AUX SOURCES DU Z

Modérateur : Modérateurs

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00 = trop trop nul
9
24%
0 = et si on parlait d'autre chose ?
5
13%
1 = pas terrible
8
21%
2 = bof sans plus
10
26%
3 = un album qui se lit agréablement
4
11%
4 = très bon album
0
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5 = superbe album je lis et relis. Un des incontournables de la série.
2
5%
 
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DESPERA
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Re: AUX SOURCES DU Z

Message par DESPERA »

Pigling-Bland a écrit :bah on n'a quà dire que la première ligne ça veut dire trop nul, double zéro... ça je peux changer le texte si vous voulez, puisque ça ne change pas le nombre de lignes...si ça convient à plusieurs je fais ça... :lol:
Alors je veux revoter pour ce double zéro !! :lol:
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Prunelle
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Re: AUX SOURCES DU Z

Message par Prunelle »

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ElEmperador1907
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Re: AUX SOURCES DU Z

Message par ElEmperador1907 »

00
une honte et une injure aux fans de Spirou.
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94170geo
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citation : qui a un jour eu cettte idée folle un jour d'inventer l'ecole ??
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Re: AUX SOURCES DU Z

Message par 94170geo »

Un album anéctotique et incohérent du point de vue du scénario mais quand même je trouve que la patte graphique de Munuera devrait lui valoir un album dans "Un Spirou de ..." et non pas plusieurs albums dans la série classque car son dessin redonne un coup de jeune à Spirou , tout dans la modernité même si YOANN a réussi à moderniser la série
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Fantasio magazine
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Re: AUX SOURCES DU Z

Message par Fantasio magazine »

Je suis vraiment pris entre deux feux pour cet album. Autant je trouve le scénario incohérent et la fin insultante, autant je trouve le rythme bien soutenu et l'hommage des albums de Franquin fait de façon intéressante. Les images sont aussi très agréables à regarder. Mais bon, j'essaie de toujours de comprendre où voulaient en venir les auteurs quant à l'avenir de Spirou. En quoi ce qu'ils ont fait apportait une évolution. Une question à laquelle je n'aurai probablement jamais de réponse. Je mets un 2.
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Moulignac
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Re: AUX SOURCES DU Z

Message par Moulignac »

C'était le 50ème album et il était censé célébrer les 70 ans de Spirou. Un petit coup d??il en arrière pouvait donc se justifier.
Mais, une fois de plus, le Spirou de Franquin semble être le seul qui ait jamais existé pour les auteurs (avec le leur bien entendu).
Pourtant, s'il y avait une occasion d'évoquer tous les auteurs elle était bien là, dommage qu'à part deux allusions à Rob-Vel et les calembours "évocateurs" de Spip, les scénaristes ne l'aient pas saisie.

Pour le reste, on ne peut que regretter le choix peu original du voyage dans le temps pour évoquer l'histoire de Spirou.
Outre les incohérences liées aux paradoxes temporels sur lesquelles les plus grands auteurs de science-fiction se sont cassés les dents, revisiter le passé d'un personnage qui a tous les jours vingt ans relevait de l'inconscience pure.
Quant à la fin démente avec l'entrée du jeune Spirou dans le monde d'aujourd'hui ...

Malgré tout, je préfère, et de loin, cet album à l'ensemble de la production Nic & Cauvin. La qualité du dessin y est pour beaucoup sans doute mais aussi parce qu'il y a dans cette histoire que je trouve complètement ratée, une ambition qu'on ne retrouve pas chez tous les repreneurs.

Pour tout ça, je mets 2.
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Emyla
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Re: AUX SOURCES DU Z

Message par Emyla »

Bon, je serai sévère. Je ne répéterai pas ce que les autres ont dit, je suis d'accord avec tout le monde. Mon gros problème avec cet album, c'est vraiment le voyage dans le temps rempli de paradoxes. Déjà, j'ai de la difficulté avec les histoires de voyages dans le temps (j'ai un petit côté physicienne, j'y peux rien!), alors il faut que ce soit vachement bien fait! Et là, ce n'est pas du tout le cas... Encore si ce n'était que ça, mais il y a quelque chose qui ne fonctionne pas dans cet album. J'ai de la difficulté à mettre le doigt dessus, mais je n'ai jamais accroché à cette histoire! Le plus important, et le plus dommage: je n'ai pas eu de plaisir à lire cet album et je n'ai aucune envie de le relire. J'ai donc mis 1 et le point est pour le dessin que je trouve bien réussi, surtout en ce qui concerne la reconstitution des anciennes aventures.
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Pigling-Bland
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Re: AUX SOURCES DU Z

Message par Pigling-Bland »

Emyla a écrit :... Encore si ce n'était que ça, mais il y a quelque chose qui ne fonctionne pas dans cet album. J'ai de la difficulté à mettre le doigt dessus, mais je n'ai jamais accroché à cette histoire!
Je pense qu'il y a également l'ambiance générale qui ne va pas.
Jamais Zorglub ne parle de cette façon à Pacôme dans aucun autre album, jamais Spirou ne parle à Zorglub de cette façon non plus. Il y avait toujours, même dans les moments les plus critique, une forme de respect, de contenance. Même lorsqu'il balance Zorglub par la porte de son bureau Champignac tient des propos équilibrés...
Ceci contribue aussi, dès le début je crois, à ce sentiment de ratage annoncé.
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Désolé madame, je ne peins plus que les natures mortes ! Qu'on vous assassine, et c'est chose faite !
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Re: AUX SOURCES DU Z

Message par Emyla »

Oui ça doit être ça. L'ambiance était effectivement problématique. C'est tout plein de petits détails importants comme ça qui bousillent l'ensemble.
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alaind
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Re: AUX SOURCES DU Z

Message par alaind »

...et si on parlait d'autre chose ?
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citation : Zorglub!!! vers la démocratie et au delà!!

Re: AUX SOURCES DU Z

Message par spirou002 »

j'ai mis 5 !! très très bon album mais, la seule chose qui me gêne c'est qu'a part Franquin on ne parle jamais des autres auteurs que sont Tome et Janry, Nic et Cauvin, Fournier!!!! c'est du n'importe quoi!!!!
mais sinon, j'adore cet album!! le fait que j'ai commencé la série par celui là me rend peut-être plus favorable!!! j'adore ce genre de réplique!!!
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Jalias
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Re: AUX SOURCES DU Z

Message par Jalias »

Et me revoilà prêt à critiquer tous les autres tomes de la série! Désolé pour mon silence radio, j'ai été pas mal pris par un vague truc qui s'appelle un manuscrit de thèse. Mais bon, celui-ci étant fini et envoyé, je vais pouvoir revenir aux choses sérieuses! :mrgreen:

Et attention, là j'ai prévu du lourd. Quasiment 9 pages word sur "Aux Sources du Z"... La rédaction de thèse ne m'aura pas appris à être concis. :oops: En plus je vais jouer les avocats du diable, je risque donc d'écrire plein de trucs sur lesquels vous serez en désaccord^^

J'espère qu'au moins une personne aura le courage de tout lire :lol:

Mais avant de démarrer, j'ai une question à propos de la colonne 00. J'ai bien lu qu'il s'agissait d'un moyen malin pour éviter de redémarrer le sondage. Néanmoins est-ce que les notes 00 comptent vraiment comme pire que 0 dans la moyenne de l'album en fin d'année (genre ça vaut deux zéros ou un moins un?). Parce que dans ce cas ça ne serait pas très juste vu que quelques tomes uniquement ont droit à ce 00. Après, je ne pense pas qu'il y ait de différence entre 00 et 0 dans la notation finale, mais c'est juste pour confirmer?
"ça flanque un coup de se voir jeune, frais et pimpant... dans l'âge d'or ! Allez ! J'ai pas vieilli tant que ça ! Je tiens encore la forme pour mon âge !"

Aaaah, c'était bien !



Attendez avant de m'envoyer au bûcher : ça fait plus de deux semaines que je ne lis que mon manuscrit de thèse, et le dernier Spirou que j'ai relu, c'est la Boîte Noire ! Dans ces conditions, même un kit de notice suédois passe pour un chef d’œuvre ! Néanmoins, malgré certains problèmes, je suis certain d'avoir passé un bon moment en relisant ce Spirou. Inutile de dire que ce tome n'est pas un des plus appréciés (il n'y a qu'à voir son classement sur le site!), et qu'il présente des éléments qui font se hérisser le poil de beaucoup d'entre vous (il n'y a qu'à lire vos commentaires!). Du coup, j'ai décidé d'axer cette critique sur l'ensemble des griefs que j'ai relevé à l'encontre de ce tome (à vous de me dire si j'en ai oublié!), afin de jouer l'avocat du diable (enfin pas toujours) et d'expliquer pourquoi, pour moi, ce tome anniversaire reste un tome très agréable à lire. Je citerai ainsi volontiers certains de vos commentaires, pour les réfuter. Pas pour vous titiller, mais pour essayer de jouer l'avocat du diable encore une fois, de vous faire voir d'autres points de vue et de faire avancer le débat.

Accusation n°1 : Un Spirou mal nommé.

La première remarque que je me suis fait après avoir acheté le bouquin c'est que le titre du tome est complètement c**. Pour tout dire, en plus d'être totalement faux (Zorglub n'ayant au final qu'un rôle secondaire dans l'histoire), ce titre m'énerve pour son aspect racoleur : les fans de Spirou aiment Zorglub (tous sans exceptions, c'est bien connu), vite mettons-le en avant pour l'épisode anniversaire ! La réflexion de MM&Y (Morvan, Munuera et Yann) est tellement voyante, tellement balourde que j'ai l'impression d'être pris pour un idiot, incapable de résister à un « Z » écrit en géant et un Zorglub à l'air narquois. Ça me met en bien mauvaise disposition pour la lecture.

Surtout que je suis un tout petit peu menteur, la toute première réflexion que je me suis fait à l'achat est : « Bon sang que cette couverture est LAIDE !!! » C'est bien simple c'est INDISCUTABLEMENT la couverture la plus MOCHE des 53 albums de Spirou + les one-shots. (Oui, même Panique sur l'Atlantique propose une plus jolie couverture!). Pour un épisode anniversaire ça la fout mal. C'est d'autant plus incompréhensible que jusque là, Munuera s'en est plutôt bien sorti de ce côté là. J'aime énormément celles de Paris Sous Seine et l'Homme qui ne voulait pas mourir. Si le minimalisme convenait parfaitement à Spirou à Tokyo (surtout que la composition y était équilibrée), ici il s'agit d'un hors-sujet total. Pour un épisode anniversaire, il faut quelque chose qui pète, à la composition compliquée, pas cet espèce de fond rouge affreux et ces trois clampins qui ont l'air perdu. Pour finir de charger la mule, pour un tome anniversaire de la série « Spirou ET Fantasio », je ne pardonne PAS que la couverture mette Spirou au deuxième plan, et Fantasio au troisième !

Bref, je n'insiste pas plus, avant même d'ouvrir la BD, celle-ci fait un faux-pas de taille ! Je pense fondamentalement que ce tome est mal nommé.

Partie digression à deux balles : Quitte à garder un titre à base d'initiales, il me semble qu'il aurait été bien plus judicieux de prendre un truc en rapport avec « SF », genre « Qui est SF ? » ou « le mystère SF » ou un truc du style. Outre de faire miroir aux deux héros (ce qui a bien plus de sens pour un tome anniversaire) et de faire un clin d’œil au genre de la Science-Fiction qui est utilisé dans l'histoire, ça aurait pu ajouter du suspense/une surprise à la révélation finale qui est que le F ne se rapporte pas à Fantasio mais à Flanner. Notons tout de même que pour que cette idée marche, il aurait fallu confronter Spirou au logo « SF » durant l'ensemble du tome, ce qui n'aurait pas été difficile dans une histoire de science-fiction : par exemple, Spirou en revisitant son passé s'étonne de voir des logos SF partout, et ces logos seraient des manifestations de plus en plus nombreuses de la nouvelle ligne temporelle qui émerge à la fin du tome (dans le même genre d'idée, voir l'intrigue « Bad Wolf » dans Doctor Who).

Accusation n°2 : Spirou et le paradoxe du grand-père à l'âge du capitaine

Pour ce 50ème tome, MM&Y ont décidé de faire dans l'intrigue référencée, en permettant à Spirou de revisiter son passé. Globalement, il existe deux gros « reproches » qu'on peut faire à cette idée.

Le premier est l'aspect « solution de facilité », déjà souligné par Moulignac. Car, pour un tome anniversaire, ce n'est finalement pas très original cette idée de retour dans le passé. Néanmoins, là où MM&Y ont été intelligents, c'est dans le prétexte qui permet ce retour dans le passé : empêcher la mort prochaine de Miss Flanner. En effet, cette idée a plusieurs mérites :
- Elle donne un vrai enjeu à l'histoire, qui est plus qu'un regard en arrière complaisant. Le lecteur n'oublie pas que Spirou a un but, une mort à empêcher. On évite donc l'effet « tome anecdotique », dont l'intrigue ne serait qu'un bête prétexte (ce qui est juste insupportable, surtout dans les histoires anniversaires).
- Elle inscrit ce tome dans l'ère M&M. Encore une fois, on est loin du petit tome gentillet oublié aussitôt qu'il est lu. Ce tome EST d'importance dans l'ère M&M (qu'on l'aime ou non), et dans Spirou en général. C'est d'autant plus important qu'il s'agit du dernier tome de cette ère.
- Elle permet de faire le pont entre l'ère M&M et l'univers Spirou en général. Je l'ai dit lors de la critique de Paris Sous Seine, je le redis ici : Miss Flanner est, pour moi, un excellent personnage. Je suis ravi de voir M&M honorer leur promesse de nous révéler le passé de Champignac, Zorglub et Flanner. Plus que les péripéties de Spirou dans le passé, l'histoire de ces trois personnages est l'intérêt et le cœur de ce tome, et je trouve que ça apporte beaucoup au Comte notamment.
- Elle permet de montrer un Spirou vraiment moteur dans l'intrigue. Si Zorglub a finalement tout du rôle prétexte pour lancer l'histoire, c'est Spirou qui décide d'accepter, qui se retrousse les manches, qui interagit avec son passé et le modifie. Alors que les deux tomes associés aux voyages dans le temps précédents (le diptyque l'Horloger/le réveil du Z) montraient des héros « passifs », entraînés malgré eux dans ces voyages, montrer Spirou et Fantasio volontaires et actifs est une jolie variation.
- Elle permet aussi de revoir le gorille, la fausse tête de Fantasio et la turbotraction !! Avouons-le, oui le coup du retour dans le passé c'est facile, mais ça fait plaisir de voir la série se rappeler d'où elle vient. Les séquences dans le passé sont pour la plupart bien gérées (si ce n'est la rencontre maladroite Spirou/Spirou du Dictateur et du Champignon), et on a tous apprécié les références je pense.

En conclusion, l'aspect « solution de facilité » n'est pas pour moi un gros problème, dans le sens où les thématiques brassées sont intéressantes : l'idée permet de concilier l'esprit anniversaire avec la volonté de proposer un tome marquant.

Le deuxième reproche est plus problématique. En gros, il consiste à un « mais c'est n'importe quoi, y a aucune logique dans les temporalités des différents personnages ! » A vous lire, il me semble que c'est le reproche le plus important fait envers ce tome (avec la fin).

Je ne rentrerai pas dans le débat « Zorglub plus jeune que le Comte ? » car celui-ci me paraît stérile. Je retiens juste que dans mon souvenir aucun des tomes précédents n'interdit l'idée que les deux hommes se soient connus à l'université, et il se peut que Zorglub soit plus vieux qu'il n'y paraît, et Champignac plus jeune. Le poids des ans ne se traduit pas de la même manière pour tout le monde. Par conséquent, je n'ai eu aucun problème à adhérer à ces histoires estudiantines entre le Comte, le Z et la Miss, ni à leur « temporalité ».

Malheureusement, alors que ces trois là semblent vieillir normalement, Spirou et Fantasio ne semblent pas avoir pris une ride en un demi-siècle. C'est bien là où le bat blesse, et c'est ce fait qui concentre la plupart des critiques que j'ai lu ici et ailleurs. Et étrangement ça ne me pose absolument aucun problème. Je m'explique :

Mister B. explique que pour lui, MM&Y ont « tué l'intemporalité de Spirou à grand coups de trucs rocambolesques « . Il me semble au contraire que les auteurs ont respecté cette intemporalité. Spirou et Fantasio n'ont jamais vieilli au cours de ces 50 tomes, alors que ceux-ci s'espacent sur plus d'un demi-siècle (c'est un fait hein, même sans prendre en compte Aux Sources du Z, l'Ankou se passe dans les années 70 alors que Spirou à Tokyo a lieu dans les années 2000-2010). Donc, à partir du moment où on accepte cet état de fait, voir un Spirou qui a très peu vieilli revisiter son passé n'a absolument rien de choquant pour moi, car ça fait parti du pré-requis de la série : le héros ne vieillit pas physiquement. En clair, ça rejoint la notion de « proportion d'incrédulité » que j'ai présenté dans « Qui arrêtera Cyanure ? ». Dans un univers de BD dont l'histoire s'étend sur un demi-siècle, voir un héros éternellement jeune revisiter son passé ne heurte en rien ma proportion d'incrédulité, et j’accepte l'idée sans même hausser un sourcil. Néanmoins, ceci est tout à fait personnel, je ne vous donne que mon impression, j'accepte et je comprends bien volontiers que ceci a pu être une grosse barrière pour beaucoup.

Surtout en fait que ce problème rejoint un autre, plus large, qui est le traitement des voyages temporels et les incohérences. Et l'impression qu'on a de ce problème dépend encore une fois de la sensibilité du lecteur/spectateur, et notamment de son rapport à la science-fiction. Pour croire à une intrigue de SF, qu'est-ce qui est le plus important pour vous : une intrigue parfaitement maîtrisée de bout en bout, des paradoxes temporels parfaitement réfléchis et logiques ? Ou les personnages, leurs réactions face à la situation, quel est l'impact de l'aspect SF sur eux ? Êtes-vous plus « X-Files » (série centrée sur son intrigue) ou Fringe (série centrée sur ses personnages) ? Encore une fois, pas de bonne ou de mauvaise réponse (la réponse idéale étant des personnages passionnants dans une intrigue maîtrisée), tout dépend de votre sensibilité. De mon côté, j'accepte encore une fois bien facilement de petites incohérences temporelles si ce qui arrive aux personnages me touche : ce tome me parle de Spirou et de sa quête de soi en revisitant son passé, des regrets, des souvenirs, de l'amitié... tout ceci sont des thèmes qui me parlent, peu m'importe donc que Champignac soit jeune ici et vieux dans « Il y a un sorcier à Champignac ». Il y a forcément des soucis de continuité dans une série aussi longue que Spirou, et mon esprit est capable « d'encaisser » et « d'accepter » ce bug (je ne suis pas fan de Saint Seiya, série aux multiples bugs dans son univers étendu, pour rien!).

J'ajouterai que parmi les machines à remonter le temps que j'ai vu, le coup des pistolets qui ramènent à l'époque où on a touché un objet pour la première fois est une jolie trouvaille.

Enfin, un mot sur l'aspect « véracité scientifique ». Étant physicien moi-même, je peux le dire (je pense) sans me tromper : on a absolument aucune idée des conséquences possibles d'un voyage dans le temps, ni même si celui-ci est possible. Le seul physicien qui s'est intéressé aux voyages temporels est Stephen Hawkins, et il a conclu que c'était impossible. Il n'y a pas (à ma connaissance) de théorie crédible sur les paradoxes temporels, et les « techno-blablas » qu'on entend dans les films de SF ne sont que ce qu'ils sont, du « techno-blabla ». Concrètement, « le paradoxe du grand père » (si je reviens dans le passé et que je tue mon grand-père, que se passe-t-il?) n'a aucune réponse scientifique viable : les différentes réponses sont de l'ordre de la philosophie et des enjeux narratifs. En conséquence, il n'y a pas qu'UNE seule façon de traiter un paradoxe temporel, mais bien une infinité, en fonction de l'envie de l'auteur (une liste non exhaustive : le multivers, la création d'une nouvelle ligne temporelle, la disparition du déclencheur du paradoxe, l'auto-guérison de l'univers, la fin du monde...). MM&Y ont penché pour la réécriture de la ligne temporelle, mais sans faire disparaître les sources du paradoxe (vieux Fantasio et jeune Spirou) de la nouvelle temporalité. C'est tout à fait acceptable, je ne vois pas, comme le dit Emyla, en quoi c'est « mal fait ». Mais encore une fois, ceci est mon ressenti, et n'engage que moi !

[Une note pour plus tard : J'ai en tête quelques idées de dossiers qu'il pourrait être intéressant de traiter sur la série. Parmi ces idées, tenter de donner un listing exhaustif de toutes les incohérences entre les différents tomes de la série principale me paraît intéressant. Une deuxième idée serait une présentation des différentes inventions présentes dans la série (le G.A.G., le métomol etc etc) et de le relier au réalités scientifiques pour voir l'aspect crédible/peu crédible de telle invention. Cette note a juste pour but de prendre la température et de voir si ces idées de dossiers vous intéresseraient ?]

Accusation n°3 : Un Spirou morose au passé sélectif

On l'a vu, ce tome a fort à faire sur un nombre de pages réduit (46 planches, soit moins que Alerte aux Zorkons par exemple) : raconter la jeunesse du trio scientifique, sauver Flanner, revisiter le passé du héros, faire évoluer le caractère du héros, amener et gérer la fin... Pour tout caser, il a fallu faire des choix. Et objectivement, la partie qui a le plus souffert de ces choix est la partie « anniversaire ».

Le retour dans le passé se concentre malheureusement uniquement sur la période Franquin, et je vous rejoins totalement en trouvant qu'il est extrêmement dommage qu'à quelques références près, il n'y ait pas eu de vrais étapes Fournier et Tome et Janry. Je « tolère » l'absence de Jijé et Rob-Vel car leur Spirou ne fait pas partie de la série « Spirou et Fantasio » éditée par Dupuis (à tort, mais c'est un fait, les tomes reliés démarrent à Franquin), et je vis très bien celle de la période Nic et Cauvin (même si objectivement, une référence aurait été pas mal).

Après, je ne pense pas que MM&Y ont voulu sciemment occulter toutes les périodes post-Franquin, mais plutôt qu'il fallait faire un choix et que c'était probablement le moins pire. M&M avaient préparé ce tome anniversaire avec les précédents, ce qui explique à mon avis en partie pourquoi des références importantes à Fournier, Rob-Vel et Tome & Janry (et Nic et Cauvin aussi non? Je me souviens plus) sont visibles dans leurs trois albums précédents. Ils ont déjà fait leur « devoir de mémoire » envers ces périodes, ils ont pu donc se concentrer sur Franquin cette fois-ci.

Bon objectivement c'est toujours dommageable de voir un épisode anniversaire se concentrer presque exclusivement sur l'auteur le plus connu de la série ; néanmoins c'est assez révélateur de l'état d'esprit qui entoure la série. Le nombre de fois où j'ai entendu « Spirou est mort après Franquin », ou « le seul Spirou qui compte c'est celui de Franquin », au mépris de tous les grands albums post-Franquin... pas étonnant que la série se retrouve piégée plus de 40 ans après dans l'ombre du géant... Au moins, Aux sources du Z fait le constat lucide de ce fait, et cherche (maladroitement) à amener la série vers autre chose.

Outre d'être un anniversaire auquel il manque des invités, il faut avouer que ce tome n'est pas des plus festifs. Comme le signale Pigling, il y a quelque chose dans l'ambiance générale. Je n'irai pas jusqu'à dire que l'ambiance « ne va pas », encore une fois car je vois les intentions des auteurs, et que l'ambiance du tome est l'ambiance qu'il fallait pour l'histoire qu'ils voulaient raconter. Et cette histoire n'est pas l'histoire d'une surprise-party joyeuse avec retours dans le passé et grands moments, mais bien d'un héros maintenant mature, confronté à la mort, nostalgique, dont l'âge d'or est derrière lui, conscient de ce qu'il lui manque... bref, un Spirou plus mélancolique, qui profite de son anniversaire pour faire le point sur sa vie (merci les voyages temporels pour ça). On peut détester cette approche, dire que « ce n'est pas Spirou », ne pas y adhérer... il n'empêche que pour un héros plus que cinquantenaire, c'est une approche que je trouve diablement intéressante.

Accusation n°4 : Spirou et les femmes

L'avantage de s'appeler Morvan et d'avoir comme ambition affichée de laisser son empreinte sur Spirou, c'est qu'on peut tout oser ! (pour le meilleur mais aussi le pire!^^) Alors quand en outre Yann, qui n'est pas non plus du genre à être timide, s'associe à l'histoire ; il ne faut pas s'étonner de voir les auteurs s'attaquer frontalement à un des plus grands tabous de la bédé franco-belge, les relations sentimentales (et disons-le, sexuelles) des héros. Bien entendu, la série Spirou et Fantasio a depuis longtemps mis en place une « sexualité » pour ses héros (les taquineries entre Fantasio et Seccotine sous Franquin, le triangle amoureux avec Ororéa, les déceptions amoureuses de Fantasio dans Vito la Déveine, la relation Spirou-Sophie de Machine qui Rêve... [digression : j'aimerais vraiment faire un dossier sur la représentation des femmes et de la sexualité chez les 3 grands (Astérix, Spirou, Tintin), est-ce que ça vous intéresserait?]), néanmoins encore une fois c'est dans Aux Sources du Z que cette thématique a été abordée de la façon la plus poussée... mais aussi de la façon la plus problématique.

Au niveau des bons points, il y a le couple Spirou-Flanner (et là, je sens que Despera s'est mis à hurler^^). Pas pour la différence d'âge, qui de toute façon n'existe plus vue la réécriture temporelle, mais bien parce que Flanner est le type de femme qu'il faut au héros : une femme qui a du caractère, moderne, très différente de Spirou. Sa personnalité est suffisamment « marquante » pour qu'on puisse croire à une attirance de la part du héros. Et puis, Spirou n'est tellement pas dégourdi du point de vue sentimental qu'il fallait bien que Flanner ait un peu de poigne. Au final Spirou-Flanner me paraît être un couple crédible dans leurs différences et leurs complémentarités, et il me semble a posteriori assez évident que c'était ce vers quoi M&M se dirigeaient depuis un petit moment. Tous les éléments qui parsèment le tome amènent en tout cas vers cette conclusion.

Mais Spirou reste un héros de BD franco-belge, et au même titre que Tintin ou Astérix, je ne le vois pas avoir une relation stable sur le long terme (je ne suis pas sûr que ça soit souhaitable du reste). Du coup, l'excuse de la ré-écriture temporelle pour montrer une version du héros amoureux et épanoui sentimentalement est une idée acceptable.

Le deuxième (et dernier) bon point de cette intrigue concerne la verbalisation des attirances et envies du héros : dans ce tome, Spirou exprime à voix haute mais aussi par son attitude son attirance pour Seccotine, puis pour Flanner. Il confirme son humanisation, en ayant des désirs, mais aussi des regrets (sa légère morosité lorsqu'il est confronté à son passé), il se rend compte qu'il a laissé passer des occasions (c'est le sens de la scène avec Seccotine)... tout ceci lui permet d'être « prêt » émotionnellement pour son histoire avec Flanner.

Bon, après c'est les seuls bons points que j'accorderai, parce que quand même il y a des trucs qui ne vont VRAIMENT pas !

En premier lieu, les rapports de Spirou aux femmes sont au mieux très dérangeants. Je n'ai pas apprécié la « réécriture » de la gifle à Flanner dans Paris Sous Seine. Qu'il y ait une attirance de la part de Spirou à ce moment-là, pourquoi pas je valide. Néanmoins il ne faut pas oublier qu'à ce moment là, Spirou croît Spip mort, et Flanner se montre tout à fait odieuse. Du coup les sentiments de Spirou lors de la scène de l'Arc de Triomphe sont très complexes : il a face à lui une femme très différente de celles qu'il connaît, possiblement attirante (ne pas reparler de la différence d'âge, ce n'est pas le problème), mais aussi dangereuse et dont il doit se méfier. En plus, le lecteur adulte sait que Spirou est sentimentalement immature, incapable de gérer une situation si complexe (d'où la gifle, qui n'en est pas excusée pour autant). Il est capable de relier tout seul les blancs, sans que MM&Y insistent dessus. En essayant de verbaliser dans le tome 50 les sentiments de Spirou à ce moment-là, MM&Y les réduisent et les simplifient trop. Et autant je suis contre l'infantilisation des enfants, autant je suis à peu près sûr qu'ici, les sentiments de Spirou sont trop complexes pour être pleinement compris par les plus jeunes lecteurs, qui retiennent uniquement que Spirou a mis une gifle à une nana parce qu'il était amoureux (et que ça passe comme une lettre à la Poste).

Mais le pire reste la scène entre Spirou et Seccotine. Bon déjà, je ne comprends toujours pas cette fascination des auteurs modernes (Tome & Janry dans Machine qui Rêve et MM&Y ici) pour cette intrigue, vu qu'avant Machine qui Rêve je n'ai jamais vu d'attirance entre les deux personnages. Je déteste en outre la mentalité actuelle qui consiste à dire qu'une amitié fille-garçon (ou garçon-garçon d'ailleurs) est forcément la marque d'une attirance sexuelle. Mais bon, après pourquoi pas. Non, ce qui me gêne profondément, c'est bien le traitement. Pour qu'un empoté comme Spirou embrasse Seccotine, il fallait une sacrée raison, certes. Mais non seulement la raison du baiser est très faible, mais en plus celui-ci est complètement imposé à la pauvre Seccotine qui n'a rien demandé. Il ne s'agit pas d'un baiser volé (expression déjà malheureuse en soit), mais d'un baiser forcé ! Et là, désolé mais ça ne passe pas.

Nous avons ici un héros (personne modèle pour le lecteur/spectateur dont le comportement est souvent irréprochable), qui sans prévenir, alors que son amie se sent en confiance va l'embrasser de force, sans s'inquiéter de son consentement. Dans le droit français, ceci s'appelle une agression sexuelle. Certains vont peut être me dire que je m'enflamme, qu'il ne s'agit que d'un baiser, qu'elle était attirée elle aussi et que sais-je encore, sauf que non, ça ne prend pas. Voici une liste des raisons qui font que cette scène n'est pas du tout anodine et devrait vous déranger :
- la plus importante, c'est que d'un point de vue narratif et symbolique, un baiser n'est jamais « qu'un baiser ». C'est d'autant plus vrai pour la littérature jeunesse (qui reste le cœur de cible de la série). Le baiser est souvent la seule représentation tangible de la sexualité que les enfants ont pendant longtemps. Donc, montrer un homme qui impose un baiser à une femme, comme s'il s'agissait d'un comportement normal, je ne trouve pas spécialement que ça soit une bonne idée.
- Seccotine ne dit a aucun moment à voix haute qu'elle est intéressée par Spirou. Certes, elle le pense, mais ça c'est juste une tentative tout à fait maladroite des auteurs pour tenter de justifier ce qu'ils préparent. A aucun moment Spirou ne SAIT ce que Seccotine veut ou si elle est intéressée. A aucun moment il ne s'en préoccupe d'ailleurs. Cette scène répand le cliché populaire de « l'homme entreprenant, qui doit deviner que la femme est attirée ». Ou sinon, une femme peut aussi dire qu'elle est attirée toute seule comme une grande. Et l'homme, même s'il est entreprenant, peut y aller progressivement aussi, et pas se ruer sur la nana comme la petite vérole sur le bas clergé, non ?
- Après le baiser, Seccotine est complètement figée, choquée... hihihi, c'est très drôle. Effectivement, si moi aussi un proche me sautait dessus sans crier gare et s'introduisait de force dans une zone de mon corps, je ne suis pas sûr que je le vivrais très bien.
- Cette scène est une scène typique d'agression ordinaire. Dois-je rappeler que 75% des viols en France sont commis par des proches de la victime...
- Le comportement de Spirou après le baiser, manifestement très content de lui, est juste abject.

En conclusion, cette simple scène, qui j'imagine est un fantasme des auteurs (le(s)quel(s)? Yann et/ou Morvan? Mystère) ainsi que de certains lecteurs de coller Spirou et Seccotine ensemble, est complètement surréaliste. Le fait que des auteurs aient pu écrire ça et que « ça passe » me paraît tout à fait incroyable. Autant je peux pardonner toutes les réécritures temporelles du monde, autant ça non.

Accusation n°5 : Spirou et les hommes (et oui!)

Parce qu'il n'y a pas que des femmes dans cette histoire, Spirou doit composer avec beaucoup d'hommes ici. Et il faut avouer qu'entre Spirou et son entourage, les relations sont tendues. Effectivement, Spirou et Zorglub se parlent (très) mal, plus que dans tous les autres tomes de la série. En même temps, on est dans une situation exceptionnelle ; au début Spirou s'inquiète sérieusement pour le Comte, quant à Zorglub c'est pour Miss Flanner qu'il s'inquiète. On peut donc légitimement penser qu'ils ne sont pas dans leur état normal.

Reste qu'à la scène du téléphone au début, Spirou devient quasiment hystérique lorsqu'il voit Zorglub en hologramme (c'est pas comme ci le mec était un grand scientifique hein!), avant même de savoir le Comte en danger. Cette scène montre que l'ambiance oppressante entre les héros est complètement voulue par les auteurs.

C'est renforcé par les interactions entre Spirou et Fantasio, que je trouve très froides dans cet épisode. En plus de séparer nos deux héros pendant une bonne partie de l'histoire, ceux-ci sont un peu tendus. On a l'impression que Spirou est parfois agacé par son complice de toujours.

Je pense que toute cette atmosphère un peu lourde est voulue par MM&Y, comme moyen de montrer que Spirou n'est plus le héros ingénu des débuts, qu'il s'éloigne progressivement de son comparse de toujours... tout ceci afin d'amener la fin avec une nouvelle vie pour Spirou. C'est un procédé un petit peu maladroit de la part de MM&Y, mais ça rejoint leurs ambitions pour ce tome.

Accusation n°6 : Spirou et la fin

Ah làlà, que dire sur ce final qui n'a pas déjà été dit...

je sais !



C'est un bon final.


Complètement surréaliste je sais. Hallucinant même. Intenable sur la durée bien évidemment. Insultant ?... non, je ne pense pas. Pour juger de ce final, il y a trois aspects à prendre en compte : et c'est reparti pour les tirets.

- le premier aspect est son rôle de conclusion à l'histoire.

Et force est de reconnaître que ce final répond très bien aux intrigues et aux thématiques soulevées durant ce tome. Je l'ai déjà dit, Morvan et Yann ont amené plein d'éléments qui conduisent à cette fin : l'introduction de Miss Flanner et son effet sur le héros, l'insistance de Spirou à ne pas modifier le continuum espace-temps, la maladresse de Fantasio version M&M, cette espèce de tournée d'adieux de Spirou à son passé, son attitude, sa morosité, les regrets de Champignac et Zorglub qui servent de miroir à la situation de Spirou.... Je ne pense clairement pas qu'il s'agisse d'une fin parachutée de la part des auteurs. Toute cette intrigue du vieux Spirou qui revoit son passé n'a qu'un seul but, nous amener vers la fin et un renouveau. C'est exactement ce que fait ce final (de façon beaucoup trop naïve).

Vehlmann racontait qu'il y a des personnages qui s'imposent par l'intrigue. Je pense que d'un point de vue narratif, c'est aussi vrai d'une conclusion. Plus je réfléchis, et plus je ne vois pas comment, objectivement, ce tome aurait pu finir d'une façon différente. Le but de Spirou pendant tout l'album était de sauver Miss Flanner sans provoquer de rupture du continuum espace-temps. Sachant que ça a été répété ad nauseum dans l'album, il n'y avait que deux fin possibles. Soit Spirou échoue à sauver Flanner mais maintient en place la temporalité (de préférence après un fort débat moral sur la possibilité de la sauver en modifiant complètement l'espace-temps), soit il sauve Flanner mais change radicalement le monde qui l'entoure. Or, vu que ce tome nous parle en sous-texte d'un besoin manifeste de changement (dans la série, mais aussi dans la vie de Spirou), il est évident que la conclusion ne peut être que la deux.

De ce point de vue là, le tome est extrêmement cohérent. Soit on le rejette entièrement, soit on l'accepte totalement. On ne peut pas juste écarter la fin.

- le deuxième aspect est son rôle de conclusion de l'ère M&M et l'ouverture pour la suite.

Si on regarde l'historique de la série, peu d'auteurs ont eu l'opportunité d'avoir un vrai tome de fin (Franquin avec Panade à Champignac, et celui-ci). [digression : il y a d'ailleurs un dossier intéressant à faire sur les fins de chaque ère]. Pendant toute leur courte gestion de la série, M&M ont tout de même proposé de très nombreuses références au passé du groom. Je ne pense donc pas qu'ils méprisent son histoire et on voulu se mettre à dos son lectorat, mais au contraire voulaient mettre un point final à ce devoir de mémoire entamé sous Paris Sous Seine et dire au lecteur que le meilleur était encore à venir.

Pour une série qui plus de 40 ans après semble parfois piégée par son âge d'or, essayer de s'affranchir du passé c'est pas complètement idiot. Le risque d'une série qui ne fait que regarder en arrière c'est de ne pas réussir à proposer quelque chose de frais et de nouveau, et de donner l'impression de se regarder le nombril.

L'idée d'un tel final c'est de dire : ça n'arrivera pas sur Spirou. On est fier du passé mais on va de l'avant.

Néanmoins là où MM&Y ont eu tort, c'est qu'ils n'ont pas vu que la série se construisait non pas piégée par son passé mais soutenue par lui. Bien que les médias répètent à tort et à travers que Spirou c'est Franquin, méprisant au passage quasiment une dizaine d'auteurs tout aussi talentueux, les fans ne sont pas dupes. Oui, on a chacun nos auteurs préférés, (et oui, on a chacun nos auteurs détestés) mais je pense que personne ici ne renierait le talent de Fournier, ou l'importance de Tome & Janry, ou l'influence de Rob-Vel, ni la galerie de personnages supplémentaires que chaque ère a apportée.

Il n'empêche que par rapport à l'ère M&M, ce tome fait un bon tome de fin d'une période de Spirou. Encore une fois, l'ensemble des enjeux narratifs (autour de Flanner et du passé du héros) ainsi que thématiques (la mort, l'amour, la nostalgie, mais aussi la modernité) trouve une conclusion par cette fin.

C'est une bonne fin dans le sens où on a vraiment l'impression qu'il s'agit de la conclusion d'une étape. Ça donne du sens à l'ensemble de l'ère Morvan et Munuera, et s'il y a bien un moment où on doit donner du sens à ce qu'on fait, c'est bien lors d'une fin.

En outre, il y a un dernier point que j'apprécie dans cette fin, c'est son positivisme (empreint de naïveté). Après un tome très nostalgique et en fait assez morose, j'apprécie particulièrement cette légèreté. Notamment, j'aime bien les remarques de Fantasio et Spip sur le XXIème siècle. On a tellement l'habitude dans les médias d'entendre dire qu'on est dans une époque pessimiste et désenchantée que je suis content de voir présenté le XXIème siècle avec optimisme.

- le dernier aspect est sa place dans la continuité Spirou et son influence sur les tomes postérieurs

On est bien d'accord, en fait ce qui dérange dans cette fin c'est qu'on a l'impression qu'on crache à la figure de 70 ans d'histoire Spirou et qu'on brise la continuité de la série. Ça peut révolter à la lecture. Mais maintenant, on le connaît l'avenir de la série ; on le sait que cette fin qui paraissait insurmontable a été brillamment surmontée par Yoann et Vehlmann et n'est absolument plus un problème pour la suite de la série. Elle a même permis certains réajustement dans le duo Spirou-Fantasio, et la série n'a rien perdu de sa superbe.

Du coup, ne peut-on pas se réconcilier avec cette fin complètement hallucinante, mais avant tout symbolique ?

En conclusion, parmi cette (trop longue) liste des griefs que j'ai pu trouver à ce tome, seulement 2 m'ont réellement posé problème (mais des GROS problèmes hein). J'enlève donc un point pour le titre tout pourri et la fin clivante , ainsi qu'un autre point (mais alors un gros point hein!) pour les rapports hommes-femmes. Si j'avais pu j'aurais peut être mis 2.5, mais donc ça sera 3/5.

ps : merci à la ou les personnes qui est/sont arrivé(s) jusque là! :priere:
Modifié en dernier par Jalias le lun. 21 juil. 2014 16:53, modifié 1 fois.
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