Jalias a écrit :Par contre je dirais que si Fournier comme T&J ont des maladresses, Fournier est plus constant et même en progression croissante à chaque album.
Progression, je ne sais pas, (sauf au tout début), je trouve surtout que son dessin évolue très vite, il est en perpétuelle recherche, et comme le dit Trichoco, il a continué à évoluer, comme on le voit dans Bizu ou Les crannibales, alors que Janry a été très bon dès le début, mais son style s'est assez vite figé.
Gaston Lagaffe a écrit :Sinon, pour Tome et Janry qui sont devenus plus sérieux à la fin, je pense que cela vient en partie du fait qu'ils commençaient à faire le tour de Spirou et qu'ils avaient plus de difficuté à trouver des histoires. Il faut se rappeler qu'après avoir produit une dizaine d'albums entre 1981 et 1992, il va y avoir 2 albums en 6 ans (Luna en 1995 et Machine en 1998).
C'est là que L'abbaye truquée apparait comme une œuvre essentielle. Franquin s'est lassé de Spirou, et pour s'en defaire l'a démystifié avec Panade à Champignac. Même lassitude chez T&J, qui eux ont voulu en faire faire un personnage sérieux, croyant lui apporter une profondeur qu'il avait en fait déjà. Même mésaventure pour Vehlmann et Yoann, qui eux décident d'en faire une lecture post moderne, avec Supergoom.
Or, la lassitude vient aussi de la charge de responsablité à animer ce personnage légendaire, qui est ressentie comme un carcant, qu'on ne peut briser, mais que tous les auteurs finissent par avoir sacrément envie de faire bouger. Et c'est là que le génie de Fournier intervient. Il a dès le début compris (intuitivement?) le piège dans lequel sont tombés son prédécesseur et plusieurs de ses successeurs, et a évacué la charge en faisant un album de comique absurde, dans lequel Spirou est ridicule (le coup des bonbons), mais avec tendresse. Il s'est donc très vite approprié le personnage, l'a intégré sans plus craindre le carcan qu'il avait exorcisé, ce qui lui a permis d'aller le plus loin de tous les auteurs dans les aventures de Spirou (le cycle Kodo, qui devait durer cinq tome, aurait été un monument, 40 ans avant Bravo).
" Monólogo significa el mono que habla solo." Ramón Gómez de la Serna dans ses Greguerías.