les scénaristes
Posté : mar. 3 oct. 2006 22:03
On parle sans cesse des reprises de Spirou, du dessin plus ceci ou plus cela de Franquin, de Fournier etc. Assez rarement on parle des scénarios et des scénaristes. Je suggère que l'on discute de ce sujet qui, je le crois, est très vaste. Pour le lancer je propose une première analyse globale et je vous laisse la suite.
Dans un premier temps la série Spirou et Fantasio me semble être destinée uniquement au divertissement feuilletonesque. Rob-Vel, puis Jijé scénarisent leurs dessins à la petite semaine. Pour ceux qui ont pu lire ces planches (dans Spirou, en reliures, dans les albums Michel Deligne pour Rob-Vel ou dans l'album Spirou et l'Aventure pour Jijé), on voit que l'ensemble est une succession de petites histoires sans grand rapport entre elles. La guerre de 40 et l'interdiction de parution du journal de font qu'ajouter à cet état des choses, mais ces causes historiques ne sont pas les seules raisons. Spirou est un espiègle au grand coeur et voila !
Lorsque Franquin reprend on a encore cette impression que le héros n'est pas mur : beaucoup de petites histoires, et l'éditeur lui même n'est pas bien au clair avec cette série puisqu'il va jusquà publier dans deux albums différents le récit "Radar le Robot" et celui des "plans du Robot" alors que ceux-ci se suivent. Pendant des années, à la suite de l'abandon des deux premiers albums (presque) carrés, les lecteurs liront les plans (4 aventures) sans connaitre le début (réédité enfin en péchés de jeunesse en 1976).
Me semble naître un nouveau Spirou avec "Il y a un sorcier à Champignac", premier scénario au long court de Franquin d'après une idée de Jean Darc (alias Henri Gillain, frère de Jijé). Non seulement apparaît pour la première fois le Comte, mais également tout une personnalisation du monde de Spirou.
On entre dans un type de scénario d'aventure avec une intrigue plus ou moins vaguement policière et un fond plus ou moins scientifique au sens large. Ce type de scénario se retrouvera dans des albums comme La mauvaise tête, Le Repaire de la Murène, Les Pirates du silence, etc). Dans ce registre de scénarios se classent, à mon avis, les premiers Fournier, du faiseur d'or jusqu'au Grigri du Niokolo-Koba, ainsi que les scénarios de Cauvin et les premiers scénarios de Tome, de Virus au Réveil du Z
Un autre type de scénarios est celui de l'aventure avec un grand A : nos héros partent sous un pretexte qui sert de fond au scénario et vivent la grande aventure. C'est le Spirou des héritiers, des Voleurs du marsupilami, de la Corne de Rhinocéros, du Gorille a bonne mine et -d'une façon détournée- du nid des marsupilamis. C'est aussi le Tome de "Angoisse à Touboutchan"... devenu "La frousse aux trousses", "La vallée des bannis".
Je dirais qu'il y a ensuite la période Greg, bien à part dans la série, où le scénario est beaucoup moins "gentil", beaucoup plus mature. QRN est évidemment une sorte d'aboutissement dans ce registre.
Je vois ensuite les scénarios politiques d'actualité (Greg a bien abordé la poitique avec QRN, Franquin a montré son mépris des armes -bien avant les idées noires- avec le dictateur et le champignon), mais c'est Fournier qui, le premier inaugure l'idée de sujets d'actualités avec, en ligne de mire pour notre breton, la nature, l'environnement, l'écologie. Cela va de l'Ankou à "des haricots partout", et l'on voit que le début de "la maison sous la mousse" nous conduisait encore dans ce créneau scénaristique. D'une certaine façon je classerai "Machine qui rêve" dans ce type d'histoire.
Une nouveauté des scénarios de Tome, c'est l'apparition de héros ridicule : le schnouffélaire est ridicule alors que le marsupilami est génial. Vito Cortizone est ridicule, le petit Zorglub est ridicule. Champignac lui-même, est ridicule : il devient gâteux, son labo est sale et plein de toiles d'araignées (à comparer avec celui que les villageois veulent détruire dans Z comme Zorglub... rien à voir). Les sujets également sont assez frivoles, même si l'environnement ne l'est pas : New York, Moscou, tout est un peu tourné en ridicule. Le scénario de Tome est, de mon point de vue, beaucoup plus basé sur un fil humoristique, les sujets perdent en crédibilité. Même "Le rayon noir", qui aurait pu être un très beau scénario sur le racisme, tourne en ridicule avec l'arrivée de Vito Cortizone. Le remède à la peau noire lui-même est rdicule (ça s'arrête tout seul).
Mais de Tome on notera aussi une nouvelle vision des héros : ils ont des états d'âme, des langueurs, des soupirs et des désirs (ça commence avec "la vallée des bannis et ça va jusqu'à "Machine qui rêve".
Et nous voila à Morvan avec, pour l'instant du scientifique, du paranormal... un retour aux sujets plus sérieux, finalement dans la lignée de "Machine qui rêve" mais un traitement beaucoup plus aventureux et extravagant, que le dessin de Munuera renforce.
Voila je ne prétend pas avoir traité complètement ce sujet ni l'avoir fait de façon objective, mais c'est une première analyse que je propose pour ouvrir le débat. Je pense que l'évolution des héros principaux et secondaires dans chaque catégorie est intéressante.
Dans un premier temps la série Spirou et Fantasio me semble être destinée uniquement au divertissement feuilletonesque. Rob-Vel, puis Jijé scénarisent leurs dessins à la petite semaine. Pour ceux qui ont pu lire ces planches (dans Spirou, en reliures, dans les albums Michel Deligne pour Rob-Vel ou dans l'album Spirou et l'Aventure pour Jijé), on voit que l'ensemble est une succession de petites histoires sans grand rapport entre elles. La guerre de 40 et l'interdiction de parution du journal de font qu'ajouter à cet état des choses, mais ces causes historiques ne sont pas les seules raisons. Spirou est un espiègle au grand coeur et voila !
Lorsque Franquin reprend on a encore cette impression que le héros n'est pas mur : beaucoup de petites histoires, et l'éditeur lui même n'est pas bien au clair avec cette série puisqu'il va jusquà publier dans deux albums différents le récit "Radar le Robot" et celui des "plans du Robot" alors que ceux-ci se suivent. Pendant des années, à la suite de l'abandon des deux premiers albums (presque) carrés, les lecteurs liront les plans (4 aventures) sans connaitre le début (réédité enfin en péchés de jeunesse en 1976).
Me semble naître un nouveau Spirou avec "Il y a un sorcier à Champignac", premier scénario au long court de Franquin d'après une idée de Jean Darc (alias Henri Gillain, frère de Jijé). Non seulement apparaît pour la première fois le Comte, mais également tout une personnalisation du monde de Spirou.
On entre dans un type de scénario d'aventure avec une intrigue plus ou moins vaguement policière et un fond plus ou moins scientifique au sens large. Ce type de scénario se retrouvera dans des albums comme La mauvaise tête, Le Repaire de la Murène, Les Pirates du silence, etc). Dans ce registre de scénarios se classent, à mon avis, les premiers Fournier, du faiseur d'or jusqu'au Grigri du Niokolo-Koba, ainsi que les scénarios de Cauvin et les premiers scénarios de Tome, de Virus au Réveil du Z
Un autre type de scénarios est celui de l'aventure avec un grand A : nos héros partent sous un pretexte qui sert de fond au scénario et vivent la grande aventure. C'est le Spirou des héritiers, des Voleurs du marsupilami, de la Corne de Rhinocéros, du Gorille a bonne mine et -d'une façon détournée- du nid des marsupilamis. C'est aussi le Tome de "Angoisse à Touboutchan"... devenu "La frousse aux trousses", "La vallée des bannis".
Je dirais qu'il y a ensuite la période Greg, bien à part dans la série, où le scénario est beaucoup moins "gentil", beaucoup plus mature. QRN est évidemment une sorte d'aboutissement dans ce registre.
Je vois ensuite les scénarios politiques d'actualité (Greg a bien abordé la poitique avec QRN, Franquin a montré son mépris des armes -bien avant les idées noires- avec le dictateur et le champignon), mais c'est Fournier qui, le premier inaugure l'idée de sujets d'actualités avec, en ligne de mire pour notre breton, la nature, l'environnement, l'écologie. Cela va de l'Ankou à "des haricots partout", et l'on voit que le début de "la maison sous la mousse" nous conduisait encore dans ce créneau scénaristique. D'une certaine façon je classerai "Machine qui rêve" dans ce type d'histoire.
Une nouveauté des scénarios de Tome, c'est l'apparition de héros ridicule : le schnouffélaire est ridicule alors que le marsupilami est génial. Vito Cortizone est ridicule, le petit Zorglub est ridicule. Champignac lui-même, est ridicule : il devient gâteux, son labo est sale et plein de toiles d'araignées (à comparer avec celui que les villageois veulent détruire dans Z comme Zorglub... rien à voir). Les sujets également sont assez frivoles, même si l'environnement ne l'est pas : New York, Moscou, tout est un peu tourné en ridicule. Le scénario de Tome est, de mon point de vue, beaucoup plus basé sur un fil humoristique, les sujets perdent en crédibilité. Même "Le rayon noir", qui aurait pu être un très beau scénario sur le racisme, tourne en ridicule avec l'arrivée de Vito Cortizone. Le remède à la peau noire lui-même est rdicule (ça s'arrête tout seul).
Mais de Tome on notera aussi une nouvelle vision des héros : ils ont des états d'âme, des langueurs, des soupirs et des désirs (ça commence avec "la vallée des bannis et ça va jusqu'à "Machine qui rêve".
Et nous voila à Morvan avec, pour l'instant du scientifique, du paranormal... un retour aux sujets plus sérieux, finalement dans la lignée de "Machine qui rêve" mais un traitement beaucoup plus aventureux et extravagant, que le dessin de Munuera renforce.
Voila je ne prétend pas avoir traité complètement ce sujet ni l'avoir fait de façon objective, mais c'est une première analyse que je propose pour ouvrir le débat. Je pense que l'évolution des héros principaux et secondaires dans chaque catégorie est intéressante.