Je dis le plus sérieusement possible parce que j'apporte un très grand soin à ce que je rédige, et donc j'aimerais trouver quelqu'un qui ait un soin égal dans son dessin.
Voici un petit extrait pour cerner le genre:
Merveilleux fait dhiver
Une gondole cuivrée, montée sur ses coussins dair, filait comme une flèche dans la ruelle, avec ses trois jeunes passagers.
- Freine, mais freine, sabre de bois !
- Je ne trouve pas la commande !
Indéniablement, le verglas qui recouvrait les rues pavées aidait bien plus que prévu à la célérité de lengin. Le jeune homme dégingandé aux cheveux noirs qui conduisait lengin ne semblait pas à laise.
- La manette sapristi, Zorglub !
- Je ne la trouve pas !
Lautre, un blond au nez busqué, avança fermement le bras et tira sur un levier.
La tension électrique des patins de secours fit fondre la glace sous elle en moins de temps quil ne faut pour le dire. Mais cétait sans compter sur la pente descendante de la rue qui nétait pas de cet avis ; frein ou pas frein, la gondole décida de continuer sur son élan. Sous le regard éberlué du Professeur Den Brol qui passait avec sa serviette sous le bras, léquipage fonça droit dans une charrette de brasseur. Le commerçant moustachu se jeta sur le côté pour éviter limpact, et ses deux chiens de charrette filèrent eux aussi à fond de train.
Un craquement aussi sonore que sinistre et un grand bruit de verre cassé plus tard, trois jeunes gens, deux garçons et une fille, étaient allongés sur le pavé, dans les copeaux de bois et la mousse de Gueuze Lambic. La gondole renversée était échouée devant eux.
Les deux garçons relevèrent leur amie, qui ajusta sur sa tête son petit chapeau et dit, malicieuse:
- Pour le peu dexpérience que jai, Pacôme, les hommes ne savent visiblement pas conduire !
La foule sétait massée autour deux ; çà, quelques gamins hilares et là, une femme corpulente et barbue qui dissimulait derrière son manchon un regard précieux et méprisant qui aurait fait pâlir denvie toutes les duègnes des grands dEspagne. Et au beau milieu, le professeur Den Brol, qui avança vers eux son corps en forme de poire dun pas chargé de menaces.
- Je crois bien que cette fois, vous allez avoir de très gros ennuis avec le recteur ! éructa-t-il en pointant sur eux un index boursouflé et bagué.
Champignac remit en place une de ses mèches blondes et répondit avec calme :
- Monsieur, même sil faut reconnaître que lexpérience nest pas concluante
Un tic abominable faisait trembler la paupière de Den Brol.
- Pas concluante ?!?
- Oui, cest en effet ce que je viens dire, acquiesça le vicomte en souriant. Toutefois je me dois de vous préciser que cet essai a été commissionné par le professeur Sottiaux et quil en assumera les frais avec cet aimable brasseur.
Ce disant, Pacôme de Champignac fit un gracieux signe de la tête au dit commerçant, dont la moustache frisa devant cet élégant culot.
Den Brol semblait prêt à répondre avec une fulminante suspicion, mais la jeune femme, qui sétait relevée seule, lui tendit un papier :
- Si, si, professeur. Nous avons une autorisation écrite. Voyez donc.
- Si-gnée, ajouta le jeune noiraud au long nez avec un sourire presque mauvais.
Den Brol rajusta son chapeau et souffla comme un vieux cheval.
- Très bien. Mais ce héron de Sottiaux ne sera pas toujours là pour couvrir le trio infernal des génies, je peux vous le garantir ! Un jour où lautre, vous verrez la porte de près !
Il tourna les talons et partit en ruminant.
- Vieux morse, laissa échapper Miss Flanner en levant au ciel des yeux verts de menthe. Le jour où il inventera quelque chose, viable ou pas, peut-être aura-t-il une chance de nous rattraper.
Les deux autres lui prirent chacun un bras et se dirigèrent vers une rue adjacente, laissant là les débris de laccident bizarre de cette journée dhiver.