VITO LA DEVEINE

[Trichoco]

Non, on ne sait pas qui vote quoi. C'est une fonctionnalité récente.

[Trichoco]

Ah, je rectifie, pingling vient de m'indiquer qu'au moins les admins peuvent voir qui vote. Mais effectivement c'est supposé être anonyme.

[Pigling-Bland]

Oui et de toute façon on s'en fiche. On ne passe pas notre temps à chercher qui vote quoi. Du reste je n'ai fait cette découverte qu'aujourd'hui et pour les couvertures 2019 je n'avais pas cliqué sur faire apparaître le nom des votants...

[Rose Blackwood]

5. S’il devait me faire penser à un film, ce serait Calme blanc de Philippe Noyce. Bon, ce n'est pas exactement ça: l'album est quand même moins effrayant en soi. Mais ça reste une sorte de huis clos sur un bateau, et dans des lieux paradisiaques. En parlant de ce dernier détail, l'aspect visuel est magnifique. Les fonds marins surtout, avec les poissons colorés. On sent que c'est tiré d’expériences réelles, puisque les auteurs auraient vraiment fait du repérage à Tahiti. D’ ailleurs notre duo de héros, sont ils en vacances? C’était en tout cas dans leurs habitudes, que de se balader aux quatre coins de la terre, jusqu'à ce qu'on remarque que ce n'était pas écolo, plus récemment.

Je dirais même que c’est un huis clos entre guillemets, parce que quand même on est à l'autre bout du monde, donc l'aspect exotique a été gardé. Il s'agit quand même toujours d'aventure, mais le lieu est quand même restreint. Et j'ajouterai que c'est ce qu'on appelle « être tout seul avec le psychopathe » . Enfin tout seul, façon de parler, mais Vito s’est arrangé pour en quelque sorte isoler au moins l'un de nos protagonistes. J’avoue que c'était en ça que je trouve l'histoire tout de même un peu effrayante, si drolatique que soit Vito d'habitude . Mais d'abord, il y a sa tentative d'assassinat, en vidant la réserve d'air. Il y a de quoi être claustrophobe quand on imagine Spirou devoir remonter directement 30 mètres sans étouffer tout en lisant.

Ensuite, il y a l'habitude de le piquer au somnifère qu'il a prise. Encore une fois ça doit être tellement terrifiant de montrer des seringues régulièrement à un potentiel public d'enfants , qu'ils ont préféré échanger ça contre l'ajout de somnifères dans du café, dans l'adaptation animée. Et puis bien sûr, il y a sa tentative de noyer les héros via la méthode des « chaussures en ciment » qui sont ici des caisses, mais vous voyez ce que ça veut dire . Effectivement la manière préférée des mafieux de liquider quelqu'un.

Pendant ce temps, comme dans La vallée des bannis, Fantasio s’attriste de comprendre qu'il n'est que le faire valoir, en quelque sorte. Sauf que là, ça le déprime, au lieu de le rendre dingue. Il n’a pas vraiment non plus de rancune, c'est juste qu’il regrette que ce soit comme ça. Et pourtant, de manière vraiment mignonne, on sent que le récit lui fait prendre conscience qu'il a tout de même ses qualités personnelles, et qu'on peut l'apprécier pour ce qu'il est.

Je n'ai qu’assez peu de reproches à faire au récit. L’un est mineur: comme décidément Tome et Janry ne semblaient ne pas aimer Spip, il est rendu muet ici. Cela dit, il est vraiment à croquer dans son petit ciré, et a de la suite dans les idées puisqu’il est le premier à reconnaître Vito (et ne se laisse pas amadouer). L'autre reproche que j'ai à faire, par contre, est plus important.

Il s'agit de la raison de la dépression de Fantasio. Alors oui, il fallait au moins que ce soit une histoire de cœur brisé pour que ça soit aussi important. Mais ça n'est pas crédible, car Noa Noa est un personnage que nous ne connaissons pas, et que nous verrons d'ailleurs pas, ou alors dix secondes dans un flashback de la version animée. D’ailleurs nous ne savons même pas si elle vaut effectivement la peine de se mettre dans tous ses états. Apparemment pas, si on tient compte de la description physique qu’en fait Spirou. De plus, toujours d'après lui, Fantasio ne l'a croisée que dix minutes. Ca semble étonnant de tenir à cette femme à ce point-là. Pire encore, quand finalement il la retrouve, puis comprend que c’est à lui qu'elle tient malgré tout, et malgré à quel point cela réjouit Fantasio, et bien non . Il la laissera là et continuera sa vie de la même façon, comme ça tout va bien. Même si, je le cite, “c'est un amour impossible”. Et bien, la plupart des gens, à ma connaissance, déprimeraient tout autant pour un amour impossible, qu'un amour à sens unique, comme il le pensait jusqu'ici. Tout ça pour ça, me suis-je dit. Ca valait bien la peine de nous faire à ce point-là le Drama King, pour une femme qu’il laisse derrière lui sans regrets, et dont il ne reparlera d'ailleurs jamais.

J’'ai l'impression que ce n'était pas tant Noa Noa elle- même qui comptait, mais le fait qu'elle lui préférerait apparemment un autre homme. Un homme qui est d'un style bien différent de Fantasio, qui n'est donc vraiment rassuré que quand il se rend compte que ce n'est pas le cas. Je sais gré à Tome et Janry que l'autre en question est un capitaine, donc un troisième homme, et non pas Spirou. Je déteste quand on implique nos deux héros dans un triangle amoureux , ne serait-ce que parce que ça induit une tension entre eux dont ils n'ont pas besoin, mais surtout parce qu'en général on sait comment ça va se passer. La donzelle tend à préférer Spirou d’habitude, pas de quoi rassurer Fantasio sur sa valeur, effectivement. Mais il y a tout de même une ressemblance, si j'ose dire, parce que le capitaine fait une comparaison, en disant “Les aventuriers comme vous et moi, c'est dépassé “. Le problème de Fantasio, c'est le contraste qu'il forme avec son meilleur ami, et qui, a-t-il l'air de penser, est généralement à son désavantage. Donc oui, c'est plutôt mignon que ça ne le soit pas cette fois. Ce sont les raisons qui l’ont fait déprimer qui me paraissent pas crédibles. Paraît-il qu'à cette époque, Janry était lui-même dépressif. Il voyait bien que certains dialogues qu’ écrivait Tome pour cette histoire ressemblaient à des choses qu’il lui disait pour le rassurer. Je n'ai pas les détails, mais peut-être bien que Janry était lui-même en dépression à cause d'une femme. Ca d'accord, mais je me répète, pour Fantasio, vraiment là ça ne faisait pas crédible.