TORA TORAPA

Modérateur : Modérateurs

Notez cet album de 0 à 5

0 = et si on parlait d'autre chose ?
0
Aucun vote
1 = pas terrible
1
4%
2 = bof sans plus
0
Aucun vote
3 = un album qui se lit agréablement
4
15%
4 = très bon album
10
37%
5 = superbe album je lis et relis. Un des incontournables de la série.
12
44%
 
Nombre total de votes : 27

Avatar du membre
Jalias
Spiroutiste Détraqué
Spiroutiste Détraqué
Messages : 284
Enregistré le : lun. 12 mai 2014 13:05

Re: TORA TORAPA

Message par Jalias »

- Bizarre, la jeune fille n'est pas là...
- J'aurais bien aimé revoir Ororéa une dernière fois.
- Pourquoi cette fougueuse enfant est-elle absente ?
- (japonais)
- Pourquoi Ororéa n'est-elle pas venue ?
- (cœur brisé)


C'était une promesse, le prochain album de Fournier que je devais commenter était Tora Torapa. Me voici donc, mais que dire sur ce chef d’œuvre qui n'a pas déjà été dit mille fois ?

Après trois premiers tomes où Fournier prend progressivement ses marques sur la série, Tora Torapa marque un tournant dans l'ère Fournier. Pour beaucoup, c'est l'album de la maturité, où la patte Fournier s'affirme.

Cette patte, c'est tout d'abord une ambiance. Avec Tora Torapa, Spirou entre joyeusement dans les années 70, avec ses cheveux longs, ses pattes d'eph', ses babas-cool, sa science atomique et électromagnétique, son graphisme digne du pop-art... qui donnent à l'album une couleur particulière qui le distingue de tous les autres. Plus que l'histoire (qui a ses faiblesses au demeurant), c'est réellement le sentiment de dépaysement et de la cristallisation d'une époque qui font la puissance de cet album.

Ainsi, d'un point de vue graphique, Fournier expérimente plein de choses : les cheveux longs pour Spirou (le pauvre Spirou a les cheveux qui poussent bien vite), des jeux de colorisation qui font que certaines cases ont le rouge ou le jaune pour unique couleur, une réinterprétation de la base de Zorglub dans un style très années 70 je trouve (les grandes lampes arrondies, les portes à ouverture automatique (fantasme de l'époque, qu'on n'a toujours pas vraiment en 2015^^), le pont invisible...). Même Zantafio se voit relooké, avec coupe afro et barbe fournie. Avec cet album, Fournier ose donc vraiment, et ça fait plaisir à voir.

Outre l'ambiance, on peut compter sur une caractérisation des personnages sans failles comme une des grandes forces de l'album, qui lui donne un sentiment de vie incroyable. Ainsi, comme pour le Faiseur d'or avec la scène de la cuisine, on retrouve des éléments de vie quotidienne avec tout le début d'album et le faux départ d'Itoh Kata. Toute cette partie est un régal, car outre son aspect comique indéniable, on sent une réelle complicité au sein du groupe. Peu d'auteurs ont réussi depuis Fournier a rendre aussi crédibles et touchants les liens entre nos deux héros et Champignac.

Surtout que Fournier s'amuse perpétuellement à ajouter des membres au groupe : Itoh Kata, Zorglub (qu'on avait pas revu depuis Panade si je ne m'abuse) et maintenant Ororéa, la belle surprise de l'album. Ce n'est plus un secret, Fournier a inventé Ororéa (ou tout du moins, vue la fin de l'album, a décidé de la garder) pour remplacer Seccotine, qu'il n'aimait pas dessiner (et qu'il n'aimait pas tout court d'ailleurs^^). Du coup, Ororéa, inventée plus de 10 ans après son « modèle », peut se permettre d'être tout ce qu'une héroïne des années 50 ne pouvait pas : sexy et brillante, intrépide, très « nature » (là où Seccotine est un personnage beaucoup plus « urbain » dans son style par exemple). Cette variation de l'image de l'héroïne a été vraiment salvatrice pour Fournier, car elle lui a permis de traiter de l'attirance homme-femme (de façon beaucoup plus crédible qu'avec Seccotine chez Tome & Janry par exemple). Ororéa est un personnage pensé pour être « séduisant » : on pourrait craindre d'une telle caractérisation qu'Ororéa se contente d'être une « femme-objet », là uniquement pour séduire les héros. C'est sans compter sur son caractère frondeur, qui la pousse à aller au devant du danger. C'est une composante plus qu'essentielle au personnage, définie dès son apparition, et qui impressionne fortement nos héros. Ainsi, si Ororéa est belle, c'est bien son caractère qui séduit tous les hommes du groupe (même Spip!). On (le lecteur) en conclue donc qu'une belle personne est avant tout une personne ayant une personnalité qui vous plaît (physiquement et mentalement). Devant un tel personnage, il n'est pas étonnant de voir que Fournier ait décidé de « la garder » (il est par contre bien dommage qu'aucun auteur suivant n'ait décidé de la faire revenir, j'attends toujours un face-à-face Seccotine-Ororéa qui dans ma tête ne peut être que passionnant!), et de créer un réel triangle amoureux Spirou-Fantasio-Ororéa qui donne une saveur particulière à son ère (décidément, avec Fournier on est toujours placés sous le signe du Triangle!)

Le Triangle parlons-en, car il s'agit de la dernière apparition de l'organisation dans Spirou. Il faut reconnaître qu'après un tome où le Triangle a tout de l'organisation fantôme (ses chefs nous sont cachés dans Du Glucose pour Noémie) et un second où ses chefs sont des nouvelles figures (l'Abbaye Truquée), la suite logique était de donner à l'organisation un leader connu de la série : et qui de mieux que Zantafio pour parasiter le Triangle, en utilisant en plus ses connaissances des bases cachées de Zorglub pour assurer son contrôle sur l'organisation ? Grâce à Zantafio, le Triangle prend enfin une dimension humaine et ainsi plus menaçante.

Qui plus est, on sent que Fournier tente des nouvelles choses dans la narration : le flash-back sur Zorglub notamment donne une rythmique bien particulière au récit. Fournier aime toujours autant les chemins de traverses, comme la séquence de l'avion, très drôle mais absolument pas nécessaire à l'intrigue pour temporiser son récit, mais sait aussi quand ré-accélérer les choses. Ça donne un album pas du tout linéaire, et donc passionnant à lire.

Néanmoins, avoir le Triangle dans les parages est forcément synonyme d'un plan plus ou moins foireux. Il n'est donc pas étonnant que Tora Torapa soit le dernier album Fournier dont l'intrigue ait de réelles faiblesses (à ce niveau-là, l'auteur n'a pas fini sa mue). Après la bombe-bonbon de l'album précédent (qui pour moi reste un très grand moment de n'importe quoi!), ici on a droit au Triangle sauveur de l'humanité en détruisant les moustiques. C'est objectivement le plan « humanitaire » le plus c** que j'ai jamais lu, et Zorglub passe réellement pour un idiot d'avaler ça comme s'il s'agissait d'une idée formidable (en même temps, Spirou, Fantasio et Kata sont bien capables d'avaler des bonbons laissés manifestement dans une mauvaise intention par le Triangle, donc hum hum). Dans le même registre, le revirement des Tontons Mamoutes après la disparition de Papa Pop, qui permet de conclure rapidement l'histoire, n'a strictement aucun sens. Ces mecs se sont amusés à réprimer toute une population et probablement à les violenter, je doute qu'ils deviennent subitement des bisounours parce que leur chef à disparu.

Mais Fournier est un magicien (ce n'est pas pour rien qu'il a inventé le personnage d'Itoh Kata je vous dis), quand l'intrigue a sérieusement tendance à nous faire hausser un sourcil, un gag sort de nul part (le plus souvent sous la forme d'un lapin blanc trop mignon!) et détourne l'attention. Et oui, la patte Fournier c'est bien sûr l'humour omniprésent, comme toujours. Je pourrais passer des paragraphes entiers sur le chapeau de Kata et ses lapins (non mais sérieusement regardez-les, ils sont pas trop choupis ces lapins??), mais il y a d'autres gags visuels et de situation formidables : ainsi le plongeon de Fantasio alors qu'il n'y a pas de fond est bien marrant, et devient carrment brillant quand il faut écho au plongeon raté d'Ororéa au pont magnétique. Si Zorglub n'est pas la plus grande réussite de Fournier, son « présent », réminiscences de toutes ses années d'école reste très drôle. J'apprécie aussi énormément l'humour associé à Spip : d'habitude chez Fournier, l'humour chez Spip vient de ses remarques, là c'est un humour très visuel avec pas moi de deux « tacles » à un humain en pleine course. Quant à la séquence de l'avion, Fournier joue même avec le « support » BD : ainsi quand l'avion part dans tous les sens, et bien la case de BD aussi ! Fournier pratique même la référence (volontaire je ne sais pas, il faudrait que je vérifie les dates de parution), avec la présence discrète d'une hôtesse de l'air qui rappelle vraiment Natacha dans l'aéroport !

Mais Fournier c'est surtout des jeux de mots à tire larigot, en vrac et de façon absolument non exhaustive : Tora Torapa (ça annonce la couleur), Papa Lapavu, Tapapu, Ora Bobo, Taf Boboa Roba Tépabo (encore une référence!^^) ou d'autres répliques absurdes comme la réplique de Zorglub quand il se fait tirer dessus : « hé, en bas, faut pas prendre les enfants du bon dieu pour des canards sauvages ! » (qu'est-ce que j'ai ri!) ou celle du client du bus qui découvre le matériel du Comte : Mais c'est un orchestre de musique aléatoire ? » (comment a-t-il pu arriver à cette conclusion??)... Je le dis à chaque fois, mais l'humour a vraiment toujours été la carte maîtresse de Fournier, et c'est encore le cas ici.

Ainsi, Tora Torapa, en concluant la trilogie du Triangle, a fini de poser les bases de l'univers Spirou par Fournier. Tous les personnages importants sont là, l'auteur maîtrise parfaitement son univers et son humour, et il devient parfaitement à l'aise sur la narration et le dessin avec toujours des idées originales. Objectivement, l'album mérite un 4,5 selon moi, à cause des facilités et des dernières faiblesses dans le récit. Mais soyons honnêtes, c'est un incontournable ! 5/5
Avatar du membre
Gaston Lagaffe
Maître Spiroutiste
Maître Spiroutiste
Messages : 3207
Enregistré le : sam. 8 oct. 2005 14:02
citation : Fan de Fournier
Localisation : Gatineau (Québec)

Re: TORA TORAPA

Message par Gaston Lagaffe »

Zorglub est dans Le faiseur d'or. ;)
Team Astérix
Scrooge MacDuck
Spiroutiste Débordé
Spiroutiste Débordé
Messages : 100
Enregistré le : sam. 30 août 2014 18:58

Re: TORA TORAPA

Message par Scrooge MacDuck »

Très bon album… Mais la plupart de ce que j'aime dedans a déjà été dit plus haut par d'autres ! En tout cas, comme je l'ai déjà dit dans d'autres messages, un Spirou & Fantasio doit avoir une bonne dose d'humour pour trouver grâce à mes yeux. Avec "Tora Torapa", je suis servi… Même si Fournier n'est jamais au niveau de Greg (autant dans sa collaboration avec Franquin que dans "Achille Talon"), il reste talentueux… Et en somme, Fournier fait en fait partie de mes auteurs préférés sur Spirou. Et ses albums me sont tous chers.
En ligne
Avatar du membre
Trichoco
Administrateur
Administrateur
Messages : 4590
Enregistré le : sam. 8 oct. 2005 19:02
Localisation : Reims
Contact :

Re: TORA TORAPA

Message par Trichoco »

Encore une super analyse, rien à ajouter, mais puisque tu te poses la question, c'est bien Natacha que l'on voit dans l'aéroport, et elle tient la main de Benoit Brisefer. Fournier est pote avec Walthéry et c'est un clin d'oeil à son pote (Benoit Brisefer a aussi été dessiné par Walthéry).
Je crois que ce n'est pas la seule référence chez Fournier, dans l'Ankou par exemple le gardien de la centrale de Berlinitz lit un album de Natacha.
#TeamFluide #TeamSuperdupont
Répondre

Retourner vers « Evaluez les albums de Spirou et Fantasio »