Pour répondre à ta question, ce n'est pas qu'il était difficile aux auteurs de se passer des momies, et notamment du cadavre dans le hamac. C'est que c'était tout à fait IMPOSSIBLE de faire sans.Scrooge MacDuck a écrit :Mais le plaisir de la lecture est à mon avis gâché par toutes ces momies & cie, qui ne correspondent pas du tout à l'esprit "Spirou" et rabaissent malheureusement le tout… Était-il si difficile aux auteurs de mettre leurs momies dans des SARCOPHAGES et de se passer du gag du squelette dans le hamac ?
Les momies du peuple boutchik et surtout la momie dans le hamac (qui est en fait le cadavre du roi Malabar) étaient indispensables à l'intrigue :
- d'un point de vue narratif : la momie du hamac est là pour lancer une fausse piste. Spirou pense à tort qu'il s'agit de Maginot. Et il était indispensable que Spirou (et le lecteur) le pense mort car sinon, le mystère du mystérieux allié de Spirou ne pouvait pas exister. C'est bien parce qu'on croît Maginot mort qu'on peut s'inquiéter de l'existence d'une autre personne dans la vallée des bannis. Surtout quand en plus on nous balance la légende du roi Malabar ressuscité. Sans le cadavre de "Maginot", le premier réflexe du lecteur est de se dire : bah c'est évident que c'est Maginot! Et donc on tue tout mystère et notamment toute l'ambiance associée à l'album
- d'un point de vue thématique : je l'ai dit dans mon post précédent, Maginot est le miroir déformé de Spirou. Plus que la folie furieuse de Fantasio (très intéressante au demeurant), c'est la lente descente aux enfers psychique de Spirou qui est en jeu ici. A travers le destin de Siegfried et Maginot, Spirou voit "son futur". Confronté au cadavre de Maginot, Spirou se retrouve confronté à sa propre mort, seul, abandonné, probablement obligé de tuer son meilleur ami pour survivre (les épées dans le campement suggère que Siegried n'est pas mort de mort naturelle). Ce gag (très cruel comme l'ensemble des gags de l'album) est indispensable à la construction psychologique voulue pour le personnage, et rend plus crédible aussi le destin de Maginot et Siegfried.
- d'un point de vue symbolique : on est dans le récit d'aventure, à la Indiana Jones. Se priver d'éléments typiques comme les momies passerait pour de la censure complètement hors-sujet (encore une fois, difficile d'avoir une ambiance d'aventure sans les éléments associés à l'aventure). Surtout que le sentiment dominant la lecture est le celui de cruauté infernale associée à la vallée. Pour conceptualiser cette cruauté, rien de mieux que des momies, qui renvoient le héros à sa condition de mortel et à l'imagerie la plus cruelle de la mort (en ce sens, l'image de la momie est bien plus marquante qu'un cercueil). La momie renvoie à la mort dans tout ce qu'elle a de plus dérangeant (os visibles, peau parcheminée etc). C'était nécessaire notamment pour les momies du peuple boutchik pour montrer cette symbolique d'un peuple "maudit" jusque dans la mort.
Quant à ta remarque sur le fait que "ça ne correspond pas à l'esprit Spirou", je te répondrais que des momies on en voit dans le Spirou de Rob-Vel dans l'intrigue alambiquée de Sosthène Silly.

Néanmoins, je respecte tout à fait ton point de vue, qui consiste (en reformulé) que l'esprit de l'album est en décalage avec ton image de Spirou. C'est une opinion tout à fait respectable, même si je n'ai évidemment pas la même! (pour moi au contraire ces momies ont tout à fait leur place dans l'histoire et dans Spirou.
