Forum Inedispirou

Seb a écrit : ↑jeu. 18 juin 2020 12:13 Juste de passage parce que débordé par le boulot, j'ai été scotché et j'ai lu avec passion la critique de Jalias. Et je voulais juste lui dire un immense merci pour ça. C'était passionnant, super bien écrit et argumenté et ça fait vraiment beaucoup beaucoup de bien. Merci !

Merci beaucoup Seb, ça me fait très plaisir.
Je suis bien content que ça t'ai plu.

Trichoco a écrit :J'avais lu à l'occasion, sur un site qui analyse la représentation des noirs dans la BD, que Le Rayon est justement une sorte de stade ultime vis-à-vis du langage et de la façon de faire parler les noirs. Dans les Franquin (anciens ou non), ils parlent en petit-nègre, dans le Gri-gri, ils parlent normalement, dans Le Rayon noir, c'est Vito qui se trompe en donnant du "bwana" à Spirou pour se moquer.

Après pour le coup, c'est plutôt bien vu de faire utiliser ce faux parler nègre à Cortizone, ça montre que le "Ya bon banania" justement c'est plus une étiquette de bon gros raciste. Je pensais surtout au fait qu'il insulte beaucoup en italien, et non en français, car ça fait tout de suite plus politiquement correct.

Pigling-Bland a écrit : ↑sam. 20 juin 2020 11:48 Nous sommes d'accord là aussi... c'est celui qui comporte le plus d'énormités...

Tu parles de Tintin en Amérique ou du Spirou que je n'ai pas nommé ?

Je parlais de Spirou chez les pygmées et je me suis rendu compte qu'en faite il y a deux Spirou de Franquin que j'aime pas. Le second est Tembo Tabou qui est tellement oubliable que ben j'ai oublié qu'il existait. Au moins Les pygmées il y a des trucs cons qui ne sortirons jamais de ma mémoire.

Je parlais de Tintin en Amérique... Car comme chacun le sait, Spirou et les pygmées m'amuse comme lorsque j'avais 10 ans et que je voyais les publicités Y'a bon Banania sur les murs, et Dubo dubon dubonnet dans les tunnels du métro. J'étais naïf et j'aime à le rester même si je n'ai jamais été raciste tout comme Franquin ne l'a jamais été...

Je ne pense pas que Franquin a été raciste. Il a utilisé des clichés qu'on peut considéré naïveté par naïveté et ignorance (ignorance entretenu par les autorités qui ne voulaient pas que les gens sachent à la vérité sur la colonisation si je comprends bien) ce qui selon moi est différent. On notera que la dernière fois qu'il utilisera une image coloniale est dans un rêve de Longtarin où la narration jette le blâme de cette image raciste sur Longtarin ce qui prouve que 1.Après la décolonisation Franquin s'est rendu compte de la vérité (contrairement donc a un vrai raciste qui resterait scotché sur ses convictions que les noirs sont tous des gros cons de grands enfants à la y a bon bannania). 2. Vu que Longtarin est un policier, il voulait probablement aussi dénoncer le racisme de la police et il le fait bien mieux que dans Le Rayon Noir.

Tout à fait... Et puis, il ne faut pas perdre de vue que ces petites BD étaient faites un peu comme ça à la légère pour amuser des gosses de 8 à 12 ans... alors oui la concierge et ses chats c'était drôle, le boucher aussi, faire des dessins en nettoyant les noirs c'était drôle, et puis le vilain blanc exploiteur était maîtrisé par Spirou et Fantasio, donc tout allait bien...
Et puis dans ces années 50 il n'existait pas d'exégètes pour décortiquer les BD pour la raison simple que ceux qui lisaient des BD étaient considérés comme des attardés... Moi j'ai eu de la chance que mes parents n'aient pas ce point de vue... J'ai eu mon premier album Dupuis à 7 ans (Le serment des vikings).

Un album plutôt soporifique. Il ne s'y passe pas grand chose en fait. Mais comme plusieurs l'on dit auparavant, la qualité du dessin est vraiment bonne. On sent que Janry a mis la mai a la pâte.

Je me rappelle précisément de ma librairie d'enfance, et de la vitrine. On mettait toujours le dernier Spirou sorti toujours à la même place. Je me rappelle les avoir vus à peu près entre La vallée des bannis et Machine qui rêve. Je ne les ai pas lus à l'époque, mais certaines couvertures m'ont franchement interpellée, et tellement intriguée que je suis entrée pour feuilleter. Ca a été le cas du Rayon noir parce que je me disais, sérieusement, les personnages deviennent magiquement d'ascendance africaine, ce n’est pas un peu offensant, ça? Et bien peut-être pas forcément. Je ne suis pas concernée, mais j'ai pu voir la vidéo du youtubeur La place du milieu, lorsqu'il a fait sa critique du film Spirou sorti en 2018. Au début, il expliquait que pour lui Spirou était dans son top trois des héros, avec Batman et The Flash, c'est dire. Quand il a évoqué ses albums préférés, en dehors de Machine qui rêve et Luna Fatale, il y avait aussi Le rayon noir. Pourquoi? Parce qu'il s'était identifié, étant concerné. Donc je suppose que non, le but n'est pas du tout d'être offensant.

En fait, même si on peut en avoir l'impression, je n'ai pas compris grand-chose en lisant vite à l'époque. Mais c'est évident aujourd'hui. En fait, on pourrait même faire un parallèle avec I’m curious (Black), l'un des numéros du comics Lois Lane (oui, celle de Superman), parce qu'à l'époque, elle avait sa propre publication.



En 1970, donc juste après le mouvement des droits civiques, cherchant à comprendre cette révolte traversant la minorité noire américaine, Lois utilise une machine de Superman pour changer d'ethnie (parce que oui, il a une machine pour faire ça) pendant 24 heures.



Lois semble être d’ascendance africaine, et elle vit une expérience qu'on appelle “Black like me”, c'est-à-dire quand on se retrouve dans la peau d'une personne appartenant à une minorité, et qu'on réalise ce qu'elle vit au quotidien. Le plus souvent, ça arrive à une personne raciste, pour lui donner une leçon. Mais pas systématiquement, le personnage concerné peut simplement se rendre compte de ce que ça fait (comme Lois, ou donc, Spirou). Dans le cas de Lois, c’ était volontaire, et dans le cadre d'un reportage.

Mais, quand cela vous arrive sans que vous l'ayez cherché, évidemment c'est pire encore. Et oui, c'est totalement une expérience “Black like me”, puisque les gens ont tendance à prêter facilement de mauvaises intentions à Spirou, qu'ils ne reconnaissent pas, à commencer par un possible vol de papiers. Le message de tolérance est assez évident, certains diront simpliste. Je l'ai tout de même trouvé sympa, sachant qu'effectivement les villages de la campagne profonde ne sont pas réputés pour abriter les personnes les plus larges d'esprit. Peut-être que c'est pour atténuer le côté éventuellement offensant, mais dans l'adaptation animée, je crois, que les personnages changeaient de couleur, mais pas de traits. Et sinon, Champignac est en France ou en Belgique? Parce qu'avec l'écharpe tricolore du maire… Je crois qu'on a toujours cherché à nous perdre un peu là-dessus. Bien sûr, la présence de Vito est complètement incongrue. Comme toujours, on ne s'ennuie pas en sa présence, mais c'est vrai: qu'allait-il faire en Belgique (ou en France) ?

Jalias a écrit : ↑mer. 17 juin 2020 19:38 Vito voyant Spirou et Fantasio comme ses bêtes noires depuis Spirou à New York / Vito la Déveine, il aurait pu naturellement chercher à les débusquer à Champignac pour se venger, puis changer d’idée en voyant le potentiel du rayon noir. Voilà.

Du génie: je n'y aurais pas pensé.


D'ailleurs trouver moyen de se faire arrêter là-bas, puis comme par hasard, avoir un accident sur le chemin de Champignac en plus …La coïncidence paraissait assez grosse, mais Tome et Janry avaient visiblement avait du mal à se retenir d'utiliser ce personnage, pour qui ils semblaient avoir certaines faveurs.

Jalias a écrit : ↑mer. 17 juin 2020 19:38 le rayon aurait pu les changer en noir, en asiatique, en femme ou en chèvre, ça a aurait été pareil !

En femme? Attends voir...*fixe son avatar*

Rose Blackwood a écrit :Donc je suppose que non, le but n'est pas du tout d'être offensant.

Ce n'est pas parce que le but ne l'est pas que ce ne peut être ressenti ainsi. C'est comme quand on fait un plat difficile, le but n'est pas de le rater, et pourtant, parfois, on le rate, et on offense le palais des convives

Rose Blackwood a écrit :Je l'ai tout de même trouvé sympa, sachant qu'effectivement les villages de la campagne profonde ne sont pas réputés pour abriter les personnes les plus larges d'esprit.

Ça, par exemple, c'est un préjugé offensant envers les gens de la campagne profonde Parce que, en admettant que ça ait été vrai (et encore, c'est une généralisation), maintenant, avec la télé, internet, les résosocios, il n'y a plus vraiment de différence de mentalité à ce niveau avec les villes.

Rose Blackwood a écrit :Et sinon, Champignac est en France ou en Belgique?

Les Spirou et Fantasio de Tome et Janry habitent dans la banlieue de Paris, on voit la tour Eiffel en arrière plan de leur maison dans la première case de Spirou à New-York.

Cet album, très décrié sur le forum, je le trouve pas si mal.
Encore une fois, la critique de Jalias est un bon résumé surtout dans sa conclusion.
Je suis en effet pas sur que le prisme de la dénonciation du racisme soit la bonne (sinon c'est en effet raté). Les astuces scénaristique sont pas terrible (surtout la présence de Vito à Champignac, totalement incompréhensible). Le retournement des villageois est aussi illogique, même si à Champignac il y a toujours une tendance à la bagarre, là c'est quand même rapide comme retournement (dans les 2 sens).
Un album correct, sans plus, un des plus faiblard de Tome et Janry, mais il y a bien pire.
Note : 3

Les bons points de l'album :

• Le dessin de Janry, et les couleurs de Stuff : magnifiques, dynamiques, fourmillent de détails et d'énergie. Les cases de l'arrivée du facteur donnent envie de vivre à Champignac.

• On peut voir plein d'habitants de Champignac intéragir dans leur quotidien. Le petit village prend vie.

• La couverture de l'album est très belle, avec ses jeux de lumière et le reflet dans le miroir.

Les mauvais points :

• Vito est malchanceux, certes, mais le faire se retrouver à Champignac dépasse les limites de la plausibilité. L'album aurait pu commencer à Champignac, puis se passer dans une grande ville lors d'un évènement particulier (congrès ?) qui expliquerait la présence de Vito. Ou tout simplement se passer de Vito et tout faire à Champignac... Les albums d'Astérix qui se passent au village n'ont pas forcément besoin de César, en comparaison. Les pires ennemis des villageois sont eux-mêmes.

• La fin qui arrive soudainement. On est quasiment sur du "ce n'était qu'un mauvais rêve", et Tome était capable de beaucoup mieux.

On peut accepter, à la limite, que Vito passait par là lors d'un transfert (qui sait, Champignac est peut-être proche d'une importante voie de passage), et que malencontreusement un accident lui permette de s'arrêter à Champignac, par contre, que Dupilon déclenche un accident électrique qui se transmet juste sur un cable qui alimentait uniquement la machine du comte, ce juste au moment où Spirou passait dessous, que la machine heurtée par Dupilon n'ait pas été endommagée malgré tous les éclairs qu'on y a vus, et que celui-ci redéclenche un même accident quelque temps plus tard et cette fois juste au moment où c'est Fantasio qui passait sous la machine du comte, là, ce n'est même plus une facilité scénaristique, c'est carrément un running gag