou sur l'autofiction.”
J’ai déjà dit le bien que je pensais des scénarios de Kris. Neidhart est lui plus connu dans Spirou pour ses canulars (Spirou et les monstres, soi-disant de Rob-Vel) et ses parodies (Spouri et Fantaziz, illustrations des Aventures d’un journal) avec ou sans Fabrice Tarrin (qui l’a mis d’ailleurs mis en scène, voila pour l’auto-fiction), dont je ne suis personnellement pas si friand, mais il est capable d’histoires fines et sensibles, sans perdre son humour, et j’ai été aussi agréablement surpris par son "Les pieds-noirs à la mer" que Joann Sfar qui y écrit dans sa préface “Cher Fred Neidhardt, Je ne vous connaissais pas ainsi. Voilà plus de vingt ans que de loin en loin je vous croise, et je vous tenais pour un virtuose de la plaisanterie, un horloger de la blague inquiétante. En bandes dessinées, en textes, en caméras cachées et parfois pour le plaisir d'un seul spectateur, je vous ai vu pousser dans ses limites les plus poétiques et parfois les plus cruelles l'art de pincer sans rire.”
L’irrespect cache chez lui l’admiration et le regard juste, j’ai donc toute confiance à priori pour son histoire des Tuniques bleues. J’espère juste qu’il ne va pas trop d’enfoncer de portes ouvertes et faire des révélations qui n’en sont pas, car il dit
“-J’ai pas mal creusé la condition des Noirs américains durant la guerre de Sécession. L'histoire a un peu trop simplifié la chose: au Nord, il y avait les bons, les abolitionnistes, et au Sud, les méchants, les esclavagistes. La réalité est nettement moins tranchée: au Nord, les Noirs-même s'ils n'étaient plus techniquement des esclaves- se retrouvaient, par exemple, à faire les basses besognes, on l'évoquera dans l'album. “
Ce sujet a déjà été largement traité par Cauvin, en particulier dans Black Face, ceci dit, il est suffisamment important pour que l’on revienne dessus, d’autant plus qu’il sied particulièrement bien aux Tuniques bleues, dont les histoires tentent d’éviter le manichéisme.
Et ce retour permet un running gag pour La malédiction de la page 13 de Sti, où la couleur mûre écrasée qui fonctionnait avec les Schtroumpfs revient pour Les Tuniques bleues, ainsi qu’un Édito débile à souhaits, comme on les aime, et des Jeux Run,Blutch, run par Enzo Berkati, avec entre autres un labyrinthe complexe (relativement, pour de très jeunes enfants) mais agréable à faire car graphiquement réussi, entre vallées et cañons.
Dans la suite du Spirou et Fantasio La mémoire du futur, la Cyanure de Schwartz en robot géant a un petit côté Kirby, dont le hiératisme dans les nombreuses grandes cases (pleine page, demi-pages) fait passer le statisme. Séquence action et SF pour Poltron-Minet, et si le dialogue de Cédric Mayen entre le chaton et le scientifique est un peu pontifiant et prêcheur (et comporte une erreur: le fait qu’un chat mange une souris n’a rien à voir avec du cannibalisme, comment dans une œuvre traitant d’éthique envers les animaux peut-on figurer l’ensemble des animaux comme un tout homogène s’opposant aux humains?), la séquence en flash-back par Madd, en variations grenat et champs/contre-champs, est très réussie. Fin de la longue (70 pages) histoire des Sœurs Grémillet La villa des mystères, qui malgré son titre est bien plus terre à terre que les précédentes, centrée uniquement sur les relations entre les personnages, le mystère en question tournant un peu court par rapport aux autres aventures du trio, et l’histoire finalement assez délayée, comme sur les quatre dernières pages de l’histoire qui ne sont qu’un interminable “au revoir” sur fond de leçons de vie pour ado. Reste que les ambiances méditerranéennes, architecture, végétation, temps, sont très bien rendues.
L’histoire courte du numéro, "Prisonnier des Florkiens", est présentée comme un clin d'œil de Ced et Frantz Hofmann au Scrameustache de Gos. Plus qu’un clin d’œil, c’est visiblement une ultime(?) incarnation des hommages de L’année des héros, qui pourrait être une historiette du Scrameustache à part entière, version humoristique, loin toutefois des gags infantiles des Galaxiens.
Parmi les gags que j’ai appréciés, Le petit Spirou, encore avec Clara Cuadrado coscénariste, créditée par Janry en bas de planche mais pas dans le bandeau titre, et qui montre bien comment la conception par monsieur Mégot d’un “esprit libre” comme celui de quelqu’un “qui n’aime pas qu’on lui dise quoi penser”, faussée car parano, conduit au complotisme. Des gens et inversement de Berth (dans l’actualité des jeux paralympiques) et Les Fifiches du Proprofesseur de Lécroart (‘patalympiques, elles, comme la ‘pataphysique) tous deux aussi bons dans l’absurde. J’ai été aussi sensible à l’entre-deux qu’est Willy Woob, de Bernstein et Moog, entre deux tons par ses strips en bichromie, ses titres dessinés inventifs et pleins de charme, ses jeux de mot qui consistent à tout prendre au sens propre, cette indécidabilité entre l’adulte et l’enfantin. Dans Dad flashbacks de Nob, Ondine grandit, mais Panda ne semble pas changer, il faut dire qu’on a vu que déjà bébé elle avait pratiquement sa maturité actuelle, et Dad, quoique de 15 ans plus svelte, avait déjà des difficultés professionnelles, à se demander si le fameux premier rôle qui lui a valu une gloire épisodique dans sa jeunesse n’aurait pas que résulté d’un malentendu. Cette remarque est d’ailleurs valable pour toutes les vedettes d’un jour, et plus largement pour les personnages de Spirou lancés en fanfare et qui n’auront vécu que quelques numéros.
Bienvenue dans ma bibliothèque est consacré à Sophie Guerrive, la coscénariste de Spirou et Fantasio, qui a le mérite de ne pratiquement pas parler des sempiternelles œuvres fondatrices, et de plus le faire de façon personnelle: “J’ai trop de livres, et pas assez d'étagères. J'ai encore des cartons de bouquins de mon déménagement. Ça ressemble aux archives dans Gaston: si j'enlève un livre, tout s'écroule!”, ou sur son écriture: “Naturellement, en lisant beaucoup, on s'imprègne d'une écriture. Moi, je me rapproche pas mal de Tintin, une écriture un peu romanesque, à l'ancienne. Il faut que je fasse un effort pour écrire dans un style plus actuel.” Elle oriente de plus vers des pistes trop peu fréquentées, comme la (très bonne) série Gosse de Lucas Methé chez Dupuis, des maisons d'édition comme Biscoto, Misma, ou les Éditions Exemplaire, soit des maisons que l’on peut suivre car elles ont une vision éditoriale avant une financière. Par contre, je ne comprends pas sa remarque sur la cohérence de la série Spirou et Fantasio: “J’ai dû lire les albums plusieurs fois de façon anarchique, sans bien comprendre la cohérence de la série. Quand j'ai commencé à travailler dessus, je les ai relus dans l'ordre, ça a été une révélation. Tout est logique en fait.” De quelle logique peut-elle bien vouloir parler, en dehors d’une cohérence chronologique pour les relations entre S&F et le Marsupilami sous Franquin, et, plus lâche, avec Zorglub?
Elric Dufau, le dessinateur et coscénariste du Spirou et Fantasio classique, est l’invité de Spirou et moi, parle beaucoup de technique, d’application, et pas d’inspiration, ce qui reflète malheureusement ce que je pense de La baie des cochons, et fait que l’annonce par les même auteurs d’un Zorgrad, au titre trop aisément décryptable d’un Zorglub au delà du rideau de fer durant la guerre froide, me fait craindre autant de superficialité et d’artificialité.
Et ce numéro se termine avec une publicité pour le tome 9 d’Animal Jack, la série jeunesse à succès de Miss Prickly et Kid Toussaint publiée chez Dupuis mais pas dans Spirou, sans doute parce que les séries de fantasy y sont déjà nombreuses, et l’annonce pour la semaine prochaine d’un Marsupilami’s origins.
https://www.spirou.com/actualites/somma ... ues-bleues
Cela me fait toujours quelque chose de revoir les Tuniques bleues par Lambil en couverture, car c’est l’un des quelques dessinateurs, que l’on compte maintenant sur les doigts d’une main, une main de lépreux même, qui ont commencé à dessiner il y a plus de 70 ans, une carrière aussi longue qu’une vie. À l’échelle de la BD, c’est un peu comme si je voyais vivre un vrai dinosaure, et pas un ersatz à la Jurassic Parc. D’une telle vision, je n’attends rien d’autre qu’elle existe, c’est pourquoi les faiblesses graphiques ne me dérangent pas du tout. D’autant plus que les bases sont encore bonnes, seul l’encrage n’a plus ni force ni précision. Il est encore trop tôt pour parler du scénario, mais comme dit dans l’interview,
“-Willy, est-ce déroutant, après une soixantaine d'albums avec Raoul, de travailler avec un autre scénariste?
-WILLY LAMBIL C'est difficile à dire. J'étais sans doute un peu décontenancé au départ, mais, après un moment, je crois que les choses se sont mises à "rouler", tant avec Kris qu'avec Neidhardt.
-Neidhardt: Je partais avec un petit complexe : j'avais assez peu pratiqué le genre de l'aventure humoristique (à part le Spirou). J'ai toujours été plus à l'aise sur le court récit ou sur l'autofiction.”
J’ai déjà dit le bien que je pensais des scénarios de Kris. Neidhart est lui plus connu dans Spirou pour ses canulars (Spirou et les monstres, soi-disant de Rob-Vel) et ses parodies (Spouri et Fantaziz, illustrations des Aventures d’un journal) avec ou sans Fabrice Tarrin (qui l’a mis d’ailleurs mis en scène, voila pour l’auto-fiction), dont je ne suis personnellement pas si friand, mais il est capable d’histoires fines et sensibles, sans perdre son humour, et j’ai été aussi agréablement surpris par son "Les pieds-noirs à la mer" que Joann Sfar qui y écrit dans sa préface “Cher Fred Neidhardt, Je ne vous connaissais pas ainsi. Voilà plus de vingt ans que de loin en loin je vous croise, et je vous tenais pour un virtuose de la plaisanterie, un horloger de la blague inquiétante. En bandes dessinées, en textes, en caméras cachées et parfois pour le plaisir d'un seul spectateur, je vous ai vu pousser dans ses limites les plus poétiques et parfois les plus cruelles l'art de pincer sans rire.”
L’irrespect cache chez lui l’admiration et le regard juste, j’ai donc toute confiance à priori pour son histoire des Tuniques bleues. J’espère juste qu’il ne va pas trop d’enfoncer de portes ouvertes et faire des révélations qui n’en sont pas, car il dit
“-J’ai pas mal creusé la condition des Noirs américains durant la guerre de Sécession. L'histoire a un peu trop simplifié la chose: au Nord, il y avait les bons, les abolitionnistes, et au Sud, les méchants, les esclavagistes. La réalité est nettement moins tranchée: au Nord, les Noirs-même s'ils n'étaient plus techniquement des esclaves- se retrouvaient, par exemple, à faire les basses besognes, on l'évoquera dans l'album. “
Ce sujet a déjà été largement traité par Cauvin, en particulier dans Black Face, ceci dit, il est suffisamment important pour que l’on revienne dessus, d’autant plus qu’il sied particulièrement bien aux Tuniques bleues, dont les histoires tentent d’éviter le manichéisme.
Et ce retour permet un running gag pour La malédiction de la page 13 de Sti, où la couleur mûre écrasée qui fonctionnait avec les Schtroumpfs revient pour Les Tuniques bleues, ainsi qu’un Édito débile à souhaits, comme on les aime, et des Jeux Run,Blutch, run par Enzo Berkati, avec entre autres un labyrinthe complexe (relativement, pour de très jeunes enfants) mais agréable à faire car graphiquement réussi, entre vallées et cañons.
Dans la suite du Spirou et Fantasio La mémoire du futur, la Cyanure de Schwartz en robot géant a un petit côté Kirby, dont le hiératisme dans les nombreuses grandes cases (pleine page, demi-pages) fait passer le statisme. Séquence action et SF pour Poltron-Minet, et si le dialogue de Cédric Mayen entre le chaton et le scientifique est un peu pontifiant et prêcheur (et comporte une erreur: le fait qu’un chat mange une souris n’a rien à voir avec du cannibalisme, comment dans une œuvre traitant d’éthique envers les animaux peut-on figurer l’ensemble des animaux comme un tout homogène s’opposant aux humains?), la séquence en flash-back par Madd, en variations grenat et champs/contre-champs, est très réussie. Fin de la longue (70 pages) histoire des Sœurs Grémillet La villa des mystères, qui malgré son titre est bien plus terre à terre que les précédentes, centrée uniquement sur les relations entre les personnages, le mystère en question tournant un peu court par rapport aux autres aventures du trio, et l’histoire finalement assez délayée, comme sur les quatre dernières pages de l’histoire qui ne sont qu’un interminable “au revoir” sur fond de leçons de vie pour ado. Reste que les ambiances méditerranéennes, architecture, végétation, temps, sont très bien rendues.
L’histoire courte du numéro, "Prisonnier des Florkiens", est présentée comme un clin d'œil de Ced et Frantz Hofmann au Scrameustache de Gos. Plus qu’un clin d’œil, c’est visiblement une ultime(?) incarnation des hommages de L’année des héros, qui pourrait être une historiette du Scrameustache à part entière, version humoristique, loin toutefois des gags infantiles des Galaxiens.
Parmi les gags que j’ai appréciés, Le petit Spirou, encore avec Clara Cuadrado coscénariste, créditée par Janry en bas de planche mais pas dans le bandeau titre, et qui montre bien comment la conception par monsieur Mégot d’un “esprit libre” comme celui de quelqu’un “qui n’aime pas qu’on lui dise quoi penser”, faussée car parano, conduit au complotisme. Des gens et inversement de Berth (dans l’actualité des jeux paralympiques) et Les Fifiches du Proprofesseur de Lécroart (‘patalympiques, elles, comme la ‘pataphysique) tous deux aussi bons dans l’absurde. J’ai été aussi sensible à l’entre-deux qu’est Willy Woob, de Bernstein et Moog, entre deux tons par ses strips en bichromie, ses titres dessinés inventifs et pleins de charme, ses jeux de mot qui consistent à tout prendre au sens propre, cette indécidabilité entre l’adulte et l’enfantin. Dans Dad flashbacks de Nob, Ondine grandit, mais Panda ne semble pas changer, il faut dire qu’on a vu que déjà bébé elle avait pratiquement sa maturité actuelle, et Dad, quoique de 15 ans plus svelte, avait déjà des difficultés professionnelles, à se demander si le fameux premier rôle qui lui a valu une gloire épisodique dans sa jeunesse n’aurait pas que résulté d’un malentendu. Cette remarque est d’ailleurs valable pour toutes les vedettes d’un jour, et plus largement pour les personnages de Spirou lancés en fanfare et qui n’auront vécu que quelques numéros.
Bienvenue dans ma bibliothèque est consacré à Sophie Guerrive, la coscénariste de Spirou et Fantasio, qui a le mérite de ne pratiquement pas parler des sempiternelles œuvres fondatrices, et de plus le faire de façon personnelle: “J’ai trop de livres, et pas assez d'étagères. J'ai encore des cartons de bouquins de mon déménagement. Ça ressemble aux archives dans Gaston: si j'enlève un livre, tout s'écroule!”, ou sur son écriture: “Naturellement, en lisant beaucoup, on s'imprègne d'une écriture. Moi, je me rapproche pas mal de Tintin, une écriture un peu romanesque, à l'ancienne. Il faut que je fasse un effort pour écrire dans un style plus actuel.” Elle oriente de plus vers des pistes trop peu fréquentées, comme la (très bonne) série Gosse de Lucas Methé chez Dupuis, des maisons d'édition comme Biscoto, Misma, ou les Éditions Exemplaire, soit des maisons que l’on peut suivre car elles ont une vision éditoriale avant une financière. Par contre, je ne comprends pas sa remarque sur la cohérence de la série Spirou et Fantasio: “J’ai dû lire les albums plusieurs fois de façon anarchique, sans bien comprendre la cohérence de la série. Quand j'ai commencé à travailler dessus, je les ai relus dans l'ordre, ça a été une révélation. Tout est logique en fait.” De quelle logique peut-elle bien vouloir parler, en dehors d’une cohérence chronologique pour les relations entre S&F et le Marsupilami sous Franquin, et, plus lâche, avec Zorglub?
Elric Dufau, le dessinateur et coscénariste du Spirou et Fantasio classique, est l’invité de Spirou et moi, parle beaucoup de technique, d’application, et pas d’inspiration, ce qui reflète malheureusement ce que je pense de La baie des cochons, et fait que l’annonce par les même auteurs d’un Zorgrad, au titre trop aisément décryptable d’un Zorglub au delà du rideau de fer durant la guerre froide, me fait craindre autant de superficialité et d’artificialité.
Et ce numéro se termine avec une publicité pour le tome 9 d’Animal Jack, la série jeunesse à succès de Miss Prickly et Kid Toussaint publiée chez Dupuis mais pas dans Spirou, sans doute parce que les séries de fantasy y sont déjà nombreuses, et l’annonce pour la semaine prochaine d’un Marsupilami’s origins.
" Monólogo significa el mono que habla solo." Ramón Gómez de la Serna dans ses Greguerías.
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Re: Cette semaine dans le journal de Spirou j'ai aimé...
Numéro 4507 du 28/08/2024
Ici un aperçu du numéro https://www.spirou.com/actualites/somma ... arsupilami
En couverture, “El Diablo, Aux origines du Marsupilami”. Je n’aime pas ce marsupilami d’Alexis Nesme, car de la façon dont il dessine son pelage, on dirait une peluche qui vient de passer dans la machine à laver et dont les poils sont tout collés. Mais la composition, avec montagnes, jungle et eaux, et la lumière perçant les nuages et les arbres, laisse augurer de belles aventures tropicales, ce que confirme la belle première page de l’histoire, un navire sur fond de ciel doré avec une bonne utilisation d’un horizon courbe pour ajouter du dynamisme.
Il arrive trop fréquemment que les interviews de présentation, mal faites, ou aux idées confuses, désservent la BD qu’elles sont censées introduire, et celle-ci est l’interview de trop, je vais donc faire dans le détail, comme Dab's dans sa Leçon de BD. Toutefois, mieux vaut démolir la présentation et apprécier l’œuvre que le contraire.
“LEWIS TRONDHEIM: Alexis Nesme et moi avions déjà travaillé ensemble sur un Donjon et un Mickey. L'envie de continuer avec un nouvel animal héros de BD était grande. Mais lequel? La réponse a été immédiate: le Marsupilami. Les seules limites scénaristiques que je voyais au projet, c'est que le personnage est trop fort, difficile à mettre en danger. Et seul, le Marsupilami n'est pas facile à manier, car il ne parle pas...”
Je vois une autre limite: le style dessin animé d’Alexis Nesme fonctionne parfaitement avec l’esprit Donjon Parade qu’il a fait (et que j’ai trouvé vraiment drôle, pour peu que l’on aime l’humour aussi noir que débile), et pour les Mickey et les versions animalière de l’adaptation des Enfants du Capitaine Grant, d'après Jules Verne, cela fonctionne bien moins avec des personnages humains, et un marsupilami, qui n’est pas qu’un logo comme Mickey mais un personnage avec une tension interne permanente.
“LEWIS TRONDHEIM: Je suis donc parti sur une histoire avec UN Marsupilami plutôt qu'avec LE Marsupilami Ça me permettait d'être plus libre par rapport à tout ce qui s'était fait auparavant avec lui Le choix d'un récit historique est apparu naturellement ensuite. J'ai proposé El Diablo à Alexis. En ayant peur qu'il refuse parce que la queue du Marsupilami est tout de même un peu pénible à dessiner.”
UN marsupilami. Ce n’est pas ce qu’annonce la couverture (Aux origines DU marsupilami). Mettons cela sur le compte des visions antinomiques des créateurs et des commerciaux. Et si la remarque sur la queue de marsupilami n’est pas de l’humour (très léger), celle-ci est au contraire un rêve de dessinateur. Mais effectivement un cauchemar de coloriste, ce qu’est surtout Alexis Nesme. Et il aurait suffit de rebaptiser l’histoire El Diabolo pour que l’appendice rappelle le jeu, et lui donne un enjeu graphique.
“ALEXIS NESME: J'ai d'abord essayé de comprendre la nature de base du Marsu. S'agit-il d'un marsupial? D'un singe? En analysant les dessins de Franquin, j'ai compris qu'il avait inventé un mix inédit.”
Besoin d’une analyse pour découvrir ce qui est évident à la première lecture, que le marsupilami est une chimère tant graphique que naturaliste?
“A.N.: Pour ce qui est de la longueur de sa queue-qui paraît-il est très précise-, j'ai un peu triché en la laissant souvent dépasser du bord de case. Ainsi, impossible de savoir s’il reste un mètre ou un centimètre!”
D’où sort cette précision sur la longueur? Pas de chez Franquin, en tous cas…
“A.N.: Lewis et notre éditeur Frédéric Niffle voulaient que le Marsupilami d'El Diablo n'ait pas l'air trop méchant.”
C’est réussi (cf. mon commentaire sur la couverture). Mais pourquoi cette étrange demande, Spirou aurait-il finalement été bien racheté par Disney? Par ailleurs, le Marsupilami n’a jamais été “méchant” (Franquin n’est pas Disney, il n’y a pas chez lui de Grand Méchant Loup), par contre, ils son caractère, et il ne faut pas l’ennuyer.
“Ton dessin est plutôt éloigné de la "ligne claire" de Franquin...
A.N.: Oui, je dessine sans contours, sans ligne noire, et en essayant de mettre du réalisme dans mes images. Difficile, avec cette technique, de mettre de la hiérarchie dans les plans de dessins comme cela se fait dans les albums ligne claire.”
Que d’étranges remarques. Tout d’abord, son dessin contient bien des lignes noires, pour séparer les formes ton sur ton (chair sur chair essentiellement). Ensuite, ce n’est pas avec les contours que les dessinateurs de style ligne claire hiérarchisent leurs plans, le dessin ligne claire est d’ailleurs peu apte à hiérarchiser les plans, et les peintres classiques hiérarchisent bien leurs plans sans contours.
Sur les 11 premières planches de l’histoire elle-même, je retiens la jolie idée de mettre des cadres aux dessus des grands dessins (pleines et demi pages), qui mettent en valeur ceux-ci comme de grandes fenêtres sur l’histoire et l’Histoire.
Et pour accompagner le marsupilami, L’édito des Fabrice, le running gag de Sti sur les couleurs dans La malédiction de la page 13 continue, cette fois avec un (déjà vu mais de nouveau amusant car bien amené) marsupilami comparé à une banane, des Jeux de Jacques Lerouge dont le dessin foisonnant illustre à merveille son sujet de Panique dans la forêt amazonienne, et le Bulletin d’houbabonnement de Cromheecke et Thiriet.
Je retrouve par ailleurs avec plaisir Thiriet, avec au dessin Jean-Yves Duhoo (et son Oncle Ho), dans leur excellente série 100 instruments.
Le délire continue dans le Spirou et Fantasio de Schwartz, Abitan et Guerrive, avec Cyanure en Iron-woman, rendue encore plus énervée par les racines des plantes du château de Champignac communicant par mycélium interposé (bonne idée qui fait un lien entre le comte mycologue et ce que l’on sait de la communication végétale, mais qui tourne court) et s’en prennent à elle qui détruit tout , car dit-elle “Vous humains avez fait de moi un objet de souffrance!” Ce n’est pas ce que je connais d’elle. Est-ce un indice pour une future histoire sur le passé de Cyanure? Et le Marsupilami, d’habitude si vif, qui se laisse cueillir comme une fleur, n’est pas très crédible. Bref, une séquence violente et sanguinolente une peu gratuite car comportant des trous et surtout, se déroulant dans un monde virtuel, donc sans vrai danger de mort pour les protagonistes. Mais les couleurs d’Alex Doucet, en oppositions de brun, de rouge et de jaune, créent une vraie ambiance de fin du monde. Séquence aussi violente et sanguinolente pour le dernier chapitre de la deuxième partie de Poltron Minet, une spectaculaire scène d’évasion de laboratoire, bien menée. Quelques débuts de réponses aux questions soulevées sont apportées, mais les enjeux se multiplient, certains seront-ils sacrifiés tels des animaux de laboratoire, comme les activistes anti-spécistes, ou la suite de l’histoire sera-t-elle à la hauteur de ses ambitions? Je souligne encore la qualité de dessin, de mise en scène et de coloris de Madd. Suite de De l’or pour les Bleus, de Lambil, Neidhart et Léonardo. Après tant d’histoires des Tuniques bleues, tous les thèmes et situations semblent avoir été abordés, et bien que Neidhart soit un nouveau scénariste pour cette série, j’y ai des sentiments de déjà-vu: Blutch et Chesterfield déguisés en mexicains, espions chez les sudistes, Blutch devenant le supérieur de Chesterfield, huis-clos d’un petit groupe en mission, et même une réplique du capitaine Stillman chez les sudistes. Néanmoins, la façon nouvelle dont Neidhardt les agence, ainsi que les relations entre les différents personnages, bien typés y compris les nouveaux, rend cette histoire intéressante à suivre.
Pas d’histoire courte cette semaine, mais Les inventures, de Pascal Thivillon, lauréat du prix Atomium Spirou 2023, qui récompense des histoires non plus mettant en scène Spirou mais ayant “l’esprit Spirou”, ce qui est assez vague pour pouvoir récompenser pratiquement n’importe quelle BD grand public. Ici, ce sont trois gags en une page assez amusants d’un gamin s’imaginant vivre dans des films, les références sont assez connues pour n’exclure personne, et le dessin est du gros nez actualisé, proche de celui de Nicolas Moog.
Dans les gags, un Petit Spirou traditionnel de Janry seul cette fois (avec les couleurs de Cerise), une toujours drôle Leçon de BD par Dab’s, qui comme pour celles de Dutreix ou de Pascal Colpron, se met en scène avec humour, un original gag de Gary C. Neel de Ced et Gorobei, un peu mou, mais c’est le sujet du gag, et dont j’ai bien aimé le détail du gag sur l’affiche, une très bonne Fifiche du Proprofesseur préhistorique de Lécroart, et un Dad flashbacks de Nob qui annonce l’arrivée de Roxanne.
Les BD de ma vie sont celles de Tebo, certaines sont attendues, comme celles de Gotlib (qui semble décidément la référence absolue de la plupart des auteurs comiques, avec Gaston de Franquin), Édika, Margerin, d’autres plus inattendues, comme l’influence de Kirby pour son traitement du mouvement. Et En direct du futur annonce une énigmatique véritable aventure (à suivre) des Fabrice, en "vacances" de leur Édito...
Enfin, une pub pour une série enfance au Lombard, des enfants dans un monde féérique, une de plus, et une pour le troisième tome de Madeleine résistante de Morvan et Bertail, la biographie de la résistante Madeleine Riffaud, d’après son témoignage. Le supplément abonnés consiste en des autocollants Spirou et Fantasio par Schwartz, dont l’un les représente au volant de leur Turbotraction au design de Karmann Ghia, à mon grand plaisir.
Ici un aperçu du numéro https://www.spirou.com/actualites/somma ... arsupilami
En couverture, “El Diablo, Aux origines du Marsupilami”. Je n’aime pas ce marsupilami d’Alexis Nesme, car de la façon dont il dessine son pelage, on dirait une peluche qui vient de passer dans la machine à laver et dont les poils sont tout collés. Mais la composition, avec montagnes, jungle et eaux, et la lumière perçant les nuages et les arbres, laisse augurer de belles aventures tropicales, ce que confirme la belle première page de l’histoire, un navire sur fond de ciel doré avec une bonne utilisation d’un horizon courbe pour ajouter du dynamisme.
Il arrive trop fréquemment que les interviews de présentation, mal faites, ou aux idées confuses, désservent la BD qu’elles sont censées introduire, et celle-ci est l’interview de trop, je vais donc faire dans le détail, comme Dab's dans sa Leçon de BD. Toutefois, mieux vaut démolir la présentation et apprécier l’œuvre que le contraire.
“LEWIS TRONDHEIM: Alexis Nesme et moi avions déjà travaillé ensemble sur un Donjon et un Mickey. L'envie de continuer avec un nouvel animal héros de BD était grande. Mais lequel? La réponse a été immédiate: le Marsupilami. Les seules limites scénaristiques que je voyais au projet, c'est que le personnage est trop fort, difficile à mettre en danger. Et seul, le Marsupilami n'est pas facile à manier, car il ne parle pas...”
Je vois une autre limite: le style dessin animé d’Alexis Nesme fonctionne parfaitement avec l’esprit Donjon Parade qu’il a fait (et que j’ai trouvé vraiment drôle, pour peu que l’on aime l’humour aussi noir que débile), et pour les Mickey et les versions animalière de l’adaptation des Enfants du Capitaine Grant, d'après Jules Verne, cela fonctionne bien moins avec des personnages humains, et un marsupilami, qui n’est pas qu’un logo comme Mickey mais un personnage avec une tension interne permanente.
“LEWIS TRONDHEIM: Je suis donc parti sur une histoire avec UN Marsupilami plutôt qu'avec LE Marsupilami Ça me permettait d'être plus libre par rapport à tout ce qui s'était fait auparavant avec lui Le choix d'un récit historique est apparu naturellement ensuite. J'ai proposé El Diablo à Alexis. En ayant peur qu'il refuse parce que la queue du Marsupilami est tout de même un peu pénible à dessiner.”
UN marsupilami. Ce n’est pas ce qu’annonce la couverture (Aux origines DU marsupilami). Mettons cela sur le compte des visions antinomiques des créateurs et des commerciaux. Et si la remarque sur la queue de marsupilami n’est pas de l’humour (très léger), celle-ci est au contraire un rêve de dessinateur. Mais effectivement un cauchemar de coloriste, ce qu’est surtout Alexis Nesme. Et il aurait suffit de rebaptiser l’histoire El Diabolo pour que l’appendice rappelle le jeu, et lui donne un enjeu graphique.
“ALEXIS NESME: J'ai d'abord essayé de comprendre la nature de base du Marsu. S'agit-il d'un marsupial? D'un singe? En analysant les dessins de Franquin, j'ai compris qu'il avait inventé un mix inédit.”
Besoin d’une analyse pour découvrir ce qui est évident à la première lecture, que le marsupilami est une chimère tant graphique que naturaliste?
“A.N.: Pour ce qui est de la longueur de sa queue-qui paraît-il est très précise-, j'ai un peu triché en la laissant souvent dépasser du bord de case. Ainsi, impossible de savoir s’il reste un mètre ou un centimètre!”
D’où sort cette précision sur la longueur? Pas de chez Franquin, en tous cas…
“A.N.: Lewis et notre éditeur Frédéric Niffle voulaient que le Marsupilami d'El Diablo n'ait pas l'air trop méchant.”
C’est réussi (cf. mon commentaire sur la couverture). Mais pourquoi cette étrange demande, Spirou aurait-il finalement été bien racheté par Disney? Par ailleurs, le Marsupilami n’a jamais été “méchant” (Franquin n’est pas Disney, il n’y a pas chez lui de Grand Méchant Loup), par contre, ils son caractère, et il ne faut pas l’ennuyer.
“Ton dessin est plutôt éloigné de la "ligne claire" de Franquin...
A.N.: Oui, je dessine sans contours, sans ligne noire, et en essayant de mettre du réalisme dans mes images. Difficile, avec cette technique, de mettre de la hiérarchie dans les plans de dessins comme cela se fait dans les albums ligne claire.”
Que d’étranges remarques. Tout d’abord, son dessin contient bien des lignes noires, pour séparer les formes ton sur ton (chair sur chair essentiellement). Ensuite, ce n’est pas avec les contours que les dessinateurs de style ligne claire hiérarchisent leurs plans, le dessin ligne claire est d’ailleurs peu apte à hiérarchiser les plans, et les peintres classiques hiérarchisent bien leurs plans sans contours.
Sur les 11 premières planches de l’histoire elle-même, je retiens la jolie idée de mettre des cadres aux dessus des grands dessins (pleines et demi pages), qui mettent en valeur ceux-ci comme de grandes fenêtres sur l’histoire et l’Histoire.
Et pour accompagner le marsupilami, L’édito des Fabrice, le running gag de Sti sur les couleurs dans La malédiction de la page 13 continue, cette fois avec un (déjà vu mais de nouveau amusant car bien amené) marsupilami comparé à une banane, des Jeux de Jacques Lerouge dont le dessin foisonnant illustre à merveille son sujet de Panique dans la forêt amazonienne, et le Bulletin d’houbabonnement de Cromheecke et Thiriet.
Je retrouve par ailleurs avec plaisir Thiriet, avec au dessin Jean-Yves Duhoo (et son Oncle Ho), dans leur excellente série 100 instruments.
Le délire continue dans le Spirou et Fantasio de Schwartz, Abitan et Guerrive, avec Cyanure en Iron-woman, rendue encore plus énervée par les racines des plantes du château de Champignac communicant par mycélium interposé (bonne idée qui fait un lien entre le comte mycologue et ce que l’on sait de la communication végétale, mais qui tourne court) et s’en prennent à elle qui détruit tout , car dit-elle “Vous humains avez fait de moi un objet de souffrance!” Ce n’est pas ce que je connais d’elle. Est-ce un indice pour une future histoire sur le passé de Cyanure? Et le Marsupilami, d’habitude si vif, qui se laisse cueillir comme une fleur, n’est pas très crédible. Bref, une séquence violente et sanguinolente une peu gratuite car comportant des trous et surtout, se déroulant dans un monde virtuel, donc sans vrai danger de mort pour les protagonistes. Mais les couleurs d’Alex Doucet, en oppositions de brun, de rouge et de jaune, créent une vraie ambiance de fin du monde. Séquence aussi violente et sanguinolente pour le dernier chapitre de la deuxième partie de Poltron Minet, une spectaculaire scène d’évasion de laboratoire, bien menée. Quelques débuts de réponses aux questions soulevées sont apportées, mais les enjeux se multiplient, certains seront-ils sacrifiés tels des animaux de laboratoire, comme les activistes anti-spécistes, ou la suite de l’histoire sera-t-elle à la hauteur de ses ambitions? Je souligne encore la qualité de dessin, de mise en scène et de coloris de Madd. Suite de De l’or pour les Bleus, de Lambil, Neidhart et Léonardo. Après tant d’histoires des Tuniques bleues, tous les thèmes et situations semblent avoir été abordés, et bien que Neidhart soit un nouveau scénariste pour cette série, j’y ai des sentiments de déjà-vu: Blutch et Chesterfield déguisés en mexicains, espions chez les sudistes, Blutch devenant le supérieur de Chesterfield, huis-clos d’un petit groupe en mission, et même une réplique du capitaine Stillman chez les sudistes. Néanmoins, la façon nouvelle dont Neidhardt les agence, ainsi que les relations entre les différents personnages, bien typés y compris les nouveaux, rend cette histoire intéressante à suivre.
Pas d’histoire courte cette semaine, mais Les inventures, de Pascal Thivillon, lauréat du prix Atomium Spirou 2023, qui récompense des histoires non plus mettant en scène Spirou mais ayant “l’esprit Spirou”, ce qui est assez vague pour pouvoir récompenser pratiquement n’importe quelle BD grand public. Ici, ce sont trois gags en une page assez amusants d’un gamin s’imaginant vivre dans des films, les références sont assez connues pour n’exclure personne, et le dessin est du gros nez actualisé, proche de celui de Nicolas Moog.
Dans les gags, un Petit Spirou traditionnel de Janry seul cette fois (avec les couleurs de Cerise), une toujours drôle Leçon de BD par Dab’s, qui comme pour celles de Dutreix ou de Pascal Colpron, se met en scène avec humour, un original gag de Gary C. Neel de Ced et Gorobei, un peu mou, mais c’est le sujet du gag, et dont j’ai bien aimé le détail du gag sur l’affiche, une très bonne Fifiche du Proprofesseur préhistorique de Lécroart, et un Dad flashbacks de Nob qui annonce l’arrivée de Roxanne.
Les BD de ma vie sont celles de Tebo, certaines sont attendues, comme celles de Gotlib (qui semble décidément la référence absolue de la plupart des auteurs comiques, avec Gaston de Franquin), Édika, Margerin, d’autres plus inattendues, comme l’influence de Kirby pour son traitement du mouvement. Et En direct du futur annonce une énigmatique véritable aventure (à suivre) des Fabrice, en "vacances" de leur Édito...
Enfin, une pub pour une série enfance au Lombard, des enfants dans un monde féérique, une de plus, et une pour le troisième tome de Madeleine résistante de Morvan et Bertail, la biographie de la résistante Madeleine Riffaud, d’après son témoignage. Le supplément abonnés consiste en des autocollants Spirou et Fantasio par Schwartz, dont l’un les représente au volant de leur Turbotraction au design de Karmann Ghia, à mon grand plaisir.
" Monólogo significa el mono que habla solo." Ramón Gómez de la Serna dans ses Greguerías.