Spirou et les années 70

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Pigling-Bland
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Spirou et les années 70

Message par Pigling-Bland »

La fin des sixties pour le journal de Spirou marque une grande détresse au sein du journal : Franquin a abandonné les aventures de Spirou, Lucky Luke est parti chez la concurrence pour avoir enfin des albums cartonnés (« La diligence » et « Le Pied tendre », parus dans Spirou, seront les premiers albums de cette série édités sous le label Dargaud) et ses aventures sont désormais pré-publiées dans le journal Pilote. Idem pour Eddy Paape, grand auteur de Marc Dacier et de bien des belles histoires de l?Oncle Paul, qui signe désormais au Lombard avec son Luc Orient, sans oublier le grand Jijé, qui a abandonné son Valhardi pour aller dessiner lui aussi chez Pilote.

Dans ceux qui restent, Peyo ne produit plus de Johan et Pirlouit, Roba qui menait de front son Boule et Bill et La Ribambelle laisse cette dernière dans ses cartons car sa production baisse. Tillieux ne dessine quasiment plus et à recours à des réadaptations de ses Félix pour assurer un minimum de présence de son héros dans le journal, etc. Côté scénaristes c?est un peu la même punition : Jean-Michel Charlier produit beaucoup moins pour Spirou depuis qu?il a lancé en parallèle de nombreuses séries pour le journal Pilote avec Goscinny. Ceci influe directement sur la production de Victor Hubinon avec « Buck Danny », et celle de Michel Tacq avec sa « Patrouille des Castors », etc. Enfin, cerise sur le gâteau si l?on peut dire, le génial Yvan Delporte s?est fait virer de son poste de Rédacteur en chef qu?il détenait de façon plus ou moins informelle depuis 1955. Heureusement restaient Will avec « Tif et Tondu », Jidéhem avec « Sophie », ou Marcel Remacle avec « le vieux Nick », le studio Peyo avec « les Schtroumpfs », mais ce n?était pas suffisant pour remplir un journal.

Les années septante seront les années de 2 rédacteurs en chefs : Thierry Martens (cet homme dont le physique impressionnant inspira bon nombre de dessinateurs dont François Walthéry) et Alain de Kuyssche (prononcer de koeil ch? comme un ?il) à partir de 78.

La problématique de Martens était de compenser la baisse de production des grands anciens (il ne faut pas oublier non plus qu?en 15 ans on était passé de 32 pages à 52, sans oublier les suppléments hors pagination) par des talents dessinant dans l?esprit Spirou, tout en renouvelant la production avec de jeunes auteurs plus audacieux, moins dans le « moule Franquin-Peyo » cher à Charles Dupuis.

La première réponse fut apportée avec la création de nouvelles séries par des dessinateurs travaillant déjà pour Dupuis mais dans l?ombre, ou encore pour d?autres éditeurs. C?est le studio Peyo qui apportera le plus de ce point de vue : après Francis qui avait lancé « Marc Lebut en son voisin » à la fin des années 60, c?est Walthéry qui lance « Natacha hôtesse de l?air », Gos « Khéna et le Scrameustache » puis plus tard ce sera au tour de De Gieter, qui animait de nombreux mini-récits avec notamment « Pony » et « Toot et Puit », de créer « Papyrus », puis Wasterlain avec « Docteur Poche ». Parallèlement, seul grand ancien qui assure toujours, Will crée Isabelle avec Macherot, bientôt rejoints par Delporte et Franquin pour en faire cette magnifique série que l?on connaît et qui, malheureusement, n?a pas vraiment trouvé sont public (les adultes aimaient finalement plus cette série que les enfants à qui elle était destinée? on retrouvera ce dilemme plus tard avec des séries comme Jojo de Geerts, Donito de Conrad, Alice et Léopold de Wozniak et Lapière, des séries de génie qui ont fini au placard à part Jojo qui finit par s?imposer). Berck, venu de Tintin, apportera également son « Jack Attaway et Sammy Day », avec le nouveau scénariste qui monte : Raoul Cauvin, lequel anime aussi avec Louis Salvérius, longtemps auteur prolifique de mini-récits, la nouvelle série « les Tuniques bleues », qui passe de petites histoires à gags à de vraies aventures en 44 planches. Enfin, les mini-récits font également passer au grand format sa série fétiche : « Bobo » de Paul Deliège ainsi que le « Flagada » de Charles Degotte...

On voit aussi arriver des petits nouveaux qui resteront un style voisin de ce qu?attend Charles Dupuis : Marc Hardy avec « Badmington » ou « Garonne et Guitare », ou Renaud avec « Aymone », dans un style graphique bien loin de ce que ces auteurs ont réalisé plus tard avec succès (contrairement aux séries pré-citées et malgré un matraquage dans le journal : Aymone était plus présente que Spirou et Fantasio, c?est un euphémisme).

Enfin, last but not least, Jean-Claude Fournier reprend la série « Spirou et Fantasio » avec beaucoup de talent et de poésie tout en l?actualisant par des sujets d?aventures ancrés dans l?air du temps.

La seconde réponse est donnée en recherchant de nouveaux auteurs dessinateurs au travers de plusieurs supports de bancs d?essais : le mini-récit ayant perdu de sa vitalité après de nombreuses années de bon et loyaux services, Thierry Martens lancera la fameuse rubrique « carte blanche », qui verra les débuts de Yann Lepennetier, de Didier Conrad, Didier Comes, Alain Dodier, Frank Pé, Bernard Hislaire, Pierre Makyo, Philippe Bercovici, etc. je ne peux les citer tous tant il y en a? des noms qui résonnent encore parmi les stars. Il y aura aussi « l?Apache qui rit », avec un Bercovici qui publie à 12 ans ses premiers dessins dans Spirou (déjà d?une grande qualité graphique), battant en jeunesse l?autre « gamin » Didier Conrad, qui publie à 14 ans, sans oublier « la cuisine est à vous » et le supplément en noir et blanc « Découvertes Dupuis » ou sévissaient ceux qui avaient déjà été repérés dans les cartes blanches comme Bosse, Christian Darasse, Jean-Luc Hiettre, etc.

Et puisque l?on parle des suppléments en noir et blanc, Thierry Martens, le « Monsieur Archive » de Spirou, exhuma de nombreux trésors tels que les aventures de « Félix » de Maurice Tillieux, « Ginger » de Jidéhem ou encore, de chez la concurrence, les fabuleux « Jacques Le Gall » de Michel Tacq.

Enfin, le plus beau d?entre tous, « Le Trombone Illustré » allait produire ce qui reste encore actuellement un concentré de grand art, à tel point que ces 30 numéros mythiques furent, non pas réédités puisque la reliure de 1980 n?était que l?assemblage, sous magnifique couverture, des fascicules retirés du journal, mais édités pour la première fois en livre grand format en 2009, soit 30 ans après.

Et Alain de Kuyssche me direz-vous ?

En reprenant les rênes du journal en 1978, de Kuyssche allait mettre au travail ces fameux auteurs découverts dans les cartes blanches entre autres. C?est ce qui allait donner « Bidouille et Violette » de Bernard Hislaire, « les papiers de Broussaille » de Frank Pé, « Jojo » d?André Geerts, les débuts de Philippe Berthet, Antonio Cossu, et bien sur, « les Innommables » et « les hauts de pages » de Yann et Conrad. Mais là nous sommes arrivés dans les années 80.

Voici en quelques lignes un rapide parcours sur les années 70. J?en ai probablement oublié mais il me semble que l?essentiel est là.

Prof Pigling
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Re: Spirou et les années 70

Message par DESPERA »

Prof, c'est un travail de titan que tu nous offre quotidiennement.
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Pigling-Bland
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Re: Spirou et les années 70

Message par Pigling-Bland »

Merci, mais tu sais cet article date déjà d'il y a deux ans et posté dans les archives... et montre, en étant réhabilité ici comme tous les autres de cette rubrique avant d'être re-ventilé ultérieurement dans la bibliothèque, combien il était nécessaire de créer la bibliothèque pour classer tout ça et que cela profite vraiment...
La bibliothèque, non seulement ordonne tout ça, mais fera l'objet d'une communication accrue... l'idée c'est qu'au lieu d'avoir des cartons dans une cave vous aurez une bibliothèque avec plein de vitrines à regarder et de livres à lire... à tel point qu'il y aura même des marque pages pour les documents trop longs pour être lus d'une seule traite.
Membre de la team Gil Jourdan
Désolé madame, je ne peins plus que les natures mortes ! Qu'on vous assassine, et c'est chose faite !
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Re: Spirou et les années 70

Message par DESPERA »

C'est quand même du travail :bravo:
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