Alors disons-le tout de suite: ça vaut par son dessin, c'est magnifique.

Evidemment, Dany est très habitué à dessiner de belles femmes, et elles le sont toutes ici. Même les personnages principaux s’en trouvent améliorés, bien que je préfère la tête de Fantasio au début. Au fur et à mesure, cela change, c'est assez perturbant: il est beaucoup moins agréable à la fin.
Je suis évidemment sensible au message écologique, mais il est extrêmement maladroit ici.

On ne dirait pas que les auteurs se sentent eux-mêmes concernés; plutôt qu'ils cherchent à parodier le mouvement, ainsi que le féminisme.

Puisque les gorgones bleues sont toutes des femmes (et les gorgones, en tant que figures mythiques, sont devenues un symbole du mouvement lesbien, d’ailleurs).
Des préoccupations telles que le véganisme et l'écologie sont typiquement associées aux femmes; bien qu'en réalité ce soit l'affaire de toutes et de tous. Je déplore que bien des hommes consomment irresponsable, et ne se soucient pas de leur santé, sous prétexte que ça serait typiquement féminin de faire autrement. Et qu'ils ont peur, sans doute, qu'il leur pousse un vagin, s'ils commandent un plat végétarien? Ce cliché est donc pondu en direct devant nous. Il avait aussi été présenté sans subtilité dans l'un des films de
Futurama ,
Vous prendrez bien un dernier vert?, dans lesquel il existe aussi une société éco-terroriste féministe: les féministas. Quel rapport, me direz-vous, direct entre l'écologie et ça? Mais il n'en demeure pas moins qu'il n'y a que des femmes dedans, qu'elles sont féministes, qu'elles portent du rose, et qu'elles se révèlent avoir des défauts typiquement associés aussi aux femmes.
D'ailleurs la cause éco terroriste est parfois liée à certains méchants, comme Ra's Al Ghul dans
Batman, ou Miss Flanner, et… Zorglub (version série télé de 2007). Dans la réalité toutefois, il est plus l’œuvre, comme ici, de personnes organisées en bande, et appelées aussi les éco- guerriers.
Ca peut aller de s'asseoir dans un arbre, pour éviter qu'on ne le coupe, à effectivement vandaliser certains lieux, comme les boucheries, ou les laboratoires d'expérimentation. Mais en règle générale, même si ça peut paraître coup de poing, la plupart des éco- guerriers évitent effectivement de créer des dégâts irréversibles, et de tuer ou blesser autrui. Comme ces deux jeunes femmes, qui avaient arrosé de soupe (donc ça part au premier lavage sans dégâts) un tableau de Van Gogh dans un musée, parce qu'elles trouvaient scandaleux qu'on en fasse plus pour protéger un tableau, que la Terre. Il s'agit bien de cela ici, puisque les gorgones, donc, usent de peinture, et semblent agir avant tout pour protéger la cause animale, bien qu'elle ne sera pas la seule concernée. Le problème n'est pas tant qu'on mange de la viande, mais plutôt la façon dont les grandes enseignes de fast-food se la procurent. Je n'ai rien contre un fast-food de temps à autre, mais je suis la première à reconnaître que cette manière de produire la viande à la chaîne est assez problématique, surtout en raison de dégagements de CO2 produit par les bœufs. L’intention de dénoncer tout cela est louable.
Mais tout de même, la chaîne Mcburgy est un équivalent transparent à Mcdonald's, et présenté par ce biais comme le diable incarné.C’est un stéréotype tellement galvaudé qu’il devient énervant.

Plus énervant pour moi encore sont les "grandes oreilles" de L'USS Obama, et le mug où est écrit "Tiana princesse Disney" de l'amirale. Comme je suis fan, ça me dérange encore plus, ces caricatures basses du front de Disney.

Simon Santo est un véritable homme de paille en raison, déjà, du fait que son nom est un jeu de mots avec l'une des sociétés réputées les plus polluantes au monde. Et qu'il a la tête d'un certain homme d'affaires réputé implacable, se souciant peu du sort de sa fiancée.
Concernant cette dernière, Lara, donc alias Coralie Blaukopf et la grande gorgone, je dois dire que je n'avais pas vu venir le twist final.

Même si Coralie veut dire "Corail" et Blaukopf "tête bleue". Soit littéralement “l’espèce marine en danger (puisque elle se cache en mer) à la tête de l’organisation bleue.” C'est extrêmement futé de sa part que de se faire à la fois passer pour la victime, et être l'adversaire, en allant jusqu'à se fiancer avec celui qu'elle combat: elle s'était rendue totalement insoupçonnable.

Comme on dit, garde tes amis près de toi, et tes ennemis encore plus près. Par contre, y avez-vous cru quand, à la fin, Pacôme admet qu'ils ont eu une relation?

Non là quand même, c'est pousser un peu loin. Et beaucoup de choses vont loin dans cette histoire.
Déjà, “la morale verte” est une bonne chose d'habitude. Mais là, ce n'est pas présenté de manière à ce qu'on prenne faits pour cette cause. A la fin, les gorgones peuvent peinturlurer le restaurant sans que plus personne ne réagisse. Elles passent donc pour des écologistes de pacotille.

A part ça, je n’ai rien contre les fast foods de temps à autre c’est vrai, mais cette lecture pourrait vous en dégoûter. On se sent même presque nauséeux à la fin.
De plus, oui, les chaînes de fast food sont à la source d’une certaine maltraitance animale et des pollueurs, via leurs emballages, mais ils ne sont pas seuls. Qu’en est il des producteurs de pétrole et de plastique, des déforestateurs de la forêt amazonienne (palombienne?), des abattoirs, des laboratoires d’expérimentation, des sites nucléaires? Les gorgones ne les visent jamais? Cette hyper spécialisation est peu crédible, et surtout, pourquoi? Parce que Coralie est l’égérie de ladite marque le jour, et en a marre? Si attaquer les restaurants est une idée pertinente pour se faire remarquer, c’est inefficace si on ne fait que ça. Il n'y a pas que le coup de la communication, il faut viser la source (le siège social, les fournisseurs…). Sinon là, ça ne sert même pas à dissuader les clients de venir, et entraîner un éventuel ralentissement des ventes, puisque seul le mobilier est “attaqué”.
Et puis au-delà du message écolo, il y a eu quelque chose qui moi me fait toujours réagir, mais ça m'est peut-être spécifique, parce que je suis prude.

La BD est d'habitude assez modérée sur ce point, c'est normal, des enfants sont censés lire. Mais là, depuis Tome et Janry, je n'avais jamais vu ça, à savoir: des femmes sexy de partout.

Je n'avais jamais vu autant de strings, et même des femmes nues, si vous regardez bien, à l'arrière-plan dans la scène de piscine. Je crois comprendre pourquoi: il n'y avait pas eu de prépublication dans un magazine pour enfants, à ce qu’il paraît… Ca fait hors de propos pour une telle série (mais c’est dans l’ADN de celles de Dany, c’est ça?) Ça n'est pas tout: même Seccotine se fait hyper sexualiser.

J'en ai mal pour elle, quand je relis
Le triomphe de Zorglub. Au contraire, elle protestait en disant qu'elle ne risque pas de s'habiller de cette manière, et que son actrice, finalement, était d'accord avec elle, refusant de tourner de telles scènes.

On ne l'avait jamais vue en string, je crois, non plus.
Ca n'est pas tout: avec l'hypersexualité, vient le corollaire habituel: draguer l’un de nos héros.
J'ai cru comprendre que Yann est un défenseur de la cause Spirtine (ou Spiccotine ?), mais que moi je ne le suis décidément pas.

Il n'y a rien de très intéressant là-dedans (ne serait que le fait que Spirou soit asexuel de toute façon est déjà sujet à débat). Ca paraissait déjà dans une histoire courte qui était écrite par Yann, et illustrée par Dany.
On voit beaucoup de femmes, mais assez peu d'hommes, en petite tenue ( enfin sauf Simon Santo, mais là, c'est plutôt du “fan déservice”...

) Ajoutez-y les effets du médicament Boostignac qui sont faciles à deviner, un accouplement de poules, et des champignons à la forme suggestive…

Non sérieusement, on tient le record (jusqu'ici) du graveleux.
J'ajouterais les trous dans le scénario (Pourquoi Coralie laisse Pacôme en vie, pourquoi ne la dénonce-t-il pas? Quant au problème de la pollution par les poulpzillas, bof, on ne s'en occupe pas -mais il est vrai que le Comte trouve souvent une solution de dernière minute).
Encore une fois, ça n'en fait pas un bon millésime pour moi.