Ce tome c'est un peu comme l'univers (ouais, je sais, vous ne vous attendiez pas à une telle métaphore!). C'est rempli essentiellement de vide, avec en quelques endroits un peu de matière. Et en plus il n'y a aucun rapport entre la première planète rencontrée et la suivante, autre que ça fait parti de l'univers. Et bien la boîte noire c'est pareil. Il n'y a aucune cohérence générale, aucune thématique particulière, juste un patchwork d'idées reliées ensemble sous un label « album de Spirou ». De la même manière, impossible de trouver une citation pertinente qui refléterait la thématique ou l'ambiance de l'album, vu que celui-ci n'a aucune unité et aucun propos.
Du coup, comment critiquer un truc pareil ? Un tel gloubi-boulga d'éléments mélangés alors qu'ils n'ont rien à voir entre eux ? Après m'être longtemps creusé la tête, la seule solution qui m'est apparue est de faire une critique très linéaire, presque page par page, des remarques et impressions que m'ont laissé les différents éléments de l'album. Vu que objectivement la Boîte Noire est un tome ch***t, autant essayer quelque chose de nouveau pour faire passer la pilule. En espérant que ça ne soit pas trop indigeste à lire...
Et l'histoire démarre sur un Spirou à moto ! J'aime bien l'idée tiens ! Ça personnalise un peu plus le personnage, et ça va bien avec son look en plus (toujours aussi fan de la coupe de Spirou made in Nic d'ailleurs). La première planche me semble bien structurée, c'est agréable à l'oeil !
Hélas ça se dégrade très vite (dès la planche 2 en fait) ! Comme ça les méchants découvrent que Spirou n'est pas mort purement PAR HASARD, parce que l'un deux traînait ces guêtres à côté des éditions Dupuis. Ça va, dans le genre astuce pourri, z'avez pas trouvé mieux ? Non parce que Spirou et Fantasio c'est quand même des grands reporters, avec régulièrement leur trombines dans les journaux, donc y avait peut être moyen de proposer quelque chose de moins téléphoné, non ? Non. Bon...
OOOHHH MON DIEU !!! Le vilain méchant qui dirige secrètement les « grandes puissances » ! (oui, car c'est un mec qui a la responsabilité de plusieurs pays (lesquels?)... en fait Cauvin ne cherche même pas la vraisemblance non?) Bref, le méchant, caché dans son fauteuil, avec juste le bras qui dépasse.... hum hum ! Docteur Gang, je t'ai reconnu ! Vite, appelez l'inspecteur Gadget !
Bon Spirou arrive chez Fantasio (classe la baraque pour un célibataire!) et voici l'arrivée du personnage EMBLEMATIQUE de l'album, la voisine reloue ! Spirou se la joue sitcom maintenant ? (mais attention, sitcom pas drôle genre How I Met Your Mother en saison 8, s'il vous plaît!) En tout cas, je sens qu'elle va rapidement me fatiguer (pour ne pas dire autre chose!)
Tiens, les savants ! Quand je disais que Karl ne servait à rien, on ne le voit même pas dans la télé le pauvre. Sympa de revoir Jefferson et sa célèbre moumoute orange. Mais bon, c'était carrément pas indispensable non plus hein !
Bon, c'est pas tout ça mais ça démarre un peu cette histoire ?
Oooh, le FantaJet (ou le FantaBulle, car OUI, Nic et Cauvin n'ont pas été foutu de garder le même nom pour l'appareil tout le long de l'album!)... c'est jaune. (oui, ça ne m'inspire pas plus que ça)
Bon, on va accélérer un peu parce que vraiment il serait temps de passer la deuxième là ! Surtout que les déménageurs pas drôles (+ la voisine reloue en filigrane), c'est un peu pénible aussi. Je sens bien que le but de ces personnages est de faire de l'humour, mais bon, ça marche pas. Alors peut être que j'ai aucun sens de l'humour, hein, c'est possible.... Ou alors c'est juste complètement mauvais ! Ami lecteur, à toi de trancher.
Je note quand même la réplique du mari de la voisine reloue « abandonne cette fenêtre et retourne à tes casseroles. J'ai faim moi ! »... Si ça c'est pas un bel exemple de misogynie ordinaire ce duo !
Fantasio fait joujou avec les déménageurs... Ah ! Planche 15, il y a ENFIN une avancée notable !
Sauvetage de Fantasio ! C'est fou quand même, Cauvin fait dire à son personnage (Fantasio) que donner la vraie boîte noire est complètement c**... et il l'a quand même fait !
Retour de la voisine. C'est dingue de voir à quel point ces séquences font hors-sujet et sentent le remplissage ! Pénible.
La partie dans le désert, la partie la plus vive. Ne pas se poser la question de pourquoi les méchants (des grandes puissances, rappelons-le. On parle de mecs qui ont normalement le contrôle de la police, de l'armée et de services secrets) sont partis s'enterrer là au lieu de bosser dans les bureaux classes du docteur Gang qu'on a vu au début, ça serait chercher un semblant de logique à l'album.
Donc le commandant déclenche son propre piège et se fait asphyxier... non parce que donc il n'y avait aucun moyen d'ouvrir le coffre sans déclencher le piège ? Même pour les méchants ? J'adore quand une BD se fout ouvertement de moi !
Je ne parlerai pas de la case où Spirou se débarrasse des bédouins par des Aya Houhou... après la misogynie, on frôle le racisme là !
Bon, s'ils pouvaient abréger, j'ai un épisode de Saint Seiya à regarder moi !
Non sérieusement ??? Cauvin réutilise exactement LA MEME PIROUETTE de la pseudo mort des héros pour que les méchants repartent la queue entre les jambes ? C'était déjà nul pour la Ceinture du Grand Froid, là c'est juste scandaleux !
Bon, je ne parle pas de la fin, on retourne dans l'aspect sitcom pas drôle voulu par Cauvin. Juste la dernière image : Fantasio dans la bulle, filmé par un cameraman... si là les vilains méchants n'ont pas compris qu'ils étaient vivants...
Donc, bilan de tout cet album. J'ai bien aimé la première planche... j'ai pesté/je me suis ennuyé sur toutes les suivantes... La Boîte Noire empile tous les défauts de la Ceinture du Grand Froid, les magnifie, en rajoute d'autres, et n'a pas la fraîcheur de son prédécesseur (oui, ma blague est du niveau de l'album et non j'ai même pas honte!). Il n'y a aucune raison d'avoir de la complaisance pour cet album qui n'a RIEN à dire, RIEN à raconter. Malgré tous les défauts qu'on peut trouver à Morvan et Munuera, je respecterai toujours leur volonté d'avoir voulu proposer QUELQUE CHOSE, et de s'être retroussés les manches et d'y être allés avec honnêteté (même si globalement ça n'a bien marché). Je ne respecte par contre absolument PAS le « je-m'en-foutisme » de Cauvin qui a manifestement écrit son truc sur un guidon de vélo, ni la passivité de Nic qui a accepté de dessiner « ça », alors que c'est quand même fichtrement mauvais.
Oui, la Boîte Noire mérite son titre de « plus mauvais album de Spirou », il est CARREMENT en dessous du tome 50, et si je pouvais sourire de tous les ratés de la Ceinture du Grand Froid, là ça ne m'amuse plus du tout. 0/5