Numéro 2:
Tome et Janry.
Je vois venir, tous ceux qui me diront parce que ce sont ceux qui étaient là quand j’étais enfant, ce classement. Et bien non, même pas. Comme je l'ai dit, je ne suivais pas à l'époque, j'avais seulement eu l'occasion de voir certaines couvertures dans les librairies. Mais s'ils sont placés là, c'est tout d'abord parce que jamais le dessin ne m'aura autant fait baver.
Vraiment, c'est le plus beau.

Pourtant, la plupart du temps, on reconnaît bien le graphisme de Franquin, mais il y a quelque chose que je ne pourrai pas expliquer, qui donne un charme fou. Et encore, c'est sans compter
Machine qui rêve. Le sujet est débattable, mais franchement ce semi-réalisme en dessin, c'était magnifique. Du point de vue des personnages, leurs contributions sont bien sûr des plus réjouissantes. Vito Cortizone, sa fille, Cyanure, bien qu'on ne l’aie pas beaucoup vue, contrairement au dessin animé. Et bien qu'on aurait pu s' attendre à la revoir, puisqu'à la fin elle se réfugie dans Télesphore.
Et puis bien sûr, la notion de jeunesse de Spirou (dans l’album du même nom). Et
Le petit Spirou qui en découle, une addition fort sympathique bien qu'on ne pouvait pas s'attendre à ce que ces auteurs se consacrent à lui pour finir. Les tomes inquiétants ou burlesques se suivaient parfois directement, en donnant un ton varié. Parmi les albums plus sérieux, vous vous en doutez, on trouvait aussi les plus émouvants, comme
La vallée des bannis, qui donnait tout son sens au mot “amitié”.
J'apprécie aussi le fait qu'ils avaient tenté de combiner tradition et modernité en faisant apparaître la plupart du temps Spirou dans la version customisée de son uniforme (avec le haut civil). Parmi leurs marottes, les délires autour des animaux m'ont plutôt amusée. Ceux qu'on retrouve dans des rôles incongrus, comme les phoques dans
Virus, ou l'ours lanceur de couteaux.

Mais aussi tout simplement les créatures bizarres comme le snouffelaire, et celles de
La vallée des bannis. Sans parler des onomatopées à nulles autres pareilles, notamment cet "Azerty!" (oui, comme le clavier) asséné avec une machine à écrire...
Deux choses seulement me gênaient un peu.

Tout d'abord, ces auteurs n'aimaient pas Spip (moi si!) mais du coup, ça se voit pas mal dans
Spirou à Moscou. Et surtout ils l'ont rendu muet! Moi qui adore ses remarques acerbes…

Et puis il y avait chez eux cette fascination pour, disons, les sujets plus adultes (dans le sens “au-dessous de la ceinture”).

Je sais bien qu’ il n’ y avait plus la même censure que 50 ans avant, et que la série n'avait pas à rester aussi chaste. Mais quand même: étant aroace, les allusions au sexe tendent à me gêner pas mal.

En particulier, quand ce sont les femmes qui sont hyper sexualisées, et il faut avouer que ça partait dans tous les sens. Plus encore évidemment dans
Le Petit Spirou, où carrément on a fait du personnage un obsédé…à 8 ans.

Là franchement, je n'ai jamais compris ce point de cette série. Finalement, la série mère (et
Le Petit Spirou) s‘est mise à regorger de belles pépées, et tant qu'elles étaient habillées, je ne dis pas. Mais franchement, l'exposition de photos de nu, même sous un prétexte caritatif, au début de
Luna fatale, là j'en suis tombée de l'armoire…
On sentait que ça les démangeait, si j'ose m'exprimer ainsi. Mais que la série n’était pas vraiment faite pour ça, avec ses personnages chastes jusqu'ici. Rien d’étonnant à ce qu'ils étaient été les premiers à montrer Spirou embrassant une femme, même si finalement ça n'a pas abouti sur grand-chose.
Et puis, il y a le dernier album. Comme je l'ai dit, graphiquement, c'est superbe.

Mais le ton… Je n'ai jamais compris. On dirait une autre histoire, une sorte de thriller, qui n'a rien à voir avec les standards habituels.
Là où j'ai vraiment été surprise, c'est quand j'ai compris avec
Zorglub à Cuba qu'ils comptaient donner ce nouveau ton à la série. Heu, ce n'était pas
Soda (du même scénariste), il ne s'agissait pas de confondre !

Eux aussi ont essayé d’ aboutir sur un concept complètement nouveau, mais croyez moi je réitère: les nouveaux concepts c'est une mauvaise idée.
Dommage qu'ils aient fini là-dessus.