Bon, déterrage, c'est parti...
Je suis pratiquement sûre que l'album était l'un des tous premiers que j'ai pu lire, et c'est le préféré de mon père. Quand on s'énervait, ça lui arrivait de nous sortir "Fous êtes nerfeux?" bien avant que je ne sache qu'il s'agissait d'une réplique du Docteur Kilikil. Aujourd'hui encore, il est mort de rire à l'évocation du "Je vais voir sur le derrière." " Le derrière de la maison, imbécile!", ou du bus à pédales. Et moi aussi, d'ailleurs. Par contre, je ne crois pas qu'il connaisse une période autre que Franquin, n'ayant lu que le journal dans les années 1960.
Je n'avais pas vu venir le revirement du vilain qui fait double emploi sinon, auprès du roi et de la princesse-présidente (d'où tient elle ce titre d'ailleurs? Est elle née princesse mais s'est faite élire présidente comme Napoléon III? Oui, je me pose souvent de telles questions pratiques...). Le roi lui même est l'un des personnages que je préfère, une remarquable inversion du cliché "Les aristocrates sont tous mauvais" (avec ce très cher comte), hérité des médias américains. Puisque venant d'une civilisation où la monarchie n'a jamais eu lieu d'être, à l'inverse de la Belgique donc...Ca m'a toujours plu que ce souverain de poche soit presque autant que les autres victime de la situation, mais ne reste pas à se tourner les pouces pour autant. A part ça, le Bretzelburg qui est de culture allemande, les casques à pointes, la dictature militaire, les restrictions qui affament le peuple...Tiens donc...On sent les auteurs qui ont connu l'Occupation, l'une des nombreuses raisons qui font qu'il s'agit d'un album impossible à faire aujourd'hui, l'autre étant l'usage de la TSF (maintenant, on s'envoie des mails via VPN et c'est terminé).
Je ne peux que souligner l'inventivité de montrer des tortures en restant tout public (usant d'une certaine tendance à la nervosité, puis du supplice de Tantale donc.) Paraît il qu'en format prépublication, il y en avait aussi une qui impliquait des chaussures trop petites. Et même si ça n'atteint pas les sommets de
La vallée des bannis , ça reste émouvant entre le périple du Marsupilami pour retrouver ses amis

(et se trouver à manger, tout de même...) et la scène de retrouvailles de tout ce petit monde, encadrés par le soldat qui ordonne vainement de mettre les mains en l'air...Et finit enguirlandé pour la peine.
[spoiler]Sinon la réflexion de Spip "Il pourrait avoir une sœur que je ne connais pas...Il y aura toujours un doute..." paraît nettement moins drôle après lu
Fondation Z et le volume 19 du
Petit Spirou...[/spoiler]