Numéro 4453 du 16/08/2023
Ici la présentation illustrée par jeepcook
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Un numéro copieux et divers, avec tant des grandes vedettes classiques que des nouveautés.
Les Tuniques bleues en couverture, pour un nouvel épisode scénarisé par
Kris, Du feu sur la glace, qui s'annonce aussi bon que le précédent. L'entretien avec les auteurs est riche d'informations intéressantes, loin du rabaissant "qu'avez-vous voulu exprimer?" de certaines nouveautés récentes.
Kris y exprime des choix politiques, que
Lambil dit partager, avec intelligence, sans militantisme bêtifiant, mais avec conviction. Il y annonce un personnage dont le nom risque de parasiter ma lecture (
Jeremiah Clure, pour un western BD...), et ses informations sont précises, justes et crédibles. Ainsi ce Jeremiah Clure, censé être inspiré du géographe (et non cartographe, comme écrit)
Élisée Reclus (dont je recommande l'anthologie
Histoire d'un ruisseau, rééditée en 2021 chez Gallimard, aux amateurs de mystique scientifique
https://www.gallimard.fr/Catalogue/GALL ... n-ruisseau), est anarchiste, végane et libre penseur. Avant que les anti wokes ne poussent les hauts Cris hystériques (Creek!) à la récupération et à l'anachronisme, en dehors du terme végane, which, to this reviewer, is a docile surrender to popular taste, qu'ils se souviennent que c'est peu ou prou le portrait de
Mark Twain, parangon de l'écrivain américain de l'époque des
Tuniques bleues et de leurs thèmes. Ses actions et écrits contre la maltraitance animale en particulier ont été reprises en un volume en 2010
https://archive.org/details/marktwainsb ... i/mode/2up Si la mise en scène de
Lambil est toujours bonne, ainsi que la base de son dessin, son encrage accuse la faiblesse ou, comme dit la chanson I got the spirit but lose the feeling. Je reviendrais sur quelques détails assez sybillins que l'on trouve dans ces premières pages s'ils ne sont pas expliqués dans la suite de l'histoire.
L'épisode de cette semaine de
Spirou à Berlin de
Flix en remet une couche sur le désir de marsupilami de l'auteur dans deux cases, page 41 et 44 du magazine, qui font, coïncidence, écho à une scène identique dans
La bête de
Frank Pé et
Zidrou , page 13 du supplément. Ses demandes de suspensions d'incrédulité passent mieux pour moi ici que dans son marsupilami par le rythme frénétique et la multiplicité des cadrages des séquences d'action, technique utilisée avec brio par les comédies d'action de l'âge d'or du cinéma HK.
Action aussi dans
La bête, où le marsupilami se révèle enfin comme l'animal exceptionnel qu'il est. Il y a toutefois une incohérence selon moi dans une scène reprenant un gag du
Dictateur et le champignon (page 14 de l'album), où le marsupilami feint une rage folle pour finalement mieux se moquer des agents de la fourrière. Dans la version de
Zidrou et
Frank Pé, la rage pages 6-7 n'est pas simulée, et la pique finale en est peu crédible (et les auteurs auraient franchement pu se passer du gag vulgaire de la "queue aux fesses" de la mignonne employée du magasin Waucquez, actuellement Centre belge de la bande dessinée, clin d'œil).
Suite enfin de
Poltron Minet, avec toujours des dialogues naviguant entre le vu et revu ("Si je dois mourir par ta main, puis-je au moins savoir pourquoi?") et le pontifiant d'humour involontaire ("Je ne te t'ai pas sauvé la vie pour racheter la mienne. Nous ne serons jamais quittes après ce que je t'ai fait. Mais je souhaite que nous ne soyons plus ennemis." C'est un chaton qui parle ainsi...). Dommage car la mise en espace est belle et est narrative en elle même, et des scènes sont graphiquement réussies, comme la chute arrêtée et le sauvetage de la chute.
Napo972 a écrit :J'ai été entendu !!!

Dans le Spirou de la semaine prochaine, (avec le retour des Tuniques bleues), Boule et Bill sont en page 2!

Ne te réjouis pas trop vite, ce n'est peut-être que temporaire,
Elliot au collège ayant cédé la page 2 car sa propre histoire se déroule sur deux pages...Double page justifiée par la grande case sur une demi page qu'offrent à Elliot
Théo Grosjean et
Anna Maria Riccobono pour son moment
Bidouille et Violette. Elliot évolue en effet de plus en plus vers un Bidouille et Violette contemporain, tandis que
Dad de
Nob remplace
Boule et Bill dans le registre série familiale, ce qui rend d'autant plus incongru leur dans
Spirou (mais ce n'est que temporaire, pour l'été, perçu sans doute comme rimant avec légèreté). Mais la plus grosse incongruité est le retour du "roi de la catastrophe", annoncé pour le numéro de la semaine prochaine, puisque les
Fabrice de
l'Édito en font maintenant office (sans parler de tous les dessous sordides de cette affaire). D'ailleurs, poetic justice, ce retour est annoncé au dessus du dessin pour l'abonnement de
Cromheecke et
Thiriet, dans lequel un bonimenteur promet toutes sortes de cadeaux aux abonnés, un badaud regrettant que le portable des
Nombrils ne soit pas inclus dedans, rappelant que cet ersatz momifié est une des raisons qui nous privent d'une des meilleurs séries de
Spirou de ces dernières années, puisque du à
Delaf.
Pour terminer dans les dessins, nombreux sont ceux sur la faune dans ce numéro: une amusante nouvelle histoire de
La clairière s'amuse (avec une coquille dans le nom), cette version cruelle de
Sylvain et Sylvette sans les intéressés, L'affaire noisette (rien à voir avec l'amie de Violette), de
Cerq,
Priou et
Gom.
Léon et Léna, de
Clémence, Mistablatte et encore
Cerq, euphémisent la torture animale en "maltraitance ciblée". Dans la pause-cartoon figurent
Crapule, de
Deglin, un gag sur des insectes dans
Des gens et inversement, de
Berth, et je ne puis résister à vous retranscrire
La Fifiche du Proprofesseur, de
Lécroart, où l'on voit un chien rapportant un oiseau mort à son chasseur de maître qui dit "-Hé, une bécassine à houpette (admirons la référence), on croyait l'espèce éteinte! Bon ben, voila qui est fait"...Et enfin la double page de
jeux, de
Tyst, est intitulée L'appel de la nature, et est consacrée aux
Tuniques bleues dans un environnement indien, le chaman y faisant naturellement l'intercession avec les animaux.
Le rédactionnel n'est pas en reste.
Les BD de ma vie sont consacrées à
Yann, qui s'y montre toujours aussi provocateur (mention de La mine de l'Allemand perdu, par un
Giraud "dopé aux champignons hallucinogènes") et éclectique, citant tant
Tibet que
Ralph Steadman, les petits formats d'horreur que
Macherot et
Fifi Brindacier. Pratique-t-il par ailleurs une ironie que j'ai du mal à situer lorsque, commentant Les
Gnangnans de
Bretécher, il dit "ça n'a eu aucun succès, c'est dire son talent!"...?
Et dans
Spirou et moi,
Lionel Chouin, auteur trublion de BD avec
Pascal Jousselin chez
Fluide et dessinateur dont le style anguleux va bien à sa bio de
Malcolm McLaren cite comme BD choc de son enfance
Khéna et le Scrameustache, dont la lecture, profitable pour des gamins (du moins les premiers) mène donc à tout.
Enfin mon souhait de plus d'auteurs comme
Cyrille Pomès a aussi été entendu, puisque dans deux numéro débute une nouvelle série, qu'il dessine sur scénario de
Karine Barth. Je remarque que le caractère du personnage de leur inspecteur Bertillon tel qu'il est décrit le fait fortement ressembler à
JKJ Bloche. Attendons.
P.S.: saurez-vous retrouver d'où viennent les citations en anglais de mon laïus?
" Monólogo significa el mono que habla solo." Ramón Gómez de la Serna dans ses Greguerías.