Rubrique à Lebrac n°6 "PORTUGAL" de Cyril Pedrosa - Dupuis

Modérateur : Modérateurs

Répondre

"PORTUGAL" de Cyril Pedrosa est-il un incontournable 2011 ?

OUI
3
75%
NON
1
25%
 
Nombre total de votes : 4

Avatar du membre
Pigling-Bland
Administrateur
Administrateur
Messages : 7661
Enregistré le : ven. 22 sept. 2006 19:00
citation : Prof Pigling
Localisation : 29000 Quimper
Contact :

Rubrique à Lebrac n°6 "PORTUGAL" de Cyril Pedrosa - Dupuis

Message par Pigling-Bland »

LA RUBRIQUE A LEBRAC Image
N°6- 25 octobre 2011


"Portugal", de Cyril PEDROSA... , Editions Dupuis, collection Aire Libre




Parler de ce très bel album de 262 pages (pour la première fois en direct sans passer par une pré-publication en 2 ou 3 tomes) de la très belle collection Aire Libre est à la fois très facile et très compliqué.

Facile, cela l?est parce ce qu?il se dégage un tel enthousiasme après la lecture qu?on a l?impression qu?on pourrait en parler des heures et des heures sans se lasser.
Compliqué parce que cet album est tellement riche qu?on ne sait par quel bout commencer.

Puisque c?est le graphisme et la mise en couleurs que l?on découvre évidemment en premier lorsqu?on ouvre l?album, j?ai choisi de vous parler d?abord de l?esthétique de ce livre et seulement ensuite de son histoire. Et déjà ce choix s?avère un mauvais choix tant le graphisme et la mise en couleur participent intimement à rendre les ambiances, les sentiments, les bruits. C?est un livre parfois très calme, un chant d?oiseau, parfois très bruyant, une foule des gens qui passent, parfois indiscret, Simon Muchat marche, il rêve, et cela laisse la place à des bribes de discussions intimes, hors champs?
Dans une BD classique, le dessin laisse à voir, il donne un rythme en ralentissant l?action par des effets de zoom ou de plans de décors ou, à l?inverse il accélère par des gestuelles dynamiques voire des raccourcis. Lorsque les personnages parlent, les mots disent les paroles et/ou les pensées et le dessin les appuie. Dans le livre de Pedrosa, le dessin dit aussi les mots par de subtils procédés.
Voyez, je veux dissocier l?esthétique du livre et son sujet et d?emblée de n?y arrive pas tant les deux sont confondus. Essayons quand même.

Ce qui frappe c?est le graphisme stable, mais changeant, des effets de dissociations et d?associations : dans certaines cases de foules, les traits des décors sont laissés inscrits dans les traits des personnages. Certains personnages ne sont même pas dissociés du fond de couleur du décor. Ils sont dessinés mais pas mis en exergue. Ils sont partie intégrante du décor. Ce rendu graphique donne alors l?impression de nous fondre dans la foule, d?être dans ses bruits, ses rumeurs (extrait 1)

Image

ou, dans d?autres cas, d?être seuls au monde dans cette foule (extrait 2).


Image

La mise en couleur, elle aussi, est riche d?émotions, on passe de couleurs très chaudes et riches qui nous mettent en contact direct avec la chaleur du pays, à des planches quasi monochromes, de vert ou de bleu.
Lorsqu?on ouvre le livre c?est que qui touche dans un premier abord et, c?est ce qui rend ce livre extraordinaire, on s?aperçoit en le lisant que rien n?est gratuit. Rien n?est dû au hasard, tout a du sens, et c?est le second miracle de cet album : on lit les dessins, on regarde les textes (certains textes écrits en portugais ont une musique rendue uniquement par la forme du phylactère, sa couleur, sa taille? on ne comprend pas le portugais ? aucune importance, on comprend l?intention des protagonistes et surtout, on est dans la peau de Simon, qui ne parle pas un mot de cette langue, pourtant la langue de ses ancêtre, et qui, lui non plus, ne comprend rien).

Il est donc temps que je vous parle de Simon Muchat, le personnage principal du livre, mais pas le héros, car ce livre est rempli de héros. De personnages dits secondaires qui sont tous plus touchants les uns que les autres?

Le pitch : un auteur de bandes dessinées en mal d?inspiration? non, il suffit de lire la pub sur le catalogue Dupuis ou de lire le 4ème plat de l?album pour lire ce que j?allais écrire et qui n?est rien en regard de ce qu?est réellement ce livre. Pas de pitch? Parlons plutôt de ce qui se passe, de ce qui bouge et rend cet album (qui aurait pu être très ennuyeux) absolument remarquable.


Nous sommes en présence d?une tranche de vie, étalée sur plusieurs mois, au cours de laquelle nous voyons Simon, dessinateur de BD donc, et en même temps illustrateur, animateur de petits stages de dessins à l?école, etc. vivant sa vie comme une sorte de fantôme, sans aucun réel intérêt pour ce qu?il fait. Pas même capable de s?intéresser à sa copine qui d?ailleurs va la quitter. Bon elle part. Tant pis..
Une enfance avec une vie de famille pas très marquante, beaucoup de solitude finalement? et donc un grand désintérêt pour tout ce qui touche à la famille, aux origines? Simon est invité au mariage de sa cousine en Bourgogne. Il ne l?a pas vu depuis 15 ans, à l?époque où ils étaient en vacances ensemble dans la famille au Portugal? bof, à quoi bon revoir des gens qu?on a totalement perdu de vue et qui n?auraient rien à voir avec nous si nos n?étions de la même famille?

Simon est invité à un petit festival de BD au Portugal et, plus parce que c?est son boulot, il s?y rend. A sa grande surprise, il va trouver dans cet environnement portugais des notes, des couleurs inconnues dans lesquelles il va sentir quelque chose de troublant qui le touche

De retour de ce festival il se décide à aller finalement au mariage de sa cousine où là, il va avoir, avec son père avec qui il ne se sentait pas tant d?affinités, avec son oncle dont il n?avait gardé que le souvenir d?un homme abrupte, avec sa tante, une sorte de vieille adolescente encore « hyppisante », avec sa cousine, un écho inattendu de sa famille portugaise et de ses ancêtres.

C?est dans ce contexte que Simon, toujours en panne d?inspiration, va aller s?installer chez son cousin portugais pour essayer de retrouver les traces de ceux qui finalement sont dans ses gênes.

Le reste ne se raconte pas, on le découvre dans la narration et le graphisme de Cyril Pedrosa et l?on en sort touché.


Image

Si vous n?avez pas acheté ce livre, achetez-le. Je suis persuadé qu?ensuite vous voterez pour lui.


Image

Chers spiroutistes, j'attend dès à présent vos commentaires. Et vos votes.

signé : Lebrac, en direct de la Rédaction
Membre de la team Gil Jourdan
Désolé madame, je ne peins plus que les natures mortes ! Qu'on vous assassine, et c'est chose faite !
Avatar du membre
Prunelle
Spiroutiste Confirmé
Spiroutiste Confirmé
Messages : 582
Enregistré le : ven. 27 avr. 2007 23:53

Re: Rubrique à Lebrac n°6 "PORTUGAL" de Cyril Pedrosa - Dupu

Message par Prunelle »

Cette chronique donne très envie de lire le livre.
Avatar du membre
Maxibon
Administrateur
Administrateur
Messages : 1086
Enregistré le : mer. 27 juil. 2011 18:01
Localisation : Maine et Loire
Contact :

Re: Rubrique à Lebrac n°6 "PORTUGAL" de Cyril Pedrosa - Dupu

Message par Maxibon »

Rien que les illustrations déjà, c'est tentant!
- Cette quête a dû être terrifiante !
- Ça, ce n'était pas de la crotte de campagnol, comme on dit dans notre jargon d'aventuriers.
Avatar du membre
Pigling-Bland
Administrateur
Administrateur
Messages : 7661
Enregistré le : ven. 22 sept. 2006 19:00
citation : Prof Pigling
Localisation : 29000 Quimper
Contact :

Re: Rubrique à Lebrac n°6 "PORTUGAL" de Cyril Pedrosa - Dupu

Message par Pigling-Bland »

Merci, mais lisez-le, faites-le vous offrir.
Au salon du Livre du Mans (je participais au stand librairie Bulle sur lequel je vendais 3 auteurs qui nécessitaient qu'on expliquât de quoi parlaient les livres en vente) j'ai vendu plus de 100 exemplaires de "Portugal" en 2 jours et il y a des acheteurs qui en ont pris un le samedi et sont venus me dire le dimanche qu'ils me remerciaient pour mon conseil.
Membre de la team Gil Jourdan
Désolé madame, je ne peins plus que les natures mortes ! Qu'on vous assassine, et c'est chose faite !
Répondre

Retourner vers « La rubrique à Lebrac »