Cette semaine dans le journal de Spirou j'ai aimé...

L'actualité du journal qui va avec la série

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Gaston Lagaffe
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Re: Cette semaine dans le journal de Spirou j'ai aimé...

Message par Gaston Lagaffe »

Ça me fait penser que dans les notes d'Hergé présenté dans l'Alpha-Art, il y a eu comme idée que Haddock devient un genre d'hippie qui fait carrément pousser de la drogue chez lui. Maintenant j'ai trop envie qu'on reprennes Tintin et qu'on met en pratique cette idée. :mrgreen:
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heijingling
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Re: Cette semaine dans le journal de Spirou j'ai aimé...

Message par heijingling »

Le scénario de l'Alph-art date des années 70, à l'époque, ça se tenait, mais un Haddock baba cool en 2024, ce serait un peu ridicule. En plus, comme le cannabis est maintenant libéralisé, ou du moins un peu plus toléré dans pas mal de pays, ça devient moins subversif qu'à l'époque. Sauf à faire de Haddock un punk à crête verte qui se fixe à l'héroïne, mais là, on dépasserait peut-être un tout petit peu ce que Hergé avait en tête :ouah: (comme Delaf qui rend dépressive et alcoolique toute la rédaction de Spirou :menfin: )
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DESPERA
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Re: Cette semaine dans le journal de Spirou j'ai aimé...

Message par DESPERA »

heijingling a écrit : mer. 15 mai 2024 10:31
DESPERA a écrit : Extraits de Franquin Créa Lagaffe.

On peut constater que Franquin voyait clairement Prunelle comme un futur dépressif et qu'il aurait aimé le mener sur ce terrain là.
Il dit plusieurs fois dans les entretiens qu'il aurait aussi voulu aller vers des gags plus mâtures.

Il n'a jamais franchement franchis le pas mais il l'avait en tête.

Donc Delaf est dans une continuité qui parait évidente à mes yeux. J'ai vraiment l'impression de lire un prolongement. Je ne me sens pas trahit.
L'impression que j'ai, c'est qu'il connaît très bien le travail de Franquin jusque dans ses interviews.
J'aurais été d'accord si seul Prunelle avait sombré dans la dépression, mais chez Delaf, c'est tout le monde qui termine d'abord chez le psy, de la concierge Mélanie Molaire à Longtarin en passant par De Mesmaeker (qui a l'air devenu complètement fou et joue et parle avec des poupées qu'il fait lui-même), Ducran et Lapoigne et M'oiselle Jeanne, et tout le monde qui finit alcoolique, de Fantasio à Boulier en passant par Lebrac et la secrétaire. Donc, non, ce n'est pas du tout ce que Franquin avait en tête, ça ne tient pas à l'évolution du personnage cohérente avec son caractère, au contraire, puisque tous évoluent de la même manière.

D'un autre côté, si on veut se placer dans une perspective réaliste comme Delaf veut le faire, des gens qui devraient subir un collègue qui a fait plusieurs fois s'écrouler les bureaux, envoyé des collègues à l'hôpital pour blessure ou empoisonnement, détruisait leur travail, deviendraient effectivement fou et finiraient par haïr ce collègue, mais dans cette même perspective réaliste, ce collègue se serait au minimum fait virer depuis longtemps, donc l'argument du réalisme ou de la cohérence ne tient pas.
DESPERA a écrit :D'ailleurs ce que dit Franquin dans cet extrait ressemble beaucoup à ce qu'à fait Delaf à la fin du premier album.
C'est tout-à-fait vrai, même trop vrai.
Franquin a écrit :Il voit de plus en plus la vie et le travail comme une complication telle que rien ne peut marcher; il sait que ça va foirer, que les choses ne se passeront pas à temps, que les pages ne vont pas arriver au bon moment à l'imprimerie, et il peut supposer des accidents possibles pour le facteur, des retards, etc.
C'est en effet exactement ce qui se passe. Ce que Franquin avait imaginé comme possibilité devient un mode d'emploi que Delaf suit sans imagination, sans rien ajouter ni retrancher aux situations, il reprend jusqu'au vocabulaire (Lagaffe fera tout "foirer" dit Prunelle), ça confirme ce que je dis depuis le début, Delaf fait du copier/coller du dessin, des dialogues, des situations, et concernant ce qu'il créé de lui-même, c'est n'importe quoi, pas du tout dans l'esprit, sauf à considérer qu'il se met dans l'esprit d'un Franquin dépressif qui aurait voulu détruire Gaston, un peu comme il a un peu ridiculisé les "aventures de Spirou" dans Panade, parce qu'il se sentait contraint de faire du Spirou alors qu'il n'en avait plus l'envie.
En fait, nous observons des choses similaires mais nous n'en tirons pas du tout les mêmes conclusions, et surtout pas le même plaisir de lecture 😂
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Re: Cette semaine dans le journal de Spirou j'ai aimé...

Message par heijingling »

DESPERA a écrit :En fait, nous observons des choses similaires mais nous n'en tirons pas du tout les mêmes conclusions, et surtout pas le même plaisir de lecture 😂
D'un côté, c'est comme Tome et Janry qui envoient Spirou et Fantasio à Champignac juste au moment où, coïncidence, le Comte doit s'absenter. Une ou deux fois, ça passerait, mais quand ça devient systématique, c'est un peu énervant :spirou: Ça, c'est comme toute la rédac, (et Longtarin, et De Mesmaeker, etc.) et pas que Prunelle qui tombe en dépression.

D'un autre côté, pour moi c'est le principe même de la reprise de Gaston contre la volonté de Franquin qui pose problème depuis le début, et ne pouvait donner que de mauvais résultats (par essence, et le fait que certains gags soient drôles ne compte pas, ce n'est que de la surface), c'est ce que je m'applique à démontrer pour chaque gag, sans aucune mauvaise foi (ou si peu... :spip: )
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Re: Cette semaine dans le journal de Spirou j'ai aimé...

Message par heijingling »

Numéro 4489 du 24/04/2024

Ici un aperçu du magazine https://www.spirou.com/actualites/somma ... e-position

Retour, pour sa deuxième aventure dans Spirou, de Bertillon, le lieutenant aussi agaçant et tenace que Colombo. Ce sont deux héros qui n’en ont pas l’air, ainsi que le décrit le dessinateur Cyrille Pomès dans l’interview sur Spirou.com: “À travers cette attitude, c'est la dimension "anti-héros" de Bertillon qui s'exprime. Là où le héros traditionnel parvient seul à franchir les obstacles et sauve la demoiselle en détresse à la fin, notre lieutenant a suffisamment peu d'ego pour accepter de se laisser aider par d'autres, parfois plus qualifiés que lui parce que meilleurs connaisseurs de l'environnement de l'enquête. La force de Bertillon réside beaucoup dans son humilité.” Tout du moins, il écoute autrui quand ça lui est utile, car dans la vie quotidienne, il réagit souvent comme un gamin têtu. L’attrait de cette série se trouve pour moi dans l’expressionnisme joyeux du dessin et des couleurs (de Drac), ainsi que la magie sortie des croyances de populations différentes, forains et tsiganes dans la première histoire, peuples arctiques maintenant. La couverture, où ciel, mer et glace se mêlent illustre bien ce mélange des genres. Et, pour une fois, l’illustrateur des Jeux, Joann, a un dessin qui se rapproche quelque peu de celui de la BD qu’ils prennent pour thème: encrage épais, membres démesurés, trait alternant l’anguleux et l’arrondis.

Fin de l’histoire de Yoko Tsuno L’aigle des Highlands, étrange aventure où se mêlent monde extraterrestre et aventure terrestre, qui sont d’habitude disjoints, et où se sont retrouvés presque tous les nombreux personnages de la série, presque trop nombreux, d’autant que des nouveaux sont apparus, et que Leloup donne une personnalité à chacun, de micro conflits de caractères se superposant à une intrigue déjà assez complexe. Dans la grande tradition de la série d’aventure, Leloup conclue l’histoire en laissant des portes entrouvertes, préludes à de nouvelles aventures. Mais l’équilibre qu’il tenait entre série de SF dure et complexité des rapports humains se perd un peu, par accumulation de personnages, beaucoup donnant l’impression d’être trop grands et à l’étroit pour le petit rôle qui leur est dorénavant accordé, Vic, Pol et Khāny en premier. Et chaque personnage semble aussi porteur d’une histoire qui aurait pu être développée, mais est remise à plus tard, ou au contraire une resucée de personnages anciens, comme la Déesse, l’Élu suprême, ou les énigmatiques “Vinéens qui cachent une soif de pouvoir”. La série gagnerait à être ressérée et moins éparpillée entre les multiples personnages et leurs histoires juste abordées. Fin aussi de Secret Six, l’histoire de Black Squaw concluant visiblement un premier cycle, celle-ci devenant un agent fédéral, et la branche du KKK qui la pourchassait disparaissant par un coup du sort bienvenu, ainsi que son chef, dont le sourire permanent rappelle le Joker. Fin cynique à la Yann, une petite fille noire laissant périr le chef du KKK dans la même situation que celle où Bessie l’avait sauvé des années auparavant. Double combat final dans Rendez-vous avec le Bogeyman, dernière histoire de Créatures, l’un dans l’esprit matériel de Yog Sothoth, d’autre dans celui de Lovecraft, avec Minus, le petit garçon albinos qui s’exprime étonnamment bien pour son jeune âge. Une note en marge (un avantage d'un magazine sur un album) nous apprend que Djief, le dessinateur, a obtenu au Québec le Prix reconnaissance en bande dessinée, qui souligne son engagement pour la bande dessinée.

Deux histoires courtes dans ce numéro. L’une est une nouvelle enquête en huis-clos de Marc et Pep, d’autant plus clos que Marc a un torticolis le contraignant à passer l’enquête dans un fauteuil, celle-ci se déroulant dans une seul pièce, et de nouveau Philippe Ory et Nicoby donnent un titre en fausse piste lié en jeu de mots à un minuscule détail de l’histoire. L’autre est dans le strip-book en Supplément, un nouvel épisode de Grands Panards, ce grand gars hirsute de Colin Atthard, à la recherche des siens, qui va tenter cette fois de répondre à l’invitation de son cousin Yéti à venir prendre le thé. Et le Bulletin d’abonnement de Cromheecke et Thiriet, coïncidence encore?, met en scène un crime absolument semblable à celui de Marc et Pep.

Dans les gags, le Gaston de Delaf débute dans la joie: Prunelle et Fantasio, bourrés comme le reste de la rédaction (hormis Boulier, qui ne le sera qu’en fin de page), copains comme cochons, s’enlaçant, entrent dans un bureau, Fantasio s’écriant “Prunelle et moi sommes officiellement virés!”, et Prunelle enchaîne, les yeux baignés de larmes de joie, “Je vais pouvoir enfin me casser d’ici!!…” C’est un peu comme si des repreneurs des Tuniques bleues montraient Chesterfield, Stark, Alexander, et même Grant ou Lincoln ne pensant, comme Blutch, qu’à déserter…Ou faisaient de Boule, ou d’un Spirou enfant, des obsédés sexuels. Cela dit, puisque commercialement ça marche, pourquoi se gêner…? Par une heureuse coïncidence de mise en page (ou serait-ce magnifiquement calculé?) en vis-à-vis de Gaston, L’Édito montre les Fabrice cherchant eux aussi à partir du journal, mais ce n’est que la suite de leur lamentable stratagème de la semaine précédente pour se faire augmenter. Le fils de Brad Rock, le chercheur d’or reconverti dans le maraichage, devient militant exalté pour la protection des animaux sous la plume de Jilème et le pinceau de Sophie David. L’histoire courte la semaine précédente d’Annabelle, pirate rebelle, par Sti, Cédric Ghorbani et Cerise, n’était qu’une fausse piste de présentation, puisque c’est finalement une nouvelle série de gags en une page (une de plus). L’équipage de Capitaine Anchois de Floris s’affole devant ce qu’ils croient être des zombies. Midam a bien profité de son séjour à Hong Kong, puisque les lettres qu’il invente (avec Dairin) pour le langage du “Blork zabrakien du sud-est parlant tellarite avec des suffixes dérivationnels” s’inspire des caractères chinois, c’est graphiquement réussi. Enfin, le manque de confiance en soi de Elliot, au collège comme ailleurs, lui fait causer une pathétique prophétie auto-réalisatrice.

Dans le rédactionnel, Bienvenue dans la bibliothèque de Véro Gally, dessinatrice entre autres d’amusantes histoires courtes scénarisées par Véro Cazot dans Spirou, a lu de tout, de Mafalda aux comics underground, une bonne quinzaine de BD par semaine quand elle était libraire, et En direct du futur annonce le retour de Léon et Lena, absents depuis septembre 2023, en juin. Dans une pub pour la série pour enfants Petit poilu, de Bailly et Fraipont, est écrit “Des histoires sans mot à lire tout seul ou bien en famille”, confirmant qu’à l’instar d’un plan ou d’une horloge, une bande dessinée, même muette, se lit au même titre qu’une parlante.
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Numéro 4490 du 01/05/2024

Ici un aperçu du magazine https://www.spirou.com/actualites/somma ... -au-louvre

"À l'occasion de l'inauguration de l'exposition « L'Olympisme. Une invention moderne, un héritage antique », Le Louvre a invité la rédaction et les auteurs du journal Spirou à concevoir un numéro spécial permettant de découvrir les coulisses du plus célèbre des musées. Fruit de la rencontre entre l'expertise artistique des équipes du musée et l'humour espiègle des dessinateurs de SPIROU, ce numéro spécial pose un œil curieux et enthousiaste sur la vie et les collections de l'institution."

Tous les auteurs ont participé au jeu, y compris, ce qui est rare, ceux des strips et des gags en une planche. Outre les récits spéciaux, les séries de gags ont donc presque toutes pour thème le Louvre et les jeux olympiques, sous une couverture clin d’œil, au propre et au figuré, et féministe, de Brice Cossu. Sur ce sujet, Parcours de combattantes (un bon titre) de Véro Cazot et Gally, narre à l’occasion d’une visite scolaire de l’exposition du Louvre la lente et difficile accession des femmes à une égalité dans la participation aux jeux olympiques modernes, les jeux de 2024 étant les premiers strictement paritaires. Mais l’exiguïté du format deux pages et la dimension militante, compréhensible quand on voit le parcours de combattantes que cette égalité a été, mène à des approximations trompeuses. Ainsi, lorsqu’il est dit que, contrairement aux premiers jeux olympiques modernes, qui les excluait, les femmes participaient aux jeux olympiques antiques. Pourtant, dans cette exposition du Louvre, il est bien précisé que “Si les premiers jeux Olympiques modernes ont cantonné les femmes dans un rôle de faire-valoir, les Jeux antiques ne leur étaient pas davantage ouverts, à l’exception des courses de quadriges où de riches propriétaires pouvaient faire courir leur attelage. Il existait cependant à Olympie des jeux féminins, les Heraia, où les femmes pouvaient concourir.” https://www.louvre.fr/expositions-et-ev ... se-liberee Apparté personnel, le nom d’Alice Milliat, ici présentée comme militante du début du XXème s. pour la participation des femmes aux J.O., me fait penser aux pâtes Milliat frères, qui ont fait beaucoup de pub, dont en BD, dans Spirou en 1958 https://bd-archives-ab-6.wixsite.com/sp ... s-60/f1031

Ce numéro spécial débute par L’édito, dans lequel les Fabrice sont envoyés en mission au Louvre, pour ramener un reportage. S’ensuit une histoire de huit pages de Nicoby et Ory, Mardi au Louvre, dans laquelle Nicoby se présente avec emphase comme grand reporter de Spirou venu au Louvre fait un reportage sur la préparation de l’exposition, peu avant l’ouverture de celle-ci, qui a demandé 3 ans de préparation. Instructif, mais je n’apprécie guère le ton de ces reportages en BD dans lesquelles l’auteur joue à l’idiot, sort des bourdes et des blagues hors de propos. Dans la dernière case, les Fabrice arrivent eux aussi pour leur reportage, et s’ensuit deux pages de catastrophes montant crescendo jusqu’au gag final, avec en marge de la page 12bis un amusant dessin de Sti. Alfred visite le musée avec sa fille, dans une planche intitulée Tableau l’ouvre, onirique et déterminée. Pour 3 infos, 2 vraies 1 fausse Bernstein, Bercovici et Robin Le Gall, le Louvre leur a inspiré de bons gags. Dans Nelson de Bertschy, Hubert se trompe et attend Julie au Musée du loup, ce qui n’est pas si absurde, le Louvre tirant son nom d’une louveterie. Par contre, le tableau qu’admire Julie est de l’art moderne ou contemporain, et n’appartient donc pas au Louvre, et Nelson n’a pas si tort d’estimer que son hamburger y aurait sa place, en écho aux cheeseburgers de Claes Oldenburg. Visite scolaire encore pour Elliot au collège, Théo Grosjean et Anna Maria Riccobono y représentant, eux, de vraies œuvres, mais celles-ci n’intéressent pas Hari ni Elliot. Bernstein et Moog font faire à Willy Woob et son chien Kiki une visite sportive du Louvre, et un personnage qui ose dire que “en sculpture il y a 3 choses essentielles: le choix de la pierre, la ligne des courbes et la teinte choisie…autrement dit:Pierre, des courbes, et teint”, ne peut être foncièrement mauvais. La page du Fil de l’Histoire raconté par Ariane et Nino, de Fabrice Erre et Sylvain Savoia est trop courte pour être autre qu’anecdotique sur le vol de La Joconde en 1911, et soulève des questions fondamentales mais sans réponses (pourquoi Apollinaire et Picasso ont-ils été suspectés, pourquoi le voleur italien pensait-il agir par patriotisme). Allusion à l’art antique dans Kid Paddle, la princesse se transformant en statue de pierre de Méduse, et les gags de La pause cartoon sont eux aussi sur le Louvre, plus ou moins directement…Une sortie scolaire encore pour les Jeux de Mouk, intitulés Journée d’affluence à la salle Mollien. Seuls Cazenove, Bastide et Perdriset pour Boule et Bill, Delaf, dans un gag repris de celui où Gaston cogne Boulier avec des planches, la victime étant cette fois M’oiselle Jeanne (pourquoi n’y a-t-il pas cette semaine de tête de Gaston en couverture, il dépareillerait dans l’enceinte du Louvre?) ainsi que Nob, pour le retour avec Dad, ont fait des planches sans lien avec le sujet. Mais Nob y participe tout de même avec la rubrique Bienvenue dans mon musée, où il parle de son livre récent, Une journée au Louvre, et dit y avoir été très marqué par le Portrait de l’artiste sous les traits d’un moqueur, de Joseph Ducreux, qui “s’adresse directement à son spectateur.” Ducreux, peintre du XVIIIème s., a, sous l’influence de la physiognomonie (étude de la personnalité par l’apparence) peint des portraits très expressifs et gestuels, assez atypiques, mais qui ne peuvent manquer de parler à un auteur de BD comique.

Si nombre des auteurs, de Fabrice Erre à Bercovici en passant par Nicoby, Moog, Marko, Gally, Mouk et Cromheecke, ont profité du sujet pour dessiner des nus, majoritairement masculins par ailleurs, plus que féminins (avec deux occurrences de L’Esclave mourant, de Michel-Ange), on pouvait évidemment s’attendre à ce que Janry, dans Le petit Spirou, représente lui surtout des nus féminins et sexy, à mille lieues du genre antique que l’on trouve au Louvre, avec même un couple enlacé s’embrassant, ainsi que quelques amusantes parodies de martyrs chrétiens, dans l’esprit de Passe moi l’ciel, poussant la parodie jusqu’à inventer une toile du Greco, aux antipodes du style de celui-ci. Il a reçu pour cette planche un “joli coup de main”, note-t-il, de Clara Cuadrado.

Seulement 3 histoires (à suivre) cette semaine, deux s’étant achevées la semaine précédente, laissant la place aux histoires de ce numéro spécial. J’ignore à quel point ça avait été prévu, mais cela illustre la complexité d’établir un Spirou hebdomadaire, jonglant entre les contraintes des animations du journal et des parutions en album.
Fin du dernier long (78 pages) épisode de Créatures, Rendez-vous avec le Bogeyman. Cela fait longtemps que je n’ai plus lu de Lovecraft, le Bogeyman de Betbeder et Djief, mais cette fin dans laquelle il écrit que Yog-Sothoth renonce à la “planète bleue” devant la résistance des humains et les laisse à “une destinée qui [leur] est propre” me semble à l’opposée des écrits de Lovecraft et de ce qu’il dit des Grands Anciens, ces créatures menaçant l’univers. Mais la libération de New-York et ses habitants provoquée par les écrits imaginaires de Lovecraft incrustés en voix-off est une bonne idée de narration graphique. Suite du Lieutenant Bertillon de Bart, Pomès et Drac, précédée d’une publicité pour son premier album, sorti près d’un an après sa parution dans le journal, délai habituel il y a des années mais maintenant exceptionnel, l’album paraissant souvent avant la fin de la en ce cas mal nommée prépublication. Enfin, début en fanfare du troisième épisode du Métier le plus dangereux du monde, avec une mystérieuse attaque lors d’une cérémonie de récompenses de super-héros, et la contre attaque chaotique de ceux-ci. L’interview du scénariste Olivier Bocquet est intéressante sur plusieurs points: “Inclusion. On nous dit souvent que nos personnages sont atypiques : des gamins arabes dans une famille musulmane, l'un d'eux est en surpoids, il y a un personnage en chaise roulante... Mais c'est quand même de plus en plus fréquent de croiser dans la BD tous publics des héros qui ne sont pas tous blancs, minces et en bonne santé. En particulier chez Dupuis, d'ailleurs : je pense à Tamara, à Seuls, à Olive ou à Yoko Tsuno, qui date quand de 1970 ! Roger Leloup était clairement un précurseur. Moi, ça m'intéresse de faire vivre des personnages qui ne me ressemblent pas, c'est aussi simple que ça. Crossover. J'ai sérieusement pensé à un crossover entre Frnck et Le métier… D'ailleurs, dans l'un des deux premiers tomes, il y a un des lapins de Frnck caché quelque part ! J'aurais pu imaginer que Franck (et tous les autres) se téléporte grâce à un Pod. Mais il aurait fallu que j'y pense avant. Parce que dans les neuf tomes de Frnck, il n'est pas fait mention une seule fois des supers, ni des nuggets, ni de l'anneau violet qui entoure la Terre. C'est une occasion manquée !

Pour finir, En direct du futur annonce le retour des Sœurs Grémillet dans le numéro double 4498-4499, le numéro 4500 sera donc à priori un spécial ordinaire, si j’ose dire, et pas un numéro double. Ceci dit, avec ces numéros doublement doubles, car doublement numérotés, la numérotation perd un peu de son sens.
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Re: Cette semaine dans le journal de Spirou j'ai aimé...

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Numéro 4491 du 08/05/2024

Ici un aperçu du magazine https://www.spirou.com/actualites/somma ... nt-en-1961

Une couverture qui s’adresse aux vieux nostalgiques, puisqu’elle reprend la maquette du journal de 1961, et aux collectionneurs, mais j’ignore si son élégance plait aux lecteurs actuels.

Débute donc la première histoire officielle de la nouvelle collection Spirou classique, qui va comprendre des histoires de Spirou placées à l’époque classique, visiblement celle où Franquin et Greg l’animaient. Une nouvelle équipe en est chargée, Elric, scénario, dessin et couleurs, qui a dernièrement repris le dessin d'Iznogoud, Michaël Baril, scénario et couleurs, qui a publié comme scénariste et auteur complet principalement chez des éditeurs indépendants, (un aperçu ici: http://www.bulledair.com/index.php?rubr ... teur_orion) et Clément Lemoine, scénario, qui participe avec Baril et Elric au site Marsam d'études sur la BD (Elric l'ayant cofondé), également éditeur, de ces trois auteurs entre autres, et auteur dernièrement d'une biographie de Goscinny à New York. Un trio d'auteurs bon connaisseurs du franco-belge classique, donc prédestinés à inaugurer cette collection Spirou classique, d'autant plus qu'Elric s'était déjà frotté au Spirou de Franquin https://marsam.graphics/la-mauvaise-tet ... -bon-sens/
Je note pourtant dès l'abord un paradoxe dans cette histoire, qui est de confronter Spirou à un vrai évènement historique, alors qu’à cette période classique les auteurs plaçaient justement leurs personnages dans des lieux imaginaires, même si assez transparents, pour éviter la censure. C’est ainsi que Spirou est allé en Palombie et pas en Colombie, à Hoïnk Oïnk, et pas à Hong Kong, et au Bretzelburg, pays germanique, et que Buck Danny s’est rendu au Vien-Tân après l’interdiction de ses albums se passant en Corée. L’histoire commence assez bien, puisque dès ce premier chapitre Spirou est enlevé et Fantasio va tenter de le délivrer avec l’aide du G.A.G., mais l’animosité de Fantasio envers Seccotine est étalée avec un peu trop d’insistance, dans 7 cases rien que pour ce chapitre. Le dessin s’inscrit dans l’époque, dans le style de ce que faisaient Marcel Denis (membre du premier atelier de Franquin) ou Attanasio (qui a repris Modeste et Pompon), mais les décors manquent un peu de présence et les personnages secondaires de personnalité. Tant qu’à faire authentique et efficace, Elric aurait pu prendre un assistant, comme l’avait fait Franquin avec Jidéhem et Roba.
Bien sûr, on est loin de l’introduction de référence pour ce qui est des comédies d’aventure à Cuba au tournant du castrisme, à savoir L’homme de La Havane, de Carol Reed, d’après le roman de divertissement (comme il l’appelait) de Graham Greene, car si l’espionnage est bien là, l’érotisme et l’alcool, essentiels dans les intrigues à Cuba, feraient tache dans Spirou. https://www.youtube.com/watch?v=ME7zNvA-6Z4

Les Jeux de Pauline Casters sont consacrés à Spirou à Cuba, une page à La Havane, l’autre à la jungle (j’ignorais qu’il y avait des piranhas à Cuba. Vérification faite, en fait non :spip: ), mais pas L’édito, les Fabrice entant trop occupés à se disputer, l'occasion d'une mise en abyme, Fabrice Erre, le personnage, désignant une secrétaire de rédaction comme si elle était un de ses dessin.

Suite de Bertillon, et je ne suis pas le seul à trouver ce personnage agaçant, puisque son collègue lui crie dessus : “Mais tu ne fais aucun effort, mon gars! Zéro!! Depuis huit mois que tu es là, tu ne fais que te plaindre et regarder ton nombril!!” . Mais encore une fois, l’ambiance posée par le dessin, les couleurs et les dialogues de Carine Barth, Cyrille Pomès et Drac sont bons, et une nouvelle intrigue sur fond de légendes resurgit. Deuxième chapitre du Métier le plus dangereux du monde, concentré sur les trois jeunes apprentis super héros, qui sont précipités dans un univers inconnu en fuyant la bataille rangée entre super héros (dont un ours blanc et un kangourou…) et yeux à rayons tueurs.

Pas de Gaston cette semaine, Prunelle étant hors service, et Fantasio en reportage à l’ONU. Ou bien est-il réellement parti, comme l’annonçait le gag de la semaine précédente? À sa place, page 2, Elliot au collège, sans Elliot, mais avec Alice et Aya, deux filles fortes (au sens propre, puisque l’histoire se passe dans la salle de gym où elles font intensément du sport, sinon au figuré), mais dont soit la personnalité soit leur vécu empêche leur rencontre, sur un amusant malentendu graphique. Des écureuils (mais pas Spip) et des Colombiens (et pas des Palombiens) dans 3 infos 2 vraies 1 fausse. La Méthode Raowl de Tebo dans une ambiance Disney insupportable pour Raowl, avec pour une fois abondance de décors, sur le sujet “La musique calme-t-elle les nerfs?”, avec une pub pour l’annonce de la sortie du tome 2 en vis-à-vis. Gag d’un bizutage amusant et original pour Annabelle, Pirate Rebelle, de Sti, Ghorbani et Cerise, deux amusants et bien trouvés gags visuels de Kid Paddle et Game Over par Midam et ses collaborateurs Venet et Patelin (scénario), Adam (dessin), et Angèle et BenBk (couleurs). Brad Rock de Jilème et Sophie David, chercheur d’or en Nouvelle Calédonie, au calme en 1864, loin de l’actualité. Titan inc. avec lequel Paul Martin et Manu Boisteau gardent un équilibre entre gags sur la collision annoncée et ceux sur les interactions entre les multiples personnages. Capitaine Anchois, où l’imagination luxuriante de Floris parvient en une seule page à agencer deux histoires en une et déjouer les attentes des lecteurs, un dragon (faussement) gardien de trésor et une (apparente) magicienne dans un marché exotique. Imagination toujours renouvellée aussi, sur un strip, pour Tom avec Fish n chips et Dino avec Tash et Trash. Enfin, suite de la petite enfance de Panda, déjà égale à elle même, dans Dad de Nob, et un dessin sur les 10 ans de gags en marge de Sti pour La Malédiction de la page 13, gag qui pour l’occasion se retrouve page 10 (c’est plus amusant vu que décrit...)

Deux histoires courtes, une sur une utopie onirique, puisqu’il s’agit d’un nouvel épisode des Petits métiers méconnus, de Vincent Zabus, parfaitement mis en valeur par les jeux sur le trait et les couleurs de Christian Cailleaux, avec un écho de Nighthawks de Edward Hopper de ci et de Loustal de là. L’autre sur une utopie concrète, puisqu’il s’agit d’un supplément de la série des Carnets de voyage de Spirou, avec la Petite Lucie au parlement européen, bien fait car Joan et Annie Pastor ont su sélectionner des infos suffisamment pertinentes pour rendre le reportage instructif, clair et cohérent. Deux détails montrent le point de vue personnel de l’auteur, l’un évident, le choix d’un entretien avec un député du parti grec Syriza, “une espèce très rare”, l’autre la remarque de l’étudiante reporter, “Déplace-toi d’un pas décidé, Lucie, ça nous évitera de nous faire rappeler à l’ordre par un vigile”, soulignant que dans notre société, on doit toujours être en action, et ceux qui rêvent et prennent leur temps sont suspects.

Trois rubriques rédactionnelles, Spirou et moi sur Magali Le Huche, autrice de livres illustrées et BD jeunesse qui a grandi avec des personnages de Spirou, et deux autres sur Jean Van Hamme, le Largo Winch, ou le Nick Leeson, du franco-belge. Dans Les BD de ma vie, Jocelyn Boisvert, scénariste de Mort et déterré, ami d’enfance de Delaf (tous les auteurs québécois de BD de Spirou sont-ils donc des proches?), a été influencé par Fred, pour ce qui est positif, et par JVH, pour “l’ultra efficacité” toujours en action, un héros de notre temps. À sa décharge, Boisvert s’ennuie en lisant Black Sad. En direct du futur rappelle que XIII, de JVH et William Vance, est apparu dans Spirou il y a 40 ans, et pour cette occasion un numéro spécial va sortir en juin, pour lequel JVH a scénarisé un mini-récit de XIII intitulé Bas les masques. Si les collectionneurs ne sont pas encore convaincus de réserver plusieurs exemplaires de ce numéro exceptionnel tiré à seulement un million d’exemplaires (Média Participation ne pouvait en faire moins que pour Gaston), il est bien précisé en gras que “ce mini album inédit va devenir collector!” Ce numéro aura tout de même des intérêts autres que spéculateurs car plusieurs hommages y seront rendus à XIII par des auteurs comme Dutreix (dont ses deux volumes de Parodies sont hilarants et souvent très originaux dans l’idée, comme Spirou et Fantasio en repreneurs potentiels de Blake et Mortimer.

Pour finir, un extrait d’une pub pour Le fil de l’histoire raconté par Ariane et Nino, de Sylvain Savoia et Fabrice Erre, sur Les Jeux olympiques, explique qu’on ne sait pas pourquoi les athlètes concouraient nus, “obligation qui étonne déjà à l’époque les non-grecs”, alors que le récit court de la semaine précédente donnait comme première explication sur le ton de la provocation que c’était pour s’assurer qu’aucune femme ne participait, puis sérieusement que c'était pour ne pas être gêné par les vêtements... :menfin:
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heijingling
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Re: Cette semaine dans le journal de Spirou j'ai aimé...

Message par heijingling »

Numéro 4492 du 15/05/2024

Ici un aperçu du magazine https://www.spirou.com/actualites/somma ... impossible

Couverture romanesque de Munuera, montrant une jeune fille et un robot enlacés, pour un nouvel épisode de Cœurs de ferrraille, bonne série steampunk pour les jeunes. Seul Munuera est interviewé pour la présentation, et il a beau citer BeKa, le scénariste, on sent qu’il intervient beaucoup dans le scénario de cette série. Il souligne aussi l’importance des couleurs de Sedyas, qu’ils appellent “couleur manga des années 80”, pour exprimer leur expressivité. Changement de décor pour Spirou et Fantasio, ce dernier se retrouvant à Cuba pour délivrer Spirou, et tombe sur Seccotine en plein reportage avec un Che Guevara séducteur et chochotant (est-ce une réalité historique? Dans les dialogues, c’est un peu ridicule). Si le dessin est techniquement bon, il est trop respectueux, ou timoré, quoi qu’il en soit, cela le bride, comme on le voit dans les personnages secondaires et figurants, trop figés, il n’y a pas de mouvement dans les scènes de foule, qui devraient grouiller. Un détail m’interroge: Fantasio s’adressant à l’hispanophone sœur de Fidel Castro en l’appelant Signorina est-il un clin d’œil à cette scène https://www.youtube.com/watch?v=d35M7d- ... sJ&index=3 de The barefoot Contessa, de Mankiewicz? Changement de décor aussi dans Le métier le plus dangereux du monde, où Olivier Bocquet, Fabio Lai et Fabien Alquier font franchir une porte de téléportation aux trois jeunes apprentis super héros qui se retrouvent au fond d’une mer où ils manquent de se noyer. Bertillon lui explore l’épave d’un bateau remonté par les glaces pour en percer les mystères. Cyrille Pomès a un encrage très épais et ses personnages, décors et perspectives sont déformés et disproportionnés, ce qui pourrait très vite étouffer la lisibilité mais sa mise en page, ses cadrages, les couleurs de Drac évitent cet écueil et donnent au récit une dynamique propre, bien visible cette semaine dans l’alternance des plans dans l’épave et en extérieur, des personnages isolés et des scènes de foule.

Ha, tiens, après Gaston la semaine précédente, c’est au tour des autres gaffeurs, les Fabrice, d’avoir disparu, au soulagement de la rédaction, réaction plus crédible que le départ de Gaston. C’est Elliot au collège qui remplace Gaston en page 2, pour une scène de régression après toutes les introspections précédentes, une bagarre dans la cour du collège. Un bon gag d’humour absurde visuel dans Pernille, de Dav, Cyrille Trichet et Esteban. Humour absurde visuel aussi dans un Crash Tex muet et en deux temps, ce que Dab’s réussit le mieux, ainsi que dans Les Fifiches du Proprofesseur de Lécroart, et absurdité et cruauté dans Tash et Trash de Dino. Les Otaku de Nena et Maria-Paz cherchent des tutos de cuisine “comme dans les animés”, mais il y a loin des animés à la dégustation. Avec deux semaines de retard sur le numéro spécial Louvre, Floris envoie Capitaine Anchois et Louis au musée des arts plus ou moins beaux, et c’est aussi lui qui signe les Jeux, un îlot aux trésors occupant la double page dans un effet graphique très réussi. La leçon de BD de Laurel explique bien le problème des nœuds graphiques. Retour à l’absence de décors dans Raowl, Tebo ne les utilise qu’à bon escient et parcimonieusement dans cette série, car sa narration, ses cadrages, les proportions de ses personnages et tous les accessoires dont ses planches sont parsemées, comme un petit théâtre de marionnettes, feraient que des décors systématiques entraveraient la lecture. Dans Dad, Nob prend Panda au piège de l’image de monstre froid qu’elle veut donner d’elle-même: en voyant sa sœur Ondine nouvelle née, elle fond en larmes parce qu’”elle est si mignonne que je ne pourrais jamais la détester!”

Dans le rédactionnel, Olivier Bocquet, scénariste qui, entre Frnck et Le métier le plus dangereux du monde, est cette année présent en continu depuis plus de trois mois dans Spirou, témoigne dans Les BD de ma vie de goûts actuels, autrement dit éclectiques, de Trondheim a Fiona Staples en passant par Florence Dupré-Latour ou Barry Winsor-Smith, qui concordent avec ses histoires tout public légèrement décalées. En direct du futur annonce le retour prochain de Louca, absent du journal depuis deux ans, son auteur Bruno Dequier s'étant entre temps ressourcé dans l’animation, et pour une fois le temps réel correspondra à celui de la fiction puisque Louca aura vieilli de deux ans.

Le supplément est un nouveau Flipbook halluciné de Nicolas Fong, intitulé "Spirou reçoit le courrier", au sens propre, en pleine figure. Et une pub pour le dernier Yoko Tsuno adornée d’un beau visage en gros plan de Yoko, au bel encrage, indique que ce dessin date de plusieurs année, l’encrage de Leloup n’étant maintenant plus si assuré.
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Gaston Lagaffe
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Re: Cette semaine dans le journal de Spirou j'ai aimé...

Message par Gaston Lagaffe »

J'ai vu sur bdoubliées que pour l'instant le Gaston de Delaf s'arrete au gag numéro 38. Il manque donc 6 gags et l'histoire de Franquin fait 6 pages...mise en abime de la part de Dupuis ?
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Re: Cette semaine dans le journal de Spirou j'ai aimé...

Message par heijingling »

Gaston Lagaffe a écrit : dim. 26 mai 2024 18:55 J'ai vu sur bdoubliées que pour l'instant le Gaston de Delaf s'arrete au gag numéro 38. Il manque donc 6 gags et l'histoire de Franquin fait 6 pages...mise en abime de la part de Dupuis ?
Ma réponse ce week-end. Et elle risque de te surprendre dans le bon sens :ouah:
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Re: Cette semaine dans le journal de Spirou j'ai aimé...

Message par heijingling »

Numéro 4493 du 22/05/2024

Ici un aperçu du magazine https://www.spirou.com/actualites/somma ... -dangereux

La couverture de Fabio Lai et Olivier Bocquet montrant la famille du Métier le plus dangereux du monde au complet en super-héros s’avançant martialement annonce-t-elle un tournant inattendu de l’histoire, ou est-elle juste un gag? Le chapitre de ce numéro fait prendre un tournant à l’histoire, une enquête ajoutant un nouveau regard sur les énigmes jusqu’ici science-fictionnelles, et l’interrogatoire des parents des deux héros est bien rythmé par l’humour. Suite du Spirou et Fantasio de Elric, Clément Lemoine et Michaël Baril, qui devrait plutôt s’appeler Seccotine et Fantasio, Spirou étant totalement absent de l’histoire depuis la première semaine, plus de 20 pages. Un simple rappel en montage parallèle aurait équilibré le récit. Le G.A.G. est fortement employé dans cette séquence, mais de manière inutile pour ceux qui on lu Le prisonnier du Bouddha, car utilisé sans aucune imagination, ce qui est du gâchis pour une telle invention. Par contre, le gag du vrai visage du Che s’imprimant comme la Sainte Face sur le Mandylion est remarquable. Intéressant chapitre des Cœurs de ferraille, de Beka, Munuera et Sedyas, dans lequel c’est un robot, en l’occurence un limier, qui semble avoir une personnalité plus complexe que celle des humains. J’apprécie la façon dont Barth, Pomès et Drac présentent leur Enquête du Lieutenant Bertillon, avec un panonceau de résumé ouvrant chaque nouveau chapitre. Et comme dans la première histoire, c’est l’aspect ethnologique, ici avec la cérémonie indigène, qui donne tout son sel à cette série.

Après un moment de lâche mais compréhensible soulagement, la rédaction commence cette semaine à s’inquièter dans L'Édito de l’absence des Fabrice. Elle n’a pas pensé à chercher dans les marges du magazine, qu’ils avaient commencé à visiter discrètement (oui, cela ne leur ressemble pas) la semaine précédente, et dont ils commentent les pages cette semaine, à la recherche d’inspiration pour une nouvelle série, politique comme Spirou (“Une affaire de scandale de fruits rouges dans du jambon”, dixit), SF (comme Les Cœurs de ferraille) ou pirates (comme Capitaine Anchois). Par contre, toujours aucune nouvelle de Gaston suite aux préparatifs de son départ. Encore une fois, dans La Méthode Raowl, la mise en page en montagnes russes de Tebo est partie intégrante du gag. Dans le microcosme de Titan inc., c’est cette fois le greenwashing qui fait irruption. Cascade de jeux de mots naïfs dans Willy Woob, la série de Nicolas Moog et Jorge Bernstein qui est un Candide de notre temps, un regard innocent et révélateur sur le monde, en bien moins acerbe et plus enfantin. Dans La Pause-cartoon, je trouve très drôles les gags de Lécroart et de Berth sur le thème des super-héros et de la société de consommation (Spiderman se plaignant de la pléthore de supermarchés et de l’absence de spidermarché restera). Je ne peux m’empêcher de voir dans le naufrage de la planche d’Annabelle, Pirate Rebelle, de Sti, Cédric Ghorbani et Cerise un écho des pirates d’Astérix. C’est à cela que l’on identifie les icônes laïques, elles contaminent les esprits au même titre que les religieuses. Confirmation du titre de la semaine dernière, la série de gags de Dad de Nob sur l’enfance des filles de Dad est nommée Dad flashbacks. Et taquin comme son personnage, Janry propose un Tuto dessiné du Petit Spirou lui permettant de le montrer nu, techniquement inaccessible aux débutants en dessin, et surtout, si l’on suit scrupuleusement ses étapes 6 (“on passe à l’encrage”) et 7 (“aussitôt fait, on gomme le crayon avec énergie”), on aura de mauvaises surprises.

Dans les autres rubriques, Bienvenue dans mon atelier de Vincent Zabus, scénariste des Petits métiers méconnus dans Spirou (et auparavant du Monde selon François et d’Agathe Saugrenu) , reflète bien ses histoires entre rêve et conscience sociale, et annonce une sortie qui fera plaisir à certains, un album réalisé avec le rare Denis Bodart dans la collection Aire Libre. Autre surprise, après deux albums scénaristiquement réussis des Tuniques bleues par Kriss, En direct du futur nous apprend que c’est Fred Neidhart qui est en charge du prochain, toujours sur dessin de Lambil. C’est Touffe, graphiste nouveau venu ici, qui a par ailleurs participé à des étiquettes de bière https://www.actuabd.com/+Ca-vient-d-arr ... illustree+, (il faudra un jour parler de cet ancestral envers du décor de Spirou) qui réalise l’impressionnante page de Jeux sur Crash Tex. En supplément, de jolis autocollants du marsupilami en couleurs directes par Batem, et enfin une publicité pour un nouvel album jeunesse chez Dupuis, non prépublié dans Spirou, Bouhland, par Rours, sur une école de monstres, dans la lignée de Harry Potter, et dans Spirou même, Mélusine, Pernille, Happycalypse...Quelle profusion d'ouvrages qui cherchent à enchanter, ou divertir, ou faire oublier le quotidien des écoliers.
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Re: Cette semaine dans le journal de Spirou j'ai aimé...

Message par heijingling »

Numéro 4494 du 29/05/2024

https://www.spirou.com/actualites/somma ... -redaction

Les Fabrice ne sont toujours pas réapparus dans L’Édito, où ils sont recherchés sans enthousiasme, et même pas vraiment formellement (“Récompense au premier qui ne les retrouve pas”), et ont aussi disparu des marges des pages, de même que La malédiction de la page 13, de Sti. Par contre, Gaston est de retour, et en couverture, pour un dessin qui, étrangement, n’est pas un gag mais semble une image extraite d’une aventure. Et c’est bien le cas: une aventure de Gaston, une histoire complète, en 6 pages, numérotées de 39 à 44, soit la suite des gags en une planche qui formaient une trame, mais publiée en un bloc, qui pourrait presque se lire indépendamment, nonobstant l’ensemble de la rédaction de Spirou complètement saoule, une situation qui après tout pourrait ne pas susciter de la part du lecteur plus que le léger haussement de sourcil dont la gratifie Gaston qui vient annoncer sa démission. Il s’agit d’un polar, Gaston devant récupérer des films d’imprimerie de Franquin un soir dans un port, dans une ambiance qui pourrait rappeler Les Cargos du crépuscule (toutes proportions gardées). Delaf s’est enfin approprié le personnage, et cette histoire, totalement inédite pour Gaston, l’a obligé à créer de nouveaux décors et de nouvelles positions de personnages, sans plus faire de copier/coller. C’est une réussite, la seule de cette reprise (en dehors de la virtuosité technologique du mimétisme du dessin), puisse l’auteur poursuivre dans cette voie s’il devait continuer à dessiner Gaston: pas des gags affadis et momifiés, mais les aventures comiques d’un garçon de bureau gaffeur mais inventif, dont les inventions sont utilisées dans un nouveau contexte, avec humour et imagination.

Et cela rapproche Gaston de l’autre héros de polar de ce numéro, le lieutenant Bertillon, aussi maladroit et peu adapté aux exigences d’efficacité immédiate de la société. Mais là où le dessin de Delaf, strictement efficace et dans le rang, trahit l’esprit du personnage, celui de Cyrille Pomès, avec ses déformations de perspectives, de corps, ses cadrages décalés, son trait superficiellement grossier, transcrit parfaitement l’esprit du sien.
Avec les deux séries jeunesse Le métier le plus dangereux du monde et Les Cœurs de ferraille, aux sujets et traitement originaux et bien mis en œuvre, cela fait trois et demi (en comptant le Gaston, semi (à suivre), et dont seule cette dernière partie, semi histoire complète, est bonne) bonnes séries (à suivre) sur quatre (et demi) dans ce numéro. Le Spirou et Fantasio de Elric, Lemoine et Baril souffre lui du même défaut que l’ensemble du Gaston de Delaf, trop timoré, trop dans les clous pour s’émanciper et atteindre une personnalité, ce qui se traduit par un humour à répétition trop répétitif (Fantasio baragouinant l’italien en pays hispanophone, les disputes entre Fantasio et Seccotine) et une peur d’être peu clair, d’où un manque d’ellipses narratives et graphiques (13 cases pour la capture de Fantasio et Seccotine par les guérilleros) qui font trainer des scènes en longueur. Les seules originalités sont d’une part l’absence de Spirou, qui n’a jusqu’ici été présent (assez passivement, de plus) que sur 5 planches et demi sur 38 (je compte la demi planche introductive pour le journal). La suite nous dira si cette absence aura été vraiment voulue et maitrisée et aura eu une valeur narrative. D’autre part, l’aspect frontalement politique, avec Fidel Castro et Che Guevara jusque ici plus présents et actifs que Spirou, John Kennedy en second rôle, et les dialogues entre Fantasio et Seccotine, qui rien que dans ce chapitre incluent “reporter bourgeois, soviétique en herbe, réactionnaire obtus et ingérence des États-Unis”, approche trop en porte-à-faux par rapport aux simplismes du scénario (facilité avec laquelle Fantasio et Seccotine rencontrent les opposants et les guérilleros, comme si cela n’était plus nécessaire d’être retravaillé après Le dictateur et le champignon, Tintin et les Picaros et Kodo le tyran), et à l’humour enfantin des interventions du marsupilami et du G.A.G. Mais Gaston lui-même, sous prétexte qu’il vit une courte aventure, dit devoir dorénavant se trouver un nom de super-héros (postulerat-il dans la Doom Patrol?), signe irréfutable que les héros traditionnels ont du mal à dépasser leur crise d’identité.

Dans les gags en une planche, on peut clairement distinguer cette semaine ceux qui sont basés sur la caractérisation des personnages et leurs interactions, comme Elliot au collège et Dad, et ceux dont l’humour est d’abord graphique, incluant un dessin plus caricatural et outré, une primauté donnée à la mise en page, au traitement graphique (les trames chez Dab’s et Gom dans Crash Tex, les dialogues, la voix-off, les commentaires et leur colorisation chez Tebo dans La Méthode Raowl). Ce n’est bien sûr pas complètement univoque, ainsi, dans Elliot au collège, les couleurs de Malo (successeur de Anna Maria Riccobono, ou pseudonyme de celle-ci? Il en reprend quoi qu’il en soit les codes exacts) ont une grande importance narrative, typant les personnages et les ambiances. Et Game Over a beau être une série muette au traitement classique , les auteurs Midam, Adam et Patelin, rajoutent un gag purement graphique en conclusion, dans la façon dont ils inscrivent Game Over en fin de gag, la ponctuant à la manière des signatures de Franquin pour Gaston. Le “bon p’tit truc” de La Leçon de BD par Marko est d’ailleurs cette fois consacrée aux structures de mise en page et à la composition des cases, plus qu’au dessin lui-même.

Dans les rubriques, la publicité pour La Baie des cochons, l’album de Spirou et Fantasio classique, met en avant son aspect politique, qualifié de “rapport de Spirou sur Cuba” et de “propagande yankee”. Mais pourquoi pas l'écrire yanqui, en hommage à Jijé, puisqu’il revendique aussi totalement son aspect nostalgique, avec le titre écrit en vertical sur le dos, comme dans les EO de Franquin et Fournier? L’autre publicité est pour un package de livres considérés comme de simples produits industriels, deux adaptations en roman et livre dont tu es l’espion-ne, et une en anime comics, de la dernière saison d’un dessin animé français ayant un succès international, Totally Spies!, visiblement un mélange à la mode (mode qui n’en finit pas, puisque le DA a été créé il y a plus de 20 ans), de magical girls et de super-héroïnes. Révélateur de cette industrialisation est qu’aucun de ces livres ne porte de nom d’auteur, les anime comics étant d’un certain Banijay, qui n’a pas son nom sur la couverture. Heureusement, si Bercovici, invité de Bienvenue dans mon atelier, a aussi une production qui peut être quantitativement qualifiée d’industrielle, celle-ci a, elle, une vraie personnalité, car s’il produit beaucoup, c’est parce qu’il dessine “très très vite”, non par l’utilisation d’une technique anonyme, mais parce qu’il improvise beaucoup et “ne joue pas [sa] vie sur chaque trait”. Son admiration pour Georges Beuville et Giorgio Cavazzano témoigne de son intégrité de dessinateur. Les Jeux sont une fourmillante et épique bataille de Christophe Bataillon, entre des oursons mignons qui se défendent contre des monstres envahisseurs, avec Spiderman et Batman semblant hésiter entre les deux camps. Enfin , En direct du futur a un titre mensonger, puisqu’il parle de la série en cours Dad flashbacks, où Nob “explore le passé de Dad et de ses filles”, car, dit-il, “il y a beaucoup de choses que l’on ignore encore sur le passé de Dad, ça me semblait une bonne piste à creuser.” Si les histoires en elles-mêmes sont souvent bonnes, c’est tout de même une fausse bonne idée, car chaque personnage a exactement le même caractère et agit et réagit exactement de la même façon il y a 10 et 15 ans qu’actuellement. Ceci, et la situation exactement opposée du Petit Spirou qui lui n’a aucun lien autre que le nom et le costume avec le Spirou adulte que l’on connait, étaye ma conviction que, dans la plupart des cas, imaginer des origines à un personnage de fiction n’a que peu d’intérêt, en dehors du commercial.
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