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Mise en couleur du journal

Posté : ven. 17 mai 2013 21:25
par romuald boissard
Bonsoir à tous.
Alors que je suis en train de faire digest du livre d'entretiens de Franquin avec Sadoul qui me servira de ressources, je tombe sur un point que j'avais un peu oublié car je n'avais pas pris conscience de son importance : chez Dupuis, pour le journal de Spirou, il n'y avait qu'un coloriste en la personne de Vittorio Leonardo, puis de son studio. Le pourquoi suit dans l'extrait ci-dessous :

« Franquin - Chez DUPUIS, depuis des années, la couleur est le domaine réserve de Vittorio LEONARDO, un grand spécialiste, techniquement très fort. Cette espèce de monopole ne laisse d'ailleurs pas de mécontenter certains auteurs désireux de faire eux-mêmes leurs couleurs. Mais il y a une question de réglage standard de machine ; chez DUPUIS, le scanner est réglé pour la façon de travailler de LEONARDO, et toute autre approche de la couleur nécessite un autre réglage du scanner, ce qui prend des heures et coûte donc cher... De sorte que l?on est plus ou moins obligé de passer par LEONARDO.
(...) J?ai pratiquement toujours procédé à une mise en couleurs très poussée de mes planches. Sur mes «Gaston », j'applique un film d?acétate de cellulose qui porte le nom de «Vangophan», film brillant d?un côté, mat et perméable au crayon de l?autre côté ; sur cette face perméable, je colorie entièrement la planche avec des crayons de couleurs.

Sadoul. - Normalement, ce n'est censé être qu'une indication pour le studio LEONARDO ?
F. - C'est une indication.

S. - Or, chez toi, c?est déjà bel et bien la couleur telle qu'elle va paraître.
F. - Oui, parce que je suis impatient de voir ce que va donner ma planche en couleurs. Alors, je m?applique à mettre les couleurs quasiment définitives, ce qui me prend un temps fou.

S. - ll suffit de comparer tes « indications » sur l?original et la page imprimée pour constater qu'il n'y a guère de différences. Et même, la fameuse planche des hérissons écrasés, dont nous avons déjà parlé, recèle des nuances de couleurs extrêmement subtiles qui ne sont pas toutes ressorties à l?impression... On voit également des choses amusantes. Sur l?original du gag du téléphone élastique, dont nous venons de parler il y a un moment, outre que ton film de couleurs est très élaboré, tu as mis en marge des indications supplémentaires qui ne manquent pas de sel : sous la case où PRUNELLE est à terre, tu as inscrit «Il est ROUGE» ; en bas, sous De MESMAEKER, tu as noté «TRÈS ROUGE» ; et à la dernière case, pour PRUNELLE, tu as marqué «Nuance : COUP DE SANG»... On devrait publier de temps en temps les planches avec leurs annotations, ce serait drôle !...
Bon, ce qui est paru est exactement ce qui est indiqué sur ta planche. En l'occurrence, quel a pu être le rôle du Studio LEONARDO ?
F. ? Le rôle du coloriste, en l'occurrence, est de connaître toutes les encres employées chez DUPUIS. S?il veut un résultat conforme à ce qui se trouve sur mon film, il doit savoir très précisément quel décalage le scanner introduira. C'est donc tout à fait technique, comme rôle. ll sait que, pour avoir telle nuance de rouge figurant sur mon film, il lui faudra employer tel numéro de telle qualité de rouge..."


J'en ai donc profité pour ouvrir un dossier Leonardo et faire quelques recherches pour le remplir, dont son interview ci-dessous de 2009 :
http://www.dailymotion.com/video/xgg9a2 ... ZZ5nsrK9tg


Bien à vous, Romuald.

Re: Mise en couleur du journal

Posté : ven. 17 mai 2013 23:14
par Pigling-Bland
intéressant...

Re: Mise en couleur du journal

Posté : sam. 18 mai 2013 10:06
par petercriss
Tres bonne initiative que de mettre à l' honneur ce grand technicien .
J'espère que dans les tomes suivants de " la veritable histoire de Spirou", un chapitre lui sera consacré.
Il le merite cent fois. Il suffit simple de regarder la première planche des tuniques bleues "le david" pour se rendre compte du boulot et des avancées techniques qu'il a apporté à la BD.