Je vois que jusqu'ici, on a eu peu à dire dudit album, mais pour moi, il y en aura beaucoup. Pourquoi? Parce que c'est sans doute mon one shot préféré.
Il y a le dessin déjà, plutôt réaliste. Une autre des raisons est qu'il pointe pas mal certains défauts du film, qu'il faut avoir vu, c'est vrai, pour comprendre. Je crois pas qu'ici, tout le monde l'a vu. C'est loin d'être un banal travail de commande, surtout qu'ils ont eu la bonne idée de ne pas raconter le film directement, mais plutôt son contexte, et si les personnages y avaient été vraiment confrontés. C’est jubilatoire de voir les auteurs pointer certains travers.
On est plus globalement aussi dans une histoire réjouissante, bien qu'elle favorise surtout l'un des personnages en particulier.
Je pense que tout ceci se déroule à une époque un peu plus lointaine que d'habitude, c’est visible entre autres par le fait que Fantasio a pris du ventre (mais depuis quand cela lui arrive-t-il?), et qui n'est pas content de se dégarnir (alors qu'on y fait pratiquement pas allusion le reste du temps). Ou qu'il est perçu comme trop vieux pour jouer son propre rôle, et là j'avoue, est ce du vécu? J’ai su par une interview que les auteurs avaient été sur le plateau, et qu'ils avaient lu le script, ce genre de choses. Mais je me suis souvent demandé: ils savent des choses qu’on ne sait pas, ou c'est plus globalement une critique du cinéma en général? Ce qui était bien possible, car il est des éléments dont je me suis dit, non ça, ça n'y était pas pour finir. Parfois, l'explication est donnée dans l'histoire, mais parfois non. Ce n'est pas exactement le film
Les aventures de Spirou et Fantasio, sorti en 2018, dont il est question malgré les points communs indéniables avec celui décrit dans cette BD. Ce qu'il y a de commun:
-Zorglub qui porte du violet, et a une canne permettant l’ouverture d’une trappe.
-Il est méchant, et donc résolument du côté obscur, envisageant d'hypnotiser la planète entière.
-Sa base secrète sous un volcan.
- Le fait qu'elle comprenne à la fois une trappe qui ouvre sur un lac de lave (en théorie), et un tube géant où emprisonner quelqu'un.
-Les uniformes des gens qui travaillent là-bas (pas des zorglhommes, car leur cerveau n'est pas lavé).
-Son vrai nom doit être dit sans faute par les employés, bien qu'il soit très long.
-Le fait que le comédien prétende porter un faux nez ou un faux crâne. Ici ce n’est pas le cas, mais c'était bien ce qui est arrivé à Ramzy Bedia pour le rôle.
-Le fait que le réalisateur, tout en se prétendant très fan, se trompe dans les noms que portent vraiment nos héros, ce qui trahit qu’il n'est en fait surtout qu’un “Yes man”. Et qui est le sosie d’Alexandre Coffre, non sans raison.
Je vois une métaphore dans le fait qu'il est en fait téléguidé par zorglonde.
-Oui, il y a bien une scène de consommation de bouses de chameau dans le désert… Quant à ce que Fantasio aurait fait de pire, j'avoue ne pas voir ce que c'est. Il y a peut-être la consommation involontaire des fientes de chauve-souris dans
La vallée des bannis, mais ça ce n'est pas pire, à la rigueur, juste équivalent.
-Il y a une sous intrigue amoureuse entre Fantasio et Seccotine, bien que les rapports soient initialement tendus.
-Spirou est effectivement décrit comme malhonnête, vénal, dyslexique, hyperactif, peureux en avion et donc un pickpocket.
-Il y a bien un passage dans un pays imaginaire inventé pour l'occasion, le Gantagwa, ainsi qu'une scène dans le désert où les personnages sont perdus et sans eau.
-Les vêtements de Seccotine dans ladite scène ressemblent effectivement à un costume masculin.
-Son rôle est tenu par une actrice d'ascendance nord-africaine, et donc brune.
- Il y a bien une scène où elle se baigne dans un étang, mais pas à poil.
-.Un accident de voiture dans le désert est mis en scène.
-La première turbo traction apparaît dans le film, quoique très brièvement.
-Il y a effectivement une scène dans un hôtel, où Spirou s'échappe avec le fantacoptère, ou plutôt comme il s'appelle ici, le champicoptère.
Et aussi ces détails qui semblent avoir été prévus initialement dans le tournage dudit film, mais qui finalement n'apparaissent pas à l'écran, pour des raisons expliquées, comme je vous le disais, en coulisses, et dont je ne sais pas s'ils ont effectivement été envisagés dans le film de la vie réelle.
-J'ignore si l'équipe a réellement essayé de faire ce que dit l'actrice jouant Seccotine dans la BD, c'est-à-dire de lui faire porter une perruque qui ne lui allait pas. Aussi une “tartignolle” avait-elle été effectivement envisagée dans ce même rôle? Je n'ai pas entendu dire qu'on aie prévu quelqu'un d'autre que Géraldine Nakache, à qui il est fait allusion, et qu'au final le talent l'emporte sur l'apparence, même s’il y a des gens qui avaient râlé sur cette différence d'aspect.
-Je ne sais pas non plus s’il était vraiment question de l'hypersexualiser avec la tenue qui ressemble plutôt à celle de Lara Croft, au départ, pour le désert. Mais l'explication en est donnée, qu'elle refuse finalement de tourner ces scènes avec ce costume, ou des scènes de nu. Et effectivement Seccotine dans le film n'était pas hyper sexualisée.
- Fantasio, lui, réussit à rendre plus décente une scène semblable, impliquant son personnage, en demandant à ce qu'on lui mette en post-production un slip en images de synthèse. Dans le film proprement dit, il y a bien une scène à l'aéroport où Fantasio fait sonner le portique de détection métallique, et où on l'oblige à enlever ce qu'il porte au fur et à mesure, puisque ça sonne encore (la scène rappelle celle du début de
La baie des Cochons). Mais il finit en slip, pas plus. Et dans le film proprement dit, le sous-vêtement n'est selon toute vraisemblance pas fait en CGI, mais réel. Mais j'ignore si ça a été prévu qu'il en soit autrement.
Enfin, ce qui est fondamentalement différent et propre à la version BD:
- Evidemment le film ne s'appelle pas
Le triomphe de Zorglub.
- Ni Zorglub, ni le Comte, ni Spip n’y tiennent leur propre rôle pour des raisons évidentes.
- Le comédien qui joue Fantasio nous est montré comme un pur beau gosse, mais avec tout mon respect, je ne pense pas que cela s'applique à Alex Lutz; bien que lui-même n'était pas dégarni comme on en a souvent fait la remarque. Au contraire, je trouve qu'il collait très bien niveau apparence. Je me suis demandé si c'était pas plutôt une critique à prendre au sens plus large, de l’embellissement excessif de certains personnages lors de l'adaptation au cinéma.
-L'un des acteurs et le producteur sont la même personne.
Même si ça ne s'appliquait pas forcément à ce film en particulier, les auteurs me semblent avoir fait une critique plus générale de l'art cinématographique et de ses pratiques.
C'est assez clair quand Fantasio est jugé trop vieux pour se jouer lui-même. L'anecdote de Charlie Chaplin qui ne fut que troisième à son propre concours de sosies est, au passage, absolument authentique.Le cinéma a une tendance au jeunisme en faisant tenir des rôles de grand-mère de 80 ans par des actrices de 50 ans, entre autres choses. Les déboires de la scène de casting, où Fantasio, au mieux, se verra proposer d'être le Comte, font peut-être allusion aux propos de Christian Clavier. C'était sur le ton de la plaisanterie que celui-ci dit, dans les interviews, qu'il voulait d'abord jouer Spirou, mais qu'on lui aurait dit que c'était mieux, à son âge, de faire le Comte. Mais je me demande si ce n’était vraiment qu'une blague? Après tout Christian Clavier avait été Astérix, mais c'était il y a plus de vingt ans (en live action). Peut-être que Clavier n'a pas vu le temps passer, et qu'il a dû se sentir donc prendre un coup de vieux, quand on lui a fait la remarque que ce n'était plus le bon rôle pour lui (hypothèse personnelle).
Toujours au niveau de l'apparence, autant je suis dubitative quant au fait que l'acteur qui a réellement joué Fantasio était vraiment un embellissement de ce dernier, autant le principe du casting embelli est effectivement très présent dans le cinéma. Ça consiste à faire jouer un personnage par un comédien beaucoup plus attirant qu'il ne l'est vraiment. C'est dû au fait, tout simplement, que les comédiens (pour la plupart) ont de base une belle apparence, pour percer dans ce métier. Et engager quelqu'un de connu pour jouer un personnage, aura souvent cet effet secondaire. Il suffit de voir comment est décrite Hermione Granger dans les
Harry Potter, et de voir comment elle a été jouée au cinéma pour avoir une idée de ce que je veux dire.
Seccotine s'indigne à juste titre d'être hyper sexualisée (en même temps pour sa défense,
La Gorgone bleue n'était pas encore sorti
). Dans le film en lui-même, ce n'est pas manifeste, mais dans l'industrie du cinéma, Dieu sait que c'est courant. Et effectivement sous le prétexte que c'est “plus vendeur”.
Il y a même des réflexions quant au fait qu’ un tournage c'est plutôt ennuyeux, à cause des maquettes, parce qu'il faut attendre le temps que l'équipe s'installe, qu'il y aie la bonne lumière, et cetera. C'est assez didactique, et on voit que ça découle directement d'observations faites sur le terrain. Mais cette partie didactique est à mon avis la moins intéressante.
Ce qui est intéressant, c'est l'humour absolument décapant avec lequel on a démonté les points problématiques du scénario, et aussi d'une certaine façon, apporter une réelle évolution. J’ai cela dit la sensation qu'il manquait des pages, les auteurs disant qu'ils ont préféré faire quelque chose de plus long, mais qu'ils n'ont pas pu. Notamment qu'est-ce que le graphiste fiche ligoté au fond du fameux trou, sous la trappe de la base secrète? On peut supposer qu'il était encore là quand Zorglub a débarqué, se croyant seul, et qu'il l’ a neutralisé de cette manière, puis plus tard a emprisonné le Comte pour la même raison, mais ce n'est qu'une supposition.
Pour moi, c'était le fou rire, quand on voit comment Spirou réagit au fait qu'il est décrit comme un pickpocket.
Oui, c'est une idée de… et non, on ne pense pas qu'il laisserait passer un truc pareil, même si au final, c'est passé. Fantasio aussi a des raisons de s'indigner quand il est décrit, disons, consommant des bouses de chameau, et qu'il affirme vers la fin qu'il ne ferait jamais ça. Le problème c'est qu'il a la mémoire courte, et qu'il a vraiment fait ! Là j'avoue, c'est la seule scène que je n'aime pas. Elle est déjà écœurante dans le film, et je la saute à chaque fois.
Alors même si ça ne nous montre pas directement ce qui se passe (Dieu merci), on était obligés de la refaire telle quelle dans la BD? Voilà, je trouve que c'est une mauvaise idée.
Après entre ça, et l'hypersexualisation, tout s'explique si on sait que l’acteur et producteur est en fait le vrai Zorglub, depuis le début. Désirant certes lessiver le cerveau à la terre entière, exactement comme dans le film, où il est décrit comme en étant capable. Mais si de tels points de détails existent dans le scénario, à mon sens, c'est que s'il pouvait tenir une occasion de faire de la mauvaise pub à ses adversaires dans le processus, alors pourquoi pas. L'équipe au sens large semble d'ailleurs avoir une méconnaissance générale de la bande dessinée, pensant que Spip s'appelle “Slip” et qu'il est un mulot, ou une belette. Encore une fois dans la BD, on a une explication rationnelle pour tous les écarts de caractérisation. Mais en vrai, le producteur ou plutôt, les producteurs n'étaient pas des super méchants (que je sache), donc ça semble encore plus difficile à expliquer en vrai. Dans
une interview, pour toutes les libertés prises, les auteurs se sont dit très dubitatifs, pour le “nouveau métier” de Spirou. Ils ont raison sur ce point. Cependant, toutes les libertés prises ne sont finalement pas que de la crotte de campagnol. Après avoir lu le scénario, Fantasio commence par affirmer que c'est “n'importe quoi” que son personnage soit “attiré” ( mais notez qu'il n'ose pas employer ce verbe) par celui de Seccotine. Sauf que, le dire en rougissant et en bafouillant?
On a déjà vu plus convaincant.
Notez aussi que cela semble plaire à Seccotine. Jusqu'à ce que, sans surprise, ils commencent à se disputer. Toutefois, et comparativement à beaucoup d'histoires, la mésentente est plus rare.
Après, tous les comédiens ne sont pas à la ramasse. C'est vrai que Fantasio a de quoi se sentir complexé devant celui qui tient son rôle, et qui, provisoirement, marche sur ses plates-bandes avec Seccotine. Mais il y a aussi le fait que celui qui est Spirou lui ressemble comme deux gouttes d'eau. C'est plutôt flatteur pour le comédien du film, qui d’ailleurs a subi peu de reproches sur son apparence physique. Le problème venait plutôt de comment le personnage est dépeint, et le fait que lui-même n'y connaissait pas grand-chose audit personnage. Ajoutons-y Seccotine, et la comédienne qui l’incarne, avec qui elle s'entend bien pour finir. Elle est notamment d'accord avec elle pour éviter les scènes osées, et décide même d'autorité qu'elle ne les fera pas, sous son influence, pour finir. C'est plutôt mignon quand les trois comédiens prennent fait et cause pour les vrais personnages, en demandant entre autres qu'ils puissent assister à la première du film. Ils finissent par renoncer à s'y trouver eux-mêmes, à cause du problème vestimentaire. Même si je ne comprends pas pourquoi les comédiens finissent en sous-vêtements: ils auraient pu tout simplement échanger leurs affaires avec celles du vrai trio, puisqu'ils font la même taille.
Bien que ce one shot soit mon préféré, je dois admettre que ce n'est pas un de ceux qui met le plus Spirou en valeur. Au contraire, bien qu'il ne soit heureusement pas quasi absent (suivez mon regard vers La baie des cochons.) Le problème ici, vient plutôt du fait qu'il n'a pas vraiment l'occasion, ni de faire avancer l'action, ni de résoudre la situation. Il ne devine juste qu'une fois, c'est-à-dire que le réalisateur est bien téléguidé par Zorglub, puisqu'il aperçoit l'appareil dans son oreille. Pour le reste, c'est Seccotine qui devine que le plateau où est reconstituée la base secrète est une base secrète réelle. C’est Spip qui se débarrasse de Zorglub en appuyant sur le pommeau de sa canne, pour le faire tomber dans sa trappe (et avec un slasher smile d’anthologie).
Et c’est Fantasio qui arrive à la dernière minute avec le film sans zorglondes sur une clé USB, avant qu'il ne soit projeté à des dizaines d'innocents. Spirou n'intervient même pas quand le comédien qui joue son rôle manque de s'écraser, en tombant de la reconstitution du fantacoptère, et qu'il est sauvé par Fantasio, ce qu'il se reproche d'ailleurs après. Quand Spirou demande si tout le monde le perçoit comme absolument lisse, les autres ont un silence embarrassé, donnant à penser que oui, c'est leur avis. Et je trouve que ce n'est pas vrai personnellement, mais ça semble trahir l'opinion des scénaristes.
Après, Spirou n’est peut-être pas à son avantage, mais il y a de quoi relativiser quand on voit qu'il n’est toutefois pas sa propre antithèse, comme dans le film justement. J'approuve la description des auteurs de le voir :
“(Spirou) est asexué, comme Tintin.” Bien qu'à mon avis, le mot qu'ils cherchaient était “asexuel”.
Ce qui est inhabituel ici, c’est qu’ il y a peu de disputes entre Fantasio et Seccotine, si ce n'est au début, au sujet de Teddy, qui effectivement existe dans le film, mais pas les BD. Et que malgré ce qu'en dit Fantasio, son attitude suggère effectivement qu'il est jaloux. Il le sera aussi de son acteur, c'est l'un des rares moments où cette version de Seccotine donne dans la provocation, puisque elle fait exprès de souligner qu'elle se fait draguer par ce dernier avec un certain talent.
Mais ça sent le coup classique d'essayer de rendre Fantasio jaloux.
Le reste du temps, elle semble au début comprendre qu'en dépit de ce qu'il dit, Fantasio est effectivement attiré par elle, et d'autre part que ça lui plaît puisqu'elle sourit en entendant cela. En conséquence, Seccotine est plus gentille et rassurante que d’habitude avec ce dernier. Comme lorsqu’elle cherche spontanément sa présence juste après l'accident de voiture, ou le rassurant sur le fait que tout le monde a vu que c'est lui qui a sauvé le comédien jouant Spirou, et bien sûr, son soutien final.
Celui qui tire la couverture à lui dans l’histoire, c'est plutôt Fantasio, mais peut-être que c'est perçu comme une forme de justice poétique. J’ai déjà eu l'occasion de dire ici qu'il n’ était pas forcément le plus avantagé. Il a parfois l'occasion de souligner ce fait, comme avec son monologue de
La vallée des bannis, mais aussi les réflexions, parfois, des autres personnages. En déprimant dans
Vito la déveine, Fantasio admet que ce n’est pas facile d'être dans une telle ombre que celle de Spirou. Ou bien, il y a parfois des vexations quotidiennes, du style dans
La lumière de Bornéo, où Fantasio n'a pas de pizza son nom. Et je ne parlerai même pas du festival qu’est l'album
La grosse tête.
Mais les auteurs du présent one shot semblent apprécier Fantasio. Ils le démontrent sans pour autant le faire agir de façon inhabituelle, au contraire. Exactement comme dans le film, d'ailleurs. Cette histoire est l'une de celles où on a le plus droit à son côté malchanceux et maladroit, c’est même très marqué. Pire, il n'est plus très avantagé physiquement, même si ça s'arrange en milieu d'album, à cause de la lotion qui fait pousser les cheveux en accéléré, et le fait qu'il aie perdu beaucoup de kilos en détention. Mais Fantasio n’aime pas pour autant se sentir vieux. C’ est pourquoi, je cite les auteurs, il s'oblige à faire des choses pourtant risquées, comme entraîner ses amis dans le désert alors qu'ils n'ont pas beaucoup d'eau sur eux, parce qu'ils sont censés être des aventuriers qui n'ont peur de rien. Je cite à nouveau les auteurs:
Je voulais montrer la trajectoire de ce personnage déprimé de ne pas être « à la hauteur » alors que, dans les faits, c’est un héros. Maladroit certes, mais un vrai héros. Et il fallait que quelqu’un lui dise à la fin de l’album, un peu au nom de tous les lecteurs : « On t’aime comme tu es. Tu es le meilleur Fantasio possible ».
Malgré tout ceci, en effet, il se trouve qu'à la fin, lui seul peut, avec le fantacoptère, intervenir et empêcher qu'on diffuse une version du film qui zorglonderait tout le monde. Fantasio ne voit pas comment faire, mais pour Seccotine, bien sûr que c'est possible, en raison de tout ce qu'il avait déjà accompli. Pour rappel: risquer sa vie aux quatre coins de la planète, faire tomber des dictateurs (trois fois), affronter la mafia (deux fois), gagner l'étape du Tour de France, découvrir le Marsupilami, et survivre aux inventions de Gaston Lagaffe, ce qui n'est pas un mince exploit. Et elle termine le discours en embrassant Fantasio, car les auteurs pensaient que c'était déjà arrivé:
"
Brice (Cossu): En fait, on pensait que ça s’était déjà vu dans la série.
Olivier (Bocquet): Je n’étais pas sûr que ça n’était pas arrivé. Mais bon sang, c’est électrique depuis tellement longtemps entre ces deux personnages ! Donnez-nous enfin ce baiser !"
Intéressant effet Mandela, si on considère qu'en fait, ça ne s'est effectivement produit que dans
Le triomphe de Zorglub, et donc le film. La scène devait marquer, selon Olivier Bocquet, qui explique qu'elle devait compter autant pour Fantasio, que pour le lecteur, je cite. J’ai réalisé alors que si Spirou eu sa première galoche en 1995 dans
Luna fatale, il avait fallu attendre plus d'un quart de siècle pour que cela arrive à Fantasio aussi. Des femmes, il n’avait reçu jusqu'ici des bises sur le nez, le front, la joue, exetera… Bien que contrairement à son distingué collègue, on l’aie déjà vu soit s'envoyer en l'air, soit se fiancer, mais ça, jamais auparavant.
La réaction de Fantasio à ce moment m'a pliée de rire,
parce qu’ on dirait effectivement celle d'un pré-ado qui vient de vivre ça pour la toute première fois. Entre le fait d'être rouge,
en sueur, de fixer Seccotine avec des yeux ronds, il est figé, et ne pourra jamais réagir avant que ça se termine. Sans parler du fait que l'hélice du Fantacoptère se déploie spontanément, et oui, c'est bien une métaphore de ce à quoi vous pensez, bande de galopins
(une réaction induite par un certain afflux sanguin
). On avait appuyé jusqu'ici sur le fait que Fantasio vivait mal le fait d'être un has been, puisque apparemment certaines personnes le croient mort. Et ce n'est pas sa représentation, guère à son avantage dans un film en partie à son propos, qui lui permettra de prouver qu'il est toujours un aventurier. De manière générale, il n’est pas perçu comme celui brillant le plus dans le duo.
Que sa relation d’ amour -haine avec Seccotine s’en vienne vers une conclusion, et s’achemine plutôt vers le premier mot du propos, je l'ai dit, ça laisse peu de temps pour les autres personnages , et notamment Spirou. Mais sur ce point les auteurs ont l'air d'être d'accord avec ceux du film, qui semblaient trouver qu’il avait peu de personnalité, et qu'il fallait en mettre une autre, même si dans le film, ce fut une très mauvaise idée d'en faire un personnage malhonnête.