Cette semaine dans le journal de Spirou j'ai aimé...

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heijingling
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Re: Cette semaine dans le journal de Spirou j'ai aimé...

Message par heijingling »

Numéro 4389 du 25/05/2022

Ici la présentation illustrée par jeepcook viewtopic.php?t=230&start=2288


Encore une nouvelle série, à suivre, après le festival de nouveautés de la semaine dernière. Les Cœurs de ferraille, des BeKa et de Jose Luis Munuera, embrasse large, abordant, nous disent les auteurs, la tolérance, la transmission, la culture, la technologie, les sentiments humains en général, par la poésie, la métaphore... Accumulation n'a pas pour autant automatiquement saveur d'inédit, quoi qu'en dise la présentation. Ceci dit, comme le pense Munuera, introduire des robots d'Horologium, de Fabrice Lebeault, et sa thématique, remontant à Frankenstein et bien avant, à la Bible, de savoir si la créature peut hériter des sentiments de son créateur, dans le monde de Louisa May Alcott et Harriet Beecher Stowe est en effet visuellement intéressant. Pour le moment, cela donne l'occasion d'un bon gag de l'Édito des Fabrice.

Le gag de Crash tex, la nouvelle série de Dab's, est très drôle, celui-ci étant à son meilleur quand il surenchérit dans l'absurde.
Tébo et son Raowl, le spécialiste de la technique une case/un gag, nous gratifie en plus cette fois d'une chute inattendue.
C'est cette semaine Hervé Bourhis et Rudy Spiessert qui cette semaine essaient de résister, par la raison argumentée, au désormais hebdomadaire squatteur de la page 46. Peine perdue, seule une plus grande bétise peut venir à bout du Coach, comme nous l'avait montré la semaine dernière Tébo, aidé par Bercovici et Bernstein, avec une mention spéciale au coloriste Robin Le Gall qui crée une tonalité spécifique de couleur différente selon les auteurs, dualité bleue et rouge cette fois pour le duo d'auteurs.
L'ours de La clairière s'amuse, de Cerq et Priou, sort pour une fois de sa forêt, et mal lui en prend, tombant alors dans les griffes surréalistes de l'administration.

Turk dans Spirou et moi reprend l'ancestral duel Tintin-Spirou, se considérant égaré en 1969 avec son Robin Dubois "décalé, d'esprit Spirou", parmi les "premiers de la classe" de chez Tintin, image que commençait à casser Greg, qui en était le rédac-chef depuis peu. Enfin Libon surprend avec les lectures particulières de sa Bibliothèque.

Floris dans Le Capitaine Anchois, Lécroart, dans Les fifiches du Proprofesseur, Berth dans Des gens et inversement, Dino dans Tash et Trash, arrivent encore à apporter fraicheur et humour dans chacun un univers ou un cadre pourtant si étroit à la base, et même les deux cumulés, cadre et thème si particuliers, pour Le bon d'abonnement de Thiriet et Cromheecke.
" Monólogo significa el mono que habla solo." Ramón Gómez de la Serna dans ses Greguerías.
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Message par heijingling »

Numéro 4390 du 01/06/2022

Ici la présentation illustrée par jeepcook https://www.inedispirou.com/forum/viewt ... start=2292

Retour de Black squaw, l'héroïne parfaite: belle, intelligente, cultivée, courageuse, sachant tirer, pilote exceptionnelle, ayant le sens de l'humour et de la répartie, ceci pour les qualités du héros classique, et aussi métisse, féministe, multilingue, pour celles du héros moderne. Certes, Yann va toujours chercher ses sujets dans les recoins cachés de l'histoire, ici, il s'inspire d'une aviatrice ayant vraiment existé, Bessie Coleman https://fr.wikipedia.org/wiki/Bessie_Coleman, et cette nouvelle histoire, Le Crotoy, narre son apprentissage en France dans cette école de pilotage https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89col ... _du_Crotoy, mais il est loin le temps du Yann provocateur qui rigolait de casser tous les tabous de l'école franco-belge. Le dessin de Henriet a de l'élégance, dans la lignée de Berthet, mais avec un ton propre dans l'encrage, les visages, et cela devient rare de voir un dessinateur réaliste réussissant à insuffler un peu de personnalité dans son dessin.

Ce retour est l'occasion d'un beau grand dessin double page de jeux, plaisament intitulé "Camembert haute voltige", malheureusement non signé, et dont les solutions ne sont pas présentes sur le site de Spirou comme elles le sont normalement chaque semaine. Avec l'annonce de l'arrivée du soi-disant fameux Superino, c'est décidement le numéro des énigmes.

Fin de l'histoire des Sœurs Grémillet "Le secret de Lucile", qui tourne, après leurs mystérieuses mère et grand-mère maternelle, autour d'une cousine de leur arrière grand-mère, série centrée sur les femmes d'une famille donc, dont le scénario de Di Gregorio traite à la façon d'un shojo (manga pour filles) plus que d'une manière féministe, et dont le dessin de Barbucci, s'il est très manga-disney dans les visages, créé de belles ambiances par sa colorisation.

Pas d'histoire courte cette semaine. Hors les trois séries (à suivre), uniquement des gags en une page, deux pour Cédric (toujours sur scénario de Cauvin; combien en avait-il fait d'avance?), en strips ou en une image, ce qui donne au magazine un rythme de lecture en à-coups, prenant son temps dans mes maxi chapitres des (à suivre), et brusques accélérations. Les strips en particuliers sont nombreux, et si ce format convient bien au diablotin Nelson, de Bertschy, aux minuscules Tash et Trash de Dino, et que Mouk l'exploite parfaitement dans Croquidou, avec son trait rondouillard, ses animaux tous dessinés à la même taille (bonnes idée pour rendre sensibles les complexes du crocodile Croquidou), et ses décors de jungles rendus avec ingéniosité, il fonctionne mal pour les strips du Marsupilami, celui-ci ayant besoin d'espace pour s'exprimer pleinement, et c'est cette limite d'expression qui oblige les auteurs Désert et Batem à rendre leurs strips trop bavards par compensation.

Dans les histoires en une page, c'est toujours un plaisir de voir Le coach de Bercovici, Bernstein et Robin Le Gall se faire renvoyer dans les cordes, cette semaine par un Kox que je découvre sportif, et Laurel donne une Leçon de BD pleine de conseils pertinents, tant sur le découpage, le cadrage, que le coloriage.

Enfin, Tebo, dans sa bibliothèque, parle des problèmes de surproduction actuels, et de la pression induite sur les auteurs, qui ont moins de temps pour dessiner (référence au dernier Spirou de Schwartz? :ouah: ), lit donc peu la production récente, mais avoue avoir apprécié Sous terre, de Mathieu Burniat, un talentueux auteur qui, c'est assez rare pour le noter, réussi des adaptations et de la vulgarisation intelligente et amusante sans lourdeur, que Spirou a la bonne idée de publier, un peu trop épisodiquement toutefois.
Modifié en dernier par heijingling le dim. 12 juin 2022 16:05, modifié 1 fois.
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Message par heijingling »

Numéro 4391 du 08/06/2022

Ici la présentation illustrée par jeepcook https://www.inedispirou.com/forum/viewt ... start=2297

Fin de la saga du Spirou de Bravo. Tout de même, quel décalage quasi schizophrène entre son jeune Spirou pour le moins émotif, dont les larmes coulent d'ailleurs à flot dans cet ultime chapitre, et celui à peine plus jeune, et pour le moins polisson, que met en scène Janry en dernière page du magazine.
L'histoire se termine sur une très belle page, avec en final une grande case sur la moitié de la planche, l'ensemble parfaitement mis en scène, sur une touche d'humour noir qui rééquilibre un peu les alternances de sentimentalisme et d'hystérie qui ont ponctué cette série (ce n'est pas le plus important grief que j'ai à son encontre). Toutefois, une discrète note en bas à droite nous révèle qu'il y aura un épilogue à suivre. S'agira-t-il d'un surprenant contrepoint, comme Franquin l'avait fait dans "Panade à Champignac" où, comme Bravo, car chacun de ces deux auteurs avait, à sa manière, des comptes à régler, il avait livré sa vision la plus radicale de Spirou ? Nous le saurons la semaine prochaine.

Début du troisième épisode de Créatures, du dessinateur québecois (encore un dans le journal, avec Colpron, et Delaf, celui-ci étant néanmoins mis sur pause actuellement) Djief et du scénariste Betbeder, sur des enfants laissés à eux-même , se reconstruisant dans un univers fantastique tout en recherchant leur, ou une famille. C'est certes un thème classique de la littérature pour enfants, depuis au moins Jules Verne et William Golding, mais avec Seuls, Les sœurs Grémillet, et, depuis la semaine précédente, Les Cœurs de ferraille, cela fait beaucoup de séries concomitantes tournant sur ce thème au sein du magazine. Mais celle-ci croise le chemin de Lovecraft, pour lequel j'ai un faible...

Deuxième semaine de suite sans histoire courte, uniquement des séries (à suivre) et des gags en une page ou moins, parmi lesquels un Raowl avec une bonne dose de pipi-caca, ou de crottes de nez pour être précis, et dans lequel Tebo commet un copier/coller de son personnage, mais justifié par l'effet graphique. Un amusant Crash Tex, de Dab's, comme quoi on peut encore faire de bons gags avec des thèmes et personnages semblant éculés. Des strips d'Estampille, de Kazedo, que l'on n'avait pas vu depuis plus de trois mois, ce qui me laisse un peu d'espoir malgré tout pour le retour de Léon et Léna et surtout La kermesse existentielle d'Émilie Gleason. L'imbuvable Coach démolit cette fois le boulot d'Arthur de Pins, car celui-ci se contente de répondre gentiment à ses sophismes d'école de commerce, au lieu de surenchérir pour en démonter la logique fallacieuse, comme l'avait fait Tebo, et lui faire perdre son odieuse assurance. Félicitations à Bernstein, Bercovici et Robin Le Gall pour leur observation et leur rendu des techniques de manipulation de ces gourous post modernes.

Enfin, souvenons-nous que, pour une fois, le supplément Pop-up Spirou et Fantasio a été réalisé par l'auteur de la série lui-même, et pas par un jeune dessinateur.

La surprise de la semaine est Léonard Chemineau, dessinateur à succès de La bibliomule de Cordoue, avec Wilfrid Lupano, au dessin classique et réjouissant et aux belles mises en pages, lecteur de Spirou dans son enfance, méprisant alors le dessin de Cromheecke, qu'il a bien réévalué depuis, qui révèle qu'il serait aujourd'hui "terrorisé" s'il devait imaginer une série pour Spirou, comme quoi, en dépit des webtoons et réseaux sociaux, le magazine avec sa matérialité garde une certaine aura, une autorité, un ici et maintenant, aurait dit Walter Benjamin.
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Message par heijingling »

Numéro 4392 du 15/06/2022

Ici la présentation illustrée par jeepcook https://www.inedispirou.com/forum/viewt ... start=2299

Troisième semaine consécutive sans histoire courte, mais on en devine enfin la raison, elles ont été accumulées pour le numéro double spécial vacances qui parait la semaine suivante.
Ceci dit, on peut considérer les quatre pages de gag d'Elliot au collège en voyage scolaire comme une seule histoire courte. Elliot est en quelque sorte la version enfantine de la série à succès (adaptée en dessin animé https://www.youtube.com/hashtag/flipp%C3%A9 ) de Théo Grosjean "L'homme le plus flippé du monde", mais enfantine ne veut pas dire moins intéressante, au contraire si j'ose dire. D'une part, graphiquement, dessiner des enfants, personnages assez ramassés et arrondis, donne un dessin plus nuancé , divers et en contrepoint que ses adultes grêles et élancés dans ses décors raides et longilignes. Ensuite, L'homme le plus flippé du monde est adulte, formé, n'évolue pas, et l'humour est basé uniquement sur la répétition, en une sorte de Frantico propret (du moins dans le premier tome et dans les dessins animés), alors qu'Elliot grandit, ses relations avec autrui se développent, de même que ses centres d'intérêt, donnant un univers bien plus singulier et universel à la fois. Ainsi, dans cette histoire, les rapports houleux entre Elliot et le caïd de la classe sont revus à l'occasion d'un voyage scolaire qui les force à cohabiter. Comme le dit Théo Grosjean dans son interview, "les gens changent quand ils sont confontés au autres et à la pression du groupe", et on trouve d'ailleurs une scène similaire bien réelle et plus tragique dans le documentaire In Jackson Heights de Frederick Wiseman.

Le Professeur Folgodon est à l'honneur, avec un strip et une histoire courte dans le supplément. Le personnage descend du Professeur Hössdesseich, que Pixel Vengeur avait créé et animé seul dans Spirou en 2005, et je trouve que son dessin trop gros-nez fait perdre de la force à l'humour absurde de Thiriet, mieux servi par son propre trait sec ou la folie douce que Cromheecke réussi à mettre dans son trait simple d'apparence.

Un peu faible est aussi Le coach, de Bernstein, Bercovici et Robin Le Gall, cette semaine, le Yann presque timide et peu sûr de lui mis en scène ne correspondant pas à l'idée que l'on se fait de lui en lisant ses séries.
Réussi est par contre le gag de Crash Tex, de Dab's, avec une chute déjà vue mais à laquelle le découpage et la mise en scène parfaitement adaptés donnent une force nouvelle. Décor naturel et personnages animalier auxquels Midam, Adam et Patelin ne nous ont pas accoutumés dans Game over. L'irruption d'un moment scato inattendu dans ce décor des États-Unis d'Amérique des années 1930 de ce personnage de soi-disant philosophe amateur de Millborough incarné d'un trait grêle par Christoph Mueller est aussi plaisant, de même que la très drole et pertinente Leçon de BD de Romain Dutreix, qui s'y représente en super-héros.

Fin enfin du monumental Spirou de Bravo, moralement ambigüe pour le moins, mais qui révèle que le couple de Juifs qu'a aidé Spirou est en fait des personnages réels, Félix Nussbaum et sa femme Felka, ce qui donne l'occasion de voir une reproduction d'un de ses tableaux, et permet à ceux qui ne le connaissaient pas de se cultiver et mieux comprendre les liens entre art et réalité. Bravo a du talent, de bonnes intentions, et son Spirou restera une œuvre marquante et utile, mais certains de ses partis pris me restent en travers de la gorge.
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Message par heijingling »

Numéro double spécial vacances 4393-4394 du 22/06/2022

Ici la présentation illustrée par jeepcook https://www.inedispirou.com/forum/viewt ... start=2300

Numéro spécial comprenant quelques histoires complètes, assez courtes (quatre pages en moyenne), dont Animals park, de Tristan Roulot et Martinage: ça a l'air gentil, et je suppose que ça se veut profond, ou du moins porteur de message: un petit robot propret délivre des animaux en cage dans un parc animal (pas celui du titre, vous allez voir, c'est subtil), puis les attire pour voir une scène qui ressemble à la guerre (le dessin n'est pas clair, on y voit des hélicoptères sur un fond rougeoyant, j'associe cela à Apocalypse now, de Coppola, d'où la guerre), et voila donc le titre justifié: la folie destructrice des humains est montrée comme un spectacle édifiant pour animaux. Problème: le robot attire les animaux avec force pop-corns et barbapapa, cela se veut ironique, renforçant l'aspect spectacle, que les animaux regardent en se délectant de ces friandises, mais bien que cela se veuille moral (la guerre, c'est pas bien , enfermer des animaux, c'est vilain), cela peut donner de mauvaises idées aux enfants, les friandises étant très nocives pour la plupart des animaux. Il faut dire que Roulot et Martinage sont les auteurs de la série à succès Goblins, des gags avec des gobelins/orcs débiles, cela n'aide pas à la réflexion poussée.

Quelques histoires sont meilleures, mais le problème de ce numéro à mon sens non réussi ne tient pas tant à son contenu qu'à son thème. Les vacances signifient d'abord le temps libre. Or, ce numéro dédié aux vacances est consacré aux parcs d'attraction, qui ne sont pas du tout synonymes de vacances, car y on va le temps d'un week-end au plus mais certainement pas y passer des vacances, et ce rétrécissment du temps donne le sentiment d'un numéro étriqué. Sans doute eu-t-il valu mieux jouer franchement le jeu et parler directement d'un numéro promotionnel pour le Parc Spirou par le biais de ce thème.
Le résultat de cette contrainte malvenue est qu'aucune histoire complète n'est vraiment réussie, prises qu'elles sont dans cette confusion entre deux thèmes opposés. Même Bouzard a été contraint de réaliser un Animal on est mal amusant mais alambiqué.
Ce sont finalement les dessins double page de Jeux qui finalement font le mieux ressentir la liberté, l'évasion, le dépaysement, le farniente, la récréation, tout ce que l'on peut attendre de vacances, et pas forcément, voir pas du tout d'un parc d'attraction.

Dans les séries (à suivre), retour de Zombillénium, d'Arthur de Pins, pour un ultime épisode, un "ultime sabbat", comme annoncé dans le numéro 4387, où l'auteur dit que le cycle est terminé, comme une histoire complète, mais a des idées pour des spin-off (sous-produit en français, c'est pour cela que l'on préfère l'anglais, cache-misère).

Enfin, dans le rédactionnel, Spirou et moi est consacré à Godi (qui, comme Tranchand, avait commencé sa carrière avec des séries à l'ambiance et au dessin farfelus et intéressants (Cap'tain Angus Mc Manus (et non Anglus, comme écrit dans l'article) dans Spirou avec Vicq, en 1980), avant de simplifier ses créations et d'obtenir le succès avec L'élève Ducobu) nous rappelle combien la voiture était emblématique des années 1950-60, dans Spirou comme ailleurs. Emblématique du fait que la société croyait au présent avec la technologie comme lien vers l'avenir; époque bien révolue; sur les 4 séries (à suivre) de ce numéro, 3 sont de la SF/fantastique, une se déroule dans les années 1920, aucune dans le présent; et les parcs d'attraction tiennent dorénavant lieu de vacances, comme en Chine, où les gens ne partent en vacances que pour des durées très courtes, pour parfois toutes les passer dans des parcs d'attraction.

C'est finalement les hilarants Fabrice (Erre et Fabcaro) de l'Édito qui, en se paumant et n'arrivant pas au Parc Spirou, nous montrent la voie (sic), espérons-le, plutôt que le (soi-disant) socialisme à la chinoise, en illustrant la phrase du rabbin Nahman de Bratslav, « Ne demande jamais ton chemin à quelqu’un qui le connaît, car tu pourrais ne pas t’égarer. »
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Message par heijingling »

Numéro 4395 du 06/07/2022

Ici la présentation illustrée par jeepcook viewtopic.php?t=230&start=2306

Nonobstant l'absence d'histoires courtes, on pourrait se croire dans un numéro d'une époque révolue, avec 5 séries (à suivre) cette semaine. Parmi celles-ci, introduit par un hilarant Édito des Fabrice, gros plan sur le dernier épisode de Zombillénium, avec une belle double page présentant le fameux Sabbath Grand Derby, avec lequel Arthur de Pins nous allèche depuis des semaines. Avec cet épisode et Louca, de Bruno Dequier, la bande dessinée de sport fait maintenant belle figure dans Spirou, où elle n'a jamais brillé, contrairement à Tintin où œuvraient Reding avec ses Jari (tennis) et Vincent Larcher (foot), ainsi que Christian Denayer et Jean Graton pour le sport automobile. Saint Jean Bosco a protégé le journal de Spirou et nous a préservé de cela. Arthur de Pins nous indique que le déclic pour l'invention de ce jeu lui est venu par son ami Merwan Chabane, dont dans la rubrique Bienvenue dans ma bibliothèque du numéro 4322 il présentait le Mécanique céleste comme l'une de ses récentes meilleures lectures. Innocent copinage, d'autant plus que ledit album est assez réussi.

Retour de la suite de la première partie des aventures de Spirou et Fantasio (si cette dénomination vous semble alambiquée, adressez vos plaintes aux responsables éditoriaux du journal). Intérêt narratif et graphique, Spip se trouvant séparé de Spirou et Fantasio, on suit ses péripéties indépendament de la trame principale dans un Spip strip placé en bas de page. Ce procédé a d'ô combien illustres ancêtres, car c'est avec ce même cadre qu'est apparu Krazy Kat de George Herriman dans The Dingbat family, à partir du 13 août 1910 https://www.ignatzmouse.net/us/archives ... c.jsp?n=32, et Harold Foster a de même mis le strip The medieval castle sous la page de Prince Valiant entre 1943 et 1945 (division de la page due aux pénuries de papier, déjà).

Quant à Black Squaw, de Henriet et Yann, elle se rend cette semaine à "Dogpatch, le paradis des hillbillies", qui nous est traduit en note comme "culs-terreux", mais sans nous dire d'où vient ce nom de Dogpatch. Sacré Yann, je vais donc rendre pour lui ce qui appartient à Al Capp: https://fr.wikipedia.org/wiki/Li%27l_Abner

Dans les gags, l'idiotie particulière des Fabrice met en déroute l'imbécilité formatée du Coach de Bercovici, Bernstein et Le Gall, et un nouveau strip fait son apparition, Grotesque (dans les grottes des humains de la préhistoire), par Soulcié, spécialiste entre autres des caricatures de sport, mais cela nous sera encore une fois épargné dans Spirou, Don Bosco soit loué.
Enfin, un concours de BD sur le thème de la mer est annoncé, à l'occasion de la fête de la BD à Bruxelles en septembre, et dont l'histoire gagnante sera publiée dans Spirou.
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citation : Fan de Fournier
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Re: Cette semaine dans le journal de Spirou j'ai aimé...

Message par Gaston Lagaffe »

Toujours aussi intéressant à lire. :spirou:
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heijingling
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Re: Cette semaine dans le journal de Spirou j'ai aimé...

Message par heijingling »

Merci, voila la suite, je commence à combler mon retard.

Numéro 4396 du 13/07/2022

Ici la présentation illustrée par jeepcook viewtopic.php?t=230&start=2314

Baroud d'honneur pour Les Minions, qui en couverture présentent une affiche de film débile, Vicious 6, parodie sonore des trop nombreux Fast and furious, à l'occasion de la sortie, au cinéma, de leur nouvel opus et, dans les bacs, des ultimes tomes de la série dessinée, comme l'avait annoncé leur illustrateur Renaud Collin dans le numéro 4387. Celui-ci a d'ailleurs du prendre de l'avance afin de se consacrer à son avenir post Minion, puisque les planches publiées cette année sont datées de 2020. On verra donc aussi bientôt disparaitre, en bas de la planche à côté de cette date et de la signature, la remarque Minions Franchise ©2022 Universal City Studio.

Nouveaux strips de Croquidou, de Mouk, qui construit peu à peu son univers comique et intrigant, avec l'apparition de l'effrayante maman de Croquidou. Le Coach de Bercovici, Bernstein et Le Gall se révèle gourou (tous s'imaginent ou rêvent de l'être), martyrisant le pauvre Janry. Dans Des gens et inversement Berth fait un très amusant clin d'œil aux Proumfs, Schroufs, ou un nom comme ça.

Pas d'histoire courte, hormis la BD de poche en supplément, Le grand voyage, de Swann Meralli et Caloucalou, deux jeunes auteurs déja publiés ailleurs mais pour la première fois dans Spirou, et qui, en 13 petites pages arrivent à faire passer de jolies et amusantes morales sur Christophe Colomb. Je vais donc m'étendre un peu sur les BD (à suivre) en cours.

Je ne sais toujours pas où Abitan, Guerrive et Schwarz, les auteurs de La mort de Spirou, veulent en venir avec les limules omniprésentes dans cette histoire et qui sont, rappelons-le, une espèce menacée de disparition, puisque, après que les deux héros ont été attaqués par une limule géante dans le numéro de la semaine passée (que leur voulait-elle, les géantes sont elles nombreuses, sont elles naturellement comme cela ou s'agit-il d'une mutation? Autant de questions qui ne sont pas posées dans l'histoire), Spirou conclut maintenant "Petites, elles ne sont pas bien méchantes", et effectivement Spip, dans le Spip Strip hélas déjà fini, s'entendait bien avec ces bestioles puisqu'elles lui indiquaient où trouver à manger, et ce, paradoxalement, alors que ses maîtres risquaient eux on ne sait quoi face à la limule géante dans les pages du dessus. Alors, que sont ces "limules féroces" (sic), dangereuses, inoffensives, amies, ennemies, invasives, en danger de disparition, naturelles, génétiquement modifiées?

Munuera nous gratifie dans Les cœurs de ferraille d'une originale ambiance steampunk dans les bayous, avec un beau dessin sur une double page et un hydravion survolant les marais. Hydravion encore, au design streamline, ainsi qu'un bombardier, tous deux joliment profilés par Henriet dans Squaw. Dans son soucis d'élégance, il abuse à mon avis des plans de face et de profil, qui sont un privilège des bandes dessinées au dessin réaliste. Aviez-vous en effet remarqué que de tels plans sont souvent présents dans les BD réalistes, mais extrèmement rares dans les BD de style humoristique? Et imaginez-vous pourquoi? Ceci dit, Munuera est un des rares dessinateurs humoristiques à en utiliser aussi abondamment dans ses BD, c'est parfois justifié, comme lorsqu'il représente Cyrano de Bergerac dans Les cœurs de ferraille, dont il ne pouvait épargner le célèbre profil, mais cela donne souvent un effet d'arrêt sur image un peu pontifiant.

Enfin Frank nous présente ses bibliothèques, et m'a surpris en avouant affectionner, outre des références évidentes comme Franquin, Follet, Hausman, des auteurs plus inattendus de sa part au vu de son œuvre, comme Toppi et surtout R.M. Guéra (et non Guerra comme il est écrit), auteur de l'ultra violente série policière Scalped.
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Re: Cette semaine dans le journal de Spirou j'ai aimé...

Message par heijingling »

Numéro 4397 du 20/07/2022

Ici la présentation illustrée par jeepcook viewtopic.php?t=230&start=2315

Troisième semaine consécutive sans histoire courte, ils les ont toutes épuisées dans le dernier numéro spécial, ou bien comme Crash Tex ils les ont utilisées dans un truc risqué qui a viré à la catastrophe? Je m'égare, Crash Tex n'est pas Gaston. Toutefois, il n'en est pas si éloigné, puisque l'on apprend par son auteur que l'idée en est venue avec des gags sur un gamin essayant pour son malheur d'imiter le marsupilami que Dab's avait faits lors du numéro 4372 spécial sur l'animal, et 16 semaines plus tard son nouveau personnage faisait son apparition dans Spirou. Crash Tex est une nouvelle version de Tony et Alberto que Dab's faisait dans Tchô, dans laquelle il radicalise l'expressivité de son dessin et l'économie des textes au profit du dessin. C'est d'autant plus réussi que le dessin de Dab's fonctionne sur une démesure des gestes et situations, naturellement limitée lorsqu'il se met en scène lui-même comme dans Allo Dab's, et des plus efficaces lorsqu'il utilise des personnages disproportionnés comme ici ou dans Le club des Huns dans Spirou il y a quelques années.

L' Édito des Fabrice, sur le mis à l'honneur de la semaine Crash Tex, est comme d'habitude, mais dans la liste des "trucs de dingue hyper risqué", "on regarde l'intégrale de Fast and Furious" aurait été plus amusant, moins bateau, et plus en phase avec "on prend un escalator à l'envers (mais arrêté, hein)" et autre "on remplit une déclaration de l'URSSAF Limousin" que le presque vulgaire "on regarde un film d'auteurs tchèque en noir et blanc" :dors:

Spirou et Fantasio se retrouvent pris au piège dans une réalité tant virtuelle qu'incroyablement augmentée. Où cela les mènera-t-il?

Fin du Crotoy, le troisième épisode de Black squaw, dans lequel Henriet prolonge la veine streamline citée la semaine précédente au delà du dessin, dans la mise en page, avec une séquence d'un avion décollant sur une suite de cinq cases étirées sur des bandes s'étendant sur une double page. Mais l'histoire traine un peu, les enjeux de cette série étaient déjà tous là dès le premier épisode, et en dehors de péripéties anecdotiques sauf cas d'une révélation finale qui serait lourde de maladresse scénaristique, on n'en sait pas plus sur eux qu'au début de la série.

Nouvelle planche de Éliott au collège, de Théo Grosjean, fine, touchante sans esbrouffe, et drôle, avec des couleurs d'Anna Maria Riccobono aussi sobres que justes, et de Capitaine Anchois, de Floris, toujours distrayant et original.

En attendant la critique du prochain numéro, je vais inviter les Fabrice à aller prendre plaisir à revoir Trains étroitement surveillés de Jiří Menzel (Oscarisé en 1968), Les petites marguerites de Věra Chytilová, Les amours d'une blonde, de Miloš Forman, ou n'importe quel autre film d'auteur tchèque en noir et blanc, et déguster une chocolatine en sortant :spirou:
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Re: Cette semaine dans le journal de Spirou j'ai aimé...

Message par heijingling »

Numéro 4398 du 27/07/2022

Ici la présentation illustrée par jeepcook viewtopic.php?t=230&start=2316

Fin de Cœurs de ferraille, et dans cette interview https://www.actuabd.com/Bertrand-des-Be ... ementarite de l'un des scénaristes du duo Beka, on apprend que ce qui est intéressant dans cette série, soit tout d'abord ce qui donne son titre à la série, l'interrogation classique "Objets inanimés, avez-vous donc une âme Qui s’attache à notre âme et la force d’aimer ?…" (Alphonse de Lamartine, "Milly ou la terre natale"), à laquelle Descartes, La Mettrie et Malebranche avaient cru pouvoir répondre un non catégorique, mais placée dans l'ingénieux double cadre de robots esclaves, et ensuite le décor de bayous de la fin du XIXème siècle, qui créé une ambiance particulière et surtout donne sa force aux thème de la série, vient de Munuera. Le reste (comme les dialogues: "Quand on est triste, il faut redonner de la beauté au monde", quelques pages plus loin "La poésie révèle la beauté du monde", encore cinq pages plus loin "Maintenant on va chercher la beauté du monde"; puis l'épisode se termine, sinon, on y aurait encore eu droit deux ou trois fois, pour le cas où on n'aurait pas compris) vient des Beka.

Dans la séquence de la semaine de Spirou et Fantasio, ce dernier assomme littéralement les gardes à leur poursuite avec de la littérature, les gros volumes qu'il leur balance dessus comprenant évidemment "L'assommoir" de Zola, mais, plus énigmatiquement pour moi, Akira et L'arabe du futur, et enfin deux clins d'œil à des séries de la scénariste Sophie Guerrive, "Le club des amis" et du dessinateur Schwartz, "L'inspecteur Bayard", dont les titres justifient, par leur ironie dans ce contexte, leur présence ici.

Cette excursus littéraire nous amène à la Bibliothèque de Jousselin, qui cite ses inspirations évidentes comme Fred ou Marc-Antoine Mathieu, mais aussi des plus lointaines, les indés américains, comme Daniel Clowes, Chris Ware, Chester Brown, les frères Hernandez, qui tiennent eux aussi dans leurs œuvres un discours sur la bande dessinée.

Dans les gags, Croquidou de Mouk devient de plus en plus insaisissable, de série gentiment animalière s'orientant vers de la SF absurde, avant de prendre un nouveau virage? Mais ce n'est pas désagréable. Théo Grosjean et Anna Maria Riccobono ont vraiment trouvé un rythme fin pour balancer Elliot au collège entre émotion et humour. Retour inattendu de l'ex de Ondine, Efix, qui fait verser la larme à l'œil de Dad, de Nob.

Une bonne et originale histoire courte sur le thème pourtant vu et revu des zombies post-apo, due au scénariste Augustin Lebon, qui traite déjà de cela dans sa série Résilience où il est aussi dessinateur, et à Mobidic, dessinatrice dont j'ai apprécié le Roi ours, récit fantastique aux accents myiazakiens, dans le dessin comme l'atmosphère, avec une grosse touche de sexualité.

Enfin, l'évènement de la semaine n'est pas Nelson, de Bertschy, qui à droit à la couverture, mais l'arrivée en mini récit (à suivre) de la (soi-disant) reprise par Trondheim et Kéramidas du (soi disant) mythique super héros italien Superino, "le justicier qu'on avait failli oublier..." Le canular est poussé de plus en plus loin, au point presque de faire douter de la réalité de l'existence de ce personnage comme légendaire, puisque l'interview des auteurs est accompagnée sur Radio Fantasio d'une interview du (soi disant) professeur Paperone (qui parle authentiquement italien) https://www.spirou.com/podcasts , qui nous assène que, pour cette série à double niveau de lecture, comme pour Maggy Garrisson, Trondheim est influencé par le cinéma social anglais, Ken Loach (dans une autre interview, l'intéressé avait plutôt cité Mike Leigh), que la série elle-même évoque les comédies sociales italiennes, comme Nous nous sommes tant aimés (C'eravamo tanto amati, d'Ettore Scola), Affreux, sales et méchants (Brutti, sporchi e cattivi, du même), Il bidone et autres films de Fellini (décidemment, après le cinéma d'auteur tchèque de la semaine précédente, Spirou devient cet été un haut lieu de la cinéphilie), enfin qu'une édition patrimoniale de la série d'origine serait compliquée, car il faudrait faire des fac-similés, et la peur de la maffia joue encore, ceci dit le courage de Roberto Saviano, l'auteur de Gomorra, finira peut-être par inspirer des éditeurs italiens (vous pouvez lire à ce sujet la bande dessinée Je suis toujours vivant, de Asaf Hanuka, sortie cette année, sur la vie depuis 15 ans sous protection policière de Roberto Saviano, après qu'il a révélé au grand public les crimes de la mafia de Naples).
" Monólogo significa el mono que habla solo." Ramón Gómez de la Serna dans ses Greguerías.
heijingling
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Re: Cette semaine dans le journal de Spirou j'ai aimé...

Message par heijingling »

Numéro 4399 du 03/08/2022

Ici la présentation illustrée par jeepcook viewtopic.php?t=230&start=2318

Retour des histoires courtes, historiettes plutôt, entre deux et quatre pages, mais je suis désormais habitué à ne voir dans Spirou que des histoires courtes adaptées au zapping. Sur le thème donc des histoires naturelles, qui s'ouvre par une belle page d'Alfred sur des enfants perchés et paressant dans les immenses branches d'un arbre, en vedette deux Histoires naturelles de Fred Bernard et Thomas Baas, sur les abeilles et les chauves-souris. Si le ton est agréable, ces histoires documentaires manquent selon moi de rigueur dans la conception comme dans l'information. Ainsi, on apprend que "les premières plantes à fleurs seraient apparues il y a plus de 130 millions d'années" et "la plus vieille abeille a été retrouvée fossilisée dans de l'ambre. Elle a 100 millions d'années". Mises côte à côte, ces informations semblent corrélées, mais on ne sait trop comment, et ces chiffres bruts ne parlent pas aux enfants (c'est le crétacé, la dernière période des dinosaures, la référence à Jurassic Park est maladroite). Plus loin, on apprend que "tous les ans, 25 à 30% des abeilles disparaissent." Si c'était le cas, elles disparaitraient toutes en une poignée d'années, les chiffres sont donc faux. Bref, si la mise en images est parlante et vivante, je suis dubitatif sur l'aspect pédagogique. L'histoire sur les chauves-souris, se concentrant sur un micro évènement, est plus réussie car moins fourre-tout .

Suivent P'tite nature, une histoire quasi muette de Joris Chamblain (cf. Spirou 4388)et aux très beaux dessins aux tons automnaux et hivernaux d'un jeune dessinateur, Ampreh et Au bord de l'eau, histoire fantastique sur l'adolescence, un peu attendue et au dessin peu personnel de Louise Joor, mais aux cadrages et découpage agréables.

Tous les gags, de Game over à Dad et Nelson en passant par Psychotine et Kahl et Pörth, et le toujours excellent Bulletin d'abonnement de Cromheecke et Thiriet, sont sur le même thème, sauf Le Coach, qui pourrait commencer à s'enliser vu la personnalité limitée du personnage, mais fait un très amusant et surprenant échange de dessinateurs avec une autre série du même scénariste, Bernstein, Willy Woob, celui-ci étant dessiné par Bercovici et Le Coach par Nicolas Moog, Bercovici réussissant par ce moyen à ne pas devoir se dessiner lui-même.

Dans l'épisode de Spirou, mise en scène de Zorglub en grand decorum de style nazi (uniformes, architecture, moustache), modifiant et alourdissant au passage le logo au Z de Franquin, comme si celui-ci n'était pas assez parlant.

Enfin, une nouvelle rubrique, qui j'espère ne remplacera pas Bienvenue dans ma bibliothèque, qui permet de voir ce que les auteurs lisent en dehors des BD. C'est Nob qui l'inaugure et nous parle donc des BD de sa vie, avec des réponses sans surprises aux questions sans surprises (je m'attends à voir Karabouilla de Wasterlain souvent citée comme BD émouvante), mais cette rubique est bienvenue si elle permet d'attirer l'attention sur des livres qui ont pu passer inaperçu ou être oubliés, et me permet de plus de la ramener sur les BD citées :ouah: Ainsi, Nob mentionne Squick the mouse de Mattioli parmi ses BD interdites lues en cachette à l'enfance, et il est vrai que cet auteur est remarquable par toute la créativité qu'il a pu mettre tant dans ses séries adultes, comme celle-ci, que celles lisibles par les enfants, comme M le Magicien ou Pinky, qui paraissaient dans Pif gadget. Et Nob sait titiller, en paroles comme dans ses BD, ici d'abord en recommandant Zits de Jerry Scott et Jim Borgman qu'il considère comme une " BD géniale mais pas assez connue"; en France , peut-être, mais ailleurs, elle est publiée dans plus de 1700 journaux dans 45 pays pour une audience cumulée de 200 millions de lecteurs. De même, il qualifie les auteurs du Vieil homme et son chat, qui officient sous le pseudonyme de Nekomaki, comme "assez mystérieux", pour attirer l'attention des lecteurs, alors que l'intérêt de cette série n'est pas là, non plus que dans le titre, qui pourrait faire croire à une énième BD japonaise sur les chats, mais sur le temps qui passe, dans la société...comme dans la nature. Et la boucle est ainsi bouclée sur le thème du numéro :spip:
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Re: Cette semaine dans le journal de Spirou j'ai aimé...

Message par heijingling »

Numéro 4400 du 10/08/2022

Ici la présentation illustrée par jeepcook viewtopic.php?t=230&start=2320

Couverture Game over, de Midam, sur un gag classique, mais auquel les détails du dessin apportent un nouveau sourire. L'imagination déployée dans cette série, par ses partis pris d'être muette et de finir toujours sur la même chute, finit, après près de 800 gags, par forcer l'imagination, et elle pourrait rejoindre la qualité de certains livres de Trondheim (Mister 0, Mister I), nonobstant la radicalité de ce dernier, formelle et thématique, et le fait que ne chercher qu'à faire un gag sans jouer sur les personnages et leur monde la condamne à être un exercice parfois amusant, parfois lassant et vain. Ceci dit, deux gags de ce numéro, se privant l'un de la princesse, l'autre du Petit barbare, apportent une nouvelle fraicheur.
Dans les autres séries de gags, Pernille, de Dav (scénario), Cyrille Trichet (dessin, qui confie dans Spirou et moi que Pernille doit en partie son existence à Gully, de Dodier et Makyo) et Esteban (couleurs) commence à acquérir sa personnalité en allant plus vers les relations intra familiales de cette famille mixte (humains et ogres), comme dans Gully. Croquidou part de plus en plus en vrille, devenant sa propre série dérivée, ou Croquidou "vu par..." pourtant toujours le même dessinateur, Mouk, avec cette semaine un Croquidou futur, présentant les strips sur fond noir. Où cela va-t-il nous mener?
Gaston Lagaffe a écrit :Les gags du marsu sont pas drôles. :shock:
Je trouve aussi, à mon avis parce que le marsupilami et sa famille n'y sont que des marionnettes mises à toutes les sauces si j'ose dire, ou, en d'autres termes, ni le scénariste Désert ni le dessinateur Batem n'y ont choisi une approche spécifique. Peut-être, le marsupilami étant un animal, eut-il fallu faire des gags intégralement muets? Ou bien, faire une série avec uniquement des animaux ne parlant pas étant quasi impossible (Gon de Masashi Tanaka ou Love de Frédéric Brrémaud et Federico Bertolucci sont des exceptions), eut-il fallu lui créer une famille humaine propre et cohérente (comme dans...tiens, je sèche. Existe-t-il une série non réaliste où se trouverait un personnage humain ayant pour compagnon un animal muet? ) plutôt que le balader, comme cette semaine, de la jungle palombienne à une salle de concert ou un cirque, selon nulle autre nécessité que les besoins du gags?
Vito a écrit :OK, Spirou est mort dans son sommeil, noyé, empoisonné par une piqûre de méduse et dévoré par un calmar géant.
Et nous n'avons pas pris au sérieux celui qui a dit qu'il mourrait noyé, pendu, dans un accident de voiture ! (cit.)
(À propos, saviez-vous que Franquin avait réalisé un dessin dans lequel Gaston se pend?)
Ce dessin pleine page à la perspective aussi osée qu'hasardeuse illustre bien ce que je pense de cette histoire, qui dépare dans la série et est trop timide pour un Spirou vu par..., sauf ce dessin inhabituel.
longshot (sur BDP) a écrit :Sans vouloir spolier la prochaine chronique de heijingling, dans le dernier Spirou (4400 du 10 août prochain) Runberg annonce qu'il travaille avec Pellé sur le 9e album d'Orbital. Et qu'une histoire courte liée à Outlaws sera publiée dans Spirou.
Il y a aussi une pleine page de pub. Jamais lu Orbital, ni Outlaws, de Runberg je pense n'avoir lu que Sonar (dessin de Yang Ong Chee), que j'ai trouvé catastrophique, sans ton intervention, je n'aurais même pas mentionné cette annonce.

Une histoire courte dont je souligne les dimensions dorénavant exceptionnelles, sept pages, seconde variation des Petits métiers méconnus, de Vincent Zabus, cette fois un beau Peintre en bord de cases, au dessin tendre de Pierre Maurel, qui serait plus dans la lignée d'Astrapi que dans celle de Spirou.

Troisième chapitre de Superino, de Trondheim, Keramidas et Findakly, qui présente pour la seconde fois en couverture une scène et un adversaire de Superino ne se trouvant pas du tout dans l'histoire.

Enfin Floris nous fait visiter son Atelier bruxellois, qu'il partage avec de nombreux auteurs, dont d'autres bons auteurs néerlandophones (Wauter Mannaert, l'auteur de la bonne série jeunesse Yasmina, ou Simon Spruyt), et dont la sobriété est un parfait contrepoint au monde délirant de son Capitaine Anchois.

Une note sur Le strip dont vous êtes la star, mettant en scène cette semaine un petit lecteur aimant la musique, les jeux vidéos et Zombillénium, et pour lequel Libon et Salma imaginent un ébouriffant Game Zombimusic, qui consiste à obtenir un autographe des stars décédées sans se faire piétiner par la foule...
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