MACHINE QUI REVE

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DESPERA
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Re: MACHINE QUI REVE

Message par DESPERA »

Je suis globalement du même avis que Jalias. Cet album est forcément à part et j'espère toujours qu'avec le temps, il ait moins de détracteur...
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Emyla
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Re: MACHINE QUI REVE

Message par Emyla »

Voilà une excellente analyse Jalias et je ne peux que partager ton opinion. Merci d'ailleurs pour cet argumentaire bien détaillé! Lorsque je relie MQR plus de 15 plus tard, je trouve qu'il a très bien vieilli, tout de même. Sans doute dû au fait, comme spécifié, qu'il est tout à fait ancré dans son époque.
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Jalias
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Re: MACHINE QUI REVE

Message par Jalias »

Pigling-Bland a écrit :Excellente analyse... à l'occasion, et si tu n'y vois pas d'inconvénient, j'en publierai quelques extraits dans le dossier "Machine qui rêve" de la bibliothèque.
De mon côté je ne vois pas de problèmes, si ça peut être utile tant mieux!

Et merci à tous pour les compliments, je suis ravi que ça ait plu.
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Re: MACHINE QUI REVE

Message par Zig Homard »

Jalias a écrit :Et merci à tous pour les compliments, je suis ravi que ça ait plu.
C'est vrai, Jalias, que tes analyses sont super pointues, pertinentes, et bien argumentées... (que l'on soit ou non d'accord, là n'est pas le problème)
... telles qu'il m'est interdit à jamais d'en écrire,
Déplorable maraud
[que je suis... :oops: :lol: ]!
Λ - (Poly-censuré par l'un ou l'autre admin !!) " _ _ . . . ! " - Dissident, il va sans dire...
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Re: MACHINE QUI REVE

Message par petercriss »

Grand fan du duo , tome et janry , je n 'ai lu cette album que bien plus tard.
Ma première réaction , cela a été : Merde , Franquin aurait adoré.
Je reste persuadé que cet album marque un point final sur l 'évolution qu 'ont apporté tout au long de leurs albums.
Le coup de pouce du maitre, à l 'époque, pour la reprise de la série par ces auteurs n 'est pas anodin , loin de là. Il avait vu en eux des jeunes prêts à bousculer les codes comme lui à une autre époque.
Je reste déçu que l 'éditeur n 'ai pas souhaité continuer dans cette voie .
Vous l 'aurez compris , pour moi c 'est un 5.
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Gaston Lagaffe
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Re: MACHINE QUI REVE

Message par Gaston Lagaffe »

J'annonce que j'ai monté ma note à la suite d'une énième relecture. J'avais mis 1 il y a presque 10 ans (et dans mon souvenir je pensais avoir mis 2 étoiles, comme quoi il faudrait que je vérifie mes notes plus souvent). :dors:

Quoique ce 3 serait plus un 2.5. J'ai fini par m'habituer au style réaliste de Janry qui est beau. Même si c'est dans un style différent de ce qu'on était habitué à l'époque (j'ai l'impression que les jeunes lecteurs habitués de voir pleins de one-shot sortir vont être moins choqué de voir Spirou avec un style réaliste que nous qui avons grandit quand tout était dans du réaliste-comique). Spirou et Fantasio sont toujours Spirou et Fantasio même avec un style différent. La seule chose qui me choque vraiment est le discours moraliste de Spirou à la fin qui me semble bien intéressant parce que Spirou nous avait habitué à dénoncer des sujets sérieux sans tomber dans la grosse leçon de morale 'les hommes ils sont trop méchants'.Et puis il y a Seccotine...pardon Sophie...Qui est tellement différente qu'on aurait du tout simplement la remplacer par un nouveau personnage ou Ororéa, la vraie bombe de la série...Mais bon apparemment on a juste droit à une journaliste dans la série (j'imagine que je suis le seul qui voudrait voir Seccotine et Ororéa comme meilleures amies qui forment un duo rival à nos deux héros).

Il y a des bonnes scènes (la page 'cet homme est dangereux', le suspenses avec le policier qui attendre la sonnerie du portable), mais j'arrive pas à être super-captivé par le scénario. La faute au clone qui me laisse au final indifférent. L’intérêt principal du scénario est de découvrir ce qui est arrivé à Spirou et pourquoi donc même ses amis l'ont trahis...et lorsque je connais la réponse ça me captive moins. On est loin de Soda que je peux relire un million de fois même si je sais comment ça se termine.

Sinon, le scénario est pas aussi compliqué que plusieurs le disent. Je trouve que les scènes de flashbacks sont clairs et précis par rapport aux scènes qui se passent dans le présent. Je me demande si certains lecteurs ont été tellement choqué par le changement de graphique qu'ils ont eu de la difficulté à juste lire le récit.
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flyingspip
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Re: MACHINE QUI REVE

Message par flyingspip »

"Machine qui rêve , première lecture...ça tourne" !!

Comment aller plus loin que "Luna Fatale" tout en continuant d'ancrer Spirou dans son temps?Comment continuer à poser de manière cohérente la quète d'identité du héros entrevue dans le Tome précédent?Qui est Spirou ?Après tout ,on l'a toujours appelé ainsi non?Et bien cassons tout cela ,annihilons les repères et sublimons les codes tout en les éparpillants?

En en ce sens la, le fond de la BD ne me choque guère.Tome&Janry placent un clone dans une période ou la mode était justement au clonage et experimentation dans les oeuvres de fiction?Ok mais Spirou s'est toujours placé dans le vent, ce qui a toujours donné du souffle à une oeuvre intemporelle .Tout y est ici histoire de trouble, de peur de fuite de soi et de l'autre, de folie?Tant mieux , cela ne rend l'oeuvre que plus palpitante et accrocheuse,déroutante et perturbante.

Je l'avoue, j'ai adoré le fond de cette bd , les questionnements qu'elle induit.J'ai ressenti de l'empathie pour ce pauvre clone traqué, crevé, fatigué et le cliffhanger final n'a pas diminué l'empathie que j'avais eu pour lui durant toute la BD ;dés lors comment établir une hierarchie entre ce qui doit disparaitre et ce qui doit vivre?
De la même manière, si Seccotine se montre décidée ,franche et protectrice , ses traits qui me font penser parfois à ceux de Luna lui donnent une stature de femme fatale,d'aventurière façon "James Bond girl" pas si désagréable (j'ai toujours pensé que le besoin de séduire mais aussi d'être integrée était un besoin omniprésent chez Seccotine ,depuis sa création, mais que les canons et la morale de l'époque ne le permettaient pas vraiment.

J'apprecie en fin cette vision sombre et nihiliste de la societé et du vivant, cette idée que tout n'est que duplicité et que, dans le même temps, l'amour peut exister et former un terreau fertile dans une societé desanchantée.

Question illustration la forme me plait beaucoup, je trouve le dessin superbe, la colorisation magnifique, le scénarisation merveilleuse et j'avais très envie de mettre 5.La representation des personnages est réussie , nfin je trouve (Spirou est plus actuel, Fantasio est réussi, quand à Seccotine, elle a toujours été pulpeuse ,a part lors de son apparition peut être, et dans le "dictateur et le champignon" ou elle reste très enfant.

hélas , je ne suis pas du tout convaincu par les transitions, la manière dont nous est présenté le rôle de Spirou (le vrai) le double rôle de Seccotine;je ressens un manque de connexion certain entre les différentes scènes, cela va vite, trop vite.L'absence de Spip me gène beaucoup je dois dire.

Au bout du compte je trouve que si cet album questionne la vie et l'humain, paradoxalement, il manque d'empathie et d'humanité.

indéniable réussite artistique, cohérent dans la saga, pont vers la suite , mais manque d'émotionnel , je ne lui met que 4, même si je l'apprécie bien.
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Re: MACHINE QUI REVE

Message par heijingling »

flyingspip a écrit : cette vision sombre et nihiliste de la societé et du vivant, cette idée que tout n'est que duplicité et que, dans le même temps, l'amour peut exister et former un terreau fertile dans une societé desanchantée.
Marrant, je disais pareil de Soda dans le tournoi (groupe 7), d'une part le mal absolu, de l'autre le bien, l'amour.Les préoccupations de Tome se retrouvent. Comme ce ne sont pas les miennes, pas étonnant que son Spirou me touche moins que celui de Franquin ou de Fournier.
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Re: MACHINE QUI REVE

Message par flyingspip »

Exactemment, cette BD fut clivante pour les fans, pour autant Tome&Janry avaient prévu cela;se lancer dans une telle entreprise artistique a du leur demander beaucoup de reflexion,et pourtant ils ont choisi de se lancer completement dans un style,sans compromis ce qui dénote l'envie de déconcerter, de choquer, de manière très assumée,mûre.Comme j'aime bien les univers à la Blade Runner, cela ne me dérange pas (vu que cet album est très cinematographique)

Si cet album était un genre musical, il serait un album d'un genre implacable, violent, sans compromis, rapide et sans pitié,par exemple de thrash metal ou de punk hardcore...Si il était un opéra, "Wozzeck" d'Alban Berg (opéra atonal construit de manière moderne sous forme d'hommage au passé, mais d'hommage revisité;l'argument de cet opéra moderne porte sur une societé militarisée et des experiences médicales qui font perdre à Wozzeck, le héros, être faible, maltraité, manipulé, toute perception sensée de lui même;il bascule alors dans la confusion ce qui le poussera jusqu'au meurtre puis au suicide...le tout fut crée en 1925!!)qui est qui, comment vivre dans un monde ou tout est manipulable, ou l'être n'est plus rien qu'une séquence d'ADN ?

J'attaque ma deuxième lecture ...autant la transition Spirou /Clone ne m'avait pas plu lors de la première lecture , autant si je me place dans une idée de confusion, de brume et de perte de repère, cette transition est au contraire sublime...effectivement l'impression d'être dans un cauchemard eveillé.

Questionner, choquer, emerveiller, cliver,aller droit au sensible et à l'emotionnel ...C'est le propre de toute grande oeuvre d'art, non?
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Rose Blackwood
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Re: MACHINE QUI REVE

Message par Rose Blackwood »

Alors comment dire… Ce fut une autre de ces couvertures qui m'avaient fait entrer dans la librairie, et feuilleter le bouquin, puis ne rien y comprendre. :?: A raison cette fois (même si j'avais lu trop vite). Déjà, devant la couverture, je me suis dit: on est sûrs que c'est un Spirou et Fantasio? Parce que c'est une couverture assez terrifiante. Déjà oui, niveau graphisme, ça surprend. Un aspect positif que je ne peux pas nier, c'est le dessin, justement. Il est beau de façon renversante, alors que déjà le graphisme des opus précédents de ces auteurs avait de quoi me faire baver.

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C’est juste que cet aspect beaucoup plus réaliste renforce encore le sérieux de l'intrigue, et en avait on besoin? Non seulement il fait toujours nuit, et il pleut souvent dans cette histoire, mais en plus les pages sur lesquelles elle est imprimée sont noires, sauf la dernière qui partait sur une note plus optimiste ( la seule de jour). Sérieusement? :shock: J’ai appris longtemps après que le scénariste était le même que pour la série Soda. Seulement là, désolée, ça n'est pas Soda, il s'agirait pas de tout confondre. Ni de casser les codes et de se réattribuer un héros qu'on a pas inventé jusqu'à ce point-là. :grrrr: J’ignorais totalement que le duo d’auteurs était censé avoir pris la grosse tête et s’être imposé après avoir fait de bons chiffres en librairie, si j'ai bien suivi. Mais ce revirement cent pour cent sérieux était encore plus surprenant venant de leur part (et il l’aurait été venant de n’importe quel auteur de la série, de base), sachant qu'on avait quand même affaire à un duo dont l'humour était tout de même assez délirant jusqu'ici, pour ne pas dire potache, entre les créatures qui pètent des bulles et les mafiosos qui reviennent par paquets de douze et ébouillantés dans l’huile de chien. C’étaient vraiment les derniers que j’aurais imaginé faire ça, parmi tous les auteurs. :menfin:

Ça explique les réactions un peu tièdes, pour ne dire que ça. Il n’y avait pas que le dessin de réaliste, d’ailleurs, mais aussi le gimmick de donner soudain son vrai prénom, ou se demander ce qu’il est. Allons : la création de la série remontait à cette fameuse époque où le médium BD était uniquement perçu pour les enfants, et les personnages, qui vivaient de courts gags, n’avaient qu’un surnom. Les grandes aventures sont arrivées après, mais la mutation devenait cette fois trop grande. Réalisme toujours, c’est la première fois qu’on voit Spirou sans le moindre élément d’uniforme depuis L’Ankou, et cette fois curieusement, ça va rester (enfin jusqu’à Yoann et Vehlmann :roll: ).

Si le graphisme passe néanmoins, autant scénaristiquement, c'est là qu’est le problème. Ca n'a absolument rien à voir avec un Spirou et Fantasio classique, on a plutôt l'impression de regarder Le fugitif, mâtiné avec A l'aube du 6e jour. Sachant que si à l'époque, le film Le fugitif (1993) était déjà sorti, A l'aube du 6e jour (2000) non. Alors qui de l’œuf ou de la poule? :?:

Pour renforcer cette impression de fugitif, on isole totalement le protagoniste, qui passe son temps aussi solitaire qu’effrayé ( je reviendrai sur ce qu'on peut appeler le protagoniste). Avec pour commencer, Fantasio qui part en vacances tout seul. Est-ce que ça lui était déjà arrivé ne serait-ce qu'une seule fois? Exactement, il n'y va jamais tout seul, ni avant ni après. C’est là que ça ne colle pas pour commencer. L’histoire tourne bel et bien autour d'un duo d’habitude, mais pour obtenir l'effet terrifiant prévu de techno thriller, il fallait un héros qui soit solitaire. Pour la même raison, mais je crois que de toute façon les auteurs ne l’aimaient déjà pas beaucoup puisqu'ils l’avaient rendu muet juste avant, on ne verra pas Spip, qui passe son temps à dormir à la maison. D’ailleurs on nous dit ici que notre duo n'habite pas ensemble. Depuis quand? :shock: On les voit clairement être colocataires, notamment dans Spirou et Fantasio à New York (et ils le seront à nouveau après). Je passerai rapidement sur l'effet anxiogène que fait le film que regarde le duo au début (et un effet d’anticipation assez peu subtil. :| ) Le moment qui suit est l’un des seuls instants un peu légers ( avec le flashback, et le jet, de nain de jardin). Pour ça aussi il y a de quoi être choquée: pas d'humour du tout. Là aussi, je trouve qu'il manque quelque chose au cahier des charges. :non:n

N’oublions pas une des obsessions du duo d’auteurs, la sexualité. Ça nous donne, d’une part, Seccotine qui n’a jamais été si belle (sauf dessinée par Dany), mais hyper sexualisée puisqu'elle apparaît en mini-jupe. Je dois reconnaître cependant que ça fait tenue d’hiver aujourd'hui, comparé avec ce qu'elle porte dans La gorgone bleue. :oops: D’autre part, elle présente en plus de l'attirance pour l’un de nos héros, et non, je ne trouve pas qu'elle aie choisi le bon (je ne fais pas référence au clone en disant ça :non:n ). Je suis d'accord avec Les chroniqueurs de ces dessin animés là qui méritent qu'on s'en souvienne quand ils notaient le peu de flair de T&J sur ce point, et que si Seccotine devait sortir avec l’un des deux, c’était plus intéressant avec Fantasio. Ils se retrouveraient dans une relation tendue, et donc amusante. En tout cas plus amusante à suivre qu’ avec Spirou, avec tout le respect que je lui porte. Il a des tas de qualités, mais être romançable avec la seule femme qu'il connaisse bien n'en fait pas partie. Encore une fois, curieusement, et bien que Machine qui rêve soit considéré à part, "Seccotine en tant que love interest possible" va rester, pour Spirou (Aux sources du Z, La gorgone bleue, Le tombeau des Champignac), mais aussi pour Fantasio (deuxième série télé, le film, Fondation Z, Le triomphe de Zorglub, et Le tombeau des Champignac aussi, tiens).

J'ai trouvé aussi le rythme assez lent. On ne fait que suivre Spirou, ou plutôt Spirouïde ( appelons le comme ça), dans sa fuite et le rythme en est assez ralenti. Pour que ce soit l'unique sujet, il y avait un découpage parfois très lent sur certains gestes, dans quelques cases. Malgré le sérieux voulu de ces changements tellement brusques de code, certains moments m'ont plutôt donné envie de rire. :mdr: A commencer par la fonte des plombs du Spirouïde quand il hurle: « Je ne joue plus! ». Je conçois qu’être soudain traqué comme un criminel pousse vers la folie n’importe qui. :mur: Mais ça a un côté excessivement théâtral, qui m’a sortie de la solennité du moment. :mrgreen:

Autre « sortie de route », le cadre. Tout se déroule dans la même cité où nous tournons en rond. Donc, pas d’aventures, d’exotisme et de grands espaces- seul, Pacific Palace fera pire sur ce point. J’avais déjà dit que Vito la déveine faisait huis clos, mais le cadre paradisiaque faisait que le sentiment de claustrophobie était absent. Je sais que parfois on ne bouge pas beaucoup, et l’intrigue tourne autour de la science devenue folle (Le voyageur du Mésozoïque , Le rayon noir et Alerte aux Zorkons). Ca pourrait être le cas ici aussi, théoriquement, mais c’est une science terrifiante à laquelle on a affaire ici, :shock: loin des errements comiques de Zorglub.

Et puis il y a la chute! Je suppose que depuis un quart de siècle vous la connaissez, je peux en parler sans divulgâcher. :roll: Le fait que tout du long, et même jusque sur la couverture, on a quasiment eu affaire qu’à Spirouïde, autrement dit au clone de Spirou. Ce qui veut dire que non seulement cette histoire est quasiment sans Fantasio ni Spip, mais elle est même aussi sans Spirou, donc ça renforce son aspect d’inutilité. :| La première fois je ne dis pas, la révélation finale est effectivement renversante. :shock: Personne, en tout cas pas moi, ne l'avait vu venir, mais le problème c'est que cette qualité ne résiste pas à une seconde lecture. On sait déjà qu'on ne fait que suivre les aventures d'un clone qu'on avait jamais vu avant, et qu'on ne reverra jamais après. Ca aussi, c'est encore un autre problème , en ce que nous ne sommes pas attachés à ce personnage, comme on le croyait. Finalement, les relectures suivantes en deviennent ennuyeuses. :sleep: J'aimerais par contre savoir deux- trois bricoles, du style où était retenu Spirou (l’original)? Comment s’est il enfui (et son clone aussi, soit dit en passant)? Comment a-t-il su qu’on l’avait cloné, quand a-t-il mis ses amis au courant? :?: J’ai parlé aussi de l'aspect anxiogène, en cela qu'on a l'impression que Spirou se fait trahir par une amie. Je sais gré aux auteurs que par ailleurs, la personne qui lui fait cela ne soit pas Fantasio, car ça aurait été vraiment beaucoup trop dur à surmonter. Cette fin “twist” à la Quatrième dimension, et la couverture minimaliste qui ne rigole pas, voilà qui n’était pas dans les habitudes non plus…Et qui n’est pas passé.


La nature du clone ne me laisse perplexe, puisque on nous donne à entendre que c'est une espèce d’androïde, qui n'est pas fait de chair, et pourtant il saigne, c'est bizarre. :| Son sort me laisse encore plus perplexe, quand on voit Seccotine partir avec lui, une manière détournée de Tome et Janry de la mettre en couple avec Spirou, sans que ce soit Spirou pour autant ; parce qu'ils savaient que ce n'était pas possible, au vu de sa longue histoire, de le caser. Là-dessus dans les runs suivants, voilà t-il pas que Seccotine réapparaît sans lui, et qu'elle ne dit pas ce qui lui est arrivé. Je crois que tout le monde s'en fiche à commencer par tous les auteurs suivants.

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Mon headcanon, c'est que le clone était peut-être fait d'une matière qui devait se dissoudre après un temps plus ou moins long, peut-être quelques jours ou quelques semaines. Un peu comme les clones que créera Zorglub dans sa propre série ( j'y reviendrai), qui eux peuvent ne durer que 10 minutes. Ca voudrait juste dire que Spirouïde est mort, mais dans le fond que qu’en savons-nous?

J’ai toujours cru qu'à l'époque les réactions mitigées, à l'album qui restera un épisode bizarre sans lien avec ce qui s'est arrivé avant ou après, avaient valu à T&J de se faire renvoyer sur le champ. En fait, ce serait eux qui auraient arrêté pour pouvoir migrer définitivement sur Le petit Spirou. Je ne le savais pas non plus, qu'ils avaient Zorglub à Cuba dans les tuyaux.

J'ai lu les 8 premières pages depuis. Ça semblait légèrement plus drôle et tous les personnages du casting allaient être utilisés cette fois apparemment. Et toujours, ce dessin magnifique. :bravo: Néanmoins, le rythme paraissait toujours un peu lent, et l’atmosphère anxiogène. Donc ils comptaient sérieusement transformer la série de cette manière? Sur ce point, encore une fois, je me répète, mais ce n'est pas Soda. :non:n Si c'est ça qu'on veut lire, et bien on va lire Soda directement. J’ai parfois eu la sensation, devant ce thriller, de me trouver devant un épisode d’ X files ou des Envahisseurs : sombre, sérieux, SF, personnage traqué, fin ambiguë…Changer totalement les codes de la série, non seulement personne ne l’avait demandé, mais ce n’est pas passé (alors que les auteurs voulaient inscrire ça dans le temps). Donc est-ce vraiment une surprise quand finalement, ils ont compris qu’ils ne pourraient pas continuer comme ça? C'est presque un équivalent au Dark age des comics américains (même époque). Ca donne pour résultat, dans Across the Spider-verse, le personnage de Ben Reilly (et qui est un clone, pas de hasard :mrgreen: ) qui se lamente sur la difficulté de la vie, sous le regard stupéfait puis consterné de ses collègues. :zinzin:

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Enfin c'est un épisode très ancré dans son époque. Et je dis pas seulement ça pour l'usage des portables auquel les personnages ne sont pas encore habitués. Plutôt quant au sujet du clonage humain. A l'époque de la sortie de l'album, nous étions exactement deux ans après le tout premier clonage réussi d'un mammifère, la brebis Dolly. Dans les médias, tout le monde en était à dire: « À quand le clonage de l'être humain? ». Surtout, tout le monde était absolument persuadé que c'était très proche dans le temps, et que ça serait permis aussi. :o Accessoirement, on s'affolait en imaginant des clones créés dans l'unique but de fournir éventuellement leurs organes à leur original, si il ou elle tombait malade et devait être greffé(e). Ces clones auraient été alors comme du bétail. Ou alors qu’on allait cloner les personnes mortes pour les remplacer, et qu'en cas d'erreur ça nous donnerait un imposteur dont on ne pourrait pas se débarrasser ( c'est d'ailleurs exactement le scénario d' A L’aube du 6e jour). La saga des clones de Spider-man, mal reçue des fans, est de la même période. Il est question du fait que Peter Parker aie pu être remplacé par un clone. :roll: Et puis, il y avait la secte des raëliens, qui affirmaient non seulement qu’ils allaient cloner un être humain, mais qu'ils y étaient arrivés. Spoiler: ça fait vingt ans qu'ils racontent ces salades, et plus personne ne les croit. :noel: Finalement, non seulement le clonage humain n'a pas été autorisé, mais à quoi servirait il? Pas à créer des banques d’organes, ramener à la vie des célébrités ou des chers disparus, ou, pour les animaux, créer de la viande artificielle -les seuls usages un tant soit peu divertissants du clonage. :| Les seules personnes qu'on a clonées depuis pour les remplacer après leur mort, c'étaient des animaux de compagnie. Outre que le procédé est très cher, et par conséquent pas très répandu, les propriétaires sont souvent déçus parce que l'animal n'a rien à voir au physique comme au comportement avec l'original. Vous vous attendiez à quoi? C’est juste un frère jumeau ou une sœur jumelle à retardement du précédent, ce n'est pas une photocopie ( d’autant que donner aux clones exactement l’âge et la mémoire de l’original comme dans Machine qui rêve, ça reste de la science-fiction).

Du coup, le clonage est devenu depuis un sujet de comédie, et plus du tout de thriller, il n’ inquiète plus personne. Déjà, le film Mes doubles, ma femme et moi (1996) était précurseur. Ou l'album de la BD Jules « La réplique inattendue » (2001), par l’auteur de L’espoir malgré tout. Ce sont des comédies. Mais surtout, depuis, rien que dans cet univers, il y a eu la série Zorglub. Et le fait que dans l'album Lady Z, ce dernier crée un processus instantané pour obtenir des clones, puisqu’ils sont faits d'une matière plastique. On peut les apparenter à des sortes de robots eux aussi, exactement comme Spirouïde, mais la ressemblance s'arrête là. Outre le fait qu' une fois la formule stabilisée, eux peuvent vivre semble-t-il indéfiniment, le résultat est franchement comique. Déjà, il y a la vingtaine de Zorglubs qui ont chacun un trait de personnalité différent et seront comparés, à juste titre, « aux Schtroumpfs avec la tête de Gargamel ». Mais en plus, il y a le fait que Zorglub accepte un rendez-vous avec son double de sexe opposé. L’usage des clones dans cet album est de manière générale plutôt ludique, puisqu'il s'agit avant tout de ressusciter des célébrités décédées. C’est sûr qu'avec un thème qui tourne à la farce aujourd'hui, ça donne encore moins de crédibilité au titre Machine qui rêve maintenant.

Je lui donne 2 pour le graphisme, mais pas plus à cause des ambitions à côté de la plaque qu'il avait et le fait qu'en plus d’être anxiogène, il n'est pas si intéressant que cela une fois que la chute est connue.
La beauté du graphisme et le scénario mature peuvent être appréciés. En fait (même si serait resté le manque d’intérêt à la relecture), c’eut été une très bonne histoire, s’il s’était agi d’autre chose qu’un album de Spirou et Fantasio. Ca aurait limite pu faire un bon one-shot, si ça avait existé à l’époque. Mais en tant qu’épisode classique, non seulement il restera un mouton noir, mais il ne me semble plausible qu’en tant que cauchemar de Spirou, en effet… :zinzin:
Modifié en dernier par Rose Blackwood le mar. 16 avr. 2024 09:18, modifié 1 fois.
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Gaston Lagaffe
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Re: MACHINE QUI REVE

Message par Gaston Lagaffe »

Une autre critique pertinente. :ok:

Quelques remarques:

1.Secctoine x Spirou c'est surtout un trip de Yann qui a scénarisé tous les exemples que tu donnes. Le seul récit de Spirou qui mets Seccotine amoureuse de Spirou étant cet album.

2.Lorsqu'on regarde les 3 derniers albums du duo Tome et Janry ont voit vraiment qui changent des trucs pour pouvoir raconter leurs récits 'plus adultes' (Champignac le village figé dans les années 50, Fantasio le gros dragueur, Spirou et Fantasio n'habitent pas ensemble, etc). Et Cuba commence avec un Zorglub vraiment méchant. Il y aurait peut-être eu une explication par la suite, mais avec le peu qu'on a le comportement de Zorglub est juste étrange.

3.C'est l'éditeur qui a voulu que le duo ce concentre sur le Petit Spirou qui se vendait mieux que le grand. Ce qui est arrivé aussi c'est que le duo a aussi été affecté par le rejet de l'album lors de sa sortie par une bonne partie des fans et aussi par la mort de Philippe Vandooren, un éditeur chez Dupuis dont ils étaient proches et qui a été leur principal soutiens lorsqu'ils ont voulu faire un Spirou plus réaliste.

C'est d'ailleurs à cette époque que Tome va faire une dépression et devenir moins productif. Lorsqu'on compare sa production avant 2000 et après 2000 jusqu'à sa mort, tu voit une baisse de régime. Janry a pu continuer un moment le Petit Spirou parce qu'il y avait des scénarios de gags en réserve, mais Gazzotti a carrément poursuivit Tome en justice pour qu'il finisse le scénario du tome 12 de Soda.
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