Numéro 4518 du 13/11/2024
ici un aperçu du numero: https://www.spirou.com/actualites/somma ... ur-de-soda
Couverture schizo (mais la vie de Soda l’est), avec les gros flingues en gros plan chers à Tome et Janry (on en voit sur 5 des 13 couvertures de Spirou et Fantasio qu’ils ont réalisées, pratiquement jamais chez tous les autres auteurs), brandis par ce qui pourrait apparaitre comme des tueurs psychopathes (un prêtre, un gros cigare dans une telle situation), impression désamorcée pour ceux qui connaissent ces trois personnages, par le style de dessin de Dan, et surtout quand on sait que c’est une scène tirée du tome un, dans laquelle ces personnages s’amusent à abattre un drone, et ne sont donc pas des tueurs venant frapper à la porte. Mais, hors contexte... Le malaise persiste dans l’interview de Dan, où lui (et Tome par sa voix) se revendiquent du complotisme en en recusant le terme. https://www.spirou.com/bonus-de-la-reda ... e-toujours
-Dans « Révélations », Pronzini, l'ancien ami de Soda, lui donnera de troublantes informations sur le 11 Septembre. Un angle scénaristique que certains jugeront complotiste.
-Dan: C'est le point de vue de Pronzini. Philippe tenait avant tout à faire de Soda une fiction. Si ça fait réfléchir le lecteur, c'est du dommage collatéral ! Tome n'adhérait clairement pas à 100 % aux théories officielles concernant les attentats du 11 Septembre, mais il ne pensait pas détenir pour autant la vérité. Il s'était lourdement informé sur le sujet, arrivant à la conclusion qu'il subsistait des zones d'ombre et de coïncidences tenant du paranormal. Philippe avait une bonne connaissance de l'histoire, des agissements occultes de la CIA, mais aussi des méthodologies terroristes de tous bords. On ne saura jamais ce qui s'est exactement passé le 11 Septembre. On sait par contre que l'invasion de l'Irak par les USA repose bel et bien sur un mensonge "officiel". Il y a donc un précédent. Pour moi, le terme de "complotiste" pro-ci ou anti-ça stoppe souvent toute possibilité de débat, ce qui me semble dangereux.
Le premier tome, Résurrection, datant d’il y a dix ans, appelait-il une suite ? La mort de Mary aurait pu signifier la fin des aventures de Soda, celui-ci n’ayant dès lors plus de raison de dissimuler son identité. Mais visiblement, comme l’indique le titre parfaitement approprié de cette suite, les auteurs avaient des révélations à faire sur le 11 septembre.
L’histoire commence très classiquement comme dans plusieurs films hollywoodiens par une mort suivie d’un flash back l’expliquant (Sunset Bld., The Barefoot Contessa). Comme pour la couverture, le dessin de Dan contrebalance la violence de l’histoire, par contre le dessin pleine page expressioniste en rouge et noir servant de fond à l’interview (et à la couverture de l'album, qui ne vise donc pas le gros du lectorat de Spirou) est inquiétant à souhaits.
Retour aussi de Louca dans sa propre série, amorcé la semaine précédente, mais sa proverbiale malchance le poursuivant toujours, son entrée qu’il avait rêvée triomphale se tranforme en catastrophe. L’auteur Bruno Dequier parle d’ailleurs sans surprise dans Les BD de ma vie de sa double formation par le dessin des Spirou (le grand et le petit) de Janry et les mangas initiatiques pour garçons que sont les shōnen de sport ou Dragon Ball d’Akira Toriyama, et de l’influence de Peter Parker, le super-héros adolescent complexé, sur Louca. Suite de Décalécatàn, où nos héros continuent leur exploration des passages obligés des séries d’aventure, avec, « ça alors ! Des kilomètres de galeries creusées sous la cité maya, c’est incroyable ! », et révèlent que la crapuleuse Palmatec est la productrice du fameux MutellaⓇ. Dans L’édito toutefois les Fabrice se permettent de citer de vraies marques, et bien qu’au grand dam du nouveau rédac chef (qui semble un peu trop sensible pour ce poste en face des Fabrice), pourrait-on donc se permettre des choses dans le magazine qui seraient trop sensibles pour un album? On apprend également qu’aux deux Fabrice de L’édito, Fabcaro et Fabrice Erre, a failli s’en adjoindre un troisième, Lucchini, heureusement, c’était un gag de 3 infos, 2 vraies, 1 fausse de Bernstein, Bercovici et Le Gall. Par contre le nouveau rédac’chef est aussi, et encore une fois, présent dans les marges de La malédiction de la page 13 de Sti. Cela fait longtemps que les rédac’chefs de Spirou sont des personnages de BD à part entière du journal, mais c’est la première fois qu’un à peine intronisé est si présent...
Trois histoires courtes, La clinique des mauvais rêves, où une jeune fille se retrouve après un accident de foot dans une clinique pour créatures de mauvais rêves, en fait issues de films d’horreur, par Rubén del Rincón et Darlot, auteurs épisodiques d’histoires courtes dans Spirou depuis plus d’une dizaine d’années, deux pages du Capitaine Anchois de Floris, invité à un mariage, où Louis a la vedette, ce personnage qui y a encore une fois du succès auprès des filles alors que d’ordinaire les nerds comme lui sont plutôt balourds relationnellement, et un mini-récit de Léon et Léna, où leur cousin Jacques devient une vedette des réseaux sociaux grâce à ses talents de cuisiniers, les auteurs Damien Cerq et Clémence Perrault montrant au final la versatilité de ceux-ci.
Dans les autres gags, Midam, Patelin, Dairin et Angèle ont construit un Kid Paddle fait d’amusantes parodies des strips (à suivre) des quotidiens US, dorénavant lus sur portable indépendamment du journal. Suite de l’arc de Titan Inc. sur la secte millénariste, gag de Nelson de Bertshy sans Nelson, avec le chien robot, gag muet de Gary C. Neel de Ced et Gorobei, amusante variation sur le laboureur et ses enfants de La Fontaine, Tom montre dans Fish n chips que la superficialité existe, ô paradoxe, même au fond des mers, et Lécroart dans Les Fifiches du Proprofesseur que les révolutions ne font (parfois?) qu’inverser les rapports de domination. Le fait que les planches de Pernille et d'Annabelle soient placées recto-verso permet de se rendre compte de la forte proximité graphique entre les deux héroïnes, jeunes filles blondes pourvues d’une grande mèche, entre celle de Spirou et celle de Titeuf. Quant à Roxanne, la dernière née dans Dad flashback, elle grandit vite, sa personnalité est déjà là, à quatre pattes, elle bat son père à la course, et sait même grimper aux arbres.
Pour le reste, les Jeux, réalisés par Schmitt, ne concernent pas la série vedette de la semaine mais les mésaventures d’un Fantasio trop curieux dans le laboratoire du comte de Champignac, Midam propose un Tuto pour dessiner Horace, les deux publicités sont pour des albums de séries de Spirou, le tome 20 du petit Spirou, avec une vieille peluche de marsupilami en couverture, et une jolie pour Les petits métiers méconnus, illustrée de vignettes par chacun des dessinateurices, tous cités en marge. Enfin, depuis peu, En direct du futur est rédigé sur un ton résolument humoristique, comme cet avis de parution du Giga Spirou d’hiver, qui sort le 6 décembre en librairie, pour la saint Nicolas (mais cette coïncidence n’est pas précisée dans l’annonce).
Cette semaine dans le journal de Spirou j'ai aimé...
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Re: Cette semaine dans le journal de Spirou j'ai aimé...
" Monólogo significa el mono que habla solo." Ramón Gómez de la Serna dans ses Greguerías.
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Re: Cette semaine dans le journal de Spirou j'ai aimé...
Numéro 4519 du 20/11/2024
Ici un aperçu du numéro: https://www.spirou.com/actualites/somma ... erie-tanis
Couverture sur une nouvelle série, Tanis, se déroulant dans l’ Égypte ancienne, mais bien que, ou parce que, la coscénariste Valérie Mangin soit une historienne chartiste, déjà autrice de Alix senator, ce n’est pas une série historique mais tant préhistorique que légendaire, puisque se passant « il y a douze millénaire, après la chute d’Atlantis, avant que l’ Égypte ne soit l’ Égypte ». Le couple de scénaristes Valérie Mangin et Denis Bajram reconstruisent une époque datant d’avant l’écriture, sur laquelle les historiens n’ont donc aucun document autre qu’archéologque et mythologique, et s’amusent à méler les époques, vraiment toutes les époques, et les légendes, en inventant même, mais toujours sur une base de plaisir et de raison. Bajram et Mangin, dans l’interview de présentation : "-Bien sûr, nous ne croyons pas à ce mythe d'un continent perdu, qui n'est qu'une métaphore politique inventée par Platon pour parler d'Athènes. Cela dit, lorsque nous écrivons Tanis, nous croyons à nos fictions avec la passion de complotistes cherchant à convaincre de leurs thèses ! Afin de ne pas rajouter de fake news dans une époque où il y en a déjà beaucoup, nous distinguerons ce qui est vrai de ce qui est faux dans un dossier à la fin de chaque album de Tanis." Stéphane Perger, dessinateur : "-Pour le casque d'Osiris, je me suis inspiré de représentations du dieu sur des sculptures égyptiennes et j'ai aussi puisé dans mes souvenirs de dessins animés, tels Les mystérieuses cités d'or et Ulysse 31. Nous avions envie de nous rapprocher de ces références de notre enfance où l'historique et l'imaginaire étaient fortement liés. » L’histoire est voulue aussi impressionnante que sensible et réflexive: « Stéphane, qui a travaillé dans le comics [note :Avengers en particulier], amène son sens de la mise en scène à grand spectacle. Nous, scénaristes, donnons à Tanis un côté "feuilleton" inspiré du manga, tout en gardant le côté structuré et culturel de l'écriture "à la franco-belge".Tanis, c'est notre Schtroumpfissime à nous. On n'y critique pas précisément la religion, mais plutôt toutes les formes de pouvoir. » Les premières planches sont très prometteuses, éclatées sur dégradés de feux, puis resserrées sur dégradés de bleu nuit, pour méler en fin de chapitre les tons lorsque la jeune héroïne, Tanis, remonte dans la légende avec son vieux père adoptif. Les planches de Stéphane Perger sont sur fond de couleur, pour mieux immerger dans l’univers légendaire de Tanis, Dan fait de même pour Soda, mais uniquement sur fond noir, pour une légende moderne : on apprend que le 11 septembre était un coup d’état, qu'un caucasien qui en fait partie se fait passer pour un radical islamiste, et que Soda semble lui aussi passé du côté obscur, s’appretant à faire subir un mauvais sort à « celui qui a buté » le chat de sa mère...A rebours des élipses précédentes, Bruno Dequier s’attarde longuement sur les dernières minutes de la demi finale de la coupe du Griffon, puisque Louca entre enfin sur le terrain, on a donc un chapitre très dynamique, où « Louca est bien resté...Louca », tant héroïque et performant que maladroit. La tension accumulée par la petite équipe dans les mystérieux souterrains mayas de Décalécatàn explose, avec l’archéologue mexicaine mettant les pieds réflexifs dans le plat méta en criant sur les Fabrice « Vous vous croyez dans une comédie d’aventure des années 80 ? »
Mise en abyme aussi dans l’histoire courte du numéro, Cédric rangeant sa chambre en suivant un tuto de la méthode organisationnelle de Marie Tango (sic), dans une histoire où Laudec a lui aussi visiblement agencé et imbriqué ses cases comme un puzzle virtuel, et incrustant des images de personnages de Spirou dans la chambre de Cédric, du dernier Tuniques bleues aux Fabrice, à Natacha et au vrai Gaston Lagaffe.
Pas de Kid Paddle cette semaine, et c’est Dab’s avec Crash Tex, qui arrête un but d’une façon aussi incongrue (et douloureuse) que Louca, qui a les honneurs de la page deux. Les Fabrice, confondant les civilisations, présentent dans leur Édito un origami de pyramide, les Jeux de Casters sont aussi sur le thème de la semaine, avec les personnages du journal dans l’Égypte des pyramides ( mais Papyrus et Hapinès en sont étrangement absents), et le Bulletin d’abonnement de Cromheecke et Thiriet offre une mythologie personnelle avec Abo, le dieu des abonnés. Légende aussi dans Raowl, où Tebo raconte sa version propre de l’origine de Peau d’âne. Humour référentiel dans Brad Rock the golddigger, de Jilème et Sophie David, avec un brocanteur nommé Brolwinkel, et humour graphique dans Gary C. Neel de Ced et Gorobei. Si dans Titan Inc. la secte n’apparait plus, le bon sens de Ned le marin ne peut rien face à l’aveuglement en fin de compte tout aussi fanatique du capitaine et de la DRH. Enfin, dans Dad flashback, Panda entre dans la préadolescence et a son premier portable, car, dit son père « elle arrive à un âge où toutes ses copines en ont déjà un. » Je préciserai « en ont déjà un depuis des années », car de plus en plus d’enfants ont dorénavant un portable bien avant l’entrée au collège, Nob n’exprime donc pas ici les dernières errances de la société, volontairement sans doute.
Les BD de ma vie sont celles de Dodier, qui a commencé la BD par les petits formats, de [Kiwi à Blek le roc et Zembla, saveur populaire que l’on trouve encore dans JKJ Bloche, et l’auteur rappelle qu’il a débuté avec son ami de toujours Pierre Makyo dans Pistil, le seul magazine BD réellement écologiste, à la fin des années 70. En direct du futur annonce une nouvelle série de fantasy, en précisant que « ce n’est pas la spécialité de Dupuis. « Non, c’est vrai, confie Benoit Fripiat, éditeur de la série, je me méfie du genre. Un coup de baguette magique et, hop, tout s’arrange. Un peu facile. » La justification serait plus crédible si Dupuis ne publiait pas des séries SF où les multivers et le virtuel tiennent lieu de la facilité de la baguette magique, et surtout la remarque n’aurait pas l’air d’une plaisanterie involontaire si Spirou ne publiait pas déjà tant de séries de fantasy pure ou de SF fantasy, de Créatures à Zombillénium, en passant par Poltron-Minet, Trésor, les Cœurs de ferraille, le Roi louve ou Les sœurs Grémillet ou Tanis dans ce numéro même et pendant longtemps Seuls. Enfin, intéressant témoignage dans Spirou et moi de Gerrit de Jager, auteur néerlandais qui a publié Aristote et ses potes dans Spirou entre 1985 et 1995, des gags dans un restaurant végétarien, signe de l'avancement de la société néerlandaise par rapport à la franco-belge à l’époque, où prendre un tel lieu pour sujet de gags aurait été peu imaginable. Il dit comment il a été viré « avec la plus grande correction » pour des chiffres de vente qui ne décollaient pas, alors qu’aujourd’hui pour de tels chiffres « on lui embrasserait les pieds », sa joie d’avoir été publié dans Spirou et Robbedoes, le seul auteur néerlandais à avoir réussi cela, et le statut peu considéré de la BD aux Pays-bas, où il est pourtant une vedette, par rapport à la France et la Belgique.
Ici un aperçu du numéro: https://www.spirou.com/actualites/somma ... erie-tanis
Couverture sur une nouvelle série, Tanis, se déroulant dans l’ Égypte ancienne, mais bien que, ou parce que, la coscénariste Valérie Mangin soit une historienne chartiste, déjà autrice de Alix senator, ce n’est pas une série historique mais tant préhistorique que légendaire, puisque se passant « il y a douze millénaire, après la chute d’Atlantis, avant que l’ Égypte ne soit l’ Égypte ». Le couple de scénaristes Valérie Mangin et Denis Bajram reconstruisent une époque datant d’avant l’écriture, sur laquelle les historiens n’ont donc aucun document autre qu’archéologque et mythologique, et s’amusent à méler les époques, vraiment toutes les époques, et les légendes, en inventant même, mais toujours sur une base de plaisir et de raison. Bajram et Mangin, dans l’interview de présentation : "-Bien sûr, nous ne croyons pas à ce mythe d'un continent perdu, qui n'est qu'une métaphore politique inventée par Platon pour parler d'Athènes. Cela dit, lorsque nous écrivons Tanis, nous croyons à nos fictions avec la passion de complotistes cherchant à convaincre de leurs thèses ! Afin de ne pas rajouter de fake news dans une époque où il y en a déjà beaucoup, nous distinguerons ce qui est vrai de ce qui est faux dans un dossier à la fin de chaque album de Tanis." Stéphane Perger, dessinateur : "-Pour le casque d'Osiris, je me suis inspiré de représentations du dieu sur des sculptures égyptiennes et j'ai aussi puisé dans mes souvenirs de dessins animés, tels Les mystérieuses cités d'or et Ulysse 31. Nous avions envie de nous rapprocher de ces références de notre enfance où l'historique et l'imaginaire étaient fortement liés. » L’histoire est voulue aussi impressionnante que sensible et réflexive: « Stéphane, qui a travaillé dans le comics [note :Avengers en particulier], amène son sens de la mise en scène à grand spectacle. Nous, scénaristes, donnons à Tanis un côté "feuilleton" inspiré du manga, tout en gardant le côté structuré et culturel de l'écriture "à la franco-belge".Tanis, c'est notre Schtroumpfissime à nous. On n'y critique pas précisément la religion, mais plutôt toutes les formes de pouvoir. » Les premières planches sont très prometteuses, éclatées sur dégradés de feux, puis resserrées sur dégradés de bleu nuit, pour méler en fin de chapitre les tons lorsque la jeune héroïne, Tanis, remonte dans la légende avec son vieux père adoptif. Les planches de Stéphane Perger sont sur fond de couleur, pour mieux immerger dans l’univers légendaire de Tanis, Dan fait de même pour Soda, mais uniquement sur fond noir, pour une légende moderne : on apprend que le 11 septembre était un coup d’état, qu'un caucasien qui en fait partie se fait passer pour un radical islamiste, et que Soda semble lui aussi passé du côté obscur, s’appretant à faire subir un mauvais sort à « celui qui a buté » le chat de sa mère...A rebours des élipses précédentes, Bruno Dequier s’attarde longuement sur les dernières minutes de la demi finale de la coupe du Griffon, puisque Louca entre enfin sur le terrain, on a donc un chapitre très dynamique, où « Louca est bien resté...Louca », tant héroïque et performant que maladroit. La tension accumulée par la petite équipe dans les mystérieux souterrains mayas de Décalécatàn explose, avec l’archéologue mexicaine mettant les pieds réflexifs dans le plat méta en criant sur les Fabrice « Vous vous croyez dans une comédie d’aventure des années 80 ? »
Mise en abyme aussi dans l’histoire courte du numéro, Cédric rangeant sa chambre en suivant un tuto de la méthode organisationnelle de Marie Tango (sic), dans une histoire où Laudec a lui aussi visiblement agencé et imbriqué ses cases comme un puzzle virtuel, et incrustant des images de personnages de Spirou dans la chambre de Cédric, du dernier Tuniques bleues aux Fabrice, à Natacha et au vrai Gaston Lagaffe.
Pas de Kid Paddle cette semaine, et c’est Dab’s avec Crash Tex, qui arrête un but d’une façon aussi incongrue (et douloureuse) que Louca, qui a les honneurs de la page deux. Les Fabrice, confondant les civilisations, présentent dans leur Édito un origami de pyramide, les Jeux de Casters sont aussi sur le thème de la semaine, avec les personnages du journal dans l’Égypte des pyramides ( mais Papyrus et Hapinès en sont étrangement absents), et le Bulletin d’abonnement de Cromheecke et Thiriet offre une mythologie personnelle avec Abo, le dieu des abonnés. Légende aussi dans Raowl, où Tebo raconte sa version propre de l’origine de Peau d’âne. Humour référentiel dans Brad Rock the golddigger, de Jilème et Sophie David, avec un brocanteur nommé Brolwinkel, et humour graphique dans Gary C. Neel de Ced et Gorobei. Si dans Titan Inc. la secte n’apparait plus, le bon sens de Ned le marin ne peut rien face à l’aveuglement en fin de compte tout aussi fanatique du capitaine et de la DRH. Enfin, dans Dad flashback, Panda entre dans la préadolescence et a son premier portable, car, dit son père « elle arrive à un âge où toutes ses copines en ont déjà un. » Je préciserai « en ont déjà un depuis des années », car de plus en plus d’enfants ont dorénavant un portable bien avant l’entrée au collège, Nob n’exprime donc pas ici les dernières errances de la société, volontairement sans doute.
Les BD de ma vie sont celles de Dodier, qui a commencé la BD par les petits formats, de [Kiwi à Blek le roc et Zembla, saveur populaire que l’on trouve encore dans JKJ Bloche, et l’auteur rappelle qu’il a débuté avec son ami de toujours Pierre Makyo dans Pistil, le seul magazine BD réellement écologiste, à la fin des années 70. En direct du futur annonce une nouvelle série de fantasy, en précisant que « ce n’est pas la spécialité de Dupuis. « Non, c’est vrai, confie Benoit Fripiat, éditeur de la série, je me méfie du genre. Un coup de baguette magique et, hop, tout s’arrange. Un peu facile. » La justification serait plus crédible si Dupuis ne publiait pas des séries SF où les multivers et le virtuel tiennent lieu de la facilité de la baguette magique, et surtout la remarque n’aurait pas l’air d’une plaisanterie involontaire si Spirou ne publiait pas déjà tant de séries de fantasy pure ou de SF fantasy, de Créatures à Zombillénium, en passant par Poltron-Minet, Trésor, les Cœurs de ferraille, le Roi louve ou Les sœurs Grémillet ou Tanis dans ce numéro même et pendant longtemps Seuls. Enfin, intéressant témoignage dans Spirou et moi de Gerrit de Jager, auteur néerlandais qui a publié Aristote et ses potes dans Spirou entre 1985 et 1995, des gags dans un restaurant végétarien, signe de l'avancement de la société néerlandaise par rapport à la franco-belge à l’époque, où prendre un tel lieu pour sujet de gags aurait été peu imaginable. Il dit comment il a été viré « avec la plus grande correction » pour des chiffres de vente qui ne décollaient pas, alors qu’aujourd’hui pour de tels chiffres « on lui embrasserait les pieds », sa joie d’avoir été publié dans Spirou et Robbedoes, le seul auteur néerlandais à avoir réussi cela, et le statut peu considéré de la BD aux Pays-bas, où il est pourtant une vedette, par rapport à la France et la Belgique.
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Re: Cette semaine dans le journal de Spirou j'ai aimé...
Numéro 4520 du 27/11/2024
Ici un aperçu du numéro: https://www.spirou.com/actualites/somma ... -de-retour
Lucky Luke avance d’un pas décidé en couverture pour son retour après 10 ans d’absence du journal, pour un dessin sur fond uniforme, sans décor, en dehors des Dalton, qui reviennent « eux aussi », précision confirmant une fois de plus leur importance quasi égale au héros (les Jeux de Priou et Maëlys sont d’ailleurs consacrés à L’évasion des Dalton), et d'un signal de circulation qui semblerait anachronique au far-west, vus le lieu et l’époque. Mais les premiers signaux, bicolores et à gaz, datent bien de la fin du XIXè siècle, et surtout, cette histoire ne se passe pas au far-west mais à Milwaukee sur les bords du lac Michigan (dont la vue plongeante planche 9 fait inévitablement penser à celle sur les monstrueux parcs à bestiaux de Chicago dans Little Nemo de Winsor McCay, où les protagonistes précisent, amusante coïncidence, qu’ils vont ensuite se rendre précisément à Milwaukee https://www.comicstriplibrary.org/display/648) , et Jul, le scénariste, connu pour amener de la politique dans Lucky Luke, va l’y confronter aux syndicats de brasseurs de bière d’origine allemande, car, précise-t-il « on a du mal à imaginer que les premières usines et le premier travail à la chaîne étaient contemporains de Lucky Luke.» En fait, en parlant d’usines et de travail à la chaîne, les colts ont historiquement été parmi les premiers objets industriellement standardisés, pour la fabrication de leurs pièces interchangeables. L’humanité a toujours su choisir ses priorités. Autre anecdote, de même que ce sont des Allemands qui ont importé la bière aux États-Unis d’Amérique, la bière chinoise la plus fameuse, la Tsingtao, a aussi été créée par des Allemands, dans cette ville chinoise alors concession allemande. Autre nouveauté, déjà signalée ailleurs, qu’apporte Jul à Lucky Luke, est les jeux de mots (le titre de l’histoire, la pancarte à l’entrée de New München « Les desperados ? Ici, on les mets en bière »), absents de Lucky Luke sous Morris. Et de même qu’encore une fois En direct du futur, annonçant la parution de la deuxième partie de Supermarsu, intitulée Marsu club, de Colman et Batem, est résolument placée sous le signe de l’humour, l’interview de Jul et Achdé l’est aussi, entre le préavis de grêve soi-disant déposé par Achdé et la bière recommandée à Jul par son médecin (d’autres ici :https://www.spirou.com/bonus-de-la-reda ... s-pression). Influence du nouveau rédacteur en chef, que cette semaine Sti fait carrément remplacer Spoirou et Fantasperge dans La malédiction de la page 13 ?
Fin de l 'épisode (à suivre, donc) La coupe du Griffon en pleines prolongations du match, dont on ne verra donc la fin que dans le prochain épisode, (quel suspens, d’autant plus que l’on apprend que Louca…mais j’en ai déjà trop dit, huhu), dans un chapitre que Bruno Dequier à graphiquement très découpé, suivant les mouvements des joueurs. Fin également, qui ne me déçoit pas, de Décalécatàn, car toujours écrit ainsi dans le bandeau titre, mais par contre écrit correctement Décalécatán en dernière planche. S’ajoute un final où tous les personnages se retrouvent, l’histoire se révélant une aventure chorale, mais entassés dans la salle du condor d’or, et Fabrice Erre et Fabcaro s’envolent, mission accomplie (à leur corps défendant) pour de nouvelles aventures (idem). Une question demeure cependant, au milieu de toutes les aneries faites et dites par les Fabrice, se pourrait-il que la langue que parlent les indiens Acahualpas (au nom inventé) soit réelle ? Suite de Tanis, où les deux jeunes héros (on peut déjà les qualifier de tels, car ils refusent de se soumettre aux conventions et superstitions étouffantes) se retrouvent prisonniers d’une pyramide aux paroies décorées de représentation de cartouches écrits et de dieux égyptiens (il y a douze millénaires?) mais aussi de signes cunéïformes et de dragons: intrigante mythologie que les auteurices, Valérie Mangin et Denis Bajram, sont en train d’exposer, et pour laquelle le dessinateur Stéphane Perger nous gratifie de vues en plongée impressionnantes, lorsque que le feu du ciel s’abat sur les pyramides, et dans d’immenses salles dans la pyramide, avec les planches passant d’un fond bleu ciel à noir. Fond noir aussi et toujours pour Soda, auquel le dessin de Dan, un encrage ferme sur une base nerveuse, et le goût pour les trognes marquantes, comme les caricatures outrées des maffieux (et, si je ne me trompe, celles de Janry et Stuff planche 15), correspond parfaitement.
Pas d’histoires courtes cette semaine, donc plus de gags. Les Fabrice dans leur Édito sur Lucky Luke se disputent sur qui fera Averell, qui fera Rantanplan (tiens, ils semblent connaître leurs classiques, pour une fois. Et pour en finir avec Lucky Luke dans ce numéro, Cromheecke et Thiriet font dans Le bulletin d’abonnement un bon gag sur les vicissitudes du pauvre cow-boy solitaire loin de son foyer). Chez les nombreux personnages enfants, une amusante variation des subterfuges du papa pour faire manger des légumes à Kid Paddle (Question aux auteurices Midam, Dairin et Angèle : pourquoi les serviteurs des savants fous s’appellent-ils toujours Igor?), un gag amusant aussi de Pernille, où son beau-père ogre sème (au sens propre) des cadavres, Romain Pujol et Zimra envoient eux leur Psychotine chez une nouvele psy, alors que son comportement n’est pas pire, loin de là, que certains enfants terribles du magazine, mais c’est le dessin de Zimra, en couleurs acidulées délavées, qui donne un ton inquiètant à cet univers tout enfantin joufflu, qui justifie tout autant que les actes de leur fille cette préoccupation des parents. Enfin les Otaku de Nena et Maria-Praz goûtent pour la première fois (étonnant de leur part, eux si branchés extrème orient) un bubble tea, qu’ils apprécient peu. À 7 euros le verre de thé au lait en poudre et parfums artificiels, agrémenté de boulettes gluantes, je me demande bien ce qui séduit tant les occidentaux là-dedans, en dehors du suivisme de la mode. Suivisme aussi en scène dans Fish n chips de Tom, tandis que les passagers lucides de Titan Inc. affrontent une nouvelle version du savant fou, la professeur Chicks, que Berth fait dans Des gens et inversement une réjouissante et originale variante des extra-terrestres capturant des specimens terrestres, avec des sous-marins en guise de poissons, et que dans Dad flashbacks, Panda entre dans l’adolescence teigneuse. Dans La leçon de BD, Laurel donne des conseils bienvenus, comme sur les nœuds graphiques, sans toutefois expliquer ce que c’est, et d’autres moins pertinents, sur « le bon p’tit truc » de faire des planches en format carré, le meilleur pour poster sur les réseaux sociaux. C’est en gros juste pour Instagram, par contre, l’un des intérêts des webtoons est justement de n’avoir pas de limitation de taille ou de format par rapport à la page de livre ou magazine, d’où le fait qu’il faille en général adapter les webtoons pour les publier sur papier. Ce numéro de Spirou contient d’ailleurs une publicité pour Les combats invisibles, une BD engagée contre le harcelement qui paraît sur Kfactory, le label des éditions Dupuis destiné aux webtoons.
Enfin Goum, l’auteur dans Spirou de l’adaptation en BD du DA Comme des bêtes parle dans Les BD de ma vie de beaucoup d’auteurs de DA, et d’auteurs de BD comme Gijé et Benjamin Renner, qui sont tout autant animateurs ; on ne se refait pas…même s’il cite aussi des auteurices uniquement BD.
Ici un aperçu du numéro: https://www.spirou.com/actualites/somma ... -de-retour
Lucky Luke avance d’un pas décidé en couverture pour son retour après 10 ans d’absence du journal, pour un dessin sur fond uniforme, sans décor, en dehors des Dalton, qui reviennent « eux aussi », précision confirmant une fois de plus leur importance quasi égale au héros (les Jeux de Priou et Maëlys sont d’ailleurs consacrés à L’évasion des Dalton), et d'un signal de circulation qui semblerait anachronique au far-west, vus le lieu et l’époque. Mais les premiers signaux, bicolores et à gaz, datent bien de la fin du XIXè siècle, et surtout, cette histoire ne se passe pas au far-west mais à Milwaukee sur les bords du lac Michigan (dont la vue plongeante planche 9 fait inévitablement penser à celle sur les monstrueux parcs à bestiaux de Chicago dans Little Nemo de Winsor McCay, où les protagonistes précisent, amusante coïncidence, qu’ils vont ensuite se rendre précisément à Milwaukee https://www.comicstriplibrary.org/display/648) , et Jul, le scénariste, connu pour amener de la politique dans Lucky Luke, va l’y confronter aux syndicats de brasseurs de bière d’origine allemande, car, précise-t-il « on a du mal à imaginer que les premières usines et le premier travail à la chaîne étaient contemporains de Lucky Luke.» En fait, en parlant d’usines et de travail à la chaîne, les colts ont historiquement été parmi les premiers objets industriellement standardisés, pour la fabrication de leurs pièces interchangeables. L’humanité a toujours su choisir ses priorités. Autre anecdote, de même que ce sont des Allemands qui ont importé la bière aux États-Unis d’Amérique, la bière chinoise la plus fameuse, la Tsingtao, a aussi été créée par des Allemands, dans cette ville chinoise alors concession allemande. Autre nouveauté, déjà signalée ailleurs, qu’apporte Jul à Lucky Luke, est les jeux de mots (le titre de l’histoire, la pancarte à l’entrée de New München « Les desperados ? Ici, on les mets en bière »), absents de Lucky Luke sous Morris. Et de même qu’encore une fois En direct du futur, annonçant la parution de la deuxième partie de Supermarsu, intitulée Marsu club, de Colman et Batem, est résolument placée sous le signe de l’humour, l’interview de Jul et Achdé l’est aussi, entre le préavis de grêve soi-disant déposé par Achdé et la bière recommandée à Jul par son médecin (d’autres ici :https://www.spirou.com/bonus-de-la-reda ... s-pression). Influence du nouveau rédacteur en chef, que cette semaine Sti fait carrément remplacer Spoirou et Fantasperge dans La malédiction de la page 13 ?
Fin de l 'épisode (à suivre, donc) La coupe du Griffon en pleines prolongations du match, dont on ne verra donc la fin que dans le prochain épisode, (quel suspens, d’autant plus que l’on apprend que Louca…mais j’en ai déjà trop dit, huhu), dans un chapitre que Bruno Dequier à graphiquement très découpé, suivant les mouvements des joueurs. Fin également, qui ne me déçoit pas, de Décalécatàn, car toujours écrit ainsi dans le bandeau titre, mais par contre écrit correctement Décalécatán en dernière planche. S’ajoute un final où tous les personnages se retrouvent, l’histoire se révélant une aventure chorale, mais entassés dans la salle du condor d’or, et Fabrice Erre et Fabcaro s’envolent, mission accomplie (à leur corps défendant) pour de nouvelles aventures (idem). Une question demeure cependant, au milieu de toutes les aneries faites et dites par les Fabrice, se pourrait-il que la langue que parlent les indiens Acahualpas (au nom inventé) soit réelle ? Suite de Tanis, où les deux jeunes héros (on peut déjà les qualifier de tels, car ils refusent de se soumettre aux conventions et superstitions étouffantes) se retrouvent prisonniers d’une pyramide aux paroies décorées de représentation de cartouches écrits et de dieux égyptiens (il y a douze millénaires?) mais aussi de signes cunéïformes et de dragons: intrigante mythologie que les auteurices, Valérie Mangin et Denis Bajram, sont en train d’exposer, et pour laquelle le dessinateur Stéphane Perger nous gratifie de vues en plongée impressionnantes, lorsque que le feu du ciel s’abat sur les pyramides, et dans d’immenses salles dans la pyramide, avec les planches passant d’un fond bleu ciel à noir. Fond noir aussi et toujours pour Soda, auquel le dessin de Dan, un encrage ferme sur une base nerveuse, et le goût pour les trognes marquantes, comme les caricatures outrées des maffieux (et, si je ne me trompe, celles de Janry et Stuff planche 15), correspond parfaitement.
Pas d’histoires courtes cette semaine, donc plus de gags. Les Fabrice dans leur Édito sur Lucky Luke se disputent sur qui fera Averell, qui fera Rantanplan (tiens, ils semblent connaître leurs classiques, pour une fois. Et pour en finir avec Lucky Luke dans ce numéro, Cromheecke et Thiriet font dans Le bulletin d’abonnement un bon gag sur les vicissitudes du pauvre cow-boy solitaire loin de son foyer). Chez les nombreux personnages enfants, une amusante variation des subterfuges du papa pour faire manger des légumes à Kid Paddle (Question aux auteurices Midam, Dairin et Angèle : pourquoi les serviteurs des savants fous s’appellent-ils toujours Igor?), un gag amusant aussi de Pernille, où son beau-père ogre sème (au sens propre) des cadavres, Romain Pujol et Zimra envoient eux leur Psychotine chez une nouvele psy, alors que son comportement n’est pas pire, loin de là, que certains enfants terribles du magazine, mais c’est le dessin de Zimra, en couleurs acidulées délavées, qui donne un ton inquiètant à cet univers tout enfantin joufflu, qui justifie tout autant que les actes de leur fille cette préoccupation des parents. Enfin les Otaku de Nena et Maria-Praz goûtent pour la première fois (étonnant de leur part, eux si branchés extrème orient) un bubble tea, qu’ils apprécient peu. À 7 euros le verre de thé au lait en poudre et parfums artificiels, agrémenté de boulettes gluantes, je me demande bien ce qui séduit tant les occidentaux là-dedans, en dehors du suivisme de la mode. Suivisme aussi en scène dans Fish n chips de Tom, tandis que les passagers lucides de Titan Inc. affrontent une nouvelle version du savant fou, la professeur Chicks, que Berth fait dans Des gens et inversement une réjouissante et originale variante des extra-terrestres capturant des specimens terrestres, avec des sous-marins en guise de poissons, et que dans Dad flashbacks, Panda entre dans l’adolescence teigneuse. Dans La leçon de BD, Laurel donne des conseils bienvenus, comme sur les nœuds graphiques, sans toutefois expliquer ce que c’est, et d’autres moins pertinents, sur « le bon p’tit truc » de faire des planches en format carré, le meilleur pour poster sur les réseaux sociaux. C’est en gros juste pour Instagram, par contre, l’un des intérêts des webtoons est justement de n’avoir pas de limitation de taille ou de format par rapport à la page de livre ou magazine, d’où le fait qu’il faille en général adapter les webtoons pour les publier sur papier. Ce numéro de Spirou contient d’ailleurs une publicité pour Les combats invisibles, une BD engagée contre le harcelement qui paraît sur Kfactory, le label des éditions Dupuis destiné aux webtoons.
Enfin Goum, l’auteur dans Spirou de l’adaptation en BD du DA Comme des bêtes parle dans Les BD de ma vie de beaucoup d’auteurs de DA, et d’auteurs de BD comme Gijé et Benjamin Renner, qui sont tout autant animateurs ; on ne se refait pas…même s’il cite aussi des auteurices uniquement BD.
" Monólogo significa el mono que habla solo." Ramón Gómez de la Serna dans ses Greguerías.
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Re: Cette semaine dans le journal de Spirou j'ai aimé...
Numéro double 4521/4522 spécial Noël du 04/12/2024
Ici un aperçu du numéro: https://www.spirou.com/actualites/somma ... ial-noel-1
Le traditionnel numéro double de fin d’année, sous une joyeuse couverture de Nob, qui annonce un Noël inattendu, qualificatif surprenant ici. Si représenter le père Noël en tenue hawaïenne et jouant du ukulele, comme l’a fait Nob, est sympathique, le paradoxe de Noël sous les tropiques n’est pas une nouveauté, même pour Spirou, puisque la couverture du spécial Noël de 2017 représentait et titrait "Théodore Poussin vous emmène dans les îles !", et celle de l’année précédente était sur Spirou et Fantasio fêtant Noël en Afrique. Spirou avait auparavant conçu sous la direction d'Alain De Kuyssche un spécial inattendu qui l’était vraiment, le 2139 de 1979, puisque les auteurs y avaient réalisé des histoires courtes dans des styles et des tons inhabituels (et historiquement, ce fut le premier spécial tout en couleurs, et non plus en partiellement en bichromie. Voyez vous-mêmes ici https://patribdanc.wixsite.com/archives ... 1978/f2139)
Ici, l’inattendu vient de Nob, qui a réalisé une histoire de Mamette, la série de Tchô où il avait trouvé son ton et son premier grand succès critique et public. Peut-être le retour de ce personnage et son univers si attachant, dont les séries dérivées, Les souvenirs de Mamette et La cuisine de Mamette ont une vraie raison d’être, pas seulement commerciale, et dont le dernier album date de 10 ans, car un nouveau est annoncé pour cette fin de mois de décembre. Cette histoire est une excellente introduction à ce personnage pour les lecteurs de Spirou, touchant avec humour et délicatesse le thème de la vieillesse et de la mort solitaires, ceci dans le cadre chaleureux de Noël, une vraie réussite inattendue.
Deux nouveautés toutefois dans ce spécial. La mise en avant des auteurs (et pas des autrices...), du moins en couverture, dont le quatrième annonce que « plus de 25 AUTEURS vous proposent des histoires inédites », et la disparition du cahier central de jeux, ce qui fait que formellement ce spécial n’a rien qui le différencie des numéros hebdomadaires en dehors de sa numérotation, sa pagination et sa couverture doubles.
Comme de bien entendu, tous les gags et histoires courtes du numéro sont consacrées à Noël. Certains auteurs y sont allés à reculons, ou avec un certain humour, comme Kox qui fait regarder à L’agent 212 « Noël à la tronçonneuse » à la télé. À l’inverse, d’autres jouent pleinement le jeu du miracle de Noël, comme Théo Grosjean et Mallo(couleurs). On avait quitté Elliot au collège en septembre, il revient bien grandi (comme Louca), avec les cheveux mi-longs, et dans cette histoire courte les auteurs réussissent le tour de force d’intégrer avec humour un moderne miracle de Noël dans l’univers des tourments adolescents, des familles disfonctionnelles, et des HLM, ce au grand dam des angoisses d’Elliot et de Bastien, ne comprenant pas que ceux-ci passent leur plus heureux Noël alors que « le père de Bastien leur a offert les pistolets à eau qu’on trouve dans le menu enfant du Burger Queen ». Plus attendu, mais néanmoins très drôle, le père Noël de Bouzard devant se débrouiller avec ses lutins ... pas très fufute (les seuls non idiots, Tim Tim et Doom Doom, étant en grève). Et paradoxalement, on a tellement été habitués a voir depuis des années, dans Spirou comme ailleurs, des histoires de Noël ironiques/critiques/impertinentes/déconstruites/post-modernes, qu’une histoire traitant de l’esprit de Noël sans cynisme ni niaiserie, avec humour et pertinence, est devenu l’exception, et c’est en celles-ci que réside ainsi maintenant l’inattendu. Témoins les histoires de La clairière s’amuse de Damien Cerq, Thomas Priou et Sophie David (couleurs) et Family life de Jacques Louis, qui sont sur la difficulté de pratiquer ou même définir ce que serait cet esprit de Noël, de même que Des gens et inversement de Berth et Tash et Trash de Dino, dans le registre de l’absurde, ou Fish n chips, de Tom, qui tente d’introduire de nouvelles valeurs, le réemploi et le recyclage, et Pernille, de Dav, Cyril Trichet et Esteban (couleurs), dans la tradition de la soupe populaire de Noël, et même dans Léon et Léna, de Damien Cerq encore, Clémence Perrault et Ludwig Alizon(couleurs).
D’autres se situent résolument sur le registre de l’humour, cruel dans Le bonnet de Noël, une histoire animalière de Tofy et Maëla Cosson (couleurs), qui rappelle d’où peut venir la fourrure du bonnet du père Noël, habituellement catastrophique dans Crash Tex de Dab’s et Gom (couleurs), absurde dans Les Fifiches du Proprofesseur de Lécroart, qui téléscope le sérieux du petit cochon à la maison en brique et la magie du père Noël, tout comme Lorrain Oiseau et Dara Nabati dans (l’auto ironique?) Cervelle d’oiseau, font un étrange mélange de Noël, du Petit Chaperon rouge, et de leur univers particulier. Cynique dans Psychotine de Romain Pujol et Zimra, gaffeur avec l’histoire à rebondissement sur trois planches disséminées dans le numéro des Fabrice de L’édito, contemporain avec Noël mais presque, de Samuel Pereira, lauréat du Prix Atomium Spirou 2024. Bernstein et Moog font passer à Willy Woob et sa bande leur Noël décalé, le capitaine de Titan Inc. utilise Noël pour tenter, comme d’habitude, de tromper son monde, Benoît Ferroumont utilise la technologie pour faire revenir De la neige à Noël, elle qui se fait si rare à cause du dérèglement climatique, et Ced et Gorobei font inventer à Gary C. Neel une nouvelle légende de l’ouest enneigé, comme dans ce que Ced révèle être l’inspiration du personnage, la série western The lonesome dove, de Larry McMurtry. Dans Bienvenue dans ma bibliothèque, le scénariste (dans Spirou) et dessinateur (ailleurs), Ced dit aussi être un grand lecteur de polars et de comics, loin de ce qu’il fait dans Spirou, mais aussi de fantasy.
Dans le reste du rédactionnel, Achdé dans Spirou et moi parle et dessine avec humour et humilité de ses rêves d’enfance d’être publié dans Spirou, et de dessiner Lucky Luke, tous deux réalisés, il peut donc, dit-il, mourir heureux. On retrouve chez lui encore l’importance qu’ont eue, comme pour nombre d’auteurices, les recueils du journal, et j’ apprends avec un sourire que lorsqu’il travaillait avec Cauvin, celui-ci lui « délégait toutes les injures dans un scénario, car il [le] savait très imaginatif sur le sujet », mais aussi que Mel Acryl’ink, qui réalise les couleurs de son Lucky Luke, est son fils… Humour encore dans En direct du futur, où Émile Bravo esquive la question de ce sur quoi il travaille actuellement, et j’approuve pleinement son conseil de lecture de L’incroyable Mademoiselle Bang, de Yoon-sun Park, dans la collection dite jeunesse de Dupuis, Les Ondines, qui publie peu mais de qualité, et n’est pas si jeunesse qu’elle prétend l’être. Un numéro de Noël ne serait pas complet sans son conte de Noël, et c’est de nouveau Maxime Gillio, un écrivain dunkerquois auteur de polars (qui avait donc inéluctablement écrit une nouvelle de JKJ Bloche) qui s’y colle, conte étrange, sans chute, dont le miracle de Noël infuse toute l’histoire, et illustré par Jacques Louis.
Suite de Tanis, où Valérie Mangin et Denis Bajram précipitent l’action avec un retournement de situation, le copain quelque peu pusillanime de Tanis et non elle-même se retrouvant l’incarnation d’Osiris, sur des planches sur fond doré de Stéphane Perger. Deuxième chapitre de Un cow-boy sous pression, qui traine un peu sur l’humour référentiel (les immigrés allemands et les ÉUA), même si certains gags sont amusants (faciles, mais bien mis en situation, tels qu’enduire de houblon et de plumes), et Achdé arrive bien à faire ressentir une grande ville avec un minimum de décors, retenant la leçon de Morris. Suite de Soda, avec une scène (à suivre), où il torture celui qui cherche à assassiner sa mère, pour laquelle Dan traite parfaitement l’atmosphère lourde dans les docks et les brusques explosions de violence. Enfin, une nouvelle série jeunesse débute sur un maxi chapitre de 14 pages, L’île de Minuit, de Lylian (scénario) et Grebil (dessin et couleur), qui s’ouvre sur la même scène que l’adaptation sortie cette année de Sa majesté des mouches de William Golding par Aimée de Jongh (cela tombe bien, les auteurs se réclament de ce livre, entre autres), se prolonge comme Seuls, avec même une jeune fille du nom de Maya dans le rôle exact, au mental comme au physique, de Leïla. Rien à dire de plus sur l’histoire pour le moment, quant au dessin, il est du type Marcinelle édulcoré mâtiné de manga et Disney (pas de gros nez, mais de grands yeux), que l’on trouve un peu partout, de Cœur collège de Maya à Trésor de Pauline de La Provôté dans Spirou, et encore chez Yuna Park, une autrice coréenne publiée chez Dupuis dont Goum parlait dans le numéro précédent.
Le numéro se clôt sur un grand concours (qui remplace le dessin de Cromheecke et Thiriet pour le bulletin d’abonnement), dont le détail est donné en ouverture, et comprend également une publicité pour le dernier Lucky Luke (en cours de parution) et une double page pour les récents albums Dupuis à offrir, classés « pour les jeunes lecteurs, à lire en famille, pour les plus grands », ainsi qu’une double page de Jeux (pas de cahier central, donc) de Romain Garouste sur les Fabrice qui « fêtent Noël autrement», en compagnie d’autres personnages du journal, avec un Fabrice Erre curieusement efféminé (position déhanchée, lèvres pulpeuses).
Enfin, Spirou ne pouvait pas ne pas être présent, et c'est sous la bonne surprise d’un excellent Tuto d’Olivier Schwartz, plein d’humour, d’imagination et de dynamisme.
Ici un aperçu du numéro: https://www.spirou.com/actualites/somma ... ial-noel-1
Le traditionnel numéro double de fin d’année, sous une joyeuse couverture de Nob, qui annonce un Noël inattendu, qualificatif surprenant ici. Si représenter le père Noël en tenue hawaïenne et jouant du ukulele, comme l’a fait Nob, est sympathique, le paradoxe de Noël sous les tropiques n’est pas une nouveauté, même pour Spirou, puisque la couverture du spécial Noël de 2017 représentait et titrait "Théodore Poussin vous emmène dans les îles !", et celle de l’année précédente était sur Spirou et Fantasio fêtant Noël en Afrique. Spirou avait auparavant conçu sous la direction d'Alain De Kuyssche un spécial inattendu qui l’était vraiment, le 2139 de 1979, puisque les auteurs y avaient réalisé des histoires courtes dans des styles et des tons inhabituels (et historiquement, ce fut le premier spécial tout en couleurs, et non plus en partiellement en bichromie. Voyez vous-mêmes ici https://patribdanc.wixsite.com/archives ... 1978/f2139)
Ici, l’inattendu vient de Nob, qui a réalisé une histoire de Mamette, la série de Tchô où il avait trouvé son ton et son premier grand succès critique et public. Peut-être le retour de ce personnage et son univers si attachant, dont les séries dérivées, Les souvenirs de Mamette et La cuisine de Mamette ont une vraie raison d’être, pas seulement commerciale, et dont le dernier album date de 10 ans, car un nouveau est annoncé pour cette fin de mois de décembre. Cette histoire est une excellente introduction à ce personnage pour les lecteurs de Spirou, touchant avec humour et délicatesse le thème de la vieillesse et de la mort solitaires, ceci dans le cadre chaleureux de Noël, une vraie réussite inattendue.
Deux nouveautés toutefois dans ce spécial. La mise en avant des auteurs (et pas des autrices...), du moins en couverture, dont le quatrième annonce que « plus de 25 AUTEURS vous proposent des histoires inédites », et la disparition du cahier central de jeux, ce qui fait que formellement ce spécial n’a rien qui le différencie des numéros hebdomadaires en dehors de sa numérotation, sa pagination et sa couverture doubles.
Comme de bien entendu, tous les gags et histoires courtes du numéro sont consacrées à Noël. Certains auteurs y sont allés à reculons, ou avec un certain humour, comme Kox qui fait regarder à L’agent 212 « Noël à la tronçonneuse » à la télé. À l’inverse, d’autres jouent pleinement le jeu du miracle de Noël, comme Théo Grosjean et Mallo(couleurs). On avait quitté Elliot au collège en septembre, il revient bien grandi (comme Louca), avec les cheveux mi-longs, et dans cette histoire courte les auteurs réussissent le tour de force d’intégrer avec humour un moderne miracle de Noël dans l’univers des tourments adolescents, des familles disfonctionnelles, et des HLM, ce au grand dam des angoisses d’Elliot et de Bastien, ne comprenant pas que ceux-ci passent leur plus heureux Noël alors que « le père de Bastien leur a offert les pistolets à eau qu’on trouve dans le menu enfant du Burger Queen ». Plus attendu, mais néanmoins très drôle, le père Noël de Bouzard devant se débrouiller avec ses lutins ... pas très fufute (les seuls non idiots, Tim Tim et Doom Doom, étant en grève). Et paradoxalement, on a tellement été habitués a voir depuis des années, dans Spirou comme ailleurs, des histoires de Noël ironiques/critiques/impertinentes/déconstruites/post-modernes, qu’une histoire traitant de l’esprit de Noël sans cynisme ni niaiserie, avec humour et pertinence, est devenu l’exception, et c’est en celles-ci que réside ainsi maintenant l’inattendu. Témoins les histoires de La clairière s’amuse de Damien Cerq, Thomas Priou et Sophie David (couleurs) et Family life de Jacques Louis, qui sont sur la difficulté de pratiquer ou même définir ce que serait cet esprit de Noël, de même que Des gens et inversement de Berth et Tash et Trash de Dino, dans le registre de l’absurde, ou Fish n chips, de Tom, qui tente d’introduire de nouvelles valeurs, le réemploi et le recyclage, et Pernille, de Dav, Cyril Trichet et Esteban (couleurs), dans la tradition de la soupe populaire de Noël, et même dans Léon et Léna, de Damien Cerq encore, Clémence Perrault et Ludwig Alizon(couleurs).
D’autres se situent résolument sur le registre de l’humour, cruel dans Le bonnet de Noël, une histoire animalière de Tofy et Maëla Cosson (couleurs), qui rappelle d’où peut venir la fourrure du bonnet du père Noël, habituellement catastrophique dans Crash Tex de Dab’s et Gom (couleurs), absurde dans Les Fifiches du Proprofesseur de Lécroart, qui téléscope le sérieux du petit cochon à la maison en brique et la magie du père Noël, tout comme Lorrain Oiseau et Dara Nabati dans (l’auto ironique?) Cervelle d’oiseau, font un étrange mélange de Noël, du Petit Chaperon rouge, et de leur univers particulier. Cynique dans Psychotine de Romain Pujol et Zimra, gaffeur avec l’histoire à rebondissement sur trois planches disséminées dans le numéro des Fabrice de L’édito, contemporain avec Noël mais presque, de Samuel Pereira, lauréat du Prix Atomium Spirou 2024. Bernstein et Moog font passer à Willy Woob et sa bande leur Noël décalé, le capitaine de Titan Inc. utilise Noël pour tenter, comme d’habitude, de tromper son monde, Benoît Ferroumont utilise la technologie pour faire revenir De la neige à Noël, elle qui se fait si rare à cause du dérèglement climatique, et Ced et Gorobei font inventer à Gary C. Neel une nouvelle légende de l’ouest enneigé, comme dans ce que Ced révèle être l’inspiration du personnage, la série western The lonesome dove, de Larry McMurtry. Dans Bienvenue dans ma bibliothèque, le scénariste (dans Spirou) et dessinateur (ailleurs), Ced dit aussi être un grand lecteur de polars et de comics, loin de ce qu’il fait dans Spirou, mais aussi de fantasy.
Dans le reste du rédactionnel, Achdé dans Spirou et moi parle et dessine avec humour et humilité de ses rêves d’enfance d’être publié dans Spirou, et de dessiner Lucky Luke, tous deux réalisés, il peut donc, dit-il, mourir heureux. On retrouve chez lui encore l’importance qu’ont eue, comme pour nombre d’auteurices, les recueils du journal, et j’ apprends avec un sourire que lorsqu’il travaillait avec Cauvin, celui-ci lui « délégait toutes les injures dans un scénario, car il [le] savait très imaginatif sur le sujet », mais aussi que Mel Acryl’ink, qui réalise les couleurs de son Lucky Luke, est son fils… Humour encore dans En direct du futur, où Émile Bravo esquive la question de ce sur quoi il travaille actuellement, et j’approuve pleinement son conseil de lecture de L’incroyable Mademoiselle Bang, de Yoon-sun Park, dans la collection dite jeunesse de Dupuis, Les Ondines, qui publie peu mais de qualité, et n’est pas si jeunesse qu’elle prétend l’être. Un numéro de Noël ne serait pas complet sans son conte de Noël, et c’est de nouveau Maxime Gillio, un écrivain dunkerquois auteur de polars (qui avait donc inéluctablement écrit une nouvelle de JKJ Bloche) qui s’y colle, conte étrange, sans chute, dont le miracle de Noël infuse toute l’histoire, et illustré par Jacques Louis.
Suite de Tanis, où Valérie Mangin et Denis Bajram précipitent l’action avec un retournement de situation, le copain quelque peu pusillanime de Tanis et non elle-même se retrouvant l’incarnation d’Osiris, sur des planches sur fond doré de Stéphane Perger. Deuxième chapitre de Un cow-boy sous pression, qui traine un peu sur l’humour référentiel (les immigrés allemands et les ÉUA), même si certains gags sont amusants (faciles, mais bien mis en situation, tels qu’enduire de houblon et de plumes), et Achdé arrive bien à faire ressentir une grande ville avec un minimum de décors, retenant la leçon de Morris. Suite de Soda, avec une scène (à suivre), où il torture celui qui cherche à assassiner sa mère, pour laquelle Dan traite parfaitement l’atmosphère lourde dans les docks et les brusques explosions de violence. Enfin, une nouvelle série jeunesse débute sur un maxi chapitre de 14 pages, L’île de Minuit, de Lylian (scénario) et Grebil (dessin et couleur), qui s’ouvre sur la même scène que l’adaptation sortie cette année de Sa majesté des mouches de William Golding par Aimée de Jongh (cela tombe bien, les auteurs se réclament de ce livre, entre autres), se prolonge comme Seuls, avec même une jeune fille du nom de Maya dans le rôle exact, au mental comme au physique, de Leïla. Rien à dire de plus sur l’histoire pour le moment, quant au dessin, il est du type Marcinelle édulcoré mâtiné de manga et Disney (pas de gros nez, mais de grands yeux), que l’on trouve un peu partout, de Cœur collège de Maya à Trésor de Pauline de La Provôté dans Spirou, et encore chez Yuna Park, une autrice coréenne publiée chez Dupuis dont Goum parlait dans le numéro précédent.
Le numéro se clôt sur un grand concours (qui remplace le dessin de Cromheecke et Thiriet pour le bulletin d’abonnement), dont le détail est donné en ouverture, et comprend également une publicité pour le dernier Lucky Luke (en cours de parution) et une double page pour les récents albums Dupuis à offrir, classés « pour les jeunes lecteurs, à lire en famille, pour les plus grands », ainsi qu’une double page de Jeux (pas de cahier central, donc) de Romain Garouste sur les Fabrice qui « fêtent Noël autrement», en compagnie d’autres personnages du journal, avec un Fabrice Erre curieusement efféminé (position déhanchée, lèvres pulpeuses).
Enfin, Spirou ne pouvait pas ne pas être présent, et c'est sous la bonne surprise d’un excellent Tuto d’Olivier Schwartz, plein d’humour, d’imagination et de dynamisme.
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Re: Cette semaine dans le journal de Spirou j'ai aimé...
...
Modifié en dernier par heijingling le sam. 4 janv. 2025 13:17, modifié 1 fois.
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Re: Cette semaine dans le journal de Spirou j'ai aimé...
(Correction de l'erreur de numérotation, numéro 4523, pas 4522 bien sûr - satanés numéros doubles-, et rattrapage de l'oubli malheureux de la mention du supplément des cartes de vœux des Cavaliers de l'apocadispe de Libon)
Numéro 4523 du 18/12/2024
Ici un aperçu du numéro: https://www.spirou.com/actualites/somma ... -de-minuit
L’île de Minuit, la nouvelle série qui a débuté dans le numéro double précédent, n‘avait pas eu les honneurs de la couverture pour cause de spécial Noël, c’est chose faite dans ce numéro, et les personnages y sont représentés à la fois déterminés et inquiets, sur un fond ouvert mais avec un sommet volcanique bloquant l’horizon, ce qui exprime bien la palette de sensations qu’ils doivent ressentir à la découverte d’une île mystérieuse. Visiblement Spirou veut vraiment promouvoir ce qu’il annonçait dans En direct du futur du 4512 comme une « grande aventure survivaliste » : présentation de la carte de l’île, ainsi que de cartes spéciales pour les personnages, ce qui donne un côté jeu de rôle clés en main, et présence du dessinateur nouveau venu Nicolas Grébil dans Spirou et moi, où on apprend qu’il recopiait le Petit Spirou et Cédric (déjà des enfants), et qu’il a réalisé des biographies en BD, dont une de l’autrice militante Maya Angelou (qui aurait alors donné son prénom au personnage de Maya, elle aussi d’origine africaine, et qui souligne le lien avec son modèle putatif en exhortant les autres à entrer dans une pièce sombre par un provoquant « Et alors ? Vous avez peur du noir ? »). On est en droit de supposer que l’éditeur cherche sans doute une série pour remplacer le best-seller Seuls, parti chez la concurrence (il y a des précédents), mais L’île de Minuit ne fait pas copie, et démarre plutôt bien, avec, après l’arrivée dans l’île et la rencontre des personnages, un nouveau chapitre où suspense et découvertes sont bien amenés. La maitrise du rythme narratif se traduit graphiquement par l’alternance de planches de format classique et d’autres envahissant toute la page (forçant La malédiction de la page 13 de Sti à se décaler sur les marges des pages précédentes). Avec Tanis de Stéphane Perger en cinémascope et Soda de Dan sur fond noir, cela fait trois séries (à suivre) sur quatre de ce numéro qui éclatent les pages du magazine. Seul Lucky Luke reste sagement classique.
Dans le coin supérieur droit de la couverture se trouvent les Dalton, sous la forme d’un Joe satisfait de lui, et la mention qu’ils « entrent en scène », confirmant une fois de plus, définitivement, leur importance dans Lucky Luke. Dans ce troisième chapitre de Un cow-boy sous pression, on retrouve avec plaisir un des lieux communs de la série, Lucky Luke injustement accusé et mis en prison, et son commentaire, « Quelle ville de fous », d’autant plus truculent que quelle ville ne l’est pas dans Lucky Luke (du moins dans ceux de Goscinny)? L’humour référentiel abonde, bien plus que chez Goscinny, mais reste amusant, du shérif Benz et son étoile à trois branches aux prisonniers du pénitentier requis pour un « Service du travail obligatoire ». Autre point sur lequel le scénariste Jul a voulu trop en faire, c’est en montrant Billy the Kid attiré, comme les autres forçats, par l’alcool, ceci pour faire un gag, alors que Billy the Kid ne boit que du chocolat chaud (cf. l’album du nom). Les références de ce Lucky Luke de Jul et Achdé sont bien moins cinématographiques que celui de Morris et Goscinny, ce qui n'est pas le cas de Tanis pour lequel le qualificatif de cinémascope s’applique parfaitement aux planches de Stéphane Perger qui s’étalent parfois sur deux pages pour placer une flotte de vaisseaux « «vikings » sur le Nil (image fascinante) ou un paysage de pyramides dans le désert. Les scénaristes Denis Bajram et Valérie Mangin maitrisent eux aussi leur narration, en excluant totalement l’héroïne en titre de cette séquence marquant l’arrivée et de la défaite des pillards Aryanas (Aryens? De grands guerriers blonds), où sa présence aurait été en effet inutile. Après les explosions de violence du chapitre précédent de Soda, celui-ci accentue l’esprit paranoïaque et complotiste par le nombre d’images que Dan représente vues indirectement, à travers un écran de contrôle, une caméra de sécurité, des verres fumés, une vitre, ou même l’eau d’une douche (qui rappelle ici imanquablement Psychose). Rassurez-vous, la violence est tout de même bien présente, ainsi que l’humour par les remarques et réparties entre le sergent Babs et Soda, et ces pages, scénarisées par Zidrou et Falzar à la suite de Tome s‘inscrivent assez bien dans la continuité.
Le numéro spécial Noël ayant monopolisé les dernières histoires courtes, celles-ci sont absentes de ce numéro, qui abonde en gags, dont deux, Fish n chips de Tom et Léon et Léna de Cerq, Perrault et Alizon sont encore consacrés à Noël. Dans Kid Paddle, c’est pour une fois celui-ci et non Horace qui fait échouer le stratagème pour pénétrer dans le cinéma et y voir un film interdit aux mineurs, est-ce dû à la présence au scénario de Jacques Louis, en plus de l’équipe habituelle de Midam, Dairin et Angèle ? Dans L’édito, consacré à des jeunes qui zonent dans Lille à minuit (sic), les Fabrice utilisent des ustensiles de papeterie de plus en plus grands, entendent-ils entrer en compétition avec Claes Oldenburg? Psychotine de Romain Pujol et Zimra fait une confusion compréhensible sur l’origine du lait d’amande, car celui-ci, comme tous les soi-disants laits végétaux, n’a que la couleur en commun avec le lait, et le nom de jus d’amande lui conviendrait mieux, mais a été nommé ainsi pour raisons de marketing. En Chine existent le traditionnel jus (ou bouillon) de soja (dòu jiāng) et le plus récent lait de soja (dòu nǎi), mais tous deux sont traduits en occidental par lait de soja (soy milk)...Paul Martin et Manu Boisteau introduisent un nouveau personnage dans Titan Inc., un ordinateur censé avoir réponse à tout, ce qui semble être vrai puisqu’il s’empresse de prendre la fuite devant l’incompétence absolue du capitaine. Dans Des gens et inversement, Berth illustre le missile de Damoclès, qui fait écho à La bombe familiale de David B., et Les Fifiches du Proprofesseur de Lécroart reprennent un gag de Germain et nous de Jannin, avec un flutiste classique (ici, de jazz) dans un groupe de rock. Dans Dad flashbacks de Nob, Dad suggère à son énergique fille Roxanne les courses de lenteur, pour se reposer un peu.
C’est Hervé Bourhis qui parle des BD de ma vie, et celle-ci sont éclectiques, comme ses œuvres, allant de Philémon de Fred à Zig et Puce en passant par celles de Chris Ware, qu’il ne parvient jamais à finir, épuisé, mais dont la singularité est telle que, même ainsi, elles l’inspirent profondément. Il fait une juste remarque sur le ton inhabituel de La mauvaise tête, polar et fantastique, et parle bien sûr de musique et BD, son illustration d’un Spirou psychédélique témoignant de ses multiples centres d’intérêt. Dans les Jeux de Tyst consacrés à L’île de Minuit, la jungle me semble manquer de marsupilamis. Je dois être conditionné, et justement est annoncé pour le prochain numéro, du 25 décembre, un Noël en Palombie avec le marsupilami, ainsi qu’un calendrier 2025 pour les abonnés, ce qui est faux, puisque, moyennant un supplément de prix (non annoncé), tout le monde l’aura. Cette confusion vient des remous inquiétants que connaît le journal, puisque En direct du futur reconnaît que les suppléments abonnés sont devenus moins fréquents, passant d’hebdomadaires à bimensuels, ceci à cause du renchérissement général du coût de la vie, et ceci pour « ne pas impacter la qualité du journal et ne pas augmenter la part publicitaire » (d’autant que ce numéro contient une publicité (ou un « encart d’information ») pour le triage des papier et emballages, « mis à disposition gratuitement » par le magazine), mais promet proposer une compensation courant 2025. Gardons confiance et espoir en Spirou ami, partout, toujours...
Numéro 4523 du 18/12/2024
Ici un aperçu du numéro: https://www.spirou.com/actualites/somma ... -de-minuit
L’île de Minuit, la nouvelle série qui a débuté dans le numéro double précédent, n‘avait pas eu les honneurs de la couverture pour cause de spécial Noël, c’est chose faite dans ce numéro, et les personnages y sont représentés à la fois déterminés et inquiets, sur un fond ouvert mais avec un sommet volcanique bloquant l’horizon, ce qui exprime bien la palette de sensations qu’ils doivent ressentir à la découverte d’une île mystérieuse. Visiblement Spirou veut vraiment promouvoir ce qu’il annonçait dans En direct du futur du 4512 comme une « grande aventure survivaliste » : présentation de la carte de l’île, ainsi que de cartes spéciales pour les personnages, ce qui donne un côté jeu de rôle clés en main, et présence du dessinateur nouveau venu Nicolas Grébil dans Spirou et moi, où on apprend qu’il recopiait le Petit Spirou et Cédric (déjà des enfants), et qu’il a réalisé des biographies en BD, dont une de l’autrice militante Maya Angelou (qui aurait alors donné son prénom au personnage de Maya, elle aussi d’origine africaine, et qui souligne le lien avec son modèle putatif en exhortant les autres à entrer dans une pièce sombre par un provoquant « Et alors ? Vous avez peur du noir ? »). On est en droit de supposer que l’éditeur cherche sans doute une série pour remplacer le best-seller Seuls, parti chez la concurrence (il y a des précédents), mais L’île de Minuit ne fait pas copie, et démarre plutôt bien, avec, après l’arrivée dans l’île et la rencontre des personnages, un nouveau chapitre où suspense et découvertes sont bien amenés. La maitrise du rythme narratif se traduit graphiquement par l’alternance de planches de format classique et d’autres envahissant toute la page (forçant La malédiction de la page 13 de Sti à se décaler sur les marges des pages précédentes). Avec Tanis de Stéphane Perger en cinémascope et Soda de Dan sur fond noir, cela fait trois séries (à suivre) sur quatre de ce numéro qui éclatent les pages du magazine. Seul Lucky Luke reste sagement classique.
Dans le coin supérieur droit de la couverture se trouvent les Dalton, sous la forme d’un Joe satisfait de lui, et la mention qu’ils « entrent en scène », confirmant une fois de plus, définitivement, leur importance dans Lucky Luke. Dans ce troisième chapitre de Un cow-boy sous pression, on retrouve avec plaisir un des lieux communs de la série, Lucky Luke injustement accusé et mis en prison, et son commentaire, « Quelle ville de fous », d’autant plus truculent que quelle ville ne l’est pas dans Lucky Luke (du moins dans ceux de Goscinny)? L’humour référentiel abonde, bien plus que chez Goscinny, mais reste amusant, du shérif Benz et son étoile à trois branches aux prisonniers du pénitentier requis pour un « Service du travail obligatoire ». Autre point sur lequel le scénariste Jul a voulu trop en faire, c’est en montrant Billy the Kid attiré, comme les autres forçats, par l’alcool, ceci pour faire un gag, alors que Billy the Kid ne boit que du chocolat chaud (cf. l’album du nom). Les références de ce Lucky Luke de Jul et Achdé sont bien moins cinématographiques que celui de Morris et Goscinny, ce qui n'est pas le cas de Tanis pour lequel le qualificatif de cinémascope s’applique parfaitement aux planches de Stéphane Perger qui s’étalent parfois sur deux pages pour placer une flotte de vaisseaux « «vikings » sur le Nil (image fascinante) ou un paysage de pyramides dans le désert. Les scénaristes Denis Bajram et Valérie Mangin maitrisent eux aussi leur narration, en excluant totalement l’héroïne en titre de cette séquence marquant l’arrivée et de la défaite des pillards Aryanas (Aryens? De grands guerriers blonds), où sa présence aurait été en effet inutile. Après les explosions de violence du chapitre précédent de Soda, celui-ci accentue l’esprit paranoïaque et complotiste par le nombre d’images que Dan représente vues indirectement, à travers un écran de contrôle, une caméra de sécurité, des verres fumés, une vitre, ou même l’eau d’une douche (qui rappelle ici imanquablement Psychose). Rassurez-vous, la violence est tout de même bien présente, ainsi que l’humour par les remarques et réparties entre le sergent Babs et Soda, et ces pages, scénarisées par Zidrou et Falzar à la suite de Tome s‘inscrivent assez bien dans la continuité.
Le numéro spécial Noël ayant monopolisé les dernières histoires courtes, celles-ci sont absentes de ce numéro, qui abonde en gags, dont deux, Fish n chips de Tom et Léon et Léna de Cerq, Perrault et Alizon sont encore consacrés à Noël. Dans Kid Paddle, c’est pour une fois celui-ci et non Horace qui fait échouer le stratagème pour pénétrer dans le cinéma et y voir un film interdit aux mineurs, est-ce dû à la présence au scénario de Jacques Louis, en plus de l’équipe habituelle de Midam, Dairin et Angèle ? Dans L’édito, consacré à des jeunes qui zonent dans Lille à minuit (sic), les Fabrice utilisent des ustensiles de papeterie de plus en plus grands, entendent-ils entrer en compétition avec Claes Oldenburg? Psychotine de Romain Pujol et Zimra fait une confusion compréhensible sur l’origine du lait d’amande, car celui-ci, comme tous les soi-disants laits végétaux, n’a que la couleur en commun avec le lait, et le nom de jus d’amande lui conviendrait mieux, mais a été nommé ainsi pour raisons de marketing. En Chine existent le traditionnel jus (ou bouillon) de soja (dòu jiāng) et le plus récent lait de soja (dòu nǎi), mais tous deux sont traduits en occidental par lait de soja (soy milk)...Paul Martin et Manu Boisteau introduisent un nouveau personnage dans Titan Inc., un ordinateur censé avoir réponse à tout, ce qui semble être vrai puisqu’il s’empresse de prendre la fuite devant l’incompétence absolue du capitaine. Dans Des gens et inversement, Berth illustre le missile de Damoclès, qui fait écho à La bombe familiale de David B., et Les Fifiches du Proprofesseur de Lécroart reprennent un gag de Germain et nous de Jannin, avec un flutiste classique (ici, de jazz) dans un groupe de rock. Dans Dad flashbacks de Nob, Dad suggère à son énergique fille Roxanne les courses de lenteur, pour se reposer un peu.
C’est Hervé Bourhis qui parle des BD de ma vie, et celle-ci sont éclectiques, comme ses œuvres, allant de Philémon de Fred à Zig et Puce en passant par celles de Chris Ware, qu’il ne parvient jamais à finir, épuisé, mais dont la singularité est telle que, même ainsi, elles l’inspirent profondément. Il fait une juste remarque sur le ton inhabituel de La mauvaise tête, polar et fantastique, et parle bien sûr de musique et BD, son illustration d’un Spirou psychédélique témoignant de ses multiples centres d’intérêt. Dans les Jeux de Tyst consacrés à L’île de Minuit, la jungle me semble manquer de marsupilamis. Je dois être conditionné, et justement est annoncé pour le prochain numéro, du 25 décembre, un Noël en Palombie avec le marsupilami, ainsi qu’un calendrier 2025 pour les abonnés, ce qui est faux, puisque, moyennant un supplément de prix (non annoncé), tout le monde l’aura. Cette confusion vient des remous inquiétants que connaît le journal, puisque En direct du futur reconnaît que les suppléments abonnés sont devenus moins fréquents, passant d’hebdomadaires à bimensuels, ceci à cause du renchérissement général du coût de la vie, et ceci pour « ne pas impacter la qualité du journal et ne pas augmenter la part publicitaire » (d’autant que ce numéro contient une publicité (ou un « encart d’information ») pour le triage des papier et emballages, « mis à disposition gratuitement » par le magazine), mais promet proposer une compensation courant 2025. Gardons confiance et espoir en Spirou ami, partout, toujours...
Modifié en dernier par heijingling le sam. 11 janv. 2025 20:35, modifié 1 fois.
" Monólogo significa el mono que habla solo." Ramón Gómez de la Serna dans ses Greguerías.
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Re: Cette semaine dans le journal de Spirou j'ai aimé...
Numéro 4524 du 25/12/2024
Ici un aperçu du numéro: https://www.spirou.com/actualites/somma ... n-palombie
C’est une idée bienveillante de refaire un spécial Noël, à pagination normale mais daté du 25 décembre, après le numéro double de début décembre qui reste en vente tout le mois. Retour donc des histoires complètes de Noël dans ce numéro, sous une intrigante couverture de Marko et Maëla représentant un nid de marsupilamis sous une tombée de neige et décoré comme un sapin de Noël. La réponse se trouve dans l’histoire de BeKa, Marko et Maëla intitulée Marsupilami - La nuit blanche. Les marsupilamis auraient pu y être remplacés par n’importe quel autre animal, car ils y ont pour seul rôle de fournir le prétexte au dessin de leur nid sous une chute de neige, mais ladite case est assez enchantée pour justifier leur présence. Les jeux de mots des noms et formules magiques sont bien trouvés, l’histoire est originale et charmante, même si le début avec l’influenceuse dans la jungle fait un peu forcé, et a manifestement inspiré le duo Marko au dessin et Maëla Cosson aux couleurs, pour une synergie plus joyeuse et libre que dans La brigade des souvenirs (il faut dire que le sujet s’y prête mieux). On retrouve encore Marko sous la forme du professeur Markopilami critiquant les personnages de Spoirou et Fantasperge qui « ne ressemblent à rien » dans La leçon de marge de Sti (de nouveau décalée de la page 12bis) et dans La leçon de BD où il est plus perspicace, donnant avec humour des conseils pertinents pour la planche qu’il commente. Un autre auteur se retrouve plusieurs fois, Tom, dans un Fish n chips de Noël à l’humour écologiste grinçant, et dans l’historiette en deux planches La lettre au Père Noël, dont l’optimisme et la foi en Noël et l’enfance insufflés par la Mère Noël à un Père Noël démoralisé n’aurait pas déparé un Spirou de la grande époque de la morale de la famille Dupuis. Enfin la dernière histoire courte du numéro est La défaite de Noël, trois pages du savoureux duo Véro Gally et Véro Cazot (couleurs de Grinette), dont le jeu de mots du titre dissimule une histoire très ingénieuse.
Une autre surprise du numéro est Psychotine, dont seule la dernière case est dessinée par Zimra, le reste l’étant par Bec, pour un changement radical de style voulu pour un gag clin d'œil (aux Dents de la mer), selon un procédé déjà utilisé par Midam et Clarke dans Kid Paddle par exemple. Rachel Zimra est par ailleurs l’invitée de Bienvenue dans mon atelier, où elle confirme la confluence du FB et du manga (et du comics, plus au niveau de la mise en page que du dessin) dans son style, courant dans sa génération, et de l’intérêt des gags en une page par rapport aux histoires longues (plus de spontanéité, et en même temps un investissement plus concentré). Dans Gary C. Neel, Ced et Gorobei continuent de développer la personnalité de hableur de leur héros, tandis que Brad Rock passe un réveillon en famille (très) élargie sous les tropiques, et que dans Dad flashbacks on assiste à l’emménagement de la famille dans le bel appartement qu’on lui connaît, trouvé par la mère de Panda.
Suite de Lucky Luke, dans un passage à l’opéra, avec dans le public des caricatures par Achdé de vedettes des années 70, destinées sans doute aux lecteurices de plus de 40 ans au minimum, et l’apprentissage de la stratégie politico-sociale par Lucky Luke grace à son ami sioux, plus aguerris que lui sur la question. Séquence morale dans Tanis, où les scénaristes Denis Bajram et Valérie Mangin posent le problème de la corruption par le pouvoir et la richesse (sujet qu’affectionne Valérie Mangin, souvent posé dans sa série Alix Senator), avec le traitement hollywoodien par Stéphane Perger de la scène d’offrandes royales par l’ex-ennemi apparemment rallié (le roi Samudrasen, conquérant aryanas au nom d’origine sanskrite, comme celui des aryens), et plus largement une question essentielle, doit-on tout pardonner ? Final qui ne me déçoit pas pour Soda, dans une ambiguïté autorisant tous les fantasmes, les véritables organisateurs du projet « Resurrection », liés à ce qui semble bien pour les auteurs (Tome, repris par Zidrou et Falzar) être le complot du 11 septembre, restant dans l’ombre, insoupçonnés et impunis, la mort de Bab’s et la proposition de Soda de partir très loin avec sa mère laissant supposer la fin de la série, les ultimes cases vues par l’œil d’une caméra de surveillance pouvant elles tant faire penser à une suite éventuelle qu’au fait que le héros épuisé renonce à la lutte, laissant le mal poursuivre son œuvre. Quelle que soit l’option, fin de la série ou suite délibérément paranoïaque, on ne pourra plus revoir ce Soda dans Spirou, ce qui est dommage pour le dessin de Dan, aussi bon pour les explosions de violence organique ou mécanique que pour les ambiances oppressantes.
Pour finir, du marsupilami encore, la véritable vedette de ce numéro de Noël, dans L’édito avec un rébus des Fabrice, dans le Bon d’abonnement de Cromheecke et Thiriet, où il figure en couverture du Spirou amené par la cheminée, dans En direct du futur où la présence de Dupuis et du Cirque Spirou à Angoulême (un vrai, ou est-ce une image pour décrire l’état d’esprit de la rédaction?) est illustrée par une photo de Spirou avec le Marsupilami, dans les Jeux de Thomas Priou et Maëlys intitulés Houbi en Palombie, avec les personnages du journal préparant Noël, et enfin dans le spectacle de danse du Strip dont vous êtes la star de Libon et Salma.
Enfin le supplément est un calendrier 2025 (en préparation du numéro de la semaine suivante suivante, spécial nouvel an) avec les héros de Spirou en combattants du feu, ou en boutefeux involontaires pour les Fabrice aussi destructeurs que Gaston Lagaffe, Les cavaliers de l’apocadispe, le Petit Spirou ou les Sœurs Grémillet, et un beau dessin en couleurs directes de Schwartz avec Spirou dans une reprise de la séquence de sauvetage en fantacoptère de Spirou et les héritiers (avec le dernier album remplaçant celui de la version originale dans les mains de l’enfant, et un environnement de buildings du Style International des années 50 les faubourgs bruxellois, symbole de la bruxellisation comme télescopage des époques des derniers Spirou?).
Ici un aperçu du numéro: https://www.spirou.com/actualites/somma ... n-palombie
C’est une idée bienveillante de refaire un spécial Noël, à pagination normale mais daté du 25 décembre, après le numéro double de début décembre qui reste en vente tout le mois. Retour donc des histoires complètes de Noël dans ce numéro, sous une intrigante couverture de Marko et Maëla représentant un nid de marsupilamis sous une tombée de neige et décoré comme un sapin de Noël. La réponse se trouve dans l’histoire de BeKa, Marko et Maëla intitulée Marsupilami - La nuit blanche. Les marsupilamis auraient pu y être remplacés par n’importe quel autre animal, car ils y ont pour seul rôle de fournir le prétexte au dessin de leur nid sous une chute de neige, mais ladite case est assez enchantée pour justifier leur présence. Les jeux de mots des noms et formules magiques sont bien trouvés, l’histoire est originale et charmante, même si le début avec l’influenceuse dans la jungle fait un peu forcé, et a manifestement inspiré le duo Marko au dessin et Maëla Cosson aux couleurs, pour une synergie plus joyeuse et libre que dans La brigade des souvenirs (il faut dire que le sujet s’y prête mieux). On retrouve encore Marko sous la forme du professeur Markopilami critiquant les personnages de Spoirou et Fantasperge qui « ne ressemblent à rien » dans La leçon de marge de Sti (de nouveau décalée de la page 12bis) et dans La leçon de BD où il est plus perspicace, donnant avec humour des conseils pertinents pour la planche qu’il commente. Un autre auteur se retrouve plusieurs fois, Tom, dans un Fish n chips de Noël à l’humour écologiste grinçant, et dans l’historiette en deux planches La lettre au Père Noël, dont l’optimisme et la foi en Noël et l’enfance insufflés par la Mère Noël à un Père Noël démoralisé n’aurait pas déparé un Spirou de la grande époque de la morale de la famille Dupuis. Enfin la dernière histoire courte du numéro est La défaite de Noël, trois pages du savoureux duo Véro Gally et Véro Cazot (couleurs de Grinette), dont le jeu de mots du titre dissimule une histoire très ingénieuse.
Une autre surprise du numéro est Psychotine, dont seule la dernière case est dessinée par Zimra, le reste l’étant par Bec, pour un changement radical de style voulu pour un gag clin d'œil (aux Dents de la mer), selon un procédé déjà utilisé par Midam et Clarke dans Kid Paddle par exemple. Rachel Zimra est par ailleurs l’invitée de Bienvenue dans mon atelier, où elle confirme la confluence du FB et du manga (et du comics, plus au niveau de la mise en page que du dessin) dans son style, courant dans sa génération, et de l’intérêt des gags en une page par rapport aux histoires longues (plus de spontanéité, et en même temps un investissement plus concentré). Dans Gary C. Neel, Ced et Gorobei continuent de développer la personnalité de hableur de leur héros, tandis que Brad Rock passe un réveillon en famille (très) élargie sous les tropiques, et que dans Dad flashbacks on assiste à l’emménagement de la famille dans le bel appartement qu’on lui connaît, trouvé par la mère de Panda.
Suite de Lucky Luke, dans un passage à l’opéra, avec dans le public des caricatures par Achdé de vedettes des années 70, destinées sans doute aux lecteurices de plus de 40 ans au minimum, et l’apprentissage de la stratégie politico-sociale par Lucky Luke grace à son ami sioux, plus aguerris que lui sur la question. Séquence morale dans Tanis, où les scénaristes Denis Bajram et Valérie Mangin posent le problème de la corruption par le pouvoir et la richesse (sujet qu’affectionne Valérie Mangin, souvent posé dans sa série Alix Senator), avec le traitement hollywoodien par Stéphane Perger de la scène d’offrandes royales par l’ex-ennemi apparemment rallié (le roi Samudrasen, conquérant aryanas au nom d’origine sanskrite, comme celui des aryens), et plus largement une question essentielle, doit-on tout pardonner ? Final qui ne me déçoit pas pour Soda, dans une ambiguïté autorisant tous les fantasmes, les véritables organisateurs du projet « Resurrection », liés à ce qui semble bien pour les auteurs (Tome, repris par Zidrou et Falzar) être le complot du 11 septembre, restant dans l’ombre, insoupçonnés et impunis, la mort de Bab’s et la proposition de Soda de partir très loin avec sa mère laissant supposer la fin de la série, les ultimes cases vues par l’œil d’une caméra de surveillance pouvant elles tant faire penser à une suite éventuelle qu’au fait que le héros épuisé renonce à la lutte, laissant le mal poursuivre son œuvre. Quelle que soit l’option, fin de la série ou suite délibérément paranoïaque, on ne pourra plus revoir ce Soda dans Spirou, ce qui est dommage pour le dessin de Dan, aussi bon pour les explosions de violence organique ou mécanique que pour les ambiances oppressantes.
Pour finir, du marsupilami encore, la véritable vedette de ce numéro de Noël, dans L’édito avec un rébus des Fabrice, dans le Bon d’abonnement de Cromheecke et Thiriet, où il figure en couverture du Spirou amené par la cheminée, dans En direct du futur où la présence de Dupuis et du Cirque Spirou à Angoulême (un vrai, ou est-ce une image pour décrire l’état d’esprit de la rédaction?) est illustrée par une photo de Spirou avec le Marsupilami, dans les Jeux de Thomas Priou et Maëlys intitulés Houbi en Palombie, avec les personnages du journal préparant Noël, et enfin dans le spectacle de danse du Strip dont vous êtes la star de Libon et Salma.
Enfin le supplément est un calendrier 2025 (en préparation du numéro de la semaine suivante suivante, spécial nouvel an) avec les héros de Spirou en combattants du feu, ou en boutefeux involontaires pour les Fabrice aussi destructeurs que Gaston Lagaffe, Les cavaliers de l’apocadispe, le Petit Spirou ou les Sœurs Grémillet, et un beau dessin en couleurs directes de Schwartz avec Spirou dans une reprise de la séquence de sauvetage en fantacoptère de Spirou et les héritiers (avec le dernier album remplaçant celui de la version originale dans les mains de l’enfant, et un environnement de buildings du Style International des années 50 les faubourgs bruxellois, symbole de la bruxellisation comme télescopage des époques des derniers Spirou?).
" Monólogo significa el mono que habla solo." Ramón Gómez de la Serna dans ses Greguerías.
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Re: Cette semaine dans le journal de Spirou j'ai aimé...
Numéro 4525 du 01/01/2025
Ici un aperçu du numéro: https://www.spirou.com/actualites/somma ... ent-ou-pas
Qui est cet étrange personnage sur cette couverture de numéro spécial nouvel an portant costume de groom chic (pantalon fuseau noir et chaussures de cuir idem) dansant jusqu’au bout de la nuit sous une boule disco alors que Fantasio, le Marsupilami, Spip et le comte de Champignac sont tous affalés endormis après un réveillon copieusement fêté? On ne le saura pas, car l’histoire de Sti et Renaud Collin que cette illustration introduit est elle bien une mésaventure de Spirou et Fantasio, L'après-fêtes, ou une non-aventure comme son sous-titre l’indique, les héros et autres personnages ayant décidé de complètement se reposer, ce qui donne une amusante historiette avec Vito reconverti en livreur de pizzas relax ("Vito la vie zen") et Zantafio faisant tapisserie...Renaud Collin devient le spécialiste du "Spirou farniente" puisqu'il avait déjà réalisé la couverture du numéro 4426 avec Spirou en pantoufles dans un fauteuil. Une future nouvelle collection, pendant à "Spirou et Fantasio" et "Spirou et Fantasio classique"? Les autres histoires courtes et gags de ce numéro qui aurait plus pertinemment dû être appelé « spécial fêtes de fin d’année » (mais cette appelation n’est pas très séduisante) ont pour sujet tant Noël que le nouvel an. Presque toute la ville des Cavaliers de l’apocadispe, intoxiquée par des bûches de Noël à consommer avant mai 1972, se retrouve zombifiée, y compris Ludo et Jé, le seul de la bande à y échapper est Olive, car il croit être allergique aux bûches de Noël, mais il n’est pas sûr... Du bon Libon. 3 lutins est une amusante histoire de Ian Dairin, Del (alias Delphine Dairin) et Éloi sur des lutins oubliés dans une maison par le Père Noël. Floris mixe comme il sait si bien le faire deux histoires en une, son Capitaine Anchois, chargé du feu d’artifice du nouvel an chez un gouverneur d’une île, y mêle un concours de dégustation de palmiers de Noël. Léon et Léna ainsi que les personnages entourant Nelson (mais pas le diablotin lui-même) sont dans l’après Noël, et Psychotine, Willy Woob, Pernille, Gary C. Neel dans l’après fêtes : contrairement à Noël, le jour de l’an inspire peu les auteurs du magazine, puisque ce n'est pas de la fête mais surtout de ses lendemains qu’ils traitent, ou de ses résolutions, comme les Fabrice dans L’édito ou Tom dans Fish n chips, alors que Mouk dans ses Jeux également sur L’heure des bonnes résolutions des personnages du journal (dont le rédac’chef) ose un grafitti des plus régressifs (Spirou détourné en prout...). Le père de Crash Tex de Dab's et Gom confirme son statut de père au foyer avec une mère absente dans son lendemain de réveillon de jour de l’an, tandis que l’histoire de Dad flashbacks ne traite pas du thème du numéro mais de l’entrée dans l’adolescence d’Ondine. Paul Martin et Manu Boisteau réussissent eux une approche amusante du thème en combinant le naufrage imminent et le repas de réveillon par le jargon de Bruno, le maître d’hôtel de Titan Inc.
Dans les rubriques, un Tuto dessiné de Louca par Bruno Dequier proche du model-sheet, et Les BD de ma vie de Dan, assez exclusivement centrées sur Spirou et ses auteurs Franquin, Tome et Janry.
Achdé et Jul font un chapitre de Lucky Luke avec les Dalton au mieux de leur forme à la brasserie, et toujours autant d’humour référentiel, dont les remarques que les couleurs des vêtements de Lucky Luke auraient inspiré les couleurs d’un certain drapeau ou sur une certaine marque de bière prétendûment mexicaine, tandis que Lylian et Grébil creusent les dimensions fantastiques et science-fictionnesque de L’île de Minuit et Denis Bajram, Valérie Mangin et Stéphane Perger dans Tanis celles de l’ambiguïté des relations humaines et, Nil oblige, proposent un spectaculaire un combat à mains nues contre un crocodile géant.
Ici un aperçu du numéro: https://www.spirou.com/actualites/somma ... ent-ou-pas
Qui est cet étrange personnage sur cette couverture de numéro spécial nouvel an portant costume de groom chic (pantalon fuseau noir et chaussures de cuir idem) dansant jusqu’au bout de la nuit sous une boule disco alors que Fantasio, le Marsupilami, Spip et le comte de Champignac sont tous affalés endormis après un réveillon copieusement fêté? On ne le saura pas, car l’histoire de Sti et Renaud Collin que cette illustration introduit est elle bien une mésaventure de Spirou et Fantasio, L'après-fêtes, ou une non-aventure comme son sous-titre l’indique, les héros et autres personnages ayant décidé de complètement se reposer, ce qui donne une amusante historiette avec Vito reconverti en livreur de pizzas relax ("Vito la vie zen") et Zantafio faisant tapisserie...Renaud Collin devient le spécialiste du "Spirou farniente" puisqu'il avait déjà réalisé la couverture du numéro 4426 avec Spirou en pantoufles dans un fauteuil. Une future nouvelle collection, pendant à "Spirou et Fantasio" et "Spirou et Fantasio classique"? Les autres histoires courtes et gags de ce numéro qui aurait plus pertinemment dû être appelé « spécial fêtes de fin d’année » (mais cette appelation n’est pas très séduisante) ont pour sujet tant Noël que le nouvel an. Presque toute la ville des Cavaliers de l’apocadispe, intoxiquée par des bûches de Noël à consommer avant mai 1972, se retrouve zombifiée, y compris Ludo et Jé, le seul de la bande à y échapper est Olive, car il croit être allergique aux bûches de Noël, mais il n’est pas sûr... Du bon Libon. 3 lutins est une amusante histoire de Ian Dairin, Del (alias Delphine Dairin) et Éloi sur des lutins oubliés dans une maison par le Père Noël. Floris mixe comme il sait si bien le faire deux histoires en une, son Capitaine Anchois, chargé du feu d’artifice du nouvel an chez un gouverneur d’une île, y mêle un concours de dégustation de palmiers de Noël. Léon et Léna ainsi que les personnages entourant Nelson (mais pas le diablotin lui-même) sont dans l’après Noël, et Psychotine, Willy Woob, Pernille, Gary C. Neel dans l’après fêtes : contrairement à Noël, le jour de l’an inspire peu les auteurs du magazine, puisque ce n'est pas de la fête mais surtout de ses lendemains qu’ils traitent, ou de ses résolutions, comme les Fabrice dans L’édito ou Tom dans Fish n chips, alors que Mouk dans ses Jeux également sur L’heure des bonnes résolutions des personnages du journal (dont le rédac’chef) ose un grafitti des plus régressifs (Spirou détourné en prout...). Le père de Crash Tex de Dab's et Gom confirme son statut de père au foyer avec une mère absente dans son lendemain de réveillon de jour de l’an, tandis que l’histoire de Dad flashbacks ne traite pas du thème du numéro mais de l’entrée dans l’adolescence d’Ondine. Paul Martin et Manu Boisteau réussissent eux une approche amusante du thème en combinant le naufrage imminent et le repas de réveillon par le jargon de Bruno, le maître d’hôtel de Titan Inc.
Dans les rubriques, un Tuto dessiné de Louca par Bruno Dequier proche du model-sheet, et Les BD de ma vie de Dan, assez exclusivement centrées sur Spirou et ses auteurs Franquin, Tome et Janry.
Achdé et Jul font un chapitre de Lucky Luke avec les Dalton au mieux de leur forme à la brasserie, et toujours autant d’humour référentiel, dont les remarques que les couleurs des vêtements de Lucky Luke auraient inspiré les couleurs d’un certain drapeau ou sur une certaine marque de bière prétendûment mexicaine, tandis que Lylian et Grébil creusent les dimensions fantastiques et science-fictionnesque de L’île de Minuit et Denis Bajram, Valérie Mangin et Stéphane Perger dans Tanis celles de l’ambiguïté des relations humaines et, Nil oblige, proposent un spectaculaire un combat à mains nues contre un crocodile géant.
" Monólogo significa el mono que habla solo." Ramón Gómez de la Serna dans ses Greguerías.
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Re: Cette semaine dans le journal de Spirou j'ai aimé...
Numéro 4526 du 08/01/2025
Ici un aperçu du numéro: https://www.spirou.com/actualites/somma ... -de-spirou
Après le numéro 4491 dont la couverture nous plongeait en 1961 pour une histoire de Spirou classique, nous voici en 1943, avec bandeau titre d’époque, ainsi que la typographie et une impression sur papier jauni sur les 13 premières pages, pour introduire la deuxième partie de la série Les amis de Spirou, et encore une fois l’effet est réussi. Pour présenter cette histoire, une page de rappel sur ce qu’était Spirou en 1943, en particulier son importance et son succès : 152000 exemplaires par semaine en 1942, plus 44000 pour Robbedoes (Robbedoes n’existe plus depuis 2005, et la diffusion pour la France de Spirou en 2024 était de 37 559 https://www.acpm.fr/Support/spirou ), mais aussi l’attitude et les actions de résistance du rédacteur en chef officieux Jean Doisy, et la suppression de Spirou en septembre. « Pourquoi les nazis interdisent le journal de Spirou en 1943 ? » demande l’article, « Plusieurs hypothèses circulent. » Comme souvent, la vérité est qu’il a dû y avoir une accumulation de raisons concomitantes, mais partir sur des phrases telles que « il se dit aussi que... » est certainement plus mystérieux que l’énoncé plat de faits. Comme si cela n’avait pas suffit d’attendre deux ans, Jean-David Morvan et David Evrad ne reprennent pas là où ils avaient interrompu l’épisode précédent, la scène angoissante où la jeune ADS Spirouette recevait un coup de poignard du jeune rexiste Poildur, mais pour entretenir plus sadiquement encore le suspense, ils ouvrent l’épisode sur une séquence dévoilant une arme secrète nazie et on ne saura pas encore cette semaine ce qu’il advient de Spirouette. Dès ce chapitre, la série équilibre bien aventure traditionnelle et didactisme, avec toutefois des clins d’œil trop ostensibles, affectant la fluidité de lecture (les gros plans sur la glacière M. Tillieux). Le dessin de David Evrad est dans la lignée franco-belge, avec des accents modernistes, comme l’encrage tremblé et les planches emplissant toute la page, ce qui est donc toujours le cas de trois des séries (à suivre) sur les quatre du numéro. Cela donne ici lieu à une créativité dans la mise en page, avec La malédiction de la page 13 de Sti (amusante sur ce « papier à l’ancienne qui gratte ») et une très bonne intervention de Lécroart sur le code secret des ADS devant se nicher dans les interstices de la marge. Les clés dudit code se trouvent dans le Supplément abonnés, une « carte d’identité de Amis de spirou », avec une parodie du code d’honneur des ADS, code d’honneur aussi chamboulé dans les Jeux de Joan et Annie Pastor, où « l’insupportable milice rexiste » en prend pour son grade. La thématique 1943 sur pages jaunies se complète avec un Kid Paddle et son père en as de l’aviation durant la guerre, l’appel de De Gaulle aux résistants en messages codés improbables dans L’édito des Fabrice et un test pour savoir si l’on est un véritable fan des Amis de Spirou, mêlant questions pointues sur la personnalité des auteurs, questions hautement morales dans la tradition ADS et loufoqueries.
Fin du Lucky Luke Un cow-boy sous pression, dans lequel l’humour référentiel omniprésent finit par construire un commentaire en basse continue à l’histoire elle-même, sur le thème de la lutte des classes, avec une première fin attendue mais nécessaire des Dalton voulant piller la caisse de grève et tombent sur une caisse remplie du Kapital de Marx, une deuxième en apothéose de jeux de mots sur les noms des Dalton et de Lucky Luke, et une ultime qui joue sur la fin emblématique de la série, le cow-boy dans le soleil couchant. Achdé, Jul et Mel Acryl’Ink ont réussi une très bonne cuvée, en équilibre entre l’aventure traditionnelle et le regard actualisé sur celle-ci. Amusante coïncidence, la planche de La leçon de BD est un clin d’œil très futé à Lucky Luke. Par contre, le commentaire de Laurel passe à côté de ce qui fait l’intérêt de cette planche comme de ses vraies faiblesses.
Suite de L’île de Minuit, après une longue mise en place de l’ambiance inquiétante, la menace se concrétise enfin avec la disparition d’une des protagonistes, tout en gardant le mystère sur ce qu’elle est vraiment, fantastique ou humaine. De grandes cases panoramiques rouge et or de Stéphane Perger illustrent les razzias qu’ont repris les Aryanas pour se procurer des esclaves, avec la permission de Tanis, victime de l’illusion de l’amour, et de l’hubris de son ami devenu dieu. Le couple de scénaristes Denis Bajram et Valérie Mangin est d’ailleurs l’invité de Bienvenue dans mon atelier, parlant de la forte marque qu’ont imprimé sur eux (et pas qu’eux, sur des générations de lecteurs de Spirou) des séries comme Papyrus et Yoko Tsuno, par leur mélange de rigueur documentaire et de fantastique et leurs univers inédits à l'époque, et dont il faudra bien un jour songer à mettre en avant l'importance historique. Ils soulignent aussi l’importance pour eux des sagas comme l’exploration de l’espace, Conan (le barbare, pas le détective, quoique lui aussi s’inscrive dans la tradition du roman-fleuve) ou Goldorak, que Bajram a d’ailleurs repris pour un album avec une bande de copains.
Dans les gags et strips, Jilème et Sophie David consacrent ceux de Brad Rock à une voisine échappée d’un western qui canarde au gros sel tout ce qui ose s’approcher de sa propriété, Dav et Cyril Trichet mettent en scène dans Pernille un émule de Godzilla, Romain Pujol et Zimra une nouvelle version du requin du bocal d'Emmanuelle Eeckhout dans Psychotine (et passent en revue les animaux fantastiques faisant semble-t-il rêver les enfants d’aujourd’hui, de la licorne au singe devinant l’avenir), et Midam, Benz, Adam et Angèle des « gants au métomol » dans Game over. Dans les mers, après les demandes au père Noël, c’est au psy du bord que Paul Martin et Manu Boisteau font demander de l’aide par les passagers et membres d’équipage angoissés de Titan Inc., alors que Tom prolonge les résolutions de nouvel an dans Fish n chips. Gary C. Neel de Ced et Gorobei continue d’affirmer sa personnalité, avec la profonde assertion que « la charcuterie résout tous les problèmes » tandis que Tash et Trash de Dino renouent avec l’absurde philosophique et que Berth dans Des gens et inversement et le Bon d’abonnement de Cromheecke et Thiriet font des gags très drôles, tendance cynique absurde. Enfin, ce numéro se conclut sur un excellent Dad flashbacks de Nob, qui annonce l’arrivée de la dernière des filles, Bébérénice, où Panda prononce le « théorème de base que l’amour, ça ne se divise pas, ça se multiplie», et qui induit une réflexion sur le radical changement d’image des clowns dans notre société, sur lequel il y aurait long à dire.
Ici un aperçu du numéro: https://www.spirou.com/actualites/somma ... -de-spirou
Après le numéro 4491 dont la couverture nous plongeait en 1961 pour une histoire de Spirou classique, nous voici en 1943, avec bandeau titre d’époque, ainsi que la typographie et une impression sur papier jauni sur les 13 premières pages, pour introduire la deuxième partie de la série Les amis de Spirou, et encore une fois l’effet est réussi. Pour présenter cette histoire, une page de rappel sur ce qu’était Spirou en 1943, en particulier son importance et son succès : 152000 exemplaires par semaine en 1942, plus 44000 pour Robbedoes (Robbedoes n’existe plus depuis 2005, et la diffusion pour la France de Spirou en 2024 était de 37 559 https://www.acpm.fr/Support/spirou ), mais aussi l’attitude et les actions de résistance du rédacteur en chef officieux Jean Doisy, et la suppression de Spirou en septembre. « Pourquoi les nazis interdisent le journal de Spirou en 1943 ? » demande l’article, « Plusieurs hypothèses circulent. » Comme souvent, la vérité est qu’il a dû y avoir une accumulation de raisons concomitantes, mais partir sur des phrases telles que « il se dit aussi que... » est certainement plus mystérieux que l’énoncé plat de faits. Comme si cela n’avait pas suffit d’attendre deux ans, Jean-David Morvan et David Evrad ne reprennent pas là où ils avaient interrompu l’épisode précédent, la scène angoissante où la jeune ADS Spirouette recevait un coup de poignard du jeune rexiste Poildur, mais pour entretenir plus sadiquement encore le suspense, ils ouvrent l’épisode sur une séquence dévoilant une arme secrète nazie et on ne saura pas encore cette semaine ce qu’il advient de Spirouette. Dès ce chapitre, la série équilibre bien aventure traditionnelle et didactisme, avec toutefois des clins d’œil trop ostensibles, affectant la fluidité de lecture (les gros plans sur la glacière M. Tillieux). Le dessin de David Evrad est dans la lignée franco-belge, avec des accents modernistes, comme l’encrage tremblé et les planches emplissant toute la page, ce qui est donc toujours le cas de trois des séries (à suivre) sur les quatre du numéro. Cela donne ici lieu à une créativité dans la mise en page, avec La malédiction de la page 13 de Sti (amusante sur ce « papier à l’ancienne qui gratte ») et une très bonne intervention de Lécroart sur le code secret des ADS devant se nicher dans les interstices de la marge. Les clés dudit code se trouvent dans le Supplément abonnés, une « carte d’identité de Amis de spirou », avec une parodie du code d’honneur des ADS, code d’honneur aussi chamboulé dans les Jeux de Joan et Annie Pastor, où « l’insupportable milice rexiste » en prend pour son grade. La thématique 1943 sur pages jaunies se complète avec un Kid Paddle et son père en as de l’aviation durant la guerre, l’appel de De Gaulle aux résistants en messages codés improbables dans L’édito des Fabrice et un test pour savoir si l’on est un véritable fan des Amis de Spirou, mêlant questions pointues sur la personnalité des auteurs, questions hautement morales dans la tradition ADS et loufoqueries.
Fin du Lucky Luke Un cow-boy sous pression, dans lequel l’humour référentiel omniprésent finit par construire un commentaire en basse continue à l’histoire elle-même, sur le thème de la lutte des classes, avec une première fin attendue mais nécessaire des Dalton voulant piller la caisse de grève et tombent sur une caisse remplie du Kapital de Marx, une deuxième en apothéose de jeux de mots sur les noms des Dalton et de Lucky Luke, et une ultime qui joue sur la fin emblématique de la série, le cow-boy dans le soleil couchant. Achdé, Jul et Mel Acryl’Ink ont réussi une très bonne cuvée, en équilibre entre l’aventure traditionnelle et le regard actualisé sur celle-ci. Amusante coïncidence, la planche de La leçon de BD est un clin d’œil très futé à Lucky Luke. Par contre, le commentaire de Laurel passe à côté de ce qui fait l’intérêt de cette planche comme de ses vraies faiblesses.
Suite de L’île de Minuit, après une longue mise en place de l’ambiance inquiétante, la menace se concrétise enfin avec la disparition d’une des protagonistes, tout en gardant le mystère sur ce qu’elle est vraiment, fantastique ou humaine. De grandes cases panoramiques rouge et or de Stéphane Perger illustrent les razzias qu’ont repris les Aryanas pour se procurer des esclaves, avec la permission de Tanis, victime de l’illusion de l’amour, et de l’hubris de son ami devenu dieu. Le couple de scénaristes Denis Bajram et Valérie Mangin est d’ailleurs l’invité de Bienvenue dans mon atelier, parlant de la forte marque qu’ont imprimé sur eux (et pas qu’eux, sur des générations de lecteurs de Spirou) des séries comme Papyrus et Yoko Tsuno, par leur mélange de rigueur documentaire et de fantastique et leurs univers inédits à l'époque, et dont il faudra bien un jour songer à mettre en avant l'importance historique. Ils soulignent aussi l’importance pour eux des sagas comme l’exploration de l’espace, Conan (le barbare, pas le détective, quoique lui aussi s’inscrive dans la tradition du roman-fleuve) ou Goldorak, que Bajram a d’ailleurs repris pour un album avec une bande de copains.
Dans les gags et strips, Jilème et Sophie David consacrent ceux de Brad Rock à une voisine échappée d’un western qui canarde au gros sel tout ce qui ose s’approcher de sa propriété, Dav et Cyril Trichet mettent en scène dans Pernille un émule de Godzilla, Romain Pujol et Zimra une nouvelle version du requin du bocal d'Emmanuelle Eeckhout dans Psychotine (et passent en revue les animaux fantastiques faisant semble-t-il rêver les enfants d’aujourd’hui, de la licorne au singe devinant l’avenir), et Midam, Benz, Adam et Angèle des « gants au métomol » dans Game over. Dans les mers, après les demandes au père Noël, c’est au psy du bord que Paul Martin et Manu Boisteau font demander de l’aide par les passagers et membres d’équipage angoissés de Titan Inc., alors que Tom prolonge les résolutions de nouvel an dans Fish n chips. Gary C. Neel de Ced et Gorobei continue d’affirmer sa personnalité, avec la profonde assertion que « la charcuterie résout tous les problèmes » tandis que Tash et Trash de Dino renouent avec l’absurde philosophique et que Berth dans Des gens et inversement et le Bon d’abonnement de Cromheecke et Thiriet font des gags très drôles, tendance cynique absurde. Enfin, ce numéro se conclut sur un excellent Dad flashbacks de Nob, qui annonce l’arrivée de la dernière des filles, Bébérénice, où Panda prononce le « théorème de base que l’amour, ça ne se divise pas, ça se multiplie», et qui induit une réflexion sur le radical changement d’image des clowns dans notre société, sur lequel il y aurait long à dire.
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Re: Cette semaine dans le journal de Spirou j'ai aimé...
Numéro 4527 du 15/01/2025
Ici un aperçu du numéro: https://www.spirou.com/actualites/somma ... marsu-club
Une prolifération d’intrigants marsupilamis sur la couverture pour la suite de Supermarsu, dont la publication dans Spirou en 2021 avait été accompagnée du gag de l’épidémie de palombisme, liée au savon Milbul, qui avait fini par contaminer tout le magazine. Mais cet étrange marsupilami moustachu n’est qu’un vendeur déguisé pour vendre ses colifichets marsus aux touristes, Batem et Colman reprenant ici la critique de Franquin de la société de consommation s’infiltrant dans toutes les régions du globe déjà dans les années 50, et ce Marsu Club s’ouvre sur une mémorable séquence dans un bar-commissariat que n’auraient renié ni Franquin ni Morris et Goscinny. Les auteurs ont doté de détails truculents aussi bien les planches urbaines que celles se passant dans la jungle (dont l’incontournable savon Milbul). Seul point obscur et troublant, l’entretien avec les auteurs est intitulé Desaparecido, pour parler de la disparition d’Hector, l’enfant ami des marsupilamis, mais je ne peux m’empêcher d’y entendre un écho des desaparecidos de la dictature argentine entre 1976 et 1983 ou ceux du franquisme. Peut-être est-ce voulu, Colman disant « mettre dans ses scénarios de discrets éléments sociologiques ou philosophiques ». Et politiques ?
On a donc un nouveau numéro spécial marsupilami, trois semaines après le précédent (4524) , ce que ne manquent pas de rappeler les Fabrice en refaisant le même genre d’édito (un rébus), ce que leur rappelle à son tour le rédac’chef. Les Jeux de Schmitt sont aussi sur le sujet, avec l’excellente et originale idée de reprendre la scène de la première case de la BD en zoomant légèrement et en changeant des détails pour les besoins des jeux, ainsi que le Bon d’abonnement de Cromheecke et Thiriet, où est reproché au marsupilami une queue trop courte (une première ?), et En direct du futur, annonçant le tournage d’un nouveau film consacré au marsupilami, avec un entretien avec Ced, scénariste des histoires courtes du marsupilami, présent sur le tournage pour un rôle non expliqué...
Coïncidence, dans les trois autres séries (à suivre) les personnage sont confrontés au Mal et à l’attitude que l’on peut prendre devant lui, le nazisme dans Les amis de Spirou, un dieu automate qui menace de tuer tous les enfants dans L’île de Minuit, et les Aryanas assoiffés de domination et dont le chef tue le propre père adoptif de Tanis, l’intérêt ici étant que dans ces trois séries ce sont des enfants ou des adolescents qui sont forcés d’y faire face, avec trois réponses différentes. Les ADS continuent à s’y opposer bien sûr, dans une séquence encore tout en action, avec toujours des références parasitant un peu le récit (encore le savon Milbul, quelque peu déplacé), et une mise en page ingénieuse de David Evrad, avec des petites cases superposées sur les premières et dernières grandes cases de planches en en reprenant un détail, astucieux renouvellement du suspense en fin de page ou de l’introduction in media res. Les protagonistes de L’île de Minuit n’ont pas vraiment d’autre choix que d’obtempérer, au moins temporairement, pour retrouver leur amie disparue, ce qui ne les empêche pas de commencer à la rechercher par leur propres moyens à l’insu du dieu automate, avec une scène dans un canyon où soufflent des vents tempestueux. Enfin, dans Tanis, c’est l’impétuosité et l’aveuglement volontaire de celle-ci face au mal séduisant qui provoque la mort de son père adoptif, de son plus proche ami, l’esclavage de son peuple et la destruction de son village. Vu que l’on en est à l’avant dernier chapitre, cela nous promet un grand suspense pour la fin de l’épisode.
Plusieurs sujets de gags reviennent régulièrement dans Kid Paddle, cette semaine, Midam, Patelin , Dairin et Angèle reprennent celui de sa série d’affiches lacérées pour créer un nouveau message, qu’on pourrait appeler le motif Hains-Villeglé...
Depuis quelques strips, des adultes dans Léon et Léna réagissent aux bêtises des garnements en organisant une milice d’auto-défense, ce qui crée des dissensions, et par cela les auteurices Damien Cerq , Clémence Perrault et Ludwig Alizon ont étoffé les relations entre les personnages et donnent à leur série une dimension plus intéressante que des gags de chenapans qui devenaient assez répétitifs. Paul Martin et Manu Boisteau continuent eux à enrichir la gallerie de personnages de Titan Inc. avec le margoulin Jojo la ferraille, et dans Dad flashbacks nous assistons à l’arrivée de Bébérénice, annoncée dans le gag précédent où Dad avait rencontré un bébé parmi des réfugiés, une enfant adoptée donc, ce qui explique que l’on ne connaisse pas sa mère. Ceci dit, dans le monde réel, en France, il serait hautement improbable qu’un père célibataire intermittent du spectacle ait le droit d’adopter un enfant. Mais la mise en scène de Nob fait bien ressentir le bel accueil de Bébérénice et le bonheur qu’elle trouvera dans cette famille recomposée, comme quoi la fiction peut parfois être plus réaliste que le monde dit réel.
Dans les rubriques, Romain Pujol, dessinateur, et dans Spirou scénariste de Psychotine et de certains Kid Paddle, révèle dans Les BD de ma vie que Tebo, l’auteur dont il est fan absolu, est l’un des seuls avec lequel il n’ait pas encore travaillé. Spirou et moi est consacré à l’auteur québecois Denis Rodier, qui parle de son style hybride, entre comics et franco-belge. Ayant beaucoup encré pour DC et Marvel, il dessine dans sa demi planche des personnages à base FB et au traitement (ombres, trames) comics. Il souligne que dans les années 70, « habitant au Québec, il était au mauvais endroit pour faire de la bande dessinée, puisque tout se passait soit aux USA soit en Europe» , et qu’ainsi « jamais un Québecois ne pourrait un jour dessiner Gaston... » La situation a passablement changé, le Japon a depuis été découvert comme autre territoire de BD, et des auteurs québecois sont connus et reconnus en Europe, y compris dans Spirou, où ils ont dans une certaine mesure remplacé, pour les auteurs non d’origine belge ou française, les Espagnols que l’on y trouvait dans les années 60-70. Une publicité pour la sympathique série jeunesse Molly Wind, de Toni Galmès et Catalina Gonzàles Vilar, rappelle que ceux-ci, s’ils ne sont plus dans le journal, sont dorénavant bien présents chez les grands éditeurs FB, dans tous les genres, y compris chez Dupuis, éditeur du webtoon au succès phénoménal Hooky, de Míriam Bonastre Tur. Enfin, une autre publicité, par Olivier Deloye, collaborateur (très) occasionnel de Spirou, est pour le festival d’Angoulême, plus spécifiquement l’aspect familial des BD fantastiques, avec des personnages de séries telles que Petit vampire, Donjon, Sardine de l’espace, mais aussi Ariol et Ralph Azam.
Ici un aperçu du numéro: https://www.spirou.com/actualites/somma ... marsu-club
Une prolifération d’intrigants marsupilamis sur la couverture pour la suite de Supermarsu, dont la publication dans Spirou en 2021 avait été accompagnée du gag de l’épidémie de palombisme, liée au savon Milbul, qui avait fini par contaminer tout le magazine. Mais cet étrange marsupilami moustachu n’est qu’un vendeur déguisé pour vendre ses colifichets marsus aux touristes, Batem et Colman reprenant ici la critique de Franquin de la société de consommation s’infiltrant dans toutes les régions du globe déjà dans les années 50, et ce Marsu Club s’ouvre sur une mémorable séquence dans un bar-commissariat que n’auraient renié ni Franquin ni Morris et Goscinny. Les auteurs ont doté de détails truculents aussi bien les planches urbaines que celles se passant dans la jungle (dont l’incontournable savon Milbul). Seul point obscur et troublant, l’entretien avec les auteurs est intitulé Desaparecido, pour parler de la disparition d’Hector, l’enfant ami des marsupilamis, mais je ne peux m’empêcher d’y entendre un écho des desaparecidos de la dictature argentine entre 1976 et 1983 ou ceux du franquisme. Peut-être est-ce voulu, Colman disant « mettre dans ses scénarios de discrets éléments sociologiques ou philosophiques ». Et politiques ?
On a donc un nouveau numéro spécial marsupilami, trois semaines après le précédent (4524) , ce que ne manquent pas de rappeler les Fabrice en refaisant le même genre d’édito (un rébus), ce que leur rappelle à son tour le rédac’chef. Les Jeux de Schmitt sont aussi sur le sujet, avec l’excellente et originale idée de reprendre la scène de la première case de la BD en zoomant légèrement et en changeant des détails pour les besoins des jeux, ainsi que le Bon d’abonnement de Cromheecke et Thiriet, où est reproché au marsupilami une queue trop courte (une première ?), et En direct du futur, annonçant le tournage d’un nouveau film consacré au marsupilami, avec un entretien avec Ced, scénariste des histoires courtes du marsupilami, présent sur le tournage pour un rôle non expliqué...
Coïncidence, dans les trois autres séries (à suivre) les personnage sont confrontés au Mal et à l’attitude que l’on peut prendre devant lui, le nazisme dans Les amis de Spirou, un dieu automate qui menace de tuer tous les enfants dans L’île de Minuit, et les Aryanas assoiffés de domination et dont le chef tue le propre père adoptif de Tanis, l’intérêt ici étant que dans ces trois séries ce sont des enfants ou des adolescents qui sont forcés d’y faire face, avec trois réponses différentes. Les ADS continuent à s’y opposer bien sûr, dans une séquence encore tout en action, avec toujours des références parasitant un peu le récit (encore le savon Milbul, quelque peu déplacé), et une mise en page ingénieuse de David Evrad, avec des petites cases superposées sur les premières et dernières grandes cases de planches en en reprenant un détail, astucieux renouvellement du suspense en fin de page ou de l’introduction in media res. Les protagonistes de L’île de Minuit n’ont pas vraiment d’autre choix que d’obtempérer, au moins temporairement, pour retrouver leur amie disparue, ce qui ne les empêche pas de commencer à la rechercher par leur propres moyens à l’insu du dieu automate, avec une scène dans un canyon où soufflent des vents tempestueux. Enfin, dans Tanis, c’est l’impétuosité et l’aveuglement volontaire de celle-ci face au mal séduisant qui provoque la mort de son père adoptif, de son plus proche ami, l’esclavage de son peuple et la destruction de son village. Vu que l’on en est à l’avant dernier chapitre, cela nous promet un grand suspense pour la fin de l’épisode.
Plusieurs sujets de gags reviennent régulièrement dans Kid Paddle, cette semaine, Midam, Patelin , Dairin et Angèle reprennent celui de sa série d’affiches lacérées pour créer un nouveau message, qu’on pourrait appeler le motif Hains-Villeglé...
Depuis quelques strips, des adultes dans Léon et Léna réagissent aux bêtises des garnements en organisant une milice d’auto-défense, ce qui crée des dissensions, et par cela les auteurices Damien Cerq , Clémence Perrault et Ludwig Alizon ont étoffé les relations entre les personnages et donnent à leur série une dimension plus intéressante que des gags de chenapans qui devenaient assez répétitifs. Paul Martin et Manu Boisteau continuent eux à enrichir la gallerie de personnages de Titan Inc. avec le margoulin Jojo la ferraille, et dans Dad flashbacks nous assistons à l’arrivée de Bébérénice, annoncée dans le gag précédent où Dad avait rencontré un bébé parmi des réfugiés, une enfant adoptée donc, ce qui explique que l’on ne connaisse pas sa mère. Ceci dit, dans le monde réel, en France, il serait hautement improbable qu’un père célibataire intermittent du spectacle ait le droit d’adopter un enfant. Mais la mise en scène de Nob fait bien ressentir le bel accueil de Bébérénice et le bonheur qu’elle trouvera dans cette famille recomposée, comme quoi la fiction peut parfois être plus réaliste que le monde dit réel.
Dans les rubriques, Romain Pujol, dessinateur, et dans Spirou scénariste de Psychotine et de certains Kid Paddle, révèle dans Les BD de ma vie que Tebo, l’auteur dont il est fan absolu, est l’un des seuls avec lequel il n’ait pas encore travaillé. Spirou et moi est consacré à l’auteur québecois Denis Rodier, qui parle de son style hybride, entre comics et franco-belge. Ayant beaucoup encré pour DC et Marvel, il dessine dans sa demi planche des personnages à base FB et au traitement (ombres, trames) comics. Il souligne que dans les années 70, « habitant au Québec, il était au mauvais endroit pour faire de la bande dessinée, puisque tout se passait soit aux USA soit en Europe» , et qu’ainsi « jamais un Québecois ne pourrait un jour dessiner Gaston... » La situation a passablement changé, le Japon a depuis été découvert comme autre territoire de BD, et des auteurs québecois sont connus et reconnus en Europe, y compris dans Spirou, où ils ont dans une certaine mesure remplacé, pour les auteurs non d’origine belge ou française, les Espagnols que l’on y trouvait dans les années 60-70. Une publicité pour la sympathique série jeunesse Molly Wind, de Toni Galmès et Catalina Gonzàles Vilar, rappelle que ceux-ci, s’ils ne sont plus dans le journal, sont dorénavant bien présents chez les grands éditeurs FB, dans tous les genres, y compris chez Dupuis, éditeur du webtoon au succès phénoménal Hooky, de Míriam Bonastre Tur. Enfin, une autre publicité, par Olivier Deloye, collaborateur (très) occasionnel de Spirou, est pour le festival d’Angoulême, plus spécifiquement l’aspect familial des BD fantastiques, avec des personnages de séries telles que Petit vampire, Donjon, Sardine de l’espace, mais aussi Ariol et Ralph Azam.
" Monólogo significa el mono que habla solo." Ramón Gómez de la Serna dans ses Greguerías.