Quelle évolution pour Spirou & Fantasio ?
Posté : ven. 7 déc. 2007 21:28
Spirou & Fantasio, subit une évolution similaire à celle de James Bond, à un détail près. La chronologie nest pas la bonne. Je mexplique
PHASE 1 : La création dun héros.
En 1950, Franquin commence les aventures de Spirou & Fantasio en bande-dessinée. Jusquen 1969, il créa des personnages comme le Marsupilami ou Zorglub et des véhicules tel que la turbotraction ou la zurglomobile. Il est le génie responsable de la grande popularité de Spirou.
En 1962, James Bond est interprété pour la première fois par Sean Connery. Premières voitures, premiers gadgets, premières James Bond Girls. Un mythe est né.
PHASE 2 : Lutilisation (plus ou moins réussie) du héros par dautres.
Fournier prend les reporters en main en 1970. Le graphisme (Spirou avec les cheveux plus long), le style dhumour et le type dhistoire (flirte avec le fantastique) changent. Il (im)pose sa patte mais, comme beaucoup le disent, sans arriver au niveau de Franquin.
Comparez cette phase à celle de Roger Moore, 007 de 1973 à 1985. La reprise de la série signifie changement de James Bond, de style dhumour (plus parodique), etc. Et bien sûr, ce nouvel agent narrive pas à la cheville de son prédécesseur.
PHASE 3 : La chute (point de vu financier).
Pas nimporte qui peut faire un Spirou de qualité. La preuve en trois albums, avec Nic (paix à son âme) & Cauvin. Les ventes chutent et les deux auteurs avec. Certains considèrent cette période comme une mauvaise passe à oublier.
1987 à 1989. Timothy Dalton joue lagent secret à deux reprises. Il a fini comme tous ceux qui, comme lui, ne sont pas rentables.
Laissons Tome & Janry de côté le temps dun paragraphe.
PHASE 4 : Modernisation excessive de la série.
Après six ans dabsence, Morvan & Munuera remettent la série sur pied. Malgré un graphisme agréable, des problèmes se posent. Overdose daction, séquence émotion ridicule (Spip emporté par un robot sous leau, snif, T47) un humour proche du déjà vu (les toilettes fontaines japonaises, ah ah ah, hum, T49) et des histoires par moment aberrantes. Finalement, leur passage chez Spirou a prit des airs à celle de Nic & Cauvin
Après six longues années, James Bond revient sous un nouveau visage, celui de Pierce Brosnan. De laction façon Rambo, un humour pas toujours très subtil et des scénarii format post-it. Accueil plutôt partagé ; sabré par la critique et une majorité de fans tout en faisant de jolis scores au box-office.
PHASE 5 : Lévolution finale ?
Tome & Janry ont approfondi la psychologie des personnages tout en les mettant dans des situations de la vie de tous les jours comme lendettement (T39), la jalousie (T41) ou lamour (T43, 45 et 46). Plusieurs thèmes sont abordés (notamment le racisme (T44) et le clonage (T46)) en France ou ailleurs (Australie (T34), Russie (T42)).
« Machine qui rêve ». Les auteurs ont continué lévolution de la série avec cet épisode au graphisme semi-réaliste et à latmosphère plus sombre. A la sortie de lalbum, nous crachons dessus. Neuf ans plus tard, nous désirons la suite. A lépoque, nous nétions probablement pas préparés pour ces changements quelque peu radical. Ce qui ramène à
Casino Royal. James Bond blond aux yeux bleus, brutal, arrogant et amoureux dans ce film plutôt noir, par rapport aux précédents. Ses cicatrices ne partent pas dès la scène suivante, il a des faiblesses et il se fait littéralement latter les couilles par le « méchant ». Surprenant. On nest pas habitué. Mais, ça fonctionne, les anti-héros ont la cote.
CONCLUSION
Pour Spirou comme pour James Bond, le problème a toujours été le même, la lutte sans merci entre les Conservateurs et les Réactionnaires. M. Dupuis a demandé pour la future reprise de la série, un retour aux sources avec de la modernité, ce qui me paraît impossible. Lhumour, le style de dessin et même létat desprit des années 1950-60 sont bien trop différents de notre époque. Pour preuve, relisez un des dix premiers tomes et comparez avec un des dix derniers. Même M. Yann, qui semblait marcher sur les pas de Franquin, a montré, dans son One Shot n°3, des choses que lon aurait jamais vues 40 ans auparavant (ce qui sest peut-être produit entre Spirou et Seccotine dans la grotte).
En pensant à cette censure incessante, jai une anecdote amusante. En 2004, dans le n°3448 de Spirou Mag, on pouvait voir le string de Seccotine dépasser de son pantalon, pour la prépublication de « Paris-sous-Seine ». La censure la enlevée, dans le format BD. Quelle est la prochaine étape ? Faire arrêter Fantasio de fumer pour une campagne anti-tabac ?
Cette censure abusive soulève une autre question, quelle tranche dâge est visée ? Spirou a toujours eu un double niveau de lecture, comme Astérix. Pourtant, je me demande ce que donnerait un sondage des lecteurs de Spirou & Fantasio, afin de savoir le nombre de gosses (14 ans, tout au plus) venant acheter un Spirou plutôt quun Titeuf, un Astérix ou encore un Kid Paddle. Surtout les mangas, qui nont jamais autant fonctionnés en France, notamment auprès des jeunes et M. Dupuis la bien compris, en acceptant lédition dun manga « Spirou ». Est-ce vraiment utile ? Sous prétexte que la série phare des éditions Dupuis ne fait pas autant recette que dans le passé, les produits autres que la série principale (mangas, dessins animés ) se multiplient à une vitesse incroyable dans le but de relancer la machine chez les enfants. La série serait davantage gagnante en saventurant sur un terrain plus mature que de naviguer entre modernité infantile (clins dils foireux sur la nouvelle technologie) et un état desprit ou un graphisme obsolète (Chaland ?). Astérix insert des extra-terrestres dans son dernier tome pour attirer la marmaille et un nouveau dessin-animé de Lucky Luke a choisi de faire des dialogues façon « djeun » Spirou doit à tout prix éviter ça.
Rendre la série plus « tendance » quadulte est une erreur. Même si, Spirou & Fantasio ont la chance dêtre des héros intemporels, ça ne les empêche pas dévoluer avec notre actualité, notre mode de vie, notre époque, tout simplement avec nous.
PHASE 1 : La création dun héros.
En 1950, Franquin commence les aventures de Spirou & Fantasio en bande-dessinée. Jusquen 1969, il créa des personnages comme le Marsupilami ou Zorglub et des véhicules tel que la turbotraction ou la zurglomobile. Il est le génie responsable de la grande popularité de Spirou.
En 1962, James Bond est interprété pour la première fois par Sean Connery. Premières voitures, premiers gadgets, premières James Bond Girls. Un mythe est né.
PHASE 2 : Lutilisation (plus ou moins réussie) du héros par dautres.
Fournier prend les reporters en main en 1970. Le graphisme (Spirou avec les cheveux plus long), le style dhumour et le type dhistoire (flirte avec le fantastique) changent. Il (im)pose sa patte mais, comme beaucoup le disent, sans arriver au niveau de Franquin.
Comparez cette phase à celle de Roger Moore, 007 de 1973 à 1985. La reprise de la série signifie changement de James Bond, de style dhumour (plus parodique), etc. Et bien sûr, ce nouvel agent narrive pas à la cheville de son prédécesseur.
PHASE 3 : La chute (point de vu financier).
Pas nimporte qui peut faire un Spirou de qualité. La preuve en trois albums, avec Nic (paix à son âme) & Cauvin. Les ventes chutent et les deux auteurs avec. Certains considèrent cette période comme une mauvaise passe à oublier.
1987 à 1989. Timothy Dalton joue lagent secret à deux reprises. Il a fini comme tous ceux qui, comme lui, ne sont pas rentables.
Laissons Tome & Janry de côté le temps dun paragraphe.
PHASE 4 : Modernisation excessive de la série.
Après six ans dabsence, Morvan & Munuera remettent la série sur pied. Malgré un graphisme agréable, des problèmes se posent. Overdose daction, séquence émotion ridicule (Spip emporté par un robot sous leau, snif, T47) un humour proche du déjà vu (les toilettes fontaines japonaises, ah ah ah, hum, T49) et des histoires par moment aberrantes. Finalement, leur passage chez Spirou a prit des airs à celle de Nic & Cauvin
Après six longues années, James Bond revient sous un nouveau visage, celui de Pierce Brosnan. De laction façon Rambo, un humour pas toujours très subtil et des scénarii format post-it. Accueil plutôt partagé ; sabré par la critique et une majorité de fans tout en faisant de jolis scores au box-office.
PHASE 5 : Lévolution finale ?
Tome & Janry ont approfondi la psychologie des personnages tout en les mettant dans des situations de la vie de tous les jours comme lendettement (T39), la jalousie (T41) ou lamour (T43, 45 et 46). Plusieurs thèmes sont abordés (notamment le racisme (T44) et le clonage (T46)) en France ou ailleurs (Australie (T34), Russie (T42)).
« Machine qui rêve ». Les auteurs ont continué lévolution de la série avec cet épisode au graphisme semi-réaliste et à latmosphère plus sombre. A la sortie de lalbum, nous crachons dessus. Neuf ans plus tard, nous désirons la suite. A lépoque, nous nétions probablement pas préparés pour ces changements quelque peu radical. Ce qui ramène à
Casino Royal. James Bond blond aux yeux bleus, brutal, arrogant et amoureux dans ce film plutôt noir, par rapport aux précédents. Ses cicatrices ne partent pas dès la scène suivante, il a des faiblesses et il se fait littéralement latter les couilles par le « méchant ». Surprenant. On nest pas habitué. Mais, ça fonctionne, les anti-héros ont la cote.
CONCLUSION
Pour Spirou comme pour James Bond, le problème a toujours été le même, la lutte sans merci entre les Conservateurs et les Réactionnaires. M. Dupuis a demandé pour la future reprise de la série, un retour aux sources avec de la modernité, ce qui me paraît impossible. Lhumour, le style de dessin et même létat desprit des années 1950-60 sont bien trop différents de notre époque. Pour preuve, relisez un des dix premiers tomes et comparez avec un des dix derniers. Même M. Yann, qui semblait marcher sur les pas de Franquin, a montré, dans son One Shot n°3, des choses que lon aurait jamais vues 40 ans auparavant (ce qui sest peut-être produit entre Spirou et Seccotine dans la grotte).
En pensant à cette censure incessante, jai une anecdote amusante. En 2004, dans le n°3448 de Spirou Mag, on pouvait voir le string de Seccotine dépasser de son pantalon, pour la prépublication de « Paris-sous-Seine ». La censure la enlevée, dans le format BD. Quelle est la prochaine étape ? Faire arrêter Fantasio de fumer pour une campagne anti-tabac ?
Cette censure abusive soulève une autre question, quelle tranche dâge est visée ? Spirou a toujours eu un double niveau de lecture, comme Astérix. Pourtant, je me demande ce que donnerait un sondage des lecteurs de Spirou & Fantasio, afin de savoir le nombre de gosses (14 ans, tout au plus) venant acheter un Spirou plutôt quun Titeuf, un Astérix ou encore un Kid Paddle. Surtout les mangas, qui nont jamais autant fonctionnés en France, notamment auprès des jeunes et M. Dupuis la bien compris, en acceptant lédition dun manga « Spirou ». Est-ce vraiment utile ? Sous prétexte que la série phare des éditions Dupuis ne fait pas autant recette que dans le passé, les produits autres que la série principale (mangas, dessins animés ) se multiplient à une vitesse incroyable dans le but de relancer la machine chez les enfants. La série serait davantage gagnante en saventurant sur un terrain plus mature que de naviguer entre modernité infantile (clins dils foireux sur la nouvelle technologie) et un état desprit ou un graphisme obsolète (Chaland ?). Astérix insert des extra-terrestres dans son dernier tome pour attirer la marmaille et un nouveau dessin-animé de Lucky Luke a choisi de faire des dialogues façon « djeun » Spirou doit à tout prix éviter ça.
Rendre la série plus « tendance » quadulte est une erreur. Même si, Spirou & Fantasio ont la chance dêtre des héros intemporels, ça ne les empêche pas dévoluer avec notre actualité, notre mode de vie, notre époque, tout simplement avec nous.