numéro 4541 du 23
Ici un aperçu du numéro: https://www.spirou.com/manoir-a-louer/
Sont-ce le fond violet de la couverture et sa vampire élégante, comme celle de Sang de vampire, le premier album de Fabrice Parme, qui a beaucoup travaillé avec Lewis Trondheim, le scénariste de cette nouvelle série, ou son nom, Manoir à louer, qui fait penser au film de René Clair Fantôme à vendre, toujours est-il que l'on s’attend bien à une série où l’ambiance gothique est prétexte au comique, dans la lignée de La famille Adams de Chas Adams (qui a lancé l’image de la vampire copurchic). Sauf que les auteurs semblent avoir ajouté un thème, ou plutôt une contrainte, à la trame de la famille normale débarquant dans un lieu étrange (ici un manoir tenu par une vampire), celui de parler du journal de Spirou à chaque page, ce qui pourrait totalement inverser la perspective, au propre comme au figuré (cf. la couverture) de cette série de gags en une page, comme dans le troisième gag où la vampire ne comprend pas ce qu’est une BD (elle appelle les cases « petit tableau », ce qui se justifie par son environnement), mais pour l’instant, dans ces quatre premiers gags, cela semble surtout un prétexte à montrer une image d’un marsupilami dans un manoir gothique. Le dessin de Juanungo, un encrage charbonneux sur base caricaturale, se situe dans la prestigieuse lignée de Gus Bofa, toutefois, comme le précise le dessinateur argentin dans Bienvenue dans mon atelier, son style n’est de base pas « européen » (par exemple, le visage du père de famille aux front et menton proéminents, n’a rien de franco-belge). Le violet de la couverture se retrouve dans la rue devant le manoir : les couleurs particulières, faites par Juanungo, contribuent à l’ambiance horrifique comique de l’ensemble. Et comme le violet est souvent associé à l’horreur, version gothique, il se retrouve dans le gag de Kid Paddle, de Midam et Patelin, couleurs d’Angèle, qui connaît ses classiques, aussi bien sur les murs du cinéma que dans la brume artificielle utilisée pour la promotion du film Zombies dans la brume. Violet aussi bien sûr pour les velours des fauteuils et les armures décorant les Jeux de Frédéric Antoine et Yohann Morin, intitulés Le manoir des abonnés perdus, pour les couleurs de plusieurs vêtements et monstres réalisées par Esteban dans Pernille, de Dav et Cyril Trichet, il est encore la couleur des murs peints, de la brume fantômatique, des cristaux de roche géants et du tapis menant à l’autel de la grotte du temple dans lequel pénètrent les sœurs Grémillet (dessin et couleur d’Alessandro Barbucci) et celles des tissus, des crânes et des robes de squelettes de la fête des morts mexicaine dans la publicité pour La famille tango, un album jeunesse Dupuis où l’on part « à la découverte des légendes mexicaines ». L’historien Michel Pastoureau expliquerait que le violet est la couleur liturgique du catholicisme, par là en est venu à représenter le mysticisme, d’où son appropriation dans les figurations du fantastique, et sa version gothique à la mode, dans la culture populaire. La couleur des yeux de Violine n’est pas un hasard, et Panda dans Dad exprime par cette couleur omniprésente dans sa chambre, ses vêtement et ses cheveux une humeur maussade. Mais Michel Pastoureau nous rappelle aussi que les couleurs sont ambivalentes et subissent des glissements de sens, aussi ce violet se retrouve-t-il dans la chambre d’Ondine, la plus fémininement cliché des filles de Dad, en concurrence avec le rose de ses cheveux, et cette même concurrence entre ces deux couleurs se retrouve bien évidemment dans une publicité pour Les Héricornes, une série Lombard avec le parangon actuel des idôles des petites filles, les petites licornes violettes à la crinière rose. Pour le reste du numéro, on peut s’amuser à voir les contrastes de couleur, entre la tunique violette du petit barbare et la robe rose de la princesse dans Game over (couleurs d'Angèle encore), ou entre le violet de la robe et des cheveux de la vampire et le bleu de la Schtroumpfette dans le Bon d’abonnement de Cromheecke et Thiriet, ou constater à contrario que L’édito des Fabrice, consacré aux vampires, bien qu’ils tentent d'y reproduire « le bruit de la peur » (sic), n’ a rien d’effrayant sur le fond uniformément bleu ciel fait par Sandrine Greffe.
Dans les gags, le capitaine de Titan Inc. ne recule comme d’habitude devant aucune bassesse, cette fois commerciale pour vendre le roman qu’il a écrit, Brad Rock apprend à lire à sa fille et exploite son fils, et Jilème propose un Tuto pour apprendre à dessiner sa « bonne bouille », tuto gag comme souvent, qui propose en bonus de dessiner une pépite d’or avec simplement une « forme biscornue et (pour le brillant de l’or) des petits traits autour, et voila ! »...Bertschy fait se réfugier chez Nelson des invités inattendus, tombés récemment dans le domaine public, sauf en Europe où ils sont protégés jusqu'en 2054,un reporter à la houppe, vêtu de bleu et accompagné de son petit chien blanc et d’un capitaine à la pipe, et dans Dad, le fait que ce soit la plus caricaturalement féminine de ses filles, Ondine donc, que Dad s’imagine « perpétuer sa fibre artistique et rebelle » en montant un groupe de rock ajoute au comique de la situation. Poursuite du thème du printemps avec Berth dans Des gens et inversement, où est plantée une drôle de plante, d’aspect familier pour les parisiens, et qui peut atteindre 300 mètres de haut, avec Tom dans Fish n chips, avec un peu de retard puisque ses poissons en sont encore à discuter de lapins et cloches de Pâques, et enfin avec Bouzard, chargé de débarasser les marges des fleurs qui persistent depuis le numéro précédent, tâche dont il s’aquitte avec l’enthousiasme et l’ingéniosité qu’on lui imagine, le numéro se terminant avec les marges envahies de mouches attirées par les bouses des vaches ayant mangé les fleurs...Autre nouveauté en marges (quoiqu’on puisse aussi imaginer que les bouses ne vont pas y passer la semaine), à côté du titre des histoires (à suivre) est indiqué à quel épisode on en est.
Ainsi, pour Mi-mouche, celle-ci, dans l’épisode 3 sur 7, se décide à essayer la boxe, et ose l’avouer à ses parents. Carole Maurel, pour exprimer le fait que, malgré ses 14 ans, Colette « mi-mouche » se comporte encore comme une petite fille, lui a mis entre les main une tasse en forme de raton laveur au regard de chien battu, tout ce qu’il y a de mignon (et d’enfantin), violet bien sûr...Chez Les sœurs Grémillet, chacune connaît une défaite, y compris collective lorsque, ayant retrouvé le dragon disparu, elles ne parviennent malgré tout pas à élucider leur quête sous les traits d’héroïnes de HF que leur prète Cassiopée dans sa nouvelle, et elle seule parvient pour le moment à vouloir surmonter sa défaite, sans pour autant réussir à stimuler ses sœurs découragées. Fin de Chanson d’avril, le Natacha adapté d’une histoire de L’ Épervier bleu de Sirius par Walthéry, et selon moi, comme souvent pour le cinéma, le remake ne vaut pas l’original. Walthéry au lieu de véritablement s’approprier l’œuvre originale pour la refaire à sa façon a repris littéralement le scénario, les dialogues et commentaires (avec quelques modifications pour les noms et autres détails superficiels), et même de nombreuses cases à l'identique, y ajoutant quelques cases et dialogues de son cru, et la greffe n’a pas pris car les styles des deux auteurs sont trop dissemblables, et les ruptures se voient trop. Ainsi, dans ce dernier chapitre, le style emphatique de Sirius, dans ses commentaires (« La gîte de l’énorme vaisseau aérien s’est accrue. Balancé dans d’écœurantes oscillations, il s’incline sur le flanc comme un gigantesque poisson mourant.») est repris tel quel par Walthéry, qui met l’ensemble au passé, et rajoute points d’exclamations et de suspension, rompant un équilibre déjà fragile ; ailleurs, ce sont les commentaires de L’ Épervier, sobres dans leur solennité, pour contrebalancer la grandiloquence des commentaires en off, (« Les fous ! Ils sont en train de s’entretuer ! ») qui deviennent un « Les dingues ! C’est pas vrai !...Ils sont en train de s’entretuer !!! » qui jure par rapport au langage général; puis, lorsque Walthéry écrit ses propres commentaires en off, cela donne « Et en plus, l’immense nef se cabra ». Que vient faire là ce « en plus » si familier, si manifestement pièce rapportée ? Enfin, Sirius avait opté pour un final hollywoodien d’époque, ses héros s’échappant en avion observant que « Sirius (l’étoile disparue était, on s’en souvient, le départ de cette aventure) est revenu. Regarde, Sheba, l’île aérienne ne le cache plus. », avec la réplique « Le monde a retrouvé son ordre », ces deux phylactères sortant d’un avion partant vers l’horizon, sur fond de soleil levant. Walthéry a fait se prolonger cette fuite jusqu’à ce que ses personnages retrouvent leur bateau, les faisant commenter « On remettra ça un jour, Madame Natacha !?!... » « Ho, sans problème, Monsieur Walter ! Hi!Hi!Hi ! ». Walthéry n’a pas réussi a trouver un équivalent contemporain au balancement romantique entre le sublime et le grotesque qu’effectuait Sirius avec les commentaires guindés des bagarres de ses baroudeurs, comme le voyait Victor Hugo dans sa préface à Cromwell (« Comme objectif auprès du sublime, comme moyen de contraste, le grotesque est, selon nous, la plus riche source que la nature puisse ouvrir à l’art. Rubens le comprenait sans doute ainsi, lorsqu’il se plaisait à mêler à des déroulements de pompes royales, à des couronnements, à d’éclatantes cérémonies, quelque hideuse figure de nain de cour. “) . Ceci dit, l’exercice valait totalement d’être tenté, et retrouver Natacha et Walter dans des actions décalées a donné nombre de moments plaisants.
Cette semaine dans le journal de Spirou j'ai aimé...
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Re: Cette semaine dans le journal de Spirou j'ai aimé...
" Monólogo significa el mono que habla solo." Ramón Gómez de la Serna dans ses Greguerías.
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Re: Cette semaine dans le journal de Spirou j'ai aimé...
Numéro 4542 du 30/04/2025
Ici un aperçu du numéro: https://www.spirou.com/disparitions-mys ... tery-cafe/
Retour de la BD documentaire sur le japon, Tokyo Mystery Café : dès la couverture, on retrouve ces typiques étagères à roulettes que les libraires d’occasion du Japon ou de Chine sortent chaque jour de leur magasin, et en page 5 ces mêmes petites librairies d’occasion tout en longueur, comme insérées subrepticement entre des immeubles modernes, où deux clients ne peuvent tenir de front, et se gènent même en farfouillant dos à dos les étagères opposées... Ce nouvel épisode s’appelle donc Les ombres de Jimbocho, qui est, apprend-on dans la page de présentation, le quartier tokyoïte des éditeurs de mangas et des libraires, et est donc le quartier que l’on va découvrir après Akihabara dans le premier tome, et s’annonce bien, par une excellente idée scénaristique qui est de prendre le contrepied de la réalité virtuelle des idoles de la chanson et de la vidéo abordés dans le premier tome en parlant d’un « crime » qui se révèle aussi virtuel mais aussi matériel puisqu’il s’agit de personnages de mangas assassinés à l’insu de leurs auteurices. Un point m’a fait tiquer toutefois : Nahel boit de l’eau (citronée ou non, là n’est pas la question) pour dissiper la sensation de brûlure d’un riz au curry pimenté : erreur de débutant, et je m’étonne que ce vieux connaisseur de patron du Tokyo Mystery Café ne lui ait pas signalé que si le riz au curry était servi avec une ample portion de riz blanc, c’était justement parce que c’est un des meilleurs calmants contre les piments (au contraire de l’eau, qui au contraire exacerbe la sensation de brûlure). Les auteurices de Tokyo Mystery Café, L’atelier Sentô, soit Cécile et Olivier, sont aussi les invités de Les BD de ma vie, et y mèlent aussi bien bien franco-belge classique que mangas (bon conseil que le personnage d’enfant monstre qu’est Kitaro le repoussant, de Mizuki Shigeru), auteurs européens comme eux fortement influencés par les mangas, comme l’autrice suisse Vamille (influence relative pour eux, puisqu’ils indiquent que le Spirou MQR est pour eux la principale inspiration de TMC),et enfin donnent un autre excellent conseil de « manga pour ceux qui ne lisent pas de mangas » avec La cantine de minuit, deAbe Yaro, dont le dessin ne fait pas du tout « cliché manga » dans la longue lignée de Tezuka mais se situe dans la lignée graphique également typiquement japonaise mais bien moins connue en dehors du Japon que l’on pourrait décrire comme « caricature à l'économie de moyens » qui va de Tsuge Yoshiharu et Usui Yoshito (Crayon Shin-chan), pour les plus connus en France par les amateurs, à Takita Yû et Ishikawa Jun (également critique) , pour de moins connus ici, mais bien plus au Japon. Les Jeux de Frédéric Antoine et Yohann Morin se veulent carrément éducatifs, présentant plusieurs artistes visuels japonais, d’Hokusai à Takahashi Rumiko, et dans leur Édito, les Fabrice présentent une recette de cuisine fusion, leurs sushis en deviennent méconnaissables.
Loin du Japon (on aperçoit la mer et des palmiers au détour d’une case, une ville française de Méditerranée?), Carole Maurel et Véro Cazot traitent tout de même dans Mi-mouche d’art martial avec la boxe. Un point commun formel avec TMC tout de même, les couleurs, aquarellées, ne suivant qu’approximativement les lignes du dessin, loin des aplats propres et nets du franco-belge traditionnel. On peut d’ailleurs remarquer que de plus en plus de dessinateurices réalisent eux-mêmes leurs couleurs; c’est le cas pour les trois séries (à suivre) de ce numéro, ainsi que cette semaine de Nob, Nicolas Moog, Juanungo, Zimra et d’autres, quand d’autres ont leur coloriste attitré, comme Angèle pour Midam depuis 2004, Sandrine Greff pour Fabrice Erre et Fabcaro ou Annelise Sauvêtre pour Kahl et Pörth de Frantz Hofmann et Ced. Finie, l’époque où c’est le Studio Léonardo qui assurait pratiquement toutes les couleurs des séries du journal…
Épisode 7 sur 8 des sœurs Grémillet, qui sortent de l’obscurité de la semaine précédente par un éclairage nouveau sur ce qu’elles avaient pris pour des échecs, ce qui visuellement se traduit par une lumière dorée remplaçant les tons violets dans la nouvelle de Cassiopée.
Une histoire courte de trois pages de Kahl et Pörth, les aventuriers de l’extrême, qui étaient absents depuis octobre dernier, et reviennent avec une étrange et grotesque mascotte. Dans les gags, une toujours pertinente et amusante Leçon de BD du professeur Dab’s (dont Crash Tex n’est plus apparu dans le journal depuis près de trois mois. Série finie? Ce serait dommage...), les jeux de mots et visuels du surréalisme naïf de Willy Woob, un Game over sur l’ambiguïté des pictogrammes (le nucléaire en l’occurence), un « phénomène météorologique assez rare » dans Des gens et inversement de Berth, l’autant hilarant qu’imaginatif arc-en-ciel albinos, et enfin, amusants hasards de pagination des magazines, au verso d’une publicité pour Les Omniscients, une série au Lombard « par le scénariste de Les enfants de la résistance » avec des enfants issus de minorités ethniques (au vu de leur couleur de peau) d’origine pas vraiment identifiable car il ne sont pas ethniquement caricaturés se trouve une planche d’Annabelle pirate rebelle avec un membre d’équipage d’origine africaine caricaturé « à l’ancienne », et Nob publie un gag de Mouf le chien devenu influenceur quand deux pages avant, dans En direct du futur, qui annonce le 500e gag de Dad, il dit que c’est la pire idée de gag qu’il ait eue...
Enfin , le Supplément abonnés (pour tous les abonnés, contrairement à celui de la semaine précédente, réservé uniquement aux abonnés de la région d’Avignon), un joli papercut (une maquette en papier fort) du Tokyo Mystery Café.
P.S. : Angèle, qui est donc la coloriste attitrée de Kid Paddle et Game over depuis plus de vingt ans, n’est (sauf erreur) pas mentionnée dans le livre d’entretiens Midam, l’art du gag, réalisé par Thierry Tinlot, sorti chez Dupuis en 2024, alors que les autres collaborateurs de Midam le sont, et ont même droit à des entretiens, ainsi que Benoit Fripiat, son premier éditeur chez Spirou.
Ici un aperçu du numéro: https://www.spirou.com/disparitions-mys ... tery-cafe/
Retour de la BD documentaire sur le japon, Tokyo Mystery Café : dès la couverture, on retrouve ces typiques étagères à roulettes que les libraires d’occasion du Japon ou de Chine sortent chaque jour de leur magasin, et en page 5 ces mêmes petites librairies d’occasion tout en longueur, comme insérées subrepticement entre des immeubles modernes, où deux clients ne peuvent tenir de front, et se gènent même en farfouillant dos à dos les étagères opposées... Ce nouvel épisode s’appelle donc Les ombres de Jimbocho, qui est, apprend-on dans la page de présentation, le quartier tokyoïte des éditeurs de mangas et des libraires, et est donc le quartier que l’on va découvrir après Akihabara dans le premier tome, et s’annonce bien, par une excellente idée scénaristique qui est de prendre le contrepied de la réalité virtuelle des idoles de la chanson et de la vidéo abordés dans le premier tome en parlant d’un « crime » qui se révèle aussi virtuel mais aussi matériel puisqu’il s’agit de personnages de mangas assassinés à l’insu de leurs auteurices. Un point m’a fait tiquer toutefois : Nahel boit de l’eau (citronée ou non, là n’est pas la question) pour dissiper la sensation de brûlure d’un riz au curry pimenté : erreur de débutant, et je m’étonne que ce vieux connaisseur de patron du Tokyo Mystery Café ne lui ait pas signalé que si le riz au curry était servi avec une ample portion de riz blanc, c’était justement parce que c’est un des meilleurs calmants contre les piments (au contraire de l’eau, qui au contraire exacerbe la sensation de brûlure). Les auteurices de Tokyo Mystery Café, L’atelier Sentô, soit Cécile et Olivier, sont aussi les invités de Les BD de ma vie, et y mèlent aussi bien bien franco-belge classique que mangas (bon conseil que le personnage d’enfant monstre qu’est Kitaro le repoussant, de Mizuki Shigeru), auteurs européens comme eux fortement influencés par les mangas, comme l’autrice suisse Vamille (influence relative pour eux, puisqu’ils indiquent que le Spirou MQR est pour eux la principale inspiration de TMC),et enfin donnent un autre excellent conseil de « manga pour ceux qui ne lisent pas de mangas » avec La cantine de minuit, deAbe Yaro, dont le dessin ne fait pas du tout « cliché manga » dans la longue lignée de Tezuka mais se situe dans la lignée graphique également typiquement japonaise mais bien moins connue en dehors du Japon que l’on pourrait décrire comme « caricature à l'économie de moyens » qui va de Tsuge Yoshiharu et Usui Yoshito (Crayon Shin-chan), pour les plus connus en France par les amateurs, à Takita Yû et Ishikawa Jun (également critique) , pour de moins connus ici, mais bien plus au Japon. Les Jeux de Frédéric Antoine et Yohann Morin se veulent carrément éducatifs, présentant plusieurs artistes visuels japonais, d’Hokusai à Takahashi Rumiko, et dans leur Édito, les Fabrice présentent une recette de cuisine fusion, leurs sushis en deviennent méconnaissables.
Loin du Japon (on aperçoit la mer et des palmiers au détour d’une case, une ville française de Méditerranée?), Carole Maurel et Véro Cazot traitent tout de même dans Mi-mouche d’art martial avec la boxe. Un point commun formel avec TMC tout de même, les couleurs, aquarellées, ne suivant qu’approximativement les lignes du dessin, loin des aplats propres et nets du franco-belge traditionnel. On peut d’ailleurs remarquer que de plus en plus de dessinateurices réalisent eux-mêmes leurs couleurs; c’est le cas pour les trois séries (à suivre) de ce numéro, ainsi que cette semaine de Nob, Nicolas Moog, Juanungo, Zimra et d’autres, quand d’autres ont leur coloriste attitré, comme Angèle pour Midam depuis 2004, Sandrine Greff pour Fabrice Erre et Fabcaro ou Annelise Sauvêtre pour Kahl et Pörth de Frantz Hofmann et Ced. Finie, l’époque où c’est le Studio Léonardo qui assurait pratiquement toutes les couleurs des séries du journal…
Épisode 7 sur 8 des sœurs Grémillet, qui sortent de l’obscurité de la semaine précédente par un éclairage nouveau sur ce qu’elles avaient pris pour des échecs, ce qui visuellement se traduit par une lumière dorée remplaçant les tons violets dans la nouvelle de Cassiopée.
Une histoire courte de trois pages de Kahl et Pörth, les aventuriers de l’extrême, qui étaient absents depuis octobre dernier, et reviennent avec une étrange et grotesque mascotte. Dans les gags, une toujours pertinente et amusante Leçon de BD du professeur Dab’s (dont Crash Tex n’est plus apparu dans le journal depuis près de trois mois. Série finie? Ce serait dommage...), les jeux de mots et visuels du surréalisme naïf de Willy Woob, un Game over sur l’ambiguïté des pictogrammes (le nucléaire en l’occurence), un « phénomène météorologique assez rare » dans Des gens et inversement de Berth, l’autant hilarant qu’imaginatif arc-en-ciel albinos, et enfin, amusants hasards de pagination des magazines, au verso d’une publicité pour Les Omniscients, une série au Lombard « par le scénariste de Les enfants de la résistance » avec des enfants issus de minorités ethniques (au vu de leur couleur de peau) d’origine pas vraiment identifiable car il ne sont pas ethniquement caricaturés se trouve une planche d’Annabelle pirate rebelle avec un membre d’équipage d’origine africaine caricaturé « à l’ancienne », et Nob publie un gag de Mouf le chien devenu influenceur quand deux pages avant, dans En direct du futur, qui annonce le 500e gag de Dad, il dit que c’est la pire idée de gag qu’il ait eue...
Enfin , le Supplément abonnés (pour tous les abonnés, contrairement à celui de la semaine précédente, réservé uniquement aux abonnés de la région d’Avignon), un joli papercut (une maquette en papier fort) du Tokyo Mystery Café.
P.S. : Angèle, qui est donc la coloriste attitrée de Kid Paddle et Game over depuis plus de vingt ans, n’est (sauf erreur) pas mentionnée dans le livre d’entretiens Midam, l’art du gag, réalisé par Thierry Tinlot, sorti chez Dupuis en 2024, alors que les autres collaborateurs de Midam le sont, et ont même droit à des entretiens, ainsi que Benoit Fripiat, son premier éditeur chez Spirou.
" Monólogo significa el mono que habla solo." Ramón Gómez de la Serna dans ses Greguerías.
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Re: Cette semaine dans le journal de Spirou j'ai aimé...
Numéro 4543 du 07/05/2025
Ici un aperçu du numéro: https://www.spirou.com/titan-inc-ce-qui ... er-arriva/
Est-ce la fin du Titan inc., et donc de la série, comme on le voit sur la couverture? Ce serait dans la logique des choses, bien que la fiction puisse échapper à toutes les obligations du monde tangible, l’une des plus caractéristiques des séries (BD, romans ou télé) étant que les personnages ne vieillissent pas, et Paul Martin et Manu Boisteau ont poussé avec Titan inc. cette convention de la dilatation infinie du temps à ses limites, étirant une collision imminente du navire avec l’iceberg sur déjà plus d’un an et demi de parution. Le Titan inc. coule donc enfin, et cela méritait bien la couverture de Spirou, et plus encore, puisque chaque fond de page (sauf une page de publicité, pour un album aux éditions Charivari, un nouveau label de Dargaud, qui y échappe, par ostracisme ou sacralisation?) est illustré par le niveau de l’eau qui monte tout au long du numéro, jusqu’à envahir d’un beau cyan-bleu grisé tout le fond des dernière pages, et cela fait un bel effet sur la tranche, eaux pullulant de poissons excentriques et parsemées de déchets de la main de Manu Boisteau. Un numéro coule donc, comme le dit un poisson rigolard sur la couverture, qui représente l’incompétent capitaine fidèle à lui-même, uniquement soucieux de son image en prenant un selfie sur fond de son prétendu insubmersible en train de couler, le reste de l’équipage mécontent, uniformément orange dans un effet à la Morris. Après une page de publicité vantant le Titan inc.,, son équipage, et ses créateurs, Paul Martin et Manu Boisteau, des strips et demi pages de gags égrennent le numéro, jusqu’à l’évacuation du navire, marquée par l’humour cynique involontaire de Katia la dir’com, et la planche finale (le mot fin y est inscrit) en fin de magazine, avec l’insubmersible sombrant enfin. Il ne reste plus aux collectionneurs de Spirou à lire la suite de cette série que l’on peut voir comme une préquelle des Naufragés de Bretécher et Cauvin, parus dans Spirou près de 60 ans avant la série dont la situation les précéde, un cas unique dans l’univers des séries. Même la numérotation alambiquée de La guerre des étoiles, à laquelle les Fabrice font allusion dans leur Édito ne va pas aussi loin dans le vertige de la chronologie délirante, et Pic, absent du journal depuis 2021, est pour l’occasion revenu faire des Jeux, les très drôles Panique sur le titan, et le Supplément abonnés est un flip-book de Nicolas Fong, Paul Martin et Manu Boisteau avec une jolie mise en abime graphique et un capitaine du Titan inc. en Neptune de pacotille. Le dessinateur Manu Boisteau parle également des BD de sa vie dans le rédactionnel, et si il y révèle des goûts très communs (de Tintin à Lucky Luke en passant par Pratt et Schulz), il en parle à sa façon, soulignant sa « fascination un peu malsaine » pour le côté sanguinolent des œuvres de Tardi, et cite une influence évidente mais trop peu connue, Le cirque Flop, de Martiny et Petit-Roulet.
Autre fin, celle de la septième aventure des sœurs Grémillet, le Dragon d’or. Si Giovanni Di Gregorio et Alessandro Barbucci ont innové narrativement, comme on l’a vu (le titre de la nouvelle publiée par Cassiopée Grémillet étant au final celui de l’histoire), et si graphiquement il y a eu de belles séquences, dont les passages dans la librairie idéale fantasmée, la fin a une morale un peu trop appuyée par rapport aux épisodes précédents.
Montage parallèle pour l’enquête du trio de Tokyo Mystery Café, qui fait alterner questions à des mangakas imaginaires et séquence d’action, et épisode cinq sur sept pour Mi-mouche, qui, si elle se décide enfin à s’inscrire au club de boxe, il lui reste à trouver comment le faire sans le dire à sa mère, auprès de qui elle n’ose encore s’affirmer. Et une plaisanterie du coach de boxe sur ses élèves allant à l’hôpital confirme que la boxe est bien un sport violent, quoi qu’il en ait été dit dans un épisode précédent.
Est-ce parce que Manoir à louer, la nouvelle série de Trondheim et Juanungo, est à la gloire du journal de Spirou qu’elle à déjà les honneurs de la deuxième page, y supplantant Kid Paddle dont l’histoire en deux planches de cette semaine, sur le gag récurrent du devoir délirant (une « tragédie scientifique » cette fois), est reléguée en pages intérieures? Bernstein et Moog consacrent leurs quatre strips de Willy Woob à un excellent rafraichissement des super-héros par le biais du chien Kiki, aka SPN (Super pique-nique, qui protège contre Super mauvais temps), Ced et Gorobei rendent hommage dans Gary C. Neel aux cow-boys chantants, qui ont eu leur heure de gloire dans les années 20 à 40, Sti, Ghorbani et Cerise font dans Annabelle un clin d’œil au « capitaine Di Salvia » (les rédac’chefs
de Spirou sont décidemment des personnages à part entière), dans Capitaine Anchois, Polly le perroquet géant sert de bouc émissaire (oui, il y a parfois un sous-texte politique ou psychologique dans l’humour absurde de Floris), et nous apprenons dans Dad que Roxane est maintenant au collège, soit avec Ondine, ce qui pose problème à la grande de devoir accompagner la petite et à la petite de devoir être accompagnée par la grande...
Enfin, dans le rédactionnel, c’est Zimra, qui a repris le dessin de Psychotine après Justine Cunha, qui parle de Spirou et moi, et En direct du futur annonce, à l’occasion de la sortie d’une intégrale, une histoire inédite de Jacques le petit lézard géant, 15 ans après sa dernière apparition dans Spirou. Jouez, hautbois...
Ici un aperçu du numéro: https://www.spirou.com/titan-inc-ce-qui ... er-arriva/
Est-ce la fin du Titan inc., et donc de la série, comme on le voit sur la couverture? Ce serait dans la logique des choses, bien que la fiction puisse échapper à toutes les obligations du monde tangible, l’une des plus caractéristiques des séries (BD, romans ou télé) étant que les personnages ne vieillissent pas, et Paul Martin et Manu Boisteau ont poussé avec Titan inc. cette convention de la dilatation infinie du temps à ses limites, étirant une collision imminente du navire avec l’iceberg sur déjà plus d’un an et demi de parution. Le Titan inc. coule donc enfin, et cela méritait bien la couverture de Spirou, et plus encore, puisque chaque fond de page (sauf une page de publicité, pour un album aux éditions Charivari, un nouveau label de Dargaud, qui y échappe, par ostracisme ou sacralisation?) est illustré par le niveau de l’eau qui monte tout au long du numéro, jusqu’à envahir d’un beau cyan-bleu grisé tout le fond des dernière pages, et cela fait un bel effet sur la tranche, eaux pullulant de poissons excentriques et parsemées de déchets de la main de Manu Boisteau. Un numéro coule donc, comme le dit un poisson rigolard sur la couverture, qui représente l’incompétent capitaine fidèle à lui-même, uniquement soucieux de son image en prenant un selfie sur fond de son prétendu insubmersible en train de couler, le reste de l’équipage mécontent, uniformément orange dans un effet à la Morris. Après une page de publicité vantant le Titan inc.,, son équipage, et ses créateurs, Paul Martin et Manu Boisteau, des strips et demi pages de gags égrennent le numéro, jusqu’à l’évacuation du navire, marquée par l’humour cynique involontaire de Katia la dir’com, et la planche finale (le mot fin y est inscrit) en fin de magazine, avec l’insubmersible sombrant enfin. Il ne reste plus aux collectionneurs de Spirou à lire la suite de cette série que l’on peut voir comme une préquelle des Naufragés de Bretécher et Cauvin, parus dans Spirou près de 60 ans avant la série dont la situation les précéde, un cas unique dans l’univers des séries. Même la numérotation alambiquée de La guerre des étoiles, à laquelle les Fabrice font allusion dans leur Édito ne va pas aussi loin dans le vertige de la chronologie délirante, et Pic, absent du journal depuis 2021, est pour l’occasion revenu faire des Jeux, les très drôles Panique sur le titan, et le Supplément abonnés est un flip-book de Nicolas Fong, Paul Martin et Manu Boisteau avec une jolie mise en abime graphique et un capitaine du Titan inc. en Neptune de pacotille. Le dessinateur Manu Boisteau parle également des BD de sa vie dans le rédactionnel, et si il y révèle des goûts très communs (de Tintin à Lucky Luke en passant par Pratt et Schulz), il en parle à sa façon, soulignant sa « fascination un peu malsaine » pour le côté sanguinolent des œuvres de Tardi, et cite une influence évidente mais trop peu connue, Le cirque Flop, de Martiny et Petit-Roulet.
Autre fin, celle de la septième aventure des sœurs Grémillet, le Dragon d’or. Si Giovanni Di Gregorio et Alessandro Barbucci ont innové narrativement, comme on l’a vu (le titre de la nouvelle publiée par Cassiopée Grémillet étant au final celui de l’histoire), et si graphiquement il y a eu de belles séquences, dont les passages dans la librairie idéale fantasmée, la fin a une morale un peu trop appuyée par rapport aux épisodes précédents.
Montage parallèle pour l’enquête du trio de Tokyo Mystery Café, qui fait alterner questions à des mangakas imaginaires et séquence d’action, et épisode cinq sur sept pour Mi-mouche, qui, si elle se décide enfin à s’inscrire au club de boxe, il lui reste à trouver comment le faire sans le dire à sa mère, auprès de qui elle n’ose encore s’affirmer. Et une plaisanterie du coach de boxe sur ses élèves allant à l’hôpital confirme que la boxe est bien un sport violent, quoi qu’il en ait été dit dans un épisode précédent.
Est-ce parce que Manoir à louer, la nouvelle série de Trondheim et Juanungo, est à la gloire du journal de Spirou qu’elle à déjà les honneurs de la deuxième page, y supplantant Kid Paddle dont l’histoire en deux planches de cette semaine, sur le gag récurrent du devoir délirant (une « tragédie scientifique » cette fois), est reléguée en pages intérieures? Bernstein et Moog consacrent leurs quatre strips de Willy Woob à un excellent rafraichissement des super-héros par le biais du chien Kiki, aka SPN (Super pique-nique, qui protège contre Super mauvais temps), Ced et Gorobei rendent hommage dans Gary C. Neel aux cow-boys chantants, qui ont eu leur heure de gloire dans les années 20 à 40, Sti, Ghorbani et Cerise font dans Annabelle un clin d’œil au « capitaine Di Salvia » (les rédac’chefs
de Spirou sont décidemment des personnages à part entière), dans Capitaine Anchois, Polly le perroquet géant sert de bouc émissaire (oui, il y a parfois un sous-texte politique ou psychologique dans l’humour absurde de Floris), et nous apprenons dans Dad que Roxane est maintenant au collège, soit avec Ondine, ce qui pose problème à la grande de devoir accompagner la petite et à la petite de devoir être accompagnée par la grande...
Enfin, dans le rédactionnel, c’est Zimra, qui a repris le dessin de Psychotine après Justine Cunha, qui parle de Spirou et moi, et En direct du futur annonce, à l’occasion de la sortie d’une intégrale, une histoire inédite de Jacques le petit lézard géant, 15 ans après sa dernière apparition dans Spirou. Jouez, hautbois...
" Monólogo significa el mono que habla solo." Ramón Gómez de la Serna dans ses Greguerías.
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Re: Cette semaine dans le journal de Spirou j'ai aimé...
Numéro 4544 du 14/05/2025
Ici un aperçu du numéro: https://www.spirou.com/coup-de-stress-pour-dad/
Les amateurs auront immédiatement reconnu la mise en scène et le graphisme de la couverture du Spirou 1559 du 29/02/1968, qui célèbrait la 500e gaffe de Gaston, dans cette couverture de Nob qui célèbre le 500e gag de Dad. https://www.inedispirou.com/bibliothequ ... debut=1551
Même le gag en bas à droite est là dans les deux couvertures. Nob connaît ses classiques, il avait aussi récemment fait un dessin en rappel historique avec son personnage composite illustrant la couverture de La véritable histoire des éditions Dupuis, sorti en novembre dernier. Et Dad appartient précisemment au genre de la série familiale, archétypale des gags en une page depuis l’aube de la BD (Max et Moritz, Pim, Pam, Poum). Mais ce genre a évolué vers plus de réalisme : si les premiers gamins en étaient plus ou moins esseulés (jusqu’à Quick et Flupke, plus souvent rappelés à l’ordre par l’agent 15 que par leurs parents), la famille deviendra complète mais encore assez abstraite (la famille générique de Boule et Bill), et Nob poursuit ce chemin vers plus de consistance, témoin ce 500e gag, qui met Bébérénice en vedette, où l’on voit Dad aux toilettes (ce n’est pas la première fois…)
La filiation classique est revendiquée par Nob dans ses trois pages de commentaires de L’album souvenir de Dad (pages émaillées de très nombreux croquis très intéressants sur la création et l’évolution des personnages): « Pour moi, au départ, c’était juste pensé comme un rendez-vous hebdomadaire dans SPIROU, où l’on retrouvait le genre de petite famille que j’aimais retrouver, enfant, avec Boule et Bill ! » https://www.spirou.com/nob-nous-ouvre-l ... on-de-dad/ Mais l’aspect concret se retrouve aussi dans les T-shirts de rockers réels qu’arbore Dad, dans tous les gags où Nob raconte l’histoire de la famille (contrairement à Boule et Bill, dont les albums Souvenirs de famille et tu te rappelles, Bill, édités en 1979 et 1980, aux débuts de la vague patrimoniale des éditions Dupuis, ne comprenaient que d’anciens gags jamais sortis en albums et ne racontaient en rien l’histoire de la famille), et dans le Tuto dessiné, présenté sous forme d’une planche de Dad par Bébérénice, à la fois drôle et, pour une fois, réellement utile car non tarabiscoté. Outre le 500e gag et la planche tuto, deux autres planches de Nob, dans lesquelles Dad répond à des questions de lecteurs, posées par ses filles, ouvrent ce dossier spécial 500e gag, qui se termine avec un concours vidéo pour gagner des T-shirts Dad rock, soit au total sept pages variées, drôles et pertinentes, qui font juste regretter qu’il n’y en ait pas eu plus (comme à l’époque des volumineux Dossiers Spirou) , y compris un supplément. Seul bémol, une erreur dans les infos de L’album souvenir: Si Dad a bien commencé à paraître dans Spirou en 2014, son premier album est sorti en 2015, pas en 2013 (Spirou fait parfois de la post publication, mais pour des séries déjà connues, ou (à suivre).
Par contre, participent à la fête plein de personnages du journal dans La fête surprise, les Jeux de Thomas Priou, un bon gag en marge de Spoirou par Sti, qui congratule un Dad évanoui d’un "Bravo pour le 500e gosse" (c’est plus drôle quand on voit le dessin, évidemment), 3 infos 2 vraies 1 fausse par Bernstein, Bercovici et Dominique Thomas, d’autant meilleures que, pour une fois, on en connaît le contexte, forcément, puisque consacrées à Dad, les inévitables Fabrice dans une de leurs crises d’hubris, recadrée par Laure (Bavay, la rédactrice en chef adjointe), et enfin dans Manoir à louer, où Trondheim s’est imposé la double contrainte de parler, outre du magazine, du thème de la semaine, qui aboutit au paradoxe (déjà vu en BD) où Dad se retrouve personnage de BD commenté par ceux de Manoir à louer qui seraient donc eux réels, le gag portant sur la pruderie déplacée de la vampire, qui se délecte d’abominations sanguinolentes mais s’horrifie de la famille recomposée de Dad.
L’autre sommet du numéro est le retour de Jacques, le petit lézard géant, un évènement, comme le montre le fait qu’il soit aussi présent en couverture, pour ce qui est hélas, semble-t-il, une ultime histoire. Du grand Libon, rien que dans la dernière case de l’avant dernière bande de la dernière planche de l’histoire, où il met en scène par un ingénieux agencement d'une unique case la résolution de trois gags amorcés dans les cases précédentes.
Une troisième surprise dans ce numéro, Titan inc., qui était supposée finie avec son naufrage la semaine précédente. S’agit-il uniquement d’un cadeau bonus des auteurs Paul Martin et Manu Boisteau, ou bien la série va-t-elle se poursuivre, comme le laissent penser ces deux pages de strips composés essentiellement de commentaires fort amusants de deux mouettes sur la fumisterie de tout-puissants « scénariste » et « dessinateur » qui régiraient les personnages et situations de la série. ( À suivre) donc.
Seulement deux vraies histoires (à suivre). D’abord, l’épisode 6 sur 7 de Mi-Mouche, qui n’arrive toujours pas à s’affirmer, et ne peut que tromper ses parents pour suivre ses cours de boxe. Bien que parlant de boxe et de danse, deux disciplines très dynamiques, la série manque de vivacité, manque de rebondissements, et dans ce chapitre la jolie mise en scène parallèle entre les cours de danse et de boxe, par Carole Maurel, ne permet pas de trancher entre proximité et distance entre elles. Ceci dit, je garde foi en cette série, car si la scène de combat de Mi-Mouche en plan rapproché n’exprime pas la puissance de ce sport, elle signifie bien par contre l’enfermement mental de Mi-Mouche, comme la mise en cases souvent étriquée autour des personnages, avec parfois 5 bandes par planches. Puis, la suite de TMC (Tokyo Mystery Café), où la piste trouvée dans le numéro précédent se double maintenant d’une mystérieuse réaction du patron du café, lequel mérite ainsi véritablement son nom, qui induit de la méfiance entre les protagonistes, et ce chapitre se clôt par la visite de l’appartement d’un universitaire spécialiste du manga, qui donne sur le palais impérial. Un régal pour les amateurs de polars comme de mangas.
Dans le reste de ce très bon numéro, Brad rock, the gold digger, où toute la famille est présente, et dont le scénariste dessinateur, Jilème, est l’invité de Bienvenue dans ma bibliothèque, où j’ apprend que la BD est si présente en Nouvelle-calédonie qu’elle est surnommée "la Belgique du Pacifique", et que Jilème a été un proche de la famille de Jijé au point d’avoir été pressenti pour reprendre Blondin et Cirage, sur scénario de Greg; un gag de Pernille faisant dans l’humour crado, un de Gary C. Neel dans le non-sens, un de Kid Paddle dans le gore, avec encore une fois un héros classique, cette fois l’agent secret 008, bien malmené (c’est l’aspect iconoclaste de Kid Paddle que j’apprécie le plus, avec le père au foyer), un capitaine Anchois toujours surprenant, avec l’équipage montant un orchestre bruyant, qui dérange les voisins en pleine mer, des avatars de Cthulhu, et enfin une publicité pour le 10e album d’Ernest et Rebecca, la série de Guillaume Bianco et Antonello Danela, dont les albums continuent donc de sortir (au Lombard) alors que la publication s’est arrêtée dans Spirou il y a une dizaine d’année (hormis sporadiquement l’une ou l’autre histoire courte), et une autre discrète, en marge, pour un festival de BD où les ADS (la série) sont à l’honneur.
Ici un aperçu du numéro: https://www.spirou.com/coup-de-stress-pour-dad/
Les amateurs auront immédiatement reconnu la mise en scène et le graphisme de la couverture du Spirou 1559 du 29/02/1968, qui célèbrait la 500e gaffe de Gaston, dans cette couverture de Nob qui célèbre le 500e gag de Dad. https://www.inedispirou.com/bibliothequ ... debut=1551
Même le gag en bas à droite est là dans les deux couvertures. Nob connaît ses classiques, il avait aussi récemment fait un dessin en rappel historique avec son personnage composite illustrant la couverture de La véritable histoire des éditions Dupuis, sorti en novembre dernier. Et Dad appartient précisemment au genre de la série familiale, archétypale des gags en une page depuis l’aube de la BD (Max et Moritz, Pim, Pam, Poum). Mais ce genre a évolué vers plus de réalisme : si les premiers gamins en étaient plus ou moins esseulés (jusqu’à Quick et Flupke, plus souvent rappelés à l’ordre par l’agent 15 que par leurs parents), la famille deviendra complète mais encore assez abstraite (la famille générique de Boule et Bill), et Nob poursuit ce chemin vers plus de consistance, témoin ce 500e gag, qui met Bébérénice en vedette, où l’on voit Dad aux toilettes (ce n’est pas la première fois…)
La filiation classique est revendiquée par Nob dans ses trois pages de commentaires de L’album souvenir de Dad (pages émaillées de très nombreux croquis très intéressants sur la création et l’évolution des personnages): « Pour moi, au départ, c’était juste pensé comme un rendez-vous hebdomadaire dans SPIROU, où l’on retrouvait le genre de petite famille que j’aimais retrouver, enfant, avec Boule et Bill ! » https://www.spirou.com/nob-nous-ouvre-l ... on-de-dad/ Mais l’aspect concret se retrouve aussi dans les T-shirts de rockers réels qu’arbore Dad, dans tous les gags où Nob raconte l’histoire de la famille (contrairement à Boule et Bill, dont les albums Souvenirs de famille et tu te rappelles, Bill, édités en 1979 et 1980, aux débuts de la vague patrimoniale des éditions Dupuis, ne comprenaient que d’anciens gags jamais sortis en albums et ne racontaient en rien l’histoire de la famille), et dans le Tuto dessiné, présenté sous forme d’une planche de Dad par Bébérénice, à la fois drôle et, pour une fois, réellement utile car non tarabiscoté. Outre le 500e gag et la planche tuto, deux autres planches de Nob, dans lesquelles Dad répond à des questions de lecteurs, posées par ses filles, ouvrent ce dossier spécial 500e gag, qui se termine avec un concours vidéo pour gagner des T-shirts Dad rock, soit au total sept pages variées, drôles et pertinentes, qui font juste regretter qu’il n’y en ait pas eu plus (comme à l’époque des volumineux Dossiers Spirou) , y compris un supplément. Seul bémol, une erreur dans les infos de L’album souvenir: Si Dad a bien commencé à paraître dans Spirou en 2014, son premier album est sorti en 2015, pas en 2013 (Spirou fait parfois de la post publication, mais pour des séries déjà connues, ou (à suivre).
Par contre, participent à la fête plein de personnages du journal dans La fête surprise, les Jeux de Thomas Priou, un bon gag en marge de Spoirou par Sti, qui congratule un Dad évanoui d’un "Bravo pour le 500e gosse" (c’est plus drôle quand on voit le dessin, évidemment), 3 infos 2 vraies 1 fausse par Bernstein, Bercovici et Dominique Thomas, d’autant meilleures que, pour une fois, on en connaît le contexte, forcément, puisque consacrées à Dad, les inévitables Fabrice dans une de leurs crises d’hubris, recadrée par Laure (Bavay, la rédactrice en chef adjointe), et enfin dans Manoir à louer, où Trondheim s’est imposé la double contrainte de parler, outre du magazine, du thème de la semaine, qui aboutit au paradoxe (déjà vu en BD) où Dad se retrouve personnage de BD commenté par ceux de Manoir à louer qui seraient donc eux réels, le gag portant sur la pruderie déplacée de la vampire, qui se délecte d’abominations sanguinolentes mais s’horrifie de la famille recomposée de Dad.
L’autre sommet du numéro est le retour de Jacques, le petit lézard géant, un évènement, comme le montre le fait qu’il soit aussi présent en couverture, pour ce qui est hélas, semble-t-il, une ultime histoire. Du grand Libon, rien que dans la dernière case de l’avant dernière bande de la dernière planche de l’histoire, où il met en scène par un ingénieux agencement d'une unique case la résolution de trois gags amorcés dans les cases précédentes.
Une troisième surprise dans ce numéro, Titan inc., qui était supposée finie avec son naufrage la semaine précédente. S’agit-il uniquement d’un cadeau bonus des auteurs Paul Martin et Manu Boisteau, ou bien la série va-t-elle se poursuivre, comme le laissent penser ces deux pages de strips composés essentiellement de commentaires fort amusants de deux mouettes sur la fumisterie de tout-puissants « scénariste » et « dessinateur » qui régiraient les personnages et situations de la série. ( À suivre) donc.
Seulement deux vraies histoires (à suivre). D’abord, l’épisode 6 sur 7 de Mi-Mouche, qui n’arrive toujours pas à s’affirmer, et ne peut que tromper ses parents pour suivre ses cours de boxe. Bien que parlant de boxe et de danse, deux disciplines très dynamiques, la série manque de vivacité, manque de rebondissements, et dans ce chapitre la jolie mise en scène parallèle entre les cours de danse et de boxe, par Carole Maurel, ne permet pas de trancher entre proximité et distance entre elles. Ceci dit, je garde foi en cette série, car si la scène de combat de Mi-Mouche en plan rapproché n’exprime pas la puissance de ce sport, elle signifie bien par contre l’enfermement mental de Mi-Mouche, comme la mise en cases souvent étriquée autour des personnages, avec parfois 5 bandes par planches. Puis, la suite de TMC (Tokyo Mystery Café), où la piste trouvée dans le numéro précédent se double maintenant d’une mystérieuse réaction du patron du café, lequel mérite ainsi véritablement son nom, qui induit de la méfiance entre les protagonistes, et ce chapitre se clôt par la visite de l’appartement d’un universitaire spécialiste du manga, qui donne sur le palais impérial. Un régal pour les amateurs de polars comme de mangas.
Dans le reste de ce très bon numéro, Brad rock, the gold digger, où toute la famille est présente, et dont le scénariste dessinateur, Jilème, est l’invité de Bienvenue dans ma bibliothèque, où j’ apprend que la BD est si présente en Nouvelle-calédonie qu’elle est surnommée "la Belgique du Pacifique", et que Jilème a été un proche de la famille de Jijé au point d’avoir été pressenti pour reprendre Blondin et Cirage, sur scénario de Greg; un gag de Pernille faisant dans l’humour crado, un de Gary C. Neel dans le non-sens, un de Kid Paddle dans le gore, avec encore une fois un héros classique, cette fois l’agent secret 008, bien malmené (c’est l’aspect iconoclaste de Kid Paddle que j’apprécie le plus, avec le père au foyer), un capitaine Anchois toujours surprenant, avec l’équipage montant un orchestre bruyant, qui dérange les voisins en pleine mer, des avatars de Cthulhu, et enfin une publicité pour le 10e album d’Ernest et Rebecca, la série de Guillaume Bianco et Antonello Danela, dont les albums continuent donc de sortir (au Lombard) alors que la publication s’est arrêtée dans Spirou il y a une dizaine d’année (hormis sporadiquement l’une ou l’autre histoire courte), et une autre discrète, en marge, pour un festival de BD où les ADS (la série) sont à l’honneur.
" Monólogo significa el mono que habla solo." Ramón Gómez de la Serna dans ses Greguerías.
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Re: Cette semaine dans le journal de Spirou j'ai aimé...
Numéro 4545 du 21/05/2025
Ici un aperçu du numéro:https://www.spirou.com/les-cavaliers-de ... e-secrete/
Du Libon en couverture deux semaines de suite, la fois précédente seulement par une vignette en coin, certes, mais c’est tout de même exceptionnel, et d’autant plus réjouissant que cela débute cette fois une histoire (à suivre) des Cavaliers de l’apocadispe, qui commence par une crise d’autorité du directeur de l’école sur l’air de « Des enfants jouent dans la cour de récréation ? Mais c’est totalement irresponsable ! » L’image de couverture représente une scène élidée de l’histoire (Libon ne montre pas les chocs, mais ce qui les prépare et/ou le résultat), une catastrophe qui culbute les lettres du titre Spirou. Dans la rubrique L’arrière-boutique https://www.spirou.com/cavaliers-de-lap ... elirantes/ , Libon parle de la manière dont il conçoit ses histoires, et passe de l’idée à la réalisation. Il n’a pas besoin de développer sur sa si inventive narration graphique qui se nourrit d’une grande économie de moyens, cadrages, composition, transitions qui sont simples la plupart du temps pour se complexifier quand c’est nécessaire, ses histoires hilarantes sont parlantes (au sens figuré, car les dialogues y sont parcimonieux).
Fin de Mi-Mouche, avec les trois dernières pages bien plus aérées, la dernière en image pleine page, marquant pour Colette /Mi-Mouche l’assomption d’elle-même. Si ce dernier chapitre recèle encore une fois des réussites graphiques, incluant le choix du nuancier de couleurs, dessin et couleurs étant de Carole Maurel, comme la boxe de Colette contre son ego sous forme de chorégraphie, par contre l’histoire de Véro Cazot fait trop forcée, le dessin servant de démonstration, comme la mise en scène parallèle entre boxe et dance du chapitre précédent ne servait finalement qu’à annoncer, avec insistance, la séquence finale. C’est définitivement une série pour très jeunes ados, avec identification simple, puisque seule Colette est un peu développée, les autres personnages n’ont qu’une existence symbolique, pour porter le message de l’histoire. Mais il y a tout de même une grâce par le personnage de Mi-Mouche, très réussi dans son équilibre fragile. Suite de Tokyo Mystery Café, avec de gros rebondissements, apportant une violence physique et psychologique à laquelle le début de l’histoire, très plaisant dans sa variété légère (visite de Tokyo, scène de gueuleton, rencontre de mangakas), n’avait pas préparé.
Après Johnny Thunder, Thunder Jack et autres Thunderbirds, voici Greta Thunder, héroïne d’une nouvelle série, Ark Atlas (et non Ark Altlas comme indiqué en couverture, où une telle erreur est tout de même gênante), de type SF humour traditionnel a priori, avec extra-terrestres farfelus, vaisseaux spaciaux performants et armes abracadabrantes (un cryogun au nom explicite), l’ark du titre faisant selon toute vraissemblance référence à l’Arche de Noé, puisque Ark atlas est « une organisation secrète qui sauvegarde les espèces en voie d’extinction », et les héros sont une sorte de mandrill parlant et une jeune fille au caractère bien trempé, la fameuse Greta. Un personnage au nom si référentiel pourra-t-il durer ? Après tout, Blueberry était au départ bien inspiré physiquement par Belmondo. En sept pages (enfin, une histoire courte qui fait plus que trois ou quatre pages), Romain Pujol et Maxime Peroz (Christo aux couleurs) posent bien les bases d’un monde à l’ambiance très Valérian et Laureline (décors, personnages, faune extra-terrestre, gouvernement corrompu) en version comique sans être parodique.
Coïncidence, une autre série SF paraît dans ce même numéro, mais uniquement humoristique elle, la rare Vie galaktik, de Véronique Gallez et Pierre Lecrenier, qui paraît au rythme d’un gag toutes les dix semaines environ, si c’est ainsi qu’ils s’imaginent pouvoir fidéliser un lectorat, à moins qu’ils ne comptent sur l’effet de manque…Coïncidence encore, Berth dans Les BD de ma vie, place au plus haut la BD de Vuillemin Raoul Teigneux contre les Druzes, comme l’avait fait Manu Boisteau deux numéros avant. Il met aussi très haut, et à raison, Lefred-Thouron, et mélange dans son illustration de l’article Lucky Luke et les Schtroumpfs, sur la confusion des souvenirs d’enfance, fin et graphiquement convainquant clin d’œil aux fameux aplats de Morris. Dans les autres gags, Manoir à louer, dont il faut saluer la version de la vampire que propose Juanungo, en particulier dans une case où, manquant de sang, elle se contorsionne horriblement pour vieillir en un instant. Par contre, Trondheim, dans sa contrainte de commenter les séries du journal, a fait une erreur en situant Sybilline et Burokratz le vampire dans les années 60. Surprise, Titan inc. revient comme si son naufrage n’avait pas eu lieu, un pied-de-nez de Paul Martin et Manu Boisteau aux justifications alambiquées et peu probantes de tous les auteurs qui essaient de mettre une cohérence entre les œuvres de fiction et la temporalité réelle. Enfin, Romain Pujol et Zimra présentent cette semaine Psychotine sous forme de strips plutôt qu’en gag en une planche, Laurel prodigue dans La leçon de BD un utile rappel sur la règle des tiers, mais dont la pertinence envers la planche qu’elle commente m’échappe, Fabrice Erre dans L’édito utilise un plan très large fixe assez inhabituel pour contraster l’excitation des Fabrice et le stoïcisme de Coline (Strijthagen, secrétaire de rédaction), Nob un gag visuel dans la série de ceux où Dad utilise de façon malapropriée les jeux d’enfants, et enfin de bon gags engagés et d’humour débile (Les Fifiches du Proprofesseur de Lécroart sur les chasseurs, Des gens et inversement de Berth sur la paranoïa sécuritaire, Tash et Trash de Dino sur la religion), cruel et débile (Fish n chips de Tom) et simplement absurde (le Bon d’abonnement au zoo, de Cromheecke et Thiriet) .
Enfin, une amusante publicité pour l’album À la poursuite du trésor de Décalécatán des Fabrice (Caro et Erre), une pour la série enfantine muette Petit Poilu, de Céline Fraipont et Pierre Bailly (déjà trente et un volumes parus depuis 2007), la rubrique En direct du futur est recouverte d’un rapport de police annonçant les 50 ans de l’Agent 212, et le supplément abonnés est un joli Carnet de voyage de Joan dans les îles grecques, d’illustrations pleine (petites) pages en blanc et bleu crème.
Ici un aperçu du numéro:https://www.spirou.com/les-cavaliers-de ... e-secrete/
Du Libon en couverture deux semaines de suite, la fois précédente seulement par une vignette en coin, certes, mais c’est tout de même exceptionnel, et d’autant plus réjouissant que cela débute cette fois une histoire (à suivre) des Cavaliers de l’apocadispe, qui commence par une crise d’autorité du directeur de l’école sur l’air de « Des enfants jouent dans la cour de récréation ? Mais c’est totalement irresponsable ! » L’image de couverture représente une scène élidée de l’histoire (Libon ne montre pas les chocs, mais ce qui les prépare et/ou le résultat), une catastrophe qui culbute les lettres du titre Spirou. Dans la rubrique L’arrière-boutique https://www.spirou.com/cavaliers-de-lap ... elirantes/ , Libon parle de la manière dont il conçoit ses histoires, et passe de l’idée à la réalisation. Il n’a pas besoin de développer sur sa si inventive narration graphique qui se nourrit d’une grande économie de moyens, cadrages, composition, transitions qui sont simples la plupart du temps pour se complexifier quand c’est nécessaire, ses histoires hilarantes sont parlantes (au sens figuré, car les dialogues y sont parcimonieux).
Fin de Mi-Mouche, avec les trois dernières pages bien plus aérées, la dernière en image pleine page, marquant pour Colette /Mi-Mouche l’assomption d’elle-même. Si ce dernier chapitre recèle encore une fois des réussites graphiques, incluant le choix du nuancier de couleurs, dessin et couleurs étant de Carole Maurel, comme la boxe de Colette contre son ego sous forme de chorégraphie, par contre l’histoire de Véro Cazot fait trop forcée, le dessin servant de démonstration, comme la mise en scène parallèle entre boxe et dance du chapitre précédent ne servait finalement qu’à annoncer, avec insistance, la séquence finale. C’est définitivement une série pour très jeunes ados, avec identification simple, puisque seule Colette est un peu développée, les autres personnages n’ont qu’une existence symbolique, pour porter le message de l’histoire. Mais il y a tout de même une grâce par le personnage de Mi-Mouche, très réussi dans son équilibre fragile. Suite de Tokyo Mystery Café, avec de gros rebondissements, apportant une violence physique et psychologique à laquelle le début de l’histoire, très plaisant dans sa variété légère (visite de Tokyo, scène de gueuleton, rencontre de mangakas), n’avait pas préparé.
Après Johnny Thunder, Thunder Jack et autres Thunderbirds, voici Greta Thunder, héroïne d’une nouvelle série, Ark Atlas (et non Ark Altlas comme indiqué en couverture, où une telle erreur est tout de même gênante), de type SF humour traditionnel a priori, avec extra-terrestres farfelus, vaisseaux spaciaux performants et armes abracadabrantes (un cryogun au nom explicite), l’ark du titre faisant selon toute vraissemblance référence à l’Arche de Noé, puisque Ark atlas est « une organisation secrète qui sauvegarde les espèces en voie d’extinction », et les héros sont une sorte de mandrill parlant et une jeune fille au caractère bien trempé, la fameuse Greta. Un personnage au nom si référentiel pourra-t-il durer ? Après tout, Blueberry était au départ bien inspiré physiquement par Belmondo. En sept pages (enfin, une histoire courte qui fait plus que trois ou quatre pages), Romain Pujol et Maxime Peroz (Christo aux couleurs) posent bien les bases d’un monde à l’ambiance très Valérian et Laureline (décors, personnages, faune extra-terrestre, gouvernement corrompu) en version comique sans être parodique.
Coïncidence, une autre série SF paraît dans ce même numéro, mais uniquement humoristique elle, la rare Vie galaktik, de Véronique Gallez et Pierre Lecrenier, qui paraît au rythme d’un gag toutes les dix semaines environ, si c’est ainsi qu’ils s’imaginent pouvoir fidéliser un lectorat, à moins qu’ils ne comptent sur l’effet de manque…Coïncidence encore, Berth dans Les BD de ma vie, place au plus haut la BD de Vuillemin Raoul Teigneux contre les Druzes, comme l’avait fait Manu Boisteau deux numéros avant. Il met aussi très haut, et à raison, Lefred-Thouron, et mélange dans son illustration de l’article Lucky Luke et les Schtroumpfs, sur la confusion des souvenirs d’enfance, fin et graphiquement convainquant clin d’œil aux fameux aplats de Morris. Dans les autres gags, Manoir à louer, dont il faut saluer la version de la vampire que propose Juanungo, en particulier dans une case où, manquant de sang, elle se contorsionne horriblement pour vieillir en un instant. Par contre, Trondheim, dans sa contrainte de commenter les séries du journal, a fait une erreur en situant Sybilline et Burokratz le vampire dans les années 60. Surprise, Titan inc. revient comme si son naufrage n’avait pas eu lieu, un pied-de-nez de Paul Martin et Manu Boisteau aux justifications alambiquées et peu probantes de tous les auteurs qui essaient de mettre une cohérence entre les œuvres de fiction et la temporalité réelle. Enfin, Romain Pujol et Zimra présentent cette semaine Psychotine sous forme de strips plutôt qu’en gag en une planche, Laurel prodigue dans La leçon de BD un utile rappel sur la règle des tiers, mais dont la pertinence envers la planche qu’elle commente m’échappe, Fabrice Erre dans L’édito utilise un plan très large fixe assez inhabituel pour contraster l’excitation des Fabrice et le stoïcisme de Coline (Strijthagen, secrétaire de rédaction), Nob un gag visuel dans la série de ceux où Dad utilise de façon malapropriée les jeux d’enfants, et enfin de bon gags engagés et d’humour débile (Les Fifiches du Proprofesseur de Lécroart sur les chasseurs, Des gens et inversement de Berth sur la paranoïa sécuritaire, Tash et Trash de Dino sur la religion), cruel et débile (Fish n chips de Tom) et simplement absurde (le Bon d’abonnement au zoo, de Cromheecke et Thiriet) .
Enfin, une amusante publicité pour l’album À la poursuite du trésor de Décalécatán des Fabrice (Caro et Erre), une pour la série enfantine muette Petit Poilu, de Céline Fraipont et Pierre Bailly (déjà trente et un volumes parus depuis 2007), la rubrique En direct du futur est recouverte d’un rapport de police annonçant les 50 ans de l’Agent 212, et le supplément abonnés est un joli Carnet de voyage de Joan dans les îles grecques, d’illustrations pleine (petites) pages en blanc et bleu crème.
" Monólogo significa el mono que habla solo." Ramón Gómez de la Serna dans ses Greguerías.
- Zig Homard
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- citation : A.D.S. en avant !
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Re: Cette semaine dans le journal de Spirou j'ai aimé...
Toujours passionnants, ces "aperçus" fouillés très documentés et... argumentés ! Merci, heijingling !...



Λ - (Poly-censuré par l'un ou l'autre admin !!) " _ _ . . . ! " - Dissident, il va sans dire...
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Re: Cette semaine dans le journal de Spirou j'ai aimé...
Numéro 4546 du 28/05/2025
Ici un aperçu du numéro: https://www.spirou.com/le-pouvoir-cache-deliott/
J’ai lu sur un prestigieux forum de BD un vénérable intervenant disant que le dessin de couverture pour Elliot au collège ressemblait à du Sattouf. Force est d’admettre qu’il y a de ça, en effet, encore faudrait-il déterminer en quoi ce ça consiste, et s’il était déjà présent dans les précédents dessins de Théo Grosjean. La réponse à cette seconde question est que ce n’est franchement pas flagrant, et ce serait aisément repérable puisque les deux auteurs traitent de (la vie secrète des) jeunes d’aujourd’hui. Il y a néanmoins une convergence dans le fait qu’ils utilisent tous deux une néo ligne claire pour une fluidité narrative maximale: palette de couleurs volontairement limitée, encrage régulier et linéaire, dessin en deux dimensions. Par contre, leur approche est très différente, Théo Grosjean représentant l’inavouable de ses personnages par une créature symbolique, alors que Sattouf le fait ressurgir dans leur physique, d’où des personnages souvent laids, et c’est sur ce point que le personnage en couverture fait plus Sattouf que Grosjean (dents proéminentes, cicatrice, pas de menton). L’histoire est précédée d’une page où Théo Grosjean présente l’ensemble de ses personnages adolescents et leurs émotions incarnées (les parents sont absents de cette présentation), et on remarque que, si chacun a une personnalité complexe, seul Elliot a nettement changé depuis ses débuts dans Spirou en 2020 et son entrée au collège, sans doute parce qu’il a appris à apprivoiser, et même à établir une forme de complicité avec la créature personnifiant ses angoisses. Et dans cette histoire en six pages, ces créatures, qui n’étaient au départ qu’un truc scénaristique et une source de gags, comme le chat de Frantico, révèlent leur univers et leurs relations aux divers types d’humains, la série acquérant de plus en plus une dimension fantastique (Elliot se retrouve dans un monde intérieur à mi-chemin entre Blanquet et Le pays maudit de Peyo), tout en restant dans le plus concret du quotidien des ados (comme dans Dad, on voit les personnages aller aux toilettes). Bienvenue dans mon atelier est par ailleurs consacré à Mallo, la coloriste d’Elliot depuis l’été 2024, ayant repris cette tâche de la coloriste originelle, Anna Maria Riccobono. Et par goût de l’arrière-boutique (ou du commérage), j’aurais bien aimé savoir pourquoi Théo Grosjean a changé de coloriste, puisque les couleurs sont si constitutives de cette série (Mallo le dit, l’orange y est très présent, ce qui change des mauves communs dont j’avais parlé il y a quelque temps), mais qu’avec la nouvelle coloriste, la palette de couleurs n’a pas jusqu'à présent nettement changé. Toutefois, coïncidence?, depuis son arrivée Théo Grosjean n’a plus fait les gags en une page avec lesquels avait débuté cette série mais seulement des histoires courtes. Sans surprise au vu de sa méthode de coloriage, Mallo a pour référence Babar, Monsieur Madame et Hello Kitty. Face à Elliot est placé dans le magazine une page de strips d’Otaku, de Nena et Maria-Paz, qui fait le dessin, ainsi que les couleurs dans des palettes similaires à celles d’Elliot (oranges et bleus dominants - en général du moins, car dans cette histoire d’Elliot oranges et verts dominent, débordant même sur les lettres de Spirou en couverture). Les couleurs des collégiens de maintenant ? Spirou, lanceur de tendances ?
Ce numéro comprend deux autres histoires courtes. Marc et Pep dans Le chalet des longs sanglots, une enquête où Philippe Ory et Nicoby leur font affronter complotisme et cryptozoologie (dont un hérisson laineux...) dans des montagnes enneigées, où la grande case blanche d’entrée et le thé au beurre final (boisson tibétaine) seraient-ils des clins d’œil à Tintin? L’autre est le mini-récit en supplément, Tash et Trash dans C’est moi le roi, titre qui cache une aventure en montgolfière dans la vallée des dinosaures, du vu et revu présenté ainsi, mais Dino arrive grâce à son talent unique pour mixer cruauté (balancer un enfant par dessus bord pour alléger) et candeur à réinventer le genre .
Les cavaliers de l’apocadispe font une découverte inquiétante, le directeur de l’école a décidé de nourir sainement les enfants (pour que ne se reproduise plus l’intoxication à la buche de Noël périmée depuis 50 ans d’un épisode précédent), et Jé suit un suspect en se scotchant sous le chassis de sa voiture, ce qui est plus discret et moins ramenard que de s’accrocher à la roue de secours comme ont pu le faire d’autres héros de BD. Suite à la révélation du chapitre précédent, cette semaine Atelier Sentô a réalisé en bichromie orange et bleue (décidemment...) l’épisode de Tokyo Mystery Café pour un flash-back sur le surprenant passé du patron.
Clin d’œil encore, facétieux cette fois, dans Manoir à louer, où Trondheim et Juanungo reproduisent un célèbre cow-boy solitaire à cinq exemplaires, toute la famille se déguisant en Lucky Luke. Du surnaturel fait son apparition dans Titan inc. (pour autant que l’on considère naturelle la situation de base où le temps est étiré à l’infini), reconversion pour les Fabrice, qui veulent abandonner L’édito pour devenir des rockstars, Ced et Gorobei s’amusent avec la communication visuelle dans Gary C. Neel, Panda recherche une colocation dans Dad, qui se révèle très réactif dans l’utilisation d’un smartphone, et enfin deux pages de Kid Paddle, qui se projette grand scientifique dans le futur, et deux autres de Capitaine Anchois, où Louis va voir le chamane qui le transforme en une sorte de Godzilla, ce qui, avec le gag d’Annabelle où Sti et Ghorbani envoient celle-ci chez une praticienne vaudoue, fait deux histoires de pirates ayant recours à la sorcellerie dans le même numéro, mais la narration est bien mieux maitrisée par Floris que dans Annabelle, où les dialogues font forcés.
Enfin, sur la BD de la semaine portent les Jeux La récré de l’angoisse, de Tom Sorroldoni, nouveau venu dans Spirou, mais très présent sur l’ensemble des réseaux sociaux, et éventuellement le Bon d’abonnement de Cromheecke et Thiriet, dans lequel un élève est menacé de recevoir les Spirou de l’année dernière s’il redouble...
Spirou et moi est consacré à Anne-Perrine Couët, dont deux pages de gags intitulés Mauvaises graines parues dans le spécial printemps annonçaient en fait une série qui va se poursuivre dans le magazine. Elle proclame un goût pour les filles badass (son idole d’enfance était Luna fatale), rêverait de reprendre Mélusine, et a dessiné une (belle et graphiquement surprenante) biographie de Élisabeth Báthory (si vous ne la connaissez pas, sachez que Will a réalisé un oncle Paul sur elle, scénarisé par Conrad et Yann. Pichard et Lo Duca ont aussi fait sa biographie en BD, mais là on s’éloigne franchement de Spirou), ce qui est très cohérent. En direct du futur annonce un festival de BD avec les Fabrice, et une publicité pour Mi-Mouche est très manga shônen dans sa présentation comme personnage qui va devoir traverser de nombreuses épreuves pour se réaliser, et amusante par son premier tome qualifié de premier round. Une autre publicité concerne Belfort et Lupin, une série animalière pour enfants chez Dupuis, très disneyenne visuellement.
Ici un aperçu du numéro: https://www.spirou.com/le-pouvoir-cache-deliott/
J’ai lu sur un prestigieux forum de BD un vénérable intervenant disant que le dessin de couverture pour Elliot au collège ressemblait à du Sattouf. Force est d’admettre qu’il y a de ça, en effet, encore faudrait-il déterminer en quoi ce ça consiste, et s’il était déjà présent dans les précédents dessins de Théo Grosjean. La réponse à cette seconde question est que ce n’est franchement pas flagrant, et ce serait aisément repérable puisque les deux auteurs traitent de (la vie secrète des) jeunes d’aujourd’hui. Il y a néanmoins une convergence dans le fait qu’ils utilisent tous deux une néo ligne claire pour une fluidité narrative maximale: palette de couleurs volontairement limitée, encrage régulier et linéaire, dessin en deux dimensions. Par contre, leur approche est très différente, Théo Grosjean représentant l’inavouable de ses personnages par une créature symbolique, alors que Sattouf le fait ressurgir dans leur physique, d’où des personnages souvent laids, et c’est sur ce point que le personnage en couverture fait plus Sattouf que Grosjean (dents proéminentes, cicatrice, pas de menton). L’histoire est précédée d’une page où Théo Grosjean présente l’ensemble de ses personnages adolescents et leurs émotions incarnées (les parents sont absents de cette présentation), et on remarque que, si chacun a une personnalité complexe, seul Elliot a nettement changé depuis ses débuts dans Spirou en 2020 et son entrée au collège, sans doute parce qu’il a appris à apprivoiser, et même à établir une forme de complicité avec la créature personnifiant ses angoisses. Et dans cette histoire en six pages, ces créatures, qui n’étaient au départ qu’un truc scénaristique et une source de gags, comme le chat de Frantico, révèlent leur univers et leurs relations aux divers types d’humains, la série acquérant de plus en plus une dimension fantastique (Elliot se retrouve dans un monde intérieur à mi-chemin entre Blanquet et Le pays maudit de Peyo), tout en restant dans le plus concret du quotidien des ados (comme dans Dad, on voit les personnages aller aux toilettes). Bienvenue dans mon atelier est par ailleurs consacré à Mallo, la coloriste d’Elliot depuis l’été 2024, ayant repris cette tâche de la coloriste originelle, Anna Maria Riccobono. Et par goût de l’arrière-boutique (ou du commérage), j’aurais bien aimé savoir pourquoi Théo Grosjean a changé de coloriste, puisque les couleurs sont si constitutives de cette série (Mallo le dit, l’orange y est très présent, ce qui change des mauves communs dont j’avais parlé il y a quelque temps), mais qu’avec la nouvelle coloriste, la palette de couleurs n’a pas jusqu'à présent nettement changé. Toutefois, coïncidence?, depuis son arrivée Théo Grosjean n’a plus fait les gags en une page avec lesquels avait débuté cette série mais seulement des histoires courtes. Sans surprise au vu de sa méthode de coloriage, Mallo a pour référence Babar, Monsieur Madame et Hello Kitty. Face à Elliot est placé dans le magazine une page de strips d’Otaku, de Nena et Maria-Paz, qui fait le dessin, ainsi que les couleurs dans des palettes similaires à celles d’Elliot (oranges et bleus dominants - en général du moins, car dans cette histoire d’Elliot oranges et verts dominent, débordant même sur les lettres de Spirou en couverture). Les couleurs des collégiens de maintenant ? Spirou, lanceur de tendances ?
Ce numéro comprend deux autres histoires courtes. Marc et Pep dans Le chalet des longs sanglots, une enquête où Philippe Ory et Nicoby leur font affronter complotisme et cryptozoologie (dont un hérisson laineux...) dans des montagnes enneigées, où la grande case blanche d’entrée et le thé au beurre final (boisson tibétaine) seraient-ils des clins d’œil à Tintin? L’autre est le mini-récit en supplément, Tash et Trash dans C’est moi le roi, titre qui cache une aventure en montgolfière dans la vallée des dinosaures, du vu et revu présenté ainsi, mais Dino arrive grâce à son talent unique pour mixer cruauté (balancer un enfant par dessus bord pour alléger) et candeur à réinventer le genre .
Les cavaliers de l’apocadispe font une découverte inquiétante, le directeur de l’école a décidé de nourir sainement les enfants (pour que ne se reproduise plus l’intoxication à la buche de Noël périmée depuis 50 ans d’un épisode précédent), et Jé suit un suspect en se scotchant sous le chassis de sa voiture, ce qui est plus discret et moins ramenard que de s’accrocher à la roue de secours comme ont pu le faire d’autres héros de BD. Suite à la révélation du chapitre précédent, cette semaine Atelier Sentô a réalisé en bichromie orange et bleue (décidemment...) l’épisode de Tokyo Mystery Café pour un flash-back sur le surprenant passé du patron.
Clin d’œil encore, facétieux cette fois, dans Manoir à louer, où Trondheim et Juanungo reproduisent un célèbre cow-boy solitaire à cinq exemplaires, toute la famille se déguisant en Lucky Luke. Du surnaturel fait son apparition dans Titan inc. (pour autant que l’on considère naturelle la situation de base où le temps est étiré à l’infini), reconversion pour les Fabrice, qui veulent abandonner L’édito pour devenir des rockstars, Ced et Gorobei s’amusent avec la communication visuelle dans Gary C. Neel, Panda recherche une colocation dans Dad, qui se révèle très réactif dans l’utilisation d’un smartphone, et enfin deux pages de Kid Paddle, qui se projette grand scientifique dans le futur, et deux autres de Capitaine Anchois, où Louis va voir le chamane qui le transforme en une sorte de Godzilla, ce qui, avec le gag d’Annabelle où Sti et Ghorbani envoient celle-ci chez une praticienne vaudoue, fait deux histoires de pirates ayant recours à la sorcellerie dans le même numéro, mais la narration est bien mieux maitrisée par Floris que dans Annabelle, où les dialogues font forcés.
Enfin, sur la BD de la semaine portent les Jeux La récré de l’angoisse, de Tom Sorroldoni, nouveau venu dans Spirou, mais très présent sur l’ensemble des réseaux sociaux, et éventuellement le Bon d’abonnement de Cromheecke et Thiriet, dans lequel un élève est menacé de recevoir les Spirou de l’année dernière s’il redouble...
Spirou et moi est consacré à Anne-Perrine Couët, dont deux pages de gags intitulés Mauvaises graines parues dans le spécial printemps annonçaient en fait une série qui va se poursuivre dans le magazine. Elle proclame un goût pour les filles badass (son idole d’enfance était Luna fatale), rêverait de reprendre Mélusine, et a dessiné une (belle et graphiquement surprenante) biographie de Élisabeth Báthory (si vous ne la connaissez pas, sachez que Will a réalisé un oncle Paul sur elle, scénarisé par Conrad et Yann. Pichard et Lo Duca ont aussi fait sa biographie en BD, mais là on s’éloigne franchement de Spirou), ce qui est très cohérent. En direct du futur annonce un festival de BD avec les Fabrice, et une publicité pour Mi-Mouche est très manga shônen dans sa présentation comme personnage qui va devoir traverser de nombreuses épreuves pour se réaliser, et amusante par son premier tome qualifié de premier round. Une autre publicité concerne Belfort et Lupin, une série animalière pour enfants chez Dupuis, très disneyenne visuellement.
" Monólogo significa el mono que habla solo." Ramón Gómez de la Serna dans ses Greguerías.
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Re: Cette semaine dans le journal de Spirou j'ai aimé...
Numéro 4547 du 04/06/2025
Ici un aperçu du numéro: https://www.spirou.com/quelle-vie-de-chien/
Moi qui en suis friand dans le magazine, je suis gâté avec trois histoires courtes cette semaine. En couverture, un homme et son jeune chien par Munuera, auteur prolifique et polymorphe, dont l’œuvre va de grandes séries populaires originales, reprises ou dérivées, à des adaptations littéraires. Cette histoire de quatre pages, qui commence abruptement et contient des références étranges (pourquoi l’homme qualifie-t-il son chien de pastèque?) et, nous dit Munuera dans L’arrière-boutique, https://www.spirou.com/decouvrez-les-se ... s-munuera/ ,« est inspirée de Son odeur après la pluie, un roman de Cédric Sapin-Dufour que je viens d’adapter en BD pour les éditions du Lombard », ne serait-elle qu’un extrait de cet album ? Rien à dire sur le fond de l’histoire, à la morale démonstrative (on est loin de son adaptation de Bartleby), mais on peut voir des crayonnés de Munuera, rehaussés de crayon et d’aquarelle gris, avant leur mise en couleurs par Sedyas, ainsi que ses techniques de dessinateur animalier, mélant le réalisme photographique et un énergique cartoon. Plus loin dans le numéro, un conte philosophique scénarisé par Deveney justement intitulé L’ogre philosophe, joliment mis en images par Aurélie Guarino en couleurs directes et flamboyantes, rendant l’ogre, malgré son gigantisme, son aspect hirsute et son appétit monstrueux, peu effrayant, mais ce n’était pas le but, qui est de montrer un appétit pour la chair devenir un appétit de mots, l'ogre finissant par « composer des récits » plutôt que des recettes. Mais comment, en plein XVIe siècle, lors d’un hiver si froid que « l’encre gelait dans les pots », un homme, fût-il libraire, peut-il rester chez lui en bras de chemise ? Enfin, une histoire du capitaine Anchois, annoncée en médaillon de couverture, cinq pages où Floris met à plat sa méthode narrative : quelle que soit la situation, il fait agir ses personnages selon leur caractérisation (ici le capitaine vénal, Louis le nerd moral), et les disruptions (le coq-à-l’âne apparent) viennent de leurs confrontations lorsqu’elles sont poussée à bout, ou au contraire lorsqu’elles sont, comme dans cette histoire, contrariées : un monstre que le folklore contraint à agir selon sa condition apparente, le poussant à se consoler avec son nounours, un ours contraint à jouer au nounours, rêvant d’être un vrai ours à « flanquer des coups sur la tronche des saumons, empêcher les feux de forêt » pour se rendre compte que « au fond, être un nounours, c’était pas si mal. » La densité des histoires de Floris (il traite en cinq pages une matière dont d’autres tireraient un 48CC) vient aussi, outre la profusion des dessins et l’inventivité dans les personnages, du sous-texte social déjà noté (la contrainte sociale sur le monstre) et des liens à la culture et la mythologie populaires (Smokey Bear).
Plus d’histoires complètes implique moins de (à suivre), deux seulement. Dans Tokyo Mystery Café, suite à la révélation du chapitre précédent, nos héro-ïnes (l’écriture regenrée (ou inclusive) force parfois à de ces contorsions…) envoient un message à l’assassin par le biais d’un manga, auquel toute l’équipe contribue, dans un maid café (comment le patron du TMC peut-il accepter cela ? Sans doute la volonté extrême-orientale d’éviter les confrontations -sauf cas particuliers). L’atelier Sentô ne rend pas le Japon présent que dans les décors (un camp de SDF, rarement vu dans le Japon touristique) et la mentalité mais aussi dans les cadrages baroques avec de nombreuses contre-plongées, dans lesquelles les nez des personnages de face ressemblent à des groins (qui eux ne font pas japonais). Les cavaliers de l’apocadispe réalisent eux une prouesse en sautant d’un camion en marche, qui entraine une catastrophe nutritivo-routière qui méritait bien que Libon l’étende sur deux pages. Enfoncés, James Bond et Gil Jourdan.
Pléthore de gags par contre : Manoir à louer, que le dessin de Juanungo situe dans un Paris à la fois immédiatement identifiable et réinventé, les Fabrice qui hésitent, pour devenir des rockstars, à abandonner L’édito, ce qui les priverait de leur paye, Crash Tex, où Dab’s, par sa mise en scène, renouvelle le gag éculé de l’objet avalé par mégarde, Raowl, qui échoue à sauver les monstres mis en détresse par les princesses qui ont renversé les rôles (dont une tire à l’arc « plus vite que son ombre », il devient de plus en plus difficile pour un auteur à échapper aux références de nos jours…), Psychotine, où Zimra dessine un chat tellement sauvage que j’ai eu peine à le reconnaître comme tel, les Otakus, qui veulent monter une école de ninjas, et où les autrices Nena et Maria-Paz n’ont pas jugé utile d’indiquer ce que sont les ramens, que ne connaît pas une grand-mère (qui vit à notre époque mais selon une autre trajectoire, d’où gag), une page de gag de Nelson, où pour une fois Bertschy délaisse le format strip pour montrer la pression et l’intensité de la vie de Julie, au point qu’elle veuille renommer la série à son nom, d’amusants 3 infos 2 vraies 1 fausse de Bercovici, Bernstein et Dominique Thomas, et dans La pause cartoon, trois gags sur les quatre reposent sur la rencontre hi-tech et lo-tech. Dans Titan inc., le toujours opportuniste capitaine utilise pour son compte les doubles des personnages qui apparaissent mystérieusement depuis la semaine précédente : Paul Martin et Manu Boisteau dirigent leur vaisseau comme une image de notre société, et c’est en effet une marque essentielle du libéralisme économique que de savoir saisir les opportunités. Tous les personnages ne s’en sortent pas aussi bien avec les IA qui tendent à prendre notre place : contrepied du gag précédent, dans celui-ci Dad danse la MIA, autrement dit s’embrouille avec une mésintelligence artificielle. Maintenant que l’on sait que chaque T-shirt de Dad est en lien avec le gag, je me demande ce que Blondie a à voir avec celui-ci, peut-être que les IA ont un Heart of glass ? Par contre, Midam et Tinlot parlent beaucoup dans le livre d’entretiens L’art du gag des opportunités venant des contraintes éditoriales et commerciales, et on trouve dans ce numéro un gag de Game over et un de Kid Paddle, ce dernier ne se différenciant du premier que par la présence de Kid en dernière case, un recyclage d’une série pour l’autre, là probablement parce que Midam et ses collaborateurs manquaient de matière pour le prochain album de Kid Paddle et en avaient en abondance pour Game over (toujours dans le même livre, Midam dit penser ses gags par album et pas par parution dans le journal). Il devait rester un trou à boucher, puisque est sorti de je ne sais quel tiroir un gag de Harry de Nix et Benus, qu’on n’avait plus vus dans le journal depuis plus de deux ans (ce que je regrette pour Nix, qui a par par ailleurs une forte activité dans le monde néerlandais).
Pour le reste, Munuera dans Bienvenue dans ma bibliothèque dit accumuler les livres (en plusieurs langues), BD, des auteurs les plus prestigieux aux fumetti (Pratt, qui remplit les deux cases), romans, essais, documents scientifiques, entretiens, sa vie idéale étant la grotte formée de milliers de livres dans Gaston (l’image la plus fantasmée de toute la BD franco-belge?), Marko donne avec humour une Leçon de BD utile pour le placement des personnages selon les dialogues, En direct du futur annonce le second volet de Tanis, les auteurices Valérie Mangin et Denis Bajram insistant sur la base historique de cette série mythologique (bien qu’ils avancent que «l’esclavage est une facette pas très glorieuse de l’histoire de l’humanité » et que « dans les temps anciens cette domination s’exerçait via la religion ». Pourquoi mettent-ils cela au passé ? Enfin, la scatologie de la semaine consiste à trouver les crottes de chiens dans les Jeux de Tyst, tandis que dans une publicité pour les cavaliers de l’apocadispe, Libon illustre en quatre cases son art du gag, et une autre est pour la promotion annuelle de l’été et ses albums bradés.
Ici un aperçu du numéro: https://www.spirou.com/quelle-vie-de-chien/
Moi qui en suis friand dans le magazine, je suis gâté avec trois histoires courtes cette semaine. En couverture, un homme et son jeune chien par Munuera, auteur prolifique et polymorphe, dont l’œuvre va de grandes séries populaires originales, reprises ou dérivées, à des adaptations littéraires. Cette histoire de quatre pages, qui commence abruptement et contient des références étranges (pourquoi l’homme qualifie-t-il son chien de pastèque?) et, nous dit Munuera dans L’arrière-boutique, https://www.spirou.com/decouvrez-les-se ... s-munuera/ ,« est inspirée de Son odeur après la pluie, un roman de Cédric Sapin-Dufour que je viens d’adapter en BD pour les éditions du Lombard », ne serait-elle qu’un extrait de cet album ? Rien à dire sur le fond de l’histoire, à la morale démonstrative (on est loin de son adaptation de Bartleby), mais on peut voir des crayonnés de Munuera, rehaussés de crayon et d’aquarelle gris, avant leur mise en couleurs par Sedyas, ainsi que ses techniques de dessinateur animalier, mélant le réalisme photographique et un énergique cartoon. Plus loin dans le numéro, un conte philosophique scénarisé par Deveney justement intitulé L’ogre philosophe, joliment mis en images par Aurélie Guarino en couleurs directes et flamboyantes, rendant l’ogre, malgré son gigantisme, son aspect hirsute et son appétit monstrueux, peu effrayant, mais ce n’était pas le but, qui est de montrer un appétit pour la chair devenir un appétit de mots, l'ogre finissant par « composer des récits » plutôt que des recettes. Mais comment, en plein XVIe siècle, lors d’un hiver si froid que « l’encre gelait dans les pots », un homme, fût-il libraire, peut-il rester chez lui en bras de chemise ? Enfin, une histoire du capitaine Anchois, annoncée en médaillon de couverture, cinq pages où Floris met à plat sa méthode narrative : quelle que soit la situation, il fait agir ses personnages selon leur caractérisation (ici le capitaine vénal, Louis le nerd moral), et les disruptions (le coq-à-l’âne apparent) viennent de leurs confrontations lorsqu’elles sont poussée à bout, ou au contraire lorsqu’elles sont, comme dans cette histoire, contrariées : un monstre que le folklore contraint à agir selon sa condition apparente, le poussant à se consoler avec son nounours, un ours contraint à jouer au nounours, rêvant d’être un vrai ours à « flanquer des coups sur la tronche des saumons, empêcher les feux de forêt » pour se rendre compte que « au fond, être un nounours, c’était pas si mal. » La densité des histoires de Floris (il traite en cinq pages une matière dont d’autres tireraient un 48CC) vient aussi, outre la profusion des dessins et l’inventivité dans les personnages, du sous-texte social déjà noté (la contrainte sociale sur le monstre) et des liens à la culture et la mythologie populaires (Smokey Bear).
Plus d’histoires complètes implique moins de (à suivre), deux seulement. Dans Tokyo Mystery Café, suite à la révélation du chapitre précédent, nos héro-ïnes (l’écriture regenrée (ou inclusive) force parfois à de ces contorsions…) envoient un message à l’assassin par le biais d’un manga, auquel toute l’équipe contribue, dans un maid café (comment le patron du TMC peut-il accepter cela ? Sans doute la volonté extrême-orientale d’éviter les confrontations -sauf cas particuliers). L’atelier Sentô ne rend pas le Japon présent que dans les décors (un camp de SDF, rarement vu dans le Japon touristique) et la mentalité mais aussi dans les cadrages baroques avec de nombreuses contre-plongées, dans lesquelles les nez des personnages de face ressemblent à des groins (qui eux ne font pas japonais). Les cavaliers de l’apocadispe réalisent eux une prouesse en sautant d’un camion en marche, qui entraine une catastrophe nutritivo-routière qui méritait bien que Libon l’étende sur deux pages. Enfoncés, James Bond et Gil Jourdan.
Pléthore de gags par contre : Manoir à louer, que le dessin de Juanungo situe dans un Paris à la fois immédiatement identifiable et réinventé, les Fabrice qui hésitent, pour devenir des rockstars, à abandonner L’édito, ce qui les priverait de leur paye, Crash Tex, où Dab’s, par sa mise en scène, renouvelle le gag éculé de l’objet avalé par mégarde, Raowl, qui échoue à sauver les monstres mis en détresse par les princesses qui ont renversé les rôles (dont une tire à l’arc « plus vite que son ombre », il devient de plus en plus difficile pour un auteur à échapper aux références de nos jours…), Psychotine, où Zimra dessine un chat tellement sauvage que j’ai eu peine à le reconnaître comme tel, les Otakus, qui veulent monter une école de ninjas, et où les autrices Nena et Maria-Paz n’ont pas jugé utile d’indiquer ce que sont les ramens, que ne connaît pas une grand-mère (qui vit à notre époque mais selon une autre trajectoire, d’où gag), une page de gag de Nelson, où pour une fois Bertschy délaisse le format strip pour montrer la pression et l’intensité de la vie de Julie, au point qu’elle veuille renommer la série à son nom, d’amusants 3 infos 2 vraies 1 fausse de Bercovici, Bernstein et Dominique Thomas, et dans La pause cartoon, trois gags sur les quatre reposent sur la rencontre hi-tech et lo-tech. Dans Titan inc., le toujours opportuniste capitaine utilise pour son compte les doubles des personnages qui apparaissent mystérieusement depuis la semaine précédente : Paul Martin et Manu Boisteau dirigent leur vaisseau comme une image de notre société, et c’est en effet une marque essentielle du libéralisme économique que de savoir saisir les opportunités. Tous les personnages ne s’en sortent pas aussi bien avec les IA qui tendent à prendre notre place : contrepied du gag précédent, dans celui-ci Dad danse la MIA, autrement dit s’embrouille avec une mésintelligence artificielle. Maintenant que l’on sait que chaque T-shirt de Dad est en lien avec le gag, je me demande ce que Blondie a à voir avec celui-ci, peut-être que les IA ont un Heart of glass ? Par contre, Midam et Tinlot parlent beaucoup dans le livre d’entretiens L’art du gag des opportunités venant des contraintes éditoriales et commerciales, et on trouve dans ce numéro un gag de Game over et un de Kid Paddle, ce dernier ne se différenciant du premier que par la présence de Kid en dernière case, un recyclage d’une série pour l’autre, là probablement parce que Midam et ses collaborateurs manquaient de matière pour le prochain album de Kid Paddle et en avaient en abondance pour Game over (toujours dans le même livre, Midam dit penser ses gags par album et pas par parution dans le journal). Il devait rester un trou à boucher, puisque est sorti de je ne sais quel tiroir un gag de Harry de Nix et Benus, qu’on n’avait plus vus dans le journal depuis plus de deux ans (ce que je regrette pour Nix, qui a par par ailleurs une forte activité dans le monde néerlandais).
Pour le reste, Munuera dans Bienvenue dans ma bibliothèque dit accumuler les livres (en plusieurs langues), BD, des auteurs les plus prestigieux aux fumetti (Pratt, qui remplit les deux cases), romans, essais, documents scientifiques, entretiens, sa vie idéale étant la grotte formée de milliers de livres dans Gaston (l’image la plus fantasmée de toute la BD franco-belge?), Marko donne avec humour une Leçon de BD utile pour le placement des personnages selon les dialogues, En direct du futur annonce le second volet de Tanis, les auteurices Valérie Mangin et Denis Bajram insistant sur la base historique de cette série mythologique (bien qu’ils avancent que «l’esclavage est une facette pas très glorieuse de l’histoire de l’humanité » et que « dans les temps anciens cette domination s’exerçait via la religion ». Pourquoi mettent-ils cela au passé ? Enfin, la scatologie de la semaine consiste à trouver les crottes de chiens dans les Jeux de Tyst, tandis que dans une publicité pour les cavaliers de l’apocadispe, Libon illustre en quatre cases son art du gag, et une autre est pour la promotion annuelle de l’été et ses albums bradés.
" Monólogo significa el mono que habla solo." Ramón Gómez de la Serna dans ses Greguerías.